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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Yom Kippour 5773


On peut distinguer deux types d’actions, des actions intentionnelles et les actions inintentionnelles. Les actions intentionnelles sont préméditées, elles sont le fruit d’une décision libre et consciente. Les actions inintentionnelles ne sont pas le fruit d’un choix libre et conscient, elles peuvent être le fruit d’une conjoncture hasardeuse ou d’une prédisposition innée incompressible et inconsciente. Une action peut aussi être inintentionnelle si l’agent de l’action est ignorant des conséquences ou de la gravite de son acte.

On aurait tendance à penser que l’homme est plus responsable de ses actions intentionnelles que de ses actions involontaires, pourtant les auteurs de Mishna (1 er siècle) affirment le contraire. Pour nos sages l’homme est plus responsable devant D des ses actes inconscient que de ses actes conscient. La beraitah dit en effet 

« Rabi Meir dit : « celui qui fait une faute douteuse, la torah considère comme si il avait fait faute évidente. Si un homme fait une faute et il se rend compte de sa faute, il doit apporter un sacrifice expiatoire de la valeur d’une « sela », et un dixième d’ « eifah » de farine de la valeur d’un « poundyion ». Par contre, s’il doute d’avoir fauter, il doit apporter un sacrifice de « culpabilité » de la valeur de deux « selaim ». Or, nous savons que la récompense pour les bonnes actions est plus grande que la punition pour les fautes, tout en étant dans la même proportion, il est donc évident que celui qui fait une bonne action sans être sure d’avoir fait le bien sera rétribué beaucoup plus que celui qui fait une bonne action, dont il peut dire avec certitude que c’est une bonne action. 

Rabi Nathan le fils de Josef dit « celui qui fait une faute de manière inconsciente, la thora considère comme si il avait la faute de manière consciente ». En effet si quelqu’un tue un homme par inadvertance il doit s’enfuir dans une ville de refuge, si le « goel hadam » (un proche qui veut venger la mort de son ami), le tue lorsqu’il est en chemin, le vengeur n’est pas passible de punition. Par contre si un homme tue un autre homme de manière consciente devant un témoin, le tribunal ne peut pas le punir, et si le « goel hadam » le tue, il est lui-même passible de peine de mort. Or, on peut déduire de cette loi que lorsqu’un homme accomplie des mitsvoth de manière inconsciente il a plus de mérite que celui qui accomplie les mitsvoth de manière consciente. »

L’enseignement de rabbi Meir est basé sur une loi de la torah. Lorsqu’un homme n’est pas certain d’avoir transgressé un interdit, par inadvertance, il doit apporter un sacrifice appelé par la torah « un sacrifice de culpabilité douteuse » (asham taloui). Ce sacrifice est unique par ce qu’il est le seul pour lequel la torah fixe une valeur minimale, et cette valeur est de deux « selaim », une somme assez conséquente, qui rend ce sacrifice largement plus cher que les autres sacrifices, puisqu’il doit s’agir d’un bélier d’au moins deux ans. Rabbi Meir remarque que ce sacrifice est plus cher que le sacrifice commandé par la torah dans le cas ou un homme a commis une faute évidente, dans ce cas, le sacrifice « expiatoire » ne vaut qu’un sixième d’une sela, puisqu’il s’agit d’un animal de moins d’un an. Rabi Meir déduit donc de cette loi, que lorsqu’un homme commet une faute dont il n’est pas sure, il est plus responsable que dans le cas ou il sait de manière évidente qu’il a fauté. Rabbi Meir prolonge sa déduction en disant qu’il en va de même pour les bonnes actions, si un homme commet une bonne action sans être certain au moment ou il l’accomplie que c’est une bonne action, il sera récompensé plus que celui qui a fait une bonne action en sachant clairement qu’il faisait le bien.

Rabi Nathan le fils de Josef, prouve cette même idée à partir d’une autre source. Dans la torah, si un homme commet un homicide de manière involontaire par un manque d’intention, par exemple si un homme tue un autre homme dans un accident de voiture en étant en tort, alors il doit aller en exil dans une ville de refuge. Mais, si un proche veut venger la mort de son ami, il a le droit de le faire, s’il arrive à tuer le meurtrier avant qu’il n’arrive dans la ville de refuge. (Cette loi a pour but d’obliger les hommes à être conscients de leurs actions pour qu’ils sachent que s’ils sont inconscients et imprudents, ils mettent aussi leur propre vie en danger). 

Par contre, si un homme tue un autre homme de manière volontaire et préméditée, et qu’il n’y a pas de témoins pour témoigner de son crime, même si le meurtrier avoue le meurtre et qu’il est évident que c’est lui l’auteur du crime, dans ce cas, personne n’a le droit de tuer le meurtrier, il est exempt de toute punition et si un homme le tue pour venger le mort, le vengeur est lui-même passible de peine de mort. Rabbi Nathan le fils de Yossef prouve de cette loi qu’un homme qui commet une faute de manière volontaire est moins responsable de son acte que celui qui commet la faute de manière involontaire. Ainsi, l’homme reçoit un plus grand salaire lorsqu’il fait des mitsvoth de manière involontaire et inconsciente que lorsqu’il fait des mitsvoth d’une manière consciente et de réfléchie.

Cet enseignement parait contredire le bon sens, car on a du mal à rendre un homme responsable des choses qu’il ne décide pas.

La Mishna nous dit qu’à Yom kippour D nous pardonne principalement sur les fautes inintentionnelles. En effet la Mishna dit (keritout 25a):

« Tous ceux qui sont passibles de sacrifices « expiatoires » restent astreints de leurs obligations après Yom kippour. Par contre ceux qui sont passibles de sacrifices de « culpabilité douteuse » sont exempts après le jour de kippour »

Et le talmud commente

« Quelle est la source de cet enseignement? Le verset dit « vous serez pardonnés de toutes vos fautes devant D etc. » les fautes que seul D connait sont pardonnées à Yom kippour, mais pas les fautes connues des hommes »

L’homme a besoin de se faire pardonner des fautes qu’il a faites de manière inintentionnelles et c’est a Yom kippour que ce pardon est possible, il semble même que le pardon de Yom kippour soit principalement consacré a ce genre de faute.

(Si, aujourd’hui, dans la prière de Yom kippour nous demandons pardons sur toutes les fautes que nous faisons, « sur les fautes sur lesquelles on doit apporter un sacrifice expiatoires, etc., sur les fautes intentionnelles etc., » bien que la Mishna dise explicitement que Yom kippour ne pardonne pas ce type de faute, c’est par ce que depuis que le temple a été détruit on considère que toutes nos fautes sont de l’ordre de « la culpabilité douteuse ». par exemple si un homme achète des tefillines très chers a 2000 dollars, il ne sait pas si il a fait une mitswah ou une faute, par ce que peut être il aurait mieux valu donner cette argent a un pauvre. Si un homme hurle sur ses enfants, ou une femme sur son mari, on ne peut pas savoir si c’est une c’est une mitswah ou une faute, peut être qu’en extériorisant de la violence on aide l’autre à faire techouvah, mais peut être qu’au contraire on l’enfonce dans le mauvais chemin. Si on est trop souple ou trop tendre avec quelqu’un on ne sait pas vraiment si on fait une bonne chose ou une mauvaise chose. Souvent, des actions que l’on pensait calamiteuse se trouvent avoir de bonnes conséquences et vice versa. De même, on ne sait pas si un kollelman fait une mitswah en se consacrant a l’étude de la torah, ou bien si il fait une avéra, puisqu’il ne nourrit pas sa famille, aujourd’hui, depuis que la prophétie a disparue, on vit dans le royaume de la culpabilité douteuse. C’est pour cette raison que dans la prière on de Yom kippour on demande le pardon sur toutes nos fautes, puisqu’aujourd’hui, pour presque toutes nos actions, on peut dire qu’il n’y a que D qui sache si nous faisons le bien ou si nous faisons le mal. )

Pour expliquer la gravité de la responsabilité sur les actions inintentionnelles dans la torah, on serait tenté de penser que l’homme est responsable de ses comportements inconscients et des ses actes manqués, par ce qu’il a manqué d’esprit critique envers lui-même. On pourrait déduire que les actes inconscients ne sont que les symptômes de problèmes psychologiques profonds que l’homme n’a pas voulu voir ni analyser. On pourrait penser, que les actes manqués sont le fruit d’un désir inconscient qui pourrait être contré s’il était analysé et dévoilé par l’introspection. La torah responsabilise l’homme de ces actes inconscients par ce qu’il aurait pu les appréhender consciemment si il le voulait, l’homme serait responsable de son manque d’autocritique et d’auto analyse.

 Cependant, cette interprétation est réfutée du fait qu’à Yom kippour D nous pardonne sans que nous fassions aucune introspection ou analyse psychologique profonde de nous même. Le pardon vient de D, bien que la valeur douteuse de nos actions ne soit pas remise en cause.

Rabbi yehudah hassid (12 Emme siècle) dit explicitement que nos actions inconscientes sont le fruit de la providence, elles sont le fruit d’un décret divin, d’une nature incompressible, mais nous sommes quand même responsable de ces actes, par ce nous avons été l’instrument de la providence. Nous sommes responsables de ce fait par ce qu’avant même de faire les actions, nous nous considérions comme déjà coupables (dans le cas d’un méfait) ou comme étant des héros (dans le cas d’une bonne action).

 « Pourquoi les juifs ont ils été punis pour avoir fauté avec les filles de médian ? Ils auraient du être exemptés du fait qu’ils étaient manipulés par des sorciers ! De plus s’il est décrété par le ciel, sur un humain, qu’il va commettre l’adultère, alors pourquoi peut on le punir ? Pourquoi D a-t-il puni la femme d’Amatsia, alors qu’elle était maudite par prophète Amos lui disant « ta femme se prostituera dans la ville », et pourquoi a-t-on puni Absalon pour avoir couché avec les femmes de son père, alors que D avait déjà décrété cette punition sur David après sa faute avec Bethsabée ? Le fait est, que l’on fait advenir les fautes de manière involontaires à ceux qui sont coupables potentiellement, mais celui dont le cœur est pur D ne décrète pas sur lui qu’il faute involontairement. Le talmud dit même que les animaux des justes, D les empêche de fauter. Et elisha ben avoyah, lui, il avait la haine de lui même dans son cœur »

 Celui qui brule un stop et qui tue un autre homme, c’est lui-même qu’il voudrait tuer, il se sent l’âme d’un meurtrier, il se sent l’âme d’un coupable, c’est pour cela que par inadvertance un jour ou l’autre, il va devenir coupable. Il peut faire toutes les psychanalyses du monde, il ne pourra pas se débarrasser de cette image négative qu’il a de sa destinée. Toutes les erreurs que nous faisons de manière incompressible et inintentionnelles découlent du fait que nous nous sentons déjà coupable d’action que nous ne pouvons pas manquer de faire dans le futur. 

Si un homme se met facilement en colère et qu’il n’arrive pas à se contrôler, c’est par ce que a l’intérieure de lui-même, il se sent déjà coupable de se mettre en colère. Les actes inconscients d’un homme découlent de la haine qu’il a de lui-même ou de l’amour qu’il se porte. Lorsqu’un homme a fait une faute, il se sent coupable, il ne s’attend pas être puni de sa faute par une plaie, il s’attend à être puni en étant condamné à recommencer sa faute infiniment de manière incompressible (comme le montre l’histoire de pharaon). C’est pour cela que l’homme a du mal à changer. 

La torah ne pense pas que l’homme peut changer sa nature inconsciente par l’analyse, elle pense que l’homme peut changer sa nature a travers la prière devant D. si tous nos errements et toutes les fautes que nous faisons sans pouvoir nous contrôler viennent de la haine que nous avons de nous même, la techouvah ne peut venir que par l’amour. L’homme apprend à s’aimer en aimant D. par la prière.

Comment ca marche ?

La prière des 10 jours de techouvah et de Yom kippour est axée autours de trois axes. « La royauté dans la sainteté », « la royauté dans la justice », et « la bonté gratuite de la providence ». Ces trois concepts peuvent paraitre abstraits. Nous allons essayer des les élucider un peu, un par un.

 La « royauté dans la saintete » cela signifie que la présence de D est « tangible » à travers l’accomplissement des mitswoth de la torah. Dans la prière, L’idée de sainteté est toujours liée a l’accomplissement des commandements de la torah, on dit dans la prière « sanctifie nous par tes mitswoth ». 

Pendant les 10 jours de techouvah, on prie pour avoir une conscience plus grande de la présence de D à travers l’accomplissement des mitswoth. En accomplissant un commandement de la torah l’homme sent une proximité avec D, parfois ce sentiment est très fort et exceptionnel parfois il est fugace. Par exemple, lorsqu’une femme allume les bougies de shabbat elle sent une proximité avec D en faisant cette mitswah, elle sent le dévoilement d’une présence divine dans son foyer à travers cette mitswah. C’est la même chose lorsqu’un homme étudie la torah ou il met les tefillines ou il fait kidouch, a travers les mitswoth l’homme arrive à rendre tangible la présence divine dans le monde.

 Plus un homme fait la mitswah avec dévotion plus ce sentiment est profond pour lui. Lorsque l’on demande à D « de régner dans le monde par sa sainteté », durant les 10 jours de techouvah, on prie pour que le sentiment de sainteté que l’on sent dans sa vie a travers les mitswoth soit plus intense et plus fort. Le mot de « royauté » dans la prière exprime l’idée de dévoilement sensible. Le roi c’est celui dont tout le monde ressent la présence. Pendant la prière de Yom kippour l’homme peut se rappeler de toutes les mitswoth qu’il a fait, ou penser aux mitswoth qu’il va faire dans le futur, et du sentiment qu’il a ressenti a ce moment la, et il doit prier pour que ce sentiment reste en lui, et qu’il s’intensifie. L’amour de soi passe par la sensation de proximité avec la présence divine à travers nos actions. Le plus haut degré de cette sensation est atteint au moment ou l’on sonne le chofar, puisque c’est la seule chose qui persiste du service du temple, ou la shehinah était tangible pour tous. La royauté de la sainteté, c’est la sensation de la présence de la divinité s’exprimant à travers nos mitswoth, il faut prier pour que cette sensation grandisse et règne en nous. Ceci est à première phase de la purification de soi.

La deuxième phase de la purification c’est « la royauté dans la justice ». La encore, par « la royauté » il faut comprendre le fait de sentir la présence divine, ici il s’agit de sentir la présence divine a travers la justice dans le monde. la justice est a prendre au sens large, par exemple, lorsqu’un homme est déchiré entre le désir de manger et celui de dormir et qu’il prend la bonne décision, en ne mangeant pas trop et en ne dormant pas trop, il accomplit la justice avec son corps et avec lui-même. A chaque fois qu’un homme accomplie une décision juste, il ressent une élévation spirituelle, par ce qu’il sent qu’il agit en fonction d’une valeur qui le dépasse. La justice est la conscience pour l’homme qu’il peut dépasser son intérêt propre. En accomplissant la justice l’homme dépasse l’égoïsme de sa volonté et il prend du recul face à lui même. Il sent un dépassement et une osmose avec l’univers et l’histoire. L’homme ressent la justice divine aussi à travers l’harmonie et la beauté de la nature et l’équilibre des forces cosmiques. pendant les 10 jours de techouvah nous prions pour que ce sentiment de proximité et de sainteté se dévoile et se renforce en nous, dans la prière de Yom kippour l’homme doit penser a toutes les fois ou il a ressenti une sensation de dépassement devant l’équilibre du monde et la contemplation de la beauté de la nature, ou la perfection d’une action morale ou d’une idée juste et il doit prier pour créer un lien avec hm a travers ce sentiment.

Le troisième stade de la purification est exprimé dans la prière par les 13 attributs de miséricorde. Nous avons déjà parlé longuement de ce sujet dans le cour de l’année dernière. l’homme doit retrouver a travers ces attributs toute la bonté de D telle qu’elle s’exprime dans la nature, l’homme doit se remémorer tous les moments de bonheur ou il a été conscient de la bonté d’hm dans le monde, et il doit retrouver cette générosité et cette amour de la vie en lui-même. Le but de cette prière est de sentir la présence de D dans ce sentiment d’amour de la vie et dans la conscience de l’épanchement de la générosité de D dans le monde. 

C’est a travers la prière que l’homme peut purifier son âme à Yom kippur c'est-à-dire qu’il peut se laver du sentiment de culpabilité « a priori » qu’il porte sur lui-même qui l’empêche de changer. La haine de soi est chassée par le sentiment de la présence divine que l’on ressent en accomplissant les mitswoth et en pratiquant la justice et l’amour. C’est Le sens du verset « Car en ce jour, D vous pardonnera afin de vous purifier; vous serez purs de tous vos péchés devant l'Éternel. »

Le but de la prière des jours de Roch Hachana et de Yom kippour est d’unir le nom de D avec son essence intemporelle, c'est-à-dire créer le lien entre la manière que nous avons d’appréhender la divinité dans notre vie et l’essence divine immuable et éternelle de D, c’est ce que dit le verset « L'Eternel sera roi sur toute la terre; en ce jour, l'Eternel sera un et unique avec son nom. ».

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