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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Vayetse 5769

(Video en 2 parties)

1- Introduction

Ce cours est basée sur une étude du comportement de Jacob et de son rapport à l’ambition, à la lumière du livre du Maharal les chemins éternels, particulièrement sur le chapitre “le chemin de la simplicité”. Nous verrons que le Maharal semble dire dans ce chapitre que la véritable ambition est le fruit d’un rapport simple et animal avec soit même et son désir intérieur, vouloir juger moralement ce désir naturel et spontané c’est pour le Maharal une perversion, un acte suicidaire. Nous verrons ensuite qu’en disant cela le Maharal s’oppose à Maimonide qui met en doute l’existence même de la spontanéité.


2- Jacob est il ambitieux?

Il y a une chose difficile à comprendre dans la torah à propos de Jacob, c’est son rapport l’ambition. D’un coté la torah raconte qu’il se bat pour être le premier né, alors que ce n’était pas un droit qui lui revenait à la naissance. La torah dit bien aussi que Jacob va même jusqu’à se battre contre les anges, ce qui est aussi la preuve d’une ambition proche de la folie. On voit aussi que lorsqu’il est chez Laban, Jacob reste travailler là bas uniquement dans le but de se construire une fortune considérable. Tout ceci semble indiquer que Jacob est ambitieux.

 Pourtant, après la vision de l’échelle Jacob demande à D uniquement à avoir du pain à manger et des habits pour s’habiller, ce qui est l’opposé radical de l’ambition.

Dans la parasha de la semaine prochaine ou Jacob rentre en Israël, D lui en veut de vouloir rester tranquille avec se famille sans rien faire, de plus, quand il est jeune Jacob est décrit comme un “homme simple “tam” qui reste assis dans les tentes”. Jacob est-il un ambitieux ou un homme tranquille qui veut rester tranquillement chez lui?

3- Pourquoi Jacob a un rapport conflictuel avec les anges?

Il faut aussi comprendre pourquoi Jacob est le seul des patriarches à voir des multitudes d’anges, et que c’est le seul qui a une relation conflictuelle avec eux, (selon le talmud dans Hulin 91 les anges de l’échelle sont jaloux de Jacob et ils viennent pour le frapper, car le visage de Jacob ressemble trop au visage d’Hashem (ce qui est vu par les anges comme un affront à D), et c’est Hashem qui du haut de l’échelle doit intervenir pour protéger Jacob des anges, le midrash ailleurs dit que les anges cherchent à placer Esaü (l’ennemi de Jacob) à coté de Isaac dans le char céleste, et que c’est Hashem lui même qui doit sortir Esaü du jardin d’Eden contre l’avis des anges).

4- La simplicité avec soi même et l’ambition sociale sont les deux faces d’un même attribut

Le Maharal répond à la première question en remarquant qu’il y a deux adjectifs qui qualifient Jacob, d’un coté il est appelé “Tam” simple, d’un autre coté il est appellé Yeshurun, “l’homme droit”. Le Maharal, remarque, en outre, que ces deux adjectifs dans la bible sont très souvent mis en relation, “tam veyashar”, “simple et droit” semblent être les deux faces d’une même pièce. Le Maharal explique que la simplicité est le rapport de l’homme à lui même, qui entraine dans le rapport à l’autre un rapport de droiture.

La simplicité c’est le rapport spontané qui ne passe pas par la logique ou la loi, alors que la droiture c’est l’introduction de la loi et de la raison.

Le Maharal explique que l’homme doit avoir un rapport simple à lui même, “un rapport animal”, l’homme ne devrait pas avoir un rapport qui passe par la logique ou la raison avec son corps. L’homme doit laisser son corps dicter sa loi, dans sa simplicité, il doit écouter son corps, qui est sa voix intérieure. Ce n’est que lorsque l’homme est capable d’écouter simplement son corps, sa voix intérieure, qu’il peut avoir “la droiture” dans son rapport à l’autre, la droiture c’est le rapport à l’autre qui est dominé par la loi et la raison.

 Pour le Maharal la morale et la raison ne doivent intervenir que dans le rapport à l’autre pas dans le rapport à soi même.

Le Maharal explique que c’est de cette manière que l’on peut comprendre la double face de Jacob, d’un coté c’est un homme simple qui aime rester dans la tente, ce n’est pas un chasseur comme son frère, mais c’est justement par ce qu’il est simple et qu’il a ce rapport très simple et directe avec lui même, qu’il est capable d’avoir une véritable ambition. C’est à dire que l’ambition de Jacob c’est une ambition qui vient de lui même, une ambition qui lui correspond profondément, pas une ambition qui vient d’un autre et qu’il cherche à copier.

5- L’homme qui veut être simple avec lui même risque de s’aliéner tout son entourage, et même les anges, mais il peut être certain qu’il sera le plus fort.

