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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

La techouva collective

Updated: Oct 16, 2018

1- Les limites du langage et la force de l'image

Le talmud dans le traite de Avodah Zarah 4b nous explique que la faute du veau d'or n'a eu lieu que pour nous enseigner ce qu'est une techouvah collective.

« Rabbi yohanan dit au nom de rabbi chimon bar yohay : les hébreux n'étaient pas aptes à fauter, comme le verset l'indique (puisque D dit au moment du don de la torah) (deutéronome 5) « Ah! S'ils pouvaient conserver en tout temps cette disposition à me craindre ». Pourquoi ont-ils donc faute ? Pour nous apprendre ce qu'est la techouvah ! Car si un individu faute on lui dit apprend ce qu'est la techouvah en regardant le comportement de David, alors que si une communauté faute, on lui dit apprend ce qu'est la techouvah à partir du comportement des juifs après le veau d'or »

Techniquement, ce passage du talmud pose problème, lorsque le talmud cite le verset du deutéronome pour prouver que l'âme des juifs étaient parfaitement pure au moment du don de la torah, on pourrait lui rétorquer, qu'au contraire ce verset semble indiquer le contraire, puisque du fait que D prévoit dans ce verset la chute spirituelle des juifs après le don de la torah, il semble que D soit conscient que l'acceptation de la torah n'est qu'un moment passager chez les juifs pas un état destiner à durer.

Ailleurs, les sages du talmud rapportent ce même verset à un verset des psaumes qui accuse les juifs d'hypocrisie au moment du don de la torah.

Le midrash dit (Devarim Rabah Ki Tavoh 7)

Rabi Meir a dit « qui est plus grand le voleur ou le volé ? Il est certain que c'est celui qui se fait vole, car il se laisse faire sans rien dire. Ainsi il est dit dans les psaumes « Ils l'amadouaient avec leur bouche, en paroles ils lui offraient des hommages menteurs, 37 mais leur cœur n'était pas de bonne foi à son égard; ils n'étaient pas sincèrement attachés à son alliance. " Alors que D a dit "L'Éternel entendit les paroles que vous m'adressiez, et il me dit: "J'ai ouï la voix de ce peuple, les paroles qu'il t'adresse: tout ce qu'ils ont dit est bien dit. 25 Ah! S'ils pouvaient conserver en tout temps cette disposition à me craindre et à garder tous mes commandements! Alors ils seraient heureux, et leurs enfants aussi, à jamais »

Dans ce midrash, Rabbi Meir interprète le verset du Deutéronome comme montrant le fait que D savait que l'acceptation des juifs sur le mont Sinaï n'était pas complète.

Comment se fait-il donc que le talmud dans le traité d'Avodah Zarah rapporte ce même verset pour prouver la sincérité des hébreux.

Le verset du Deutéronome « Ah! S'ils pouvaient conserver en tout temps cette disposition à me craindre et à garder tous mes commandements! Alors ils seraient heureux, et leurs enfants aussi, à jamais » est un verset ambigu. D'une part ce verset semble dire implicitement que les juifs ne vont garder cette disposition à craindre D pendant un long laps de temps. Il montre donc que les juifs ne sont pas vraiment sincères. Mais d'un autre cote le verset dit aussi le contraire, puisqu'il dit explicitement qu'au moment du don de la Tora, leur cœur des juifs était entier.

Cette contradiction interne du verset n'est pas étonnante. Elle ne fait qu'exprimer une réalité du cœur humain, à chaque fois qu'un homme s'engage à faire quelque chose, au moment même ou il s'engage, une force contraire se révolte contre cette engagement, plus un homme est sincère dans son engagement plus implicitement on peut se dire qu'il ne va pas le respecter, et que tôt ou tard, il va le transgresser. Car le fait même d'avoir besoin de s'engager, implique que sans cet engagement notre tendance naturelle serait de ne pas le respecter.

Un couple qui s'aime vraiment n'a pas besoin de se marier, car se marier c'est déjà présupposer l'infidélité de l'autre. Lorsque l'on passe à besoin d'un contrat on montre que l'on ne fait pas confiance a son partenaire.

Ce qui est vrai dans le rapport à l'autre est vrai dans le rapport a soi. Si un homme éprouve le besoin de s'engager à respecter une loi ou une discipline, cela veut dire implicitement que sa nature profonde est opposé à cette discipline, et cela implique donc qu'à terme tôt ou tard il va transgresser son engagement.

Dans ce verset la torah nous dit que contrairement a ce que disait Freud ou Sartre chacun à sa manière l'homme ne peut pas changer grace a un discours. Le discours est toujours grave sur une pierre qui lui reste réfractaire. Le discours moral introspectif c'est toujours un feu noir flamboyant sur un feu blanc antagoniste tout aussi ardent.

