1- Spiritualité et religion
A la fin de la parasha de cette semaine, Rebekka la mère de Jacob envoie ce dernier se marier a Haran sa ville natale. Elle envoie Jacob là-bas pour qu’il échappe à la colère de son frère essav, elle lui promet qu’ensuite elle ira le chercher, ou qu’elle enverra quelqu’un le chercher pour lui dire de revenir.
Les versets disent en effet « Et Rébecca fut informée des desseins d'Ésaü son fils aîné. Elle fit appeler Jacob, son plus jeune fils et lui dit "Écoute, Ésaü ton frère veut se venger de toi en te faisant mourir. 43 Et maintenant, mon fils, obéis à ma voix : pars, va te réfugier auprès de Laban, mon frère, à Haran. 44 Tu resteras chez lui quelques jours, jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. 45 Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus et qu'il aura oublié ce que tu lui as fait, je t'enverrai ramener de là-bas : pourquoi m'exposer à vous perdre tous deux à la fois ? »
Initialement, le séjour de Jacob a haran ne devait durer que de quelques jours. Mais, Jacob va rester chez Laban pendant 22 ans. Même lorsque les 22 ans seront passées, sa mère n’enverra personne pour le chercher, c’est D lui-même qui doit se révéler à Jacob pour lui dire de rentrer en Israël. Lorsque Jacob rentre en Israël, après avoir fait la paix avec son frère essav, Jacob ne rentre pas voir son père et sa mère, bizarrement, il reste plusieurs années, à camper dans diffèrent endroits d’Israël.
En fait il ne veut pas rentrer à la maison, puisque sa mère n’a envoyé personne pour aller le chercher.
Ce n’est que 2 ans après sa venue en Israël que sa mère, envoie finalement tamar sa servante pour dire à Jacob de rentrer. Tamar meurt en chemin et Rebekka meurt le même jour. Jacob ne reverra donc jamais sa mère. (Soit dit en passant que c’est un point commun entre tous les patriarches, Abraham doit quitter sa famille, il ne reverra jamais sa mère, Itzhak part pour le mont Moria et lorsqu’il rentre sa mère est morte, de même Jacob part pour un court séjour, mais lorsqu’il rentre sa mère est morte.) il est très difficile de comprendre pourquoi la mère de Jacob n’a envoyé personne pour le chercher durant toutes ces années. Pourquoi Rebekka a-t-elle trahit sa promesse ? et quel était le sens de cette promesse ?
Il y a une autre question que l’on peut poser sur la parasha. Jacob n’est pas rentré pendant plus de 22 ans pour 2 raisons, la première par ce qu’il attendait l’envoyé de sa mère, la deuxième, par ce qu’il avait dû travailler toutes ces années chez Lavan pour pouvoir se marier, Lavan n’avait consenti à marier ses filles qu’a cette condition, or ce sont les parents de Jacob, Isaac et Rebekka, qui avaient explicitement demandé à Jacob de se marier. Donc, Jacob, en allant à haran pendant toutes ces années, ne faisait qu’exécuter l’ordre de ses parents. On peut donc à juste titre être très surpris en lisant Rashi qui dit au nom du midrash que Jacob a été puni par la vente de josef par ce qu’il n’avait pas honoré ses parents pendant 22 ans.
En effet un des dernier Rashi de la parasha dit : « Cependant, le mérite qu’il s’est acquis par l’étude de la Tora lui a évité d’être puni pour avoir négligé d’honorer ses parents pendant ce temps-là. Yossef n’a été séparé de son père que pendant vingt-deux ans, c’est-à-dire de dix-sept à trente-neuf ans, correspondant aux vingt-deux années où Ya’aqov a été séparé de son père et ne l’a pas honoré… et il n’a été séparé de Yossef que pendant vingt-deux ans, selon le principe de « mesure pour mesure ».
À première vue ce Rashi parait incompréhensible, puisque Jacob accomplissait la volonté de ses parents pendant ces 22 ans, et de plus sa mère n’avait envoyé personne pour le chercher.