 Jacob, puisqu’il est simple avec lui même, sait ce qu’il veut pour de bon, profondément, pour le Maharal c’est le sens de l’échelle qui est posée sur le sol, c’est à dire que de la même manière que la terre ne bouge pas, ainsi Jacob ne bouge pas, puisque comme la terre Jacob a son propre centre de gravité, par ce qu’il est le centre de gravité de sa propre vie. C’est pour cela qu’il peut vaincre tous les obstacles qu’il y a sur son chemin, même les anges, par ce qu’il suit son propre rêve, et à l’intérieur de soi chacun à un ange beaucoup plus puissant que tout les anges du ciel. C’est cet ange qui à notre visage (intérieur) dont la face est inscrite dans le trône céleste.

Le talmud dans Hulin 91 interprète le mot “vayeevak” “et il s’est battu”, qui est employé dans le combat de Jacob avec l’ange, comme disant “il a fait de la poussière”, et que cette poussière est arrivée jusqu’au trône céleste, le Maharal explique le talmud comme voulant dire que Jacob à jeter la terre, c’est a dire son centre de gravité personnel, en le faisant monter jusqu’au trône céleste, et que c’est pour cela que l’ange ne pouvait rien contre lui.

 Si Jacob se bat contre les anges et les êtres humains c’est par ce qu’à travers lui la torah veut nous dire que celui qui cherche à suivre son propre rêve, (qui ne se laisse pas analyser par la loi ou la morale), s’oblige du même coup à se battre contre le monde ambiant. Car le milieu ne peut être qu’un étouffoir pour l’homme qui refuse de formater son essence à la loi.

6- Le jugement moral du rapport à soi come une perversion

Pour le Maharal celui qui fait intervenir la logique ou la raison dans le rapport à son corps c’est un rasha. L’homme doit laisser une partie floue en lui, il ne doit pas chercher à s’analyser de manière directe.

Le Maharal s’attaque à Maimonide qui, dans le Guide des égarés, pense que l’homme a été gagnant en mangeant de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car il est devenu plus intelligent. Le Maharal s’oppose a cette vue de Maimonide, car pour le Maharal le premier homme connaissait déjà le bien et le mal avant de manger de l’arbre. Si D pose un interdit à Adam, c’est bien la preuve qu’il avait la conscience de savoir ce qui était bon et ce qui était mauvais. Mais cette connaissance du bien et du mal, Adam et Eve, ne l’avaient que dans leur rapport à l’autre et au monde, par contre, avant la faute, Adam et Eve n’avaient pas de conscience du bien et du mal dans leur rapport à leurs corps mêmes, ils assumaient leurs corps de manière naturelle.

 En mangeant de l’arbre, lorsqu’ils apprennent qu’ils sont nus, Adam et Eve prennent une conscience du bien et du mal dans leur rapport à leurs corps mêmes. Le Maharal dit que connaitre le bien et le mal dans un rapport à soi et à son corps c’est une malédiction pure, car ce que l’homme reçoit essentiellement dans cette conscience, c’est la connaissance du mal. Celui qui fait intervenir la loi et la logique dans son rapport au corps ne fait que connaitre le mal. Cette conscience du mal est une connaissance superflue pour l’homme, et qui entraine sa mort.

7- Un approfondissement sur l’idée de perversion des sens par la morale.

Pour comprendre cette idée du Maharal on peut utiliser le livre de Jean Claude Milner "le triple du plaisir". La raison officieuse pour laquelle Jean Claude Milner a écrit ce livre, c’est son homosexualité, en réalité ce livre est une réponse (voilée) à l’analyse de l’histoire de l’homosexualité de Foucault. Pour faire très très rapide, Foucault veut montrer que le comportement homosexuel est devenu une conduite anormale uniquement dans les temps moderne, puisque chez les grecs le rapport homosexuel était considéré comme supérieur aux rapports hétérosexuels. Cette analyse interpelle Milner puisqu’il se rend bien compte que les rapports homosexuels chez les grecs n’étaient pas comparables aux amours homosexuels modernes, puisque chez les grecs l’amour n’était pas lié à la sexualité. Ce qui apporte notre héros à se poser la question suivante, “comment se fait-il qu’aujourd’hui la notion d’amour soit liée à la sexualité? Et ceci même chez les homosexuels?”

Ce questionnement amène Milner à une découverte géniale dans le rapport au plaisir chez l’homme.

Il part de l’axiome suivant, l’homme n’a pas naturellement une conscience claire de ses sens. C’est à dire que pour l’homme à l’état premier de la sensation il n’y a pas une différence évidente entre le toucher, le goût, ou même l’odorat et la vue, l’homme de manière spontanée ne différencie pas clairement les différents sens, il ressent tout d’un bloc, d’une manière indistincte. En réalité la distinction entre ses sens n’advient chez l’homme que grâce au langage.