L'homme ne peut pas changer grace au discours, c'est ce que la torah nous montre à travers l'exemple de la révélation sinaique, D donne une loi aux hébreux et au moment même où ils l'acceptent ils la rejettent.

Lorsqu'un homme s'engage à aller à la synagogue tous les matins, il implique déjà à travers cet engagement qu'un jour où l'autre il arrêtera d'aller à la synagogue.

Mais, si le discours reste impuissant à changer la nature humaine, alors, qu'est ce qui peut changer l'homme ?

Qu'est ce qui peut permette a l'homme de changer radicalement ?

C'est le rapport à l'image. Au fond le passage sinaique nous apprend qu'il ne peut pas y avoir de techouvah, de changement sans idolâtrie.

L'homme est capable de changer radicalement lorsqu'il s'identifie à une image qui le dépasse et qu'il ne comprend pas totalement. C'est dans ce rapport idolâtre à un idéal figé qui dépasse le discours que l'homme est capable de changer radicalement.

Le changement est possible uniquement grace à la projection et à l'identification, cette projection et cette identification dépasse le langage, elle ne s'inscrit pas dans un discours raisonné, ou articulable, c'est pour cela qu'il peut changer l'homme.

Si je décide de faire un régime, ou de faire du sport, il est certain qu'un jour ou l'autre je vais craquer et je vais revenir à mon état naturel d'obese greffé a mon sofa, mais si je m'identifie au trainer de ma gym, toute ma personnalité va changer et je risque de devenir musclé et sportif. Tout ce dont on a besoin pour changer c'est de pouvoir se reconnaitre partiellement dans une image qui nous attire par ce qu'on ne la comprend pas.

Toute techouvah réelle ne peut être qu'idolâtre.

Lorsque les juifs adorent le veau d'or ils cherchent à devenir autre, ils cherchent à court-circuiter le langage pour établir une relation plus authentique avec D.

L'idolâtrie semblerait être la seule manière de faire réellement techouvah. On le voit bien aujourd'hui, les seuls véritables baalei techouvah, sont ceux qui s'identifient à une image ou à un uniforme. On ne peut changer que grâce à l'identification à une image ou à un groupe.

Il semble que le discours et la raison soient impuissants à transformer l'homme de manière durable.

Si c'est le cas, si la techouvah n'est possible que dans un rapport idolâtre, il est difficile de comprendre pourquoi le judaïsme a interdit l'idolâtrie ?

2- Mouvement de masse et techouvah collective

Revenons au passage tu talmud dans Avodah Zarah.

« Rabbi yohanan dit au nom de rabbi chimon bar yohay : les hébreux n'étaient pas aptes à fauter, comme le verset l'indique (puisque D dit au moment du don de la torah) (deutéronome 5) « Ah! S'ils pouvaient conserver en tout temps cette disposition à me craindre ». Pourquoi on t ils donc fauter ? Pour nous apprendre ce qu'est la techouvah ! Car si un individu faute on lui dit apprend ce qu'est la techouvah en regardant le comportement de David, alors que si une communauté faute, on lui dit apprend ce qu'est la techouvah à partir du comportement des juifs après le veau d'or »

Il y a un deuxième problème dans ce passage du talmud.

En effet, il y a dans la bible un autre exemple de la techouvah collective, c'est l'exemple de Ninive. Le prophète Jonas est envoyé pour prévenir le peuple de Ninive d'une destruction imminente, et finalement la population de Ninive fait techouvah et elle est épargnée. C'est ce passage de la bible que nous lisons à Yom Kippour. Lors des jeunes publiques, c'est l'histoire de Ninive qui sert d'exemple à la techouvah collective. La techouvah des gens de Ninive a l'air beaucoup plus radicale et sincère que celle des juifs après la faute du veau d'or.

Dans le cas de Ninive, le prophète envoyé par D pour aider la population à faire techouvah, Jonas, semble très reticent à accomplir le commandement de D. Il fait son devoir à contre cœur sans éprouver la moindre sympathie pour la population de Ninive. Pourtant malgré tout, la population de Ninive change de comportement, et c'est le mouvement de la population qui pousse le roi à se repentir lui aussi.

Dans le cas des juifs après la faute du veau d'or, le scénario a l'air diamétralement opposé à celui décrit dans le livre de Jonas. Le texte ne dit jamais que les juifs désirent faire techouvah de manière spontanée, c'est le prophète Moshe qui prie à D en montant seul dans la montagne pour obtenir le pardon divin.

Le talmud dans le traité de Chabat (88) semble tout à fait formel sur ce point puisqu'il explique que lorsque les juifs ont accepté la torah au mont Sinaï, 600 000 anges sont venus les couronner de deux couronnes, une pour avoir dit « nous ferons » et l'autre pour avoir dit « nous comprendrons ». Mais après la faute du veau d'or 1200 000 anges sont venus retirer ces couronnes aux juifs, et elles ont toutes été données a Moshe. Ce passage du talmud ne fait que confirmer ce que semble dire le texte de la torah. Le pardon obtenu après la faute du veau d'or est plus le fruit de la prière de Moshe, que le résultat de la techouvah collective des enfants d'Israël.

Comment donc comprendre que le talmud donne comme exemple de techouvah collective la techouvah des enfants d'Israël ?

3- La responsabilité du leader dans les mouvements de masse

Le talmud dans la même page dit « nos maitres nous ont enseigne, « Ah! S'ils pouvaient (littéralement -qui pourrait donner que-) conserver en tout temps cette disposition à me craindre et à garder tous mes commandements ». Ingrats, fils d'ingrats ! Ce sont des ingrats puisque, lorsque D a dit à Israël « qui pourrait donner », ils auraient du répondre « donnes nous toi ». ... fils d'ingrats puisqu'il est écrit « L'homme répondit; "La femme - que tu m'as associée - c'est elle qui m'a donné du fruit de l'arbre, et j'ai mangé, ». De même Moshe ne leur a reproché cette erreur que 40 ans plus tard, comme le verset dit « Et jusqu'à ce jour, le Seigneur ne vous a pas encore donné un cœur pour sentir, des yeux pour voir, ni des oreilles pour entendre! ». Rabah dit « on en déduit qu'un homme ne peut comprendre l'esprit de son maitre qu'avec un retard de 40 ans »

La première chose que l'on peut remarquer en lisant ce texte, c'est qu'il semble contredire le texte précèdent, puisque Moise reproche aux juifs de ne pas avoir compris leur erreur 40 ans plus tard, il semble impliquer que les juifs n'ont pas fait techouvah après la faute du veau d'or.

Deuxièmement, il est difficile de comprendre pourquoi le talmud appelle les juifs ingrats par ce qu'ils n'ont pas demandé à D de leur donner un cœur pur. A priori, cette erreur n'a rien à voir avec l'ingratitude, on pourrait dire qu'ils ont manqué d'audace, ou de foi, mais on ne voit pas pourquoi le talmud appelle cela de l'ingratitude.

Troisièmement, la conclusion de Rabah est difficile, comment peut-on dire qu'un élève ne comprend ce que dit son maitre que 40 ans plus tard ?

On peut répondre à toutes ces questions de la manière suivante:

Eve a mangé du fruit de l'arbre par ce qu'Adam ne lui avait pas fait confiance. Lorsqu'Adam a transmis l'interdit à Ève, il lui a dit « ne touche pas de l'arbre », alors que D avait dit « ne mange pas de l'arbre ». Ensuite, le serpent a pu facilement convaincre Eve de manger, puisqu'il lui a montré qu'en touchant l'arbre elle n'était pas morte. )Rashi gen 3 v 4 » Non, vous ne mourrez pas : Il l'a poussée jusqu'à ce qu'elle touche l'arbre, puis il lui a dit : « Puisque tu n'es pas morte de l'avoir touché, tu ne mourras pas d'en avoir mangé ! » (Beréchith Raba 19).)

En fait Adam n'a pas reconnu le bien qu'il y avait en Eve, et c'est pour cela qu'elle est devenue pour lui la cause de sa chute. En hébreux le mot ingrat se dit « kafouy tovah » « celui qui dénie le bien ». Lorsque l'on ne reconnait pas le bien qu'il y a eu quelqu'un, quand on ne lui fait pas confiance alors, l'autre devient automatiquement faible et mauvais. C'est pour cela que l'on peut parler de l'ingratitude d'Adam comme étant la cause de sa chute. Si il avait reconnu le bien qu'il y avait en Eve, elle ne l'aurait pas pousse à la faute.

Maintenant, si on reprend le verset « qui me donnerait etc. » dans son contexte, on se rend compte que D n'est pas en train de parler aux enfants d'Israël il parle a Moise. Comme le montre les versets « L'Éternel entendit les paroles que vous m'adressiez, et il me dit: "J'ai ouï la voix de ce peuple, les paroles qu'il t'adresse: tout ce qu'ils ont dit est bien dit. 25 Ah! S'ils pouvaient conserver (qui pourrait me donner) en tout temps cette disposition à me craindre et à garder tous mes commandements! Alors ils seraient heureux, et leurs enfants aussi, à jamais! 26 Va, dis-leur de rentrer dans leurs tentes; 27 toi ensuite, tu resteras ici avec moi, et je te dirai toute la loi, et les statuts et les règles que tu dois leur enseigner, afin qu'ils les observent dans le pays dont je leur destine la possession. »

Ce passage de la bible fait tout de suite penser à un autre passage de la torah ou D s'adresse à Moshe en lui montrant qu'il est incapable de faire un chose qu'il aurait souhaité, ce passage vient juste après la faute du veau d'or. Exode 32 10 « L'Éternel dit à Moïse: "Je vois que ce peuple est un peuple rétif. 10 Donc, cesse de me solliciter, laisse s'allumer contre eux ma colère et que je les anéantisse, tandis que je ferai de toi un grand peuple! » Rashi commente « Laisse-moi Il dit : « Laisse-moi ! » alors que nous n'avons pas encore entendu Moshe prier pour eux. Il lui a, en fait, « ouvert une porte » et lui a fait savoir que c'est de lui que dépendait la chose : Il ne les détruirait pas s'il priait pour eux (Chemoth Raba). »

En fait lorsque D a dit à Moshe « qui pourrait me donner » il voulait lui dire que la chose dépendait de lui. Si toi Moshe tu veux que les enfants d'Israël ne fautent jamais, si tu leur montres  que tu attends d'eux qu'ils accèdent à ce niveau, alors, ils auront ce niveau. Si par contre, tu te suffis de peu en te disant, « le principal, c'est que pour le moment il accepte la torah », alors, il est certain que par la suite ils vont fauter.

De même qu'Eve ne pouvait atteindre au mieux que le niveau qu'Adam espérait d'elle, de même, le peuple d'Israël ne pouvait atteindre que le niveau que Moshe espérait d'eux.

De plus, ce passage du talmud nous explique un deuxième point ; la raison pour laquelle, Moise ne s'attendait pas à grand-chose des juifs, c'est par ce que, de la même manière, les juifs ne s'attendaient pas à grand-chose de Moise.

Les juifs ne plaçaient pas beaucoup d'espoir en Moshe. Ils ne s'attendaient pas grand-chose de lui. Lorsque le talmud dit que les juifs auraient dû répondre « donne nous toi », il ne veut pas dire que les juifs auraient dû dire cela a D, il veut dire que les juifs auraient dû dire cela a Moise.

Moïse est responsable de la faute du veau d'or, par ce qu'en tant que leader il a manqué d'ambition pour eux. C'est pour cette raison que c'est lui qui doit rester prier et jeuner pendant 40 jours sur la montagne pour pardonner la faute des enfants d'Israël.

Mais en deuxième lieux, les juifs sont responsables des errements de Moise, par ce que la faiblesse de Moise vient du fait que les juifs n'attendaient rien de lui.

Lorsque le talmud conclut qu'un homme ne comprend son rav qu'avec 40 ans de retard, il veut dire, qu'il ne peut comprendre ce que son rav aurait pu lui apporter que lorsqu'il disparait, avant cela il s'attend a peu de chose de lui et en contre parti le rav attend peu des élèves.

A partir de cette idée on peut comprendre pourquoi la techouvah des enfants d'Israël est plus exemplaire que celle des gens de Ninive.

Qu'est-ce que se passe à la fin de l'histoire de Jonas. Lorsque les habitants de Ninive font techouvah, Jonas reste à l'extérieur de la ville. Il cherche à se suicider, que font les gens de Ninive ? Rien. Ils en n'ont strictement rien à faire ! Ils ont été sauvés, ils sont contents, pour eux la vie continue ! Jonas peut aller au diable !

Par opposition, lorsque Moshe redescend de la montagne il reçoit toutes les couronnes du peuple, les gens font la queue pour recevoir des enseignements de lui. Comme le dit le verset « Les enfants- d'Israël renoncèrent à leur parure, à dater du mont Horeb. 7 Pour Moïse, il prit sa tente pour la dresser hors du camp, loin de son enceinte et il la nomma Tente d'assignation; de sorte que tout homme ayant à consulter le Seigneur devait se rendre à la Tente d'assignation, située hors du camp. 8 Et chaque fois que Moïse se retirait vers la Tente, tout le peuple se levait, chacun se tenait au seuil de sa propre tente et suivait Moïse du regard jusqu'à ce qu'il fût arrivé à la Tente" comme dit Rashi « Quiconque cherche Hachem : D'où l'on apprend que celui qui consulte un sage est comme s'il recherche la face de la chekhina. »

4- Présence de D et mosaïque sociale

Si la Tora a interdit l'idolâtrie ce n'est pas par ce que le culte de l'image éloigne de D. au contraire, celui qui s'identifie à une image, a plus de chance de se rapprocher de D que celui cherche la rédemption par le discours. Le mouvement des chapeaux noirs le montre bien.

La torah a interdit l'idolâtrie par ce qu'elle gomme le visage de l'autre. Dans le culte de l'idole tout le monde doit se ressembler pour réaliser un idéal totalitaire et transcendant. Lorsqu'Aaron fait le veau d'or, il jette l'or du peuple dans un grand chaudron et le veau jaillit tout seul. L'or de tous les juifs ne fait qu'un seul bloque pour constituer une statue monolithique.

Par contre, lorsque Moise construit le mishkan chaque juif a une mission propre spécifique, certains brodent les tentures d'autres travaillent le bois ou le bronze. Chacun a un rôle spécifique, un talent ou il se reconnait.

La société moderne est idolâtre par ce qu'elle propose des modèles universaux auxquelles on ne peut pas échapper. Dans le monde laïc l'idéal est d'être riche beau et célèbre. Dans le monde religieux, c'est de connaitre par cœur tel ou tel livre ou simplement de s'habiller d'une certaine manière.

Le point commun de tous ces totalitarismes c'est qu'ils gomment l'existence de l'autre, l'autre n'est qu'un pion interchangeable. Une sorte de Jonas qui peut aller crever dans sa cabane, s'il ne sert plus à rien.

La techouvah collective, ce n'est pas un retour en masse vers D, c'est la reconnaissance de sa propre valeur et de la valeur de l'autre. C'est la reconnaissance des talents spécifiques et uniques de chacun. Ces aptitudes uniques impliquent une dépendance des uns envers les autres. Celui qui travaille l'or, ne sait pas forcement travailler le bois, celui qui travaille le bronze ne sait pas forcement broder une tenture. C'est la reconnaissance de cette interdépendance qui est la proximité avec D.

Comme le dit Maimonide dans le guide des égarés :« , si l'on supposait un individu humain existant seul, privé de tout régime et devenu semblable aux animaux, (un tel individu) périrait sur-le-champ et ne pourrait pas même subsister un seul jour, à moins que ce ne fût par accident, je veux dire, qu'il ne trouvât par hasard quelque Chose pour se nourrir.

En effet, les aliments par lesquels l'homme subsiste ont besoin d'art et de longs apprêts qu'on ne peut accomplir qu'à force de penser et de réfléchir, à l'aide de beaucoup d'instruments et avec le concours d'un grand nombre de personnes dont chacune se charge d'une fonction particulière. C'est pourquoi il faut (aux hommes) quelqu'un pour les guider et les réunir, afin que leur société s'organise et se perpétue, et qu'ils puissent se prêter un secours mutuel. De même, pour se préserver de la chaleur à l'époque des chaleurs et du froid dans la saison froide et se garantir contre les pluies, les neiges et les vents, l'homme Est obligé de faire beaucoup de préparatifs qui tous ne peuvent s'accomplir qu'au moyen de la pensée et de la réflexion. C'est donc à cause de cela qu'il a été doué de cette faculté rationnelle Par laquelle il pense, réfléchit, agit, et, à l'aide d'arts divers, se prépare ses aliments et de quoi s'abriter et se vêtir; et c'est par Elle aussi qu'il gouverne tous les membres de son corps, afin que le membre dominant fasse ce qu'il doit faire, et que celui qui est dominé soit gouverné comme il doit l'être. C'est pourquoi, si tu supposais un individu humain privé de cette faculté et abandonné a la seule nature animale, il serait perdu et périrait à l'instant même. Cette faculté est très noble, plus noble qu'aucune des facultés de l'animal; elle est aussi très occulte, et sa véritable nature ne saurait être de prime abord comprise par le simple sens commun, comme le sont les autres facultés naturelles. - De même, il y a dans l'univers quelque chose qui en gouverne l'ensemble et qui en met en mouvement le membre dominant et principal, auquel il communique la faculté motrice de manière à gouverner par-là les autres membres , et, s'il était à supposer que la chose en question pût disparaître, cette sphère (de l'univers) tout entière, tant la partie dominante que la partie dominée, cesserait d'exister. C'est par cette chose que se perpétue l'existence de la sphère et de chacune de ses parties; et cette chose, c'est Dieu [que son nom soit exalté !]. - C'est dans ce sens seulement que l'homme en particulier a été appelé microcosme, (c'est-à-dire) parce qu'il y a en lui un principe qui gouverne son ensemble ; et c'est à cause de cette idée que Dieu a été appelé, dans notre langue, » la vie du monde et qu'il a été dit : Et il jura par la vie du monde (Daniel, XII, 7).

Dans tous son livre, Maimonide réfute la possibilité d'un un attribut positif de D, il n'admet que des attributs négatifs. On pourrait reconnaitre D uniquement par ce qu'il n'est pas. La seule exception qu'il fait a cette règle, le seul attribut qui peut se rapporter à D de manière positive, c'est l'interdépendance humaine. C'est une idée sidérante !

Shabbat Shalom and Hag Sameah


 

Les documents

 

Avodah zarah 4

R. Joshua b. Levi further said: The Israelites made the [golden] calf only in order to place a good argument in the mouth of the penitents,25  as it is said, O that they had such a heart as this alway, to fear Me and keep all My commandments etc.26

This last statement accords with what R. Johanan said in the name of R. Simeon b. Yohai: David was not the kind of man to do that act,27  nor was Israel the kind of people to do that act.28  David was not the kind of man to do that act, as it is written, My heart is slain within me;29  nor were the Israelites the kind of people to commit that act, for it is said, O that they had such a heart as this alway etc. Why, then, did they act thus?

[God predestined it so] in order to teach thee that if an individual hath sinned [and hesitates about the effect of repentance] he could be referred to the individual [David], and if a community commit a sin they should be told: Go to the community.1  And both these instances are necessary; for if [the case of] the individual only were mentioned. [it might have been thought that pardon is granted] because his sin is not generally known, but in the case of a community whose sins are publicly known it might not be so; if, on the other hand, the case of a community only were mentioned, it might have been thought, because they command greater mercy,2  but with an individual, whose merits are not so numerous, it is not so; hence both are necessary.

דברים רבה (וילנא) פרשת כי תבוא פרשה ז

א"ר מאיר מי גדול הגנב או הנגנב הוי אומר הנגנב גדול שהוא יודע שהוא נגנב ושותק כך כתיב (תהלים עח) ויפתוהו בפיהם ובלשונם יכזבו לו ולבם לא נכון עמו ולא נאמנו בבריתו כביכול והוא אומר מי יתן והיה לבבם זה להם

Rabi meir a dit « qui est plus grand le voleur ou le vole ? il est certain que c’est celui qui se fait vole, car il se laisse faire sans rien dire. Ainsi il est dit dans les psaumes « Ils l’amadouaient avec leur bouche, en paroles ils lui offraient des hommages menteurs, 37 mais leur cœur n’était pas de bonne foi à son égard; ils n’étaient pas sincèrement attachés à son alliance. “ alors que D a dit “L'Éternel entendit les paroles que vous m'adressiez, et il me dit: "J'ai ouï la voix de ce peuple, les paroles qu'il t'adresse: tout ce qu'ils ont dit est bien dit. 25 Ah! S'ils pouvaient conserver en tout temps cette disposition à me craindre et à garder tous mes commandements! Alors ils seraient heureux, et leurs enfants aussi, à jamais »

Avodah zarah 5b

Our Rabbis taught: In the verse, O that they had such a heart alway.36  Moses said to the Israelites, Ye are an ungrateful people, the offspring of an ungrateful ancestor. When the Holy One, blessed be He, said to you37  . Who might grant that they had such a heart alway38  , you should have said: 'Thou grant!' [They proved themselves] ungrateful by saying. Our soul loatheth this light bread;1  'the offspring of an ungrateful ancestor', for it is written, The woman whom Thou gavest to be with me, she gave me of the Tree, and I did eat.2  Yet Moses indicated this to the Israelites only after forty years had passed, as it is said, And I have led you forty years in the wilderness . . . but the Lord hath not given you a heart to know, and eyes to see and ears to hear, unto this day.3  Said Raba:4  From this you can learn that it may take one forty years to know the mind of one's master.

Deut 5

 quand vous eûtes entendu cette voix sortir du sein des ténèbres, tandis que la montagne était en feu, vous vîntes tous à moi, les chefs de vos tribus et vos anciens, 20 en disant: "Certes, l'Éternel, notre Dieu, nous a révélé sa gloire et sa grandeur, et nous avons entendu sa voix du milieu de la flamme; nous avons vu aujourd'hui Dieu parler à l'homme et celui-ci vivre! 21 Mais désormais, pourquoi nous exposer à mourir, consumés par cette grande flamme? Si nous entendons une fois de plus la voix de l'Éternel, notre Dieu, nous sommes morts. 22 Car est-il une seule créature qui ait entendu, comme nous, la voix du Dieu vivant parler du milieu du feu, et soit demeurée vivante? 23 Va toi-même et écoute tout ce que dira l'Éternel, notre Dieu; et c'est toi qui nous rapporteras tout ce que l'Éternel, notre Dieu, t'aura dit, et nous l'entendrons, et nous obéirons." 24 L'Éternel entendit les paroles que vous m'adressiez, et il me dit: "J'ai ouï la voix de ce peuple, les paroles qu'il t'adresse: tout ce qu'ils ont dit est bien dit. 25 Ah! S'ils pouvaient conserver en tout temps cette disposition à me craindre et à garder tous mes commandements! Alors ils seraient heureux, et leurs enfants aussi, à jamais! 26 Va, dis-leur de rentrer dans leurs tentes; 27 toi ensuite, tu resteras ici avec moi, et je te dirai toute la loi, et les statuts et les règles que tu dois leur enseigner, afin qu'ils les observent dans le pays dont je leur destine la possession."

Deut

Moïse fit appel à tout Israël, et leur dit: "Vous-mêmes, vous avez vu tout ce que l'Éternel a fait à vos yeux, dans le pays d'Egypte, à Pharaon, à tous ses serviteurs, à son pays entier; 2 ces grandes épreuves dont tes yeux furent témoins, ces signes et ces prodiges extraordinaires. 3 Et jusqu'à ce jour, le Seigneur ne vous a pas encore donné un cœur pour sentir, des yeux pour voir, ni des oreilles pour entendre! 4 Je vous ai fait marcher quarante ans dans le désert, vos vêtements ne se sont point usés sur vous, ni la chaussure de vos pieds ne s'est usée.

Rashi

Jusqu’à ce jour-ci J’ai appris que c’est ce jour-là que Mochè a donné aux descendants de Léwi le livre de la Tora, ainsi qu’il est écrit dans la sidra Wayèlekh : « Il la donna aux pontifes, fils de Léwi… » (infra 31, 9). Tout Israël s’est [alors] présenté devant Mochè et ils lui ont dit : « Mochè notre maître ! Nous aussi étions au Sinaï et avons accepté la Tora. Et c’est à nous qu’elle a été donnée. Pourquoi laisses-tu les enfants de ta tribu l’accaparer ? Ils nous diront demain : “Ce n’est pas à vous qu’elle a été donnée, mais à nous !” » Mochè s’est réjoui de ce langage, et c’est ainsi qu’il leur a dit : « Ce jour-ci tu es devenu un peuple, etc. » (supra 27, 9) – « C’est aujourd’hui que j’ai compris que vous êtes attachés à Hachem et désirez [Sa présence]. »

Kidouchin 32b

And . . . when Moses went out unto the Tent . . . all the people e rose up and stood . . .] and looked after Moses, until he was gone into the tent.R. Ammi and R. Isaac, the Smith — one maintained:[It was] in a derogatory fashion; the other said: In a complimentary way. He who explained it in a derogatory fashion, as is known. (being a disparagement of Moses, the Talmud does not wish to elaborate thereon, but merely remarks that its meaning is known. It is explained in Shek. V, 13 and elsewhere: They said: ‘See how thick his legs are, how fat his neck — all acquired out of our wealt) But he who interpreted it in a complimentary manner — said Hezekiah: R. Hanina son of R. Abbahu told me in R. Abbahu's name in the name of R. Abdimi of Haifa: When the Hakam [Sage] passes, one must rise before him

[at a   distance of] four cubits, and when he has gone four cubits beyond [him], he sits down; when an Ab Beth-din passes, one must stand up before him as soon as he comes in sight, and immediately he passes four cubits beyond he may sit down; but when the Nasi passes, one must rise as he comes in sight and may not sit down until he takes his seat, for It is written, [and all the people stood . . .] and looked after Moses, until he was gone into the tent

Chabath 88

R. Simla lectured: When the Israelites gave precedence to 'we will do' over 'we will hearken,'24  six hundred thousand ministering angels came and set two crowns upon each man of Israel, one as a reward for25  'we will do,' and the other as a reward for 'we will hearken'. But as soon as Israel sinned,26  one million two hundred thousand destroying angels descended and removed them, as it is said, And the children of Israel stripped themselves of their ornaments from mount Horeb.27  R. Hama son of R. Hanina said: At Horeb they put them on and at Horeb they put them off. At Horeb the put them on, as we have stated. At Horeb they put them off, for it is written, And [the children of Israel] stripped themselves, etc. R. Johanan observed: And Moses was privileged and received them all, for in proximity thereto it is stated, And Moses took the tent.28  Resh Lakish said: [Yet] the Holy One, blessed be He, will return them to us in the future, for it is said, and the ransomed of the Lord shall return, and come with singing unto Zion; and everlasting joy shall be upon their heads;29  the joy from of old30  shall be upon their heads.

Exode 32

Aaron répondit: "Que mon seigneur ne se courrouce point; toi-même tu sais combien ce peuple est prompt au mal. 23 Ils m'ont dit: ‘Fabrique-nous un dieu qui marche à notre tête, puisque celui-ci, Moïse, l'homme qui nous a fait sortir du pays d'Égypte, nous ne savons ce qu'il est devenu.’ 24 Je leur ai répondu: ‘Qui a de l'or?’ et ils s'en sont dépouillés et me l'ont livré; je l'ai jeté au feu et ce veau en est sorti."

Rashi

Je leur ai dit Je ne leur ai dit qu’une chose : « Qui a de l’or ? », et eux se sont dépêchés « de se l’enlever et de me le donner ».

Je l’ai jeté dans le feu Sans savoir qu’il en sortirait ce veau, et « il est sorti »

Guide des égarés chapitre 72

Il faut savoir que, malgré tout ce que nous avons dit de la ressemblance qui existe entre l'ensemble de l'univers et l'individu humain, ce n'est pourtant pas à cause de tout cela qu'on a dit de l’homme qu'il est un petit monde (microcosme) ; car toute cette comparaison peut se poursuivre à l'égard de tout individu d'entre les animaux d'un organisme complet, et cependant tu n'as jamais entendu qu'aucun des anciens ait dit que l'âne ou le cheval fût un petit monde. Si cela a été dit de l'homme, c'est uniquement à cause de ce qui le distingue particulièrement ; et c'est la faculté rationnelle, je veux dire cette intelligence qui est Intellect hylique (^), chose qui ne se trouve dans aucune autre espèce des animaux. En voici l'explication : Tout individu d'entre les animaux n’a besoin ni de pensée, ni de réflexion, ni de régime, pour prolonger son existence ; mais il va et vient selon sa nature, mange ce qu'il trouve de convenable pour lui, s'abrite dans le premier lieu venu, et saillit la première femelle qu'il rencontre quand il est en chaleur, si toutefois il a une époque de chaleur. Par-là l'individu dure le temps qu'il peut durer et l’existence de son espèce se perpétue ; il n'a nullement besoin d'un autre individu de son espèce pour le secourir et l'aider à se conserver, de manière que ce dernier fasse pour lui des choses qu'il ne puisse faire lui-même. Mais il en est autrement de l'homme; car, si l'on supposait un individu humain^) existant seul, privé de tout régime et devenu semblable aux animaux, (un tel individu) périrait sur-le-champ et ne pourrait pas même subsister un seul jour, à moins que ce ne fût par accident, je veux dire, qu'il ne trouvât par hasard quelque chose pour se nourrir. En effet, les aliments par lesquels l'homme subsiste ont besoin d'art et de longs apprêts qu'on ne peut accomplir qu'à force de penser et de réfléchir, à l'aide de beaucoup d’instruments et avec le concours d'un grand nombre de personnes dont chacune se charge d'une fonction particulière. C'est pourquoi il faut (aux hommes) quelqu'un pour les guider et les réunir, afin que leur société s'organise et se perpétue, et qu'ils puissent se prêter un secours mutuel. De même, pour se préserver de la chaleur à l'époque des chaleurs et du froid dans la saison froide et se garantir contre les pluies, les neiges et les vents, l'homme est obligé de faire beaucoup de préparatifs qui tous ne peuvent s’accomplir qu'au moyen de la pensée et de la réflexion. C'est donc à cause de cela qu'il a été doué de cette faculté rationnelle par laquelle il pense, réfléchit, agit, et, à l'aide d'arts divers, se prépare ses aliments et de quoi s'abriter et se vêtir; et c'est par elle aussi qu'il gouverne tous les membres de son corps, afin que le membre dominant fasse ce qu'il doit faire, et que celui qui est dominé soit gouverné comme il doit l'être. C'est pourquoi, si tu supposais un individu humain privé de cette faculté et abandonné a la seule nature animale, il serait perdu et périrait à l'instant même. Cette faculté est très noble, plus noble qu'aucune des facultés de l'animal; elle est aussi très occulte, et sa véritable nature ne saurait être de prime abord comprise par le simple sens commun, comme le sont les autres facultés naturelles. — De même, il y a dans l'univers quelque chose qui en gouverne l'ensemble et qui en met en mouvement le membre dominant et principal, auquel il communique la faculté motrice de manière à gouverner par-là les autres membres (*^, et, s'il était à supposer que la chose en question pût disparaître, cette sphère (de l’univers) tout entière, tant la partie dominante que la partie dominée, cesserait d'exister. C'est par cette chose que se perpétue l'existence de la sphère et de chacune de ses parties; et cette chose, c'est Dieu [que son nom soit exalté !]. — C'est dans ce sens seulement que l'homme en particulier a été appelé microcosme, (c'est-à-dire) parce qu'il y a en lui un principe qui gouverne son ensemble ; et c’est à cause de cette idée que Dieu a été appelé, dans notre langue, la vie du monde^ et qu'il a été dit : Et il jura par la vie du monde (Daniel, XII, 7).

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