On peut tenter de répondre à ces deux questions à partir d’un passage de la guemrah de shabbat 33 a « Rav Hannan bar Rabah a dit « tout le monde sait pourquoi la fiancée, va sous la houppa et se marie, mais tout celui qui le dit explicitement, c’est une obscénité, et même si on avait décrété pour lui soixante-dix ans de bonheur, on transforme ce décret en soixante-dix ans de malheur. »
Ce passage de la guemrah parait obscur. A mon avis c’est une référence a Jacob qui avait reçu toutes les bénédictions de son père et qui aurait dû normalement avoir une vie de bonheur sans nuage, mais puisqu’il a été explicite et obscène, en demandant la main de rachel, puisqu’il a dit explicitement a Lavan son père « donne-moi ta fille pour que je puisse avoir des relations sexuelles avec elle », alors son décret a été transformé, et au lieux d’avoir un vie pleine de bonheur, il a eu une vie pleine de malheur, au point ou, lorsqu’il arrive vieillard devant pharaon, il lui dit que sa vie a été courte et malheureuse.
Avant d’aller plus loin dans le développement, je suis obligé de citer les sources auxquelles je fais référence. En effet les versets disent (genèse 29 21) « Jacob dit à Laban : "Donne-moi ma femme, car mon temps est accompli et je veux avoir une relation sexuelle avec elle." 22 Laban réunit tous les habitants du lieu et donna un festin. 23 Mais, le soir venu, il prit Léa sa fille et la lui amena et Jacob s'unit à elle. ». Rashi est lui-même choqué par l’obscénité de Jacob et il dit « Car mes jours sont accomplis Le temps que m’avait dit ma mère. Et aussi mon temps est arrivé, puisque j’ai quatre-vingt-quatre ans. Quand donc donnerai-je naissance aux douze tribus ? C’est pourquoi il est écrit : « je viendrai vers elle ». Et pourtant le plus dévergondé des hommes ne parle pas ainsi ! S’il l’a fait, c’est par impatience de donner naissance à sa descendance (Beréchith raba 70, 18). »
Quoi qu’il en soit, à mon avis le talmud dans Chabat fait référence à ce passage de la torah.
Le talmud veut indiquer de manière allusive qu’il y avait quelque chose de mauvais dans le mariage de Jacob.
En fait, lorsque Jacob rencontre Rachel, il tombe instantanément amoureux d’elle. Rachel est très belle, son père Lavan sait qu’il peut tirer avantage de ce fait, c’est d’ailleurs ce qu’il va faire. Mais Lavan a une autre fille Leah beaucoup moins belle que rachel, plus âgée, qui a du mal à se marier. Si Jacob avait voulu se marier avec elle, Lavan la le lui aurait donné gratuitement trop content de s’en débarrasser. C’est ce que sa mère Rivkah et son père Jacob pensait que Jacob allait faire.
Jacob est un homme simple qui s’assit dans les tentes, il n’aurait pas dû l’être sensible à la beauté de rachel. Mais Jacob tombe amoureux de rachel, et il fait le mauvais choix de se marier avec la femme qu’il aime, même si pour cela il va devoir rester chez Lavan pendant plusieurs années.
Lorsqu’elle apprend ça sa mère le rejette, et c’est pour cette raison qu’elle n’enverra jamais quelqu’un le chercher. Rebekka, la mère de Jacob, s’est mariée sans avoir même vu son mari, elle a voulu fonder une famille, et elle a aimé son mari aveugle, confiné dans sa tente, sans jamais avoir été transportée par son aspect physique. Elle ne comprend donc pas la décision irrationnelle de son fils.
La suite est encore plus cauchemardesque pour Jacob, puisque Jacob se retrouve marié à Leah, ensuite lorsqu’il se marie enfin avec rachel, Jacob se rend compte qu’elle ne l’aime pas vraiment, qu’elle essaie d’éviter au maximum d’avoir des relations sexuelles avec lui. (Cf. genèse 30 14). Ce n’est que par jalousie pour sa sœur qu’elle va finalement consentir à procréer avec lui.
Cette relation bizarre entre Jacob et ses femmes se répercutent sur les enfants qui se haïssent entre eux. En voulant se marier avec la femme qu’il aimait Jacob s’est condamné à soixante-dix ans de malheur.