 Milner fait une deuxième constatation, dans chaque culture, il y a toujours un sens ou un plaisir qui sert de référence aux autres, l’homme peut distinguer ses sensations grâce au langage uniquement lorsqu’il prend un sens de référence, auquel il va mesurer et comparer toutes les sensations qu’il perçoit. Par exemple il est très clair que dans la société actuelle le sens de référence c’est le toucher avec la sexualité; lorsque l’on voit une pub pour Coca-Cola on a l’impression que le type qui boit le Coca-Cola a un orgasme avec sa cannette.

C’est la même chose avec la voix suave de la pub des hamburgers McDonald, c’est pour cela qu’aujourd’hui on peut manger sans avoir faim ni être jamais rassasié, par ce que ce qui compte dans notre rapport à la nourriture c’est la réaction par le toucher et par le goût que l’on a avec la nourriture que l’on consomme. C’est pour cela aussi que les sentiments amoureux ne sont pas concevables dans la société moderne que s’ils sont liés avec le toucher et la sexualité. Puisque toute sensation a pour valeur étalon la sexualité dans la société moderne.

 Par contre à l’époque antique le plaisir de référence était plutôt le plaisir d’avaler, d’intégrer en soi, la sexualité par contre ne pouvait être considérée comme plaisir que mesurée à ce plaisir de la digestion.

 Milner fait aussi remarquer que l’utilisation comme référence d’un plaisir étalon pour mesurer les autres est une perversion de ce plaisir, car naturellement, si elle n’est pas pervertie, la sexualité n’a rien avoir avec une canette de Coca-Cola, ou un hamburger, (ou même selon Milner avec le sentiment amoureux).

Milner fait une troisième constatation, qui permet d’expliquer ce que le Maharal dit dans le chemin de la simplicité, c’est que c’est la loi et l’interdit qui vont pousser l’homme à devoir prendre du recul face à ses sensations pour les contrôler, c’est la loi qui crée la perversion des sens chez l’homme, puisque c’est la loi qui crée la nécessité d’une valeur étalon. CQFD, limiter la loi c’est limiter la perversion des sensations du corps.

 8- Le Kouzari pense aussi qu’il faut limiter le rôle de la logique dans le rapport au corps

Cette idée du Maharal qui veut limiter le rôle de la morale à la gestion du rapport à l’autre converge avec ce que dit le Kouzari dans la troisième partie, le Kouzari (rabbi Yehudah Halévy) pense que l’homme si il écoute son corps peut arriver à l’équilibre et à la perfection, le Kouzari pense que naturellement le système physiologique de l’homme s’autorégule, naturellement l’homme a envie de dormir lorsqu’il en a besoin, et qu’il a envie de faire du sport quand il en a besoin, que lorsque l’homme veut réfléchir c’est qu’il en a besoin, lorsqu’il veut être agressif c’est qu’il en a besoin, l’homme doit donc écouter son corps. Pour le Kouzari, l’homme doit principalement écouter son corps, et orienter ses pulsion en vue de les utiliser dans une manière constructive, il dit que lorsqu’un homme ou une femme on besoin de s’énerver il est normal qu’ils épanchent ce besoin d’agressivité qui est un besoin naturel à l’homme, seulement ils doivent l’épancher sur des gens qui le méritent, ou en regardant un match de foot. (Évitez votre conjoint et votre famille).

9- Maimonide par contre ne croit pas en la spontanéité.

Cette vision de la morale, du Maharal et du Kouzari, dans son rapport à soi, s’oppose diamétralement à la vision de Maimonide dans les lois de la connaissance (chap. 1-2). Maimonide pense que l’homme doit au contraire intégrer des valeurs morales absolues qui viennent du milieu extérieur, pour s’éduquer à suivre le chemin du milieu, (qui est le chemin des valeurs morales objectives de la société). Maimonide va même jusqu’à dire qu’intégrer les valeurs morales de la société extérieure, dans son rapport à soi, c’est accomplir le commandement de “suivre le chemin de D”. Maimonide ne fait aucune confiance à la spontanéité, ou à l’autorégulation, il ne pense pas que l’homme puisse définir de par lui même les valeurs qui régulent son rapport à lui même et à ses désirs.

Ce qui pousse Maimonide à être critique face à la spontanéité, c’est par ce qu’il doute de son existence même, pour Maimonide (chap. 6 des lois de la connaissance) “les désirs de l’homme sont influencés par la société extérieure” les désirs de l’homme ne lui appartiennent pas, (pour Maimonide les désirs et la connaissance sont une seule et même chose parce que l’on désire ce que l’on croit bon).

On pourrait encore critiquer le Maharal en disant que le désir de l’homme est pluriel, l’homme veut souvent beaucoup de choses contradictoires. Parmi toutes les voix que l’homme entend à l’intérieur de lui même comment l’homme peut-il savoir laquelle est la vraie?

Par exemple, je veux arrêter de boire par ce que je veux maigrir, mais je sais que si je ne bois pas je vais être déprimé, quel est mon véritable désir?

10- La divination comme l’opposé de la simplicité

Le Maharal apporte une réponse à ces critiques, il part sur une constatation de ce qui semble être une contradiction. Il y a une mitswah de la torah qui dit “et tu seras simple avec Hashem ton D” ce qui veut dire a priori qu’il ne faut pas chercher à connaitre le futur par des divinations, (car cette mitswah est mise juste à coté des versets qui interdisent la divination et l’astrologie,) or, dit le Maharal, on voit d’autre part que l’on a le droit de vouloir connaitre le futur si on va voir un prophète, on voit bien que Saül est parti voir le prophète Samuel pour retrouver son âne! C’est a dire que Saül fait appelle à des forces surnaturelles pour l’aider dans son quotidien, alors, le Maharal se demande pourquoi il y aurait un interdit de vouloir connaitre le futur par la divination ou l’astrologie? Pourquoi la recherche de cette connaissance du futur serait elle un manque de simplicité envers D, alors que la recherche de cette même connaissance si on l’attribut comme provenant d’Hashem n’est pas un manque de simplicité?

11- La véritable nature animale de l’homme

Le Maharal rapporte un passage du talmud de Behoroth 44b qui dit “si un homme se comporte avec lui même comme un animal, alors sa prière sera toujours répondue, et il aura toujours des élèves à ses cours,” le Maharal explique ce passage du talmud en disant que la prière et l’étude sont les deux moyens que l’homme possède pour découvrir la véritable nature animale qu’il y a en lui.

 Je pense que l’on peut expliquer facilement ce que le Maharal veut dire par un exemple. Si je fais des prières pour maigrir ou pour arrêter de boire et que je vois que ma prière n’est pas exaucée, alors c’est une preuve que je ne désir pas vraiment ce que je demande, si je voulais vraiment maigrir j’aurais commencé à prendre certaines décisions qui m’auraient permis de maigrir, ou d’arrêter de boire, en fait mon véritable désir c’est de boire, pour être heureux.

 A partir de là, j’ai le choix de changer mon désir, ou de l’assumer, mais si je choisis de changer mon désir, lorsque j’aurais changé mon désir, ma prière sera exaucée. C’est ce que le talmud veut dire lorsqu’un homme voit que sa prière n’est pas exaucée c’est une preuve qu’il ne désire pas vraiment ce qu’il demande, c’est une preuve qu’il a d’autres désirs contradictoires qui font qu’il ne fait pas tout ce qu’il devrait faire pour assouvir son désir, si un homme voit que sa prière n’est pas exaucé c’est une preuve qu’il se ment à lui même dans sa prière. C’est une preuve qu’il n’assume pas vraiment l’animal qu’il y a en lui.

Si quelqu’un fait la prière pour se marier et qu’il voit qu’il ne se marie pas c’est une preuve qu’il ne veut pas vraiment se marier, il veut peut être se marier aussi un peu, mais il y a d’autre désir qui prime, la carrière, le repos etc.c’est la même chose pour celui qui prie pour devenir riche ou trouver un travail.

12- L’analyse de soi par la prière. La divination comme s’opposant à la véritable nature animale de l’homme.

Il n’est donc pas si évident d’assumer ou de découvrir le véritable animal que l’on porte en soi, ce n’est que dans un face à face avec D que l’on peut le découvrir. En fait je n’ai qu’une voix en moi, et elle couvre toutes les autres, mais pour la découvrir je dois regarder mon reflet dans le miroir du ciel à travers la prière.

Cette constatation va nous permettre de répondre à la question du Maharal avec la divination si on pense que c’est Hashem qui va nous faire connaitre le futur par la prophétie, nous savons aussi que c’est nous qui pouvons changer l’histoire par la techouvah et que si nous voulons vraiment on peut changer et choisir notre futur, ou que c’est nous qui choisissons d’interpréter la prophétie comme nous le voulons, par contre, lorsque on utilise la divination on se conçoit, has veshalom, comme le jouet du mazal ou des astres, on limite le pouvoir de sa volonté et de son désir, c’est pour cela que c’est un manque de simplicité avec Hashem, c’est une culpabilité envers soi même.

Dans le rêve de l’échelle, Jacob voit son visage en haut et en bas de l’échelle, car par la prière un homme peut voir à travers un vers grossissant ce qu’il veut vraiment. Et ce qu’il veut vraiment il peut être sûr qu’il l’obtiendra, même si les anges sont contre lui, la difficulté c’est de vouloir vraiment, et de savoir ce que l’on veut.

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