On pourrait s’interroger sur l’aveuglement de Jacob, Jacob est décrit comme un juste qui réside dans les tentes, c’est un homme porte à l’austérité, l’étude, la méditation et l’introspection, ce n’est pas un clubman. Alors pourquoi Jacob se trompe t il a ce point ? si Jacob a aimé rachel d’une telle passion, comment peut-on dire qu’elle n’était pas son zivoug ?
En réalité, c’est justement par ce que Jacob est l’homme de l’introspection et de la méditation, qu’il est l’homme de l’amour, c’est justement pour cela, qu’il est condamné à aimer des gens qui le détestent et à détester des gens qui l’aiment.
Par la méditation et l’ascèse spirituelle, l’homme peut rentrer en harmonie avec lui-même, et avec D, mais justement cette harmonie, et cette honnêteté avec soi-même, floute complètement la perception que l’on a des autres. Plus un homme est à la recherche de son développement spirituel, plus il cherche à trouver un équilibre intérieur et une harmonie avec l’extérieur, plus il cherche le divin, plus sa vision des autres devient faussée.
L’homme spirituel se crée un monde, il crée sa propre réalité, et son propre imaginaire, il vit dans sa bulle, il devient incapable d’avoir une vision objective du monde. Chercher l’amour, c’est se chercher soi-même. L’être aime est toujours parfaitement opaque a celui qui l’aime.
Josef est le fils préfère de Jacob, il a le même visage que lui et tout ce qui est arrivé à Jacob est arrivé à josef. (Rashi au début de veyeshev). Josef est le personnage le plus opaque de la bible, on ne sait jamais ce qu’il ressent vraiment. Josef comme Jacob est à la recherche de lui-même, il ne s’intéresse pas aux retombées de cette recherche sur les autres, c’est pour cela qu’il raconte son rêve a ses frères, qu’il va à leur rencontre dans un endroit désert, même s’il sait qu’ils veulent le tuer. Josef n’est intéressé que par son harmonie intérieure.
Quoi qu’il arrive il est un homme qui réussît, même s’il reste 12 ans en prison pour un crime qu’il n’a pas commis, il est appelé « un homme qui réussit », par ce que, quoi qu’il arrive il ne se trahit jamais lui-même, il reste fidèle a sa vision. Il a rêvé que ses frères et son père se prosternaient à lui, il faut que son rêve s’accomplisse. Josef vit dans sa bulle.
Ce qui lui importe avant tout c’est d’être fidèle a lui-même, de croire en ses rêves. Il ne voit pas ses rêves comme un ambition dont il faut planifier l’accomplissement, il sait que ses rêves s’accomplirons s’il reste fidèle à lui-même quoi qu’il arrive. Si josef est opaque, c’est par ce que l’homme est opaque a lui-même, l’homme ne peut se saisir à travers l’introspection et la méditation que comme un hombre, comme un rêve, comme un fantôme. Pourtant, c’est ce fantôme que josef veut écouter, et c’est en l’écoutant qu’il fait advenir ses rêves.
L’amour de Jacob pour rachel est symptomatique de cette même recherche. Jacob sait qu’il aime rachel il sait qu’elle est son zivoug, même si pour se marier avec elle il doit être esclave pendant 22 ans, même si pour faire advenir cette intuition, il va être rejeté par sa mère et son père, il veut suivre son désir profond son rêve, même si pour cela il se condamne comme josef a soixante-dix ans de malheur.
La torah n’est pas un roman pour dame, c’est un livre théologique. Si la torah nous raconte tout cela, c’est pour nous orienter dans notre rapport a D.
Naturellement, l’homme aurait tendance à penser que la religion doit être un retour vers soi, que lorsque l’homme arrive à envisager pleinement ses désirs profonds ses orientations les plus secrètes, s’il arrive à les assumer pleinement, en les adaptant à sa situation présente alors, il est relation avec D. La techouvah serait d’abord un retour vers son intériorité.
La torah ne nie pas complétement cet aspect de la spiritualité, mais elle en montre les limites. Dans cette optique l’homme est condamné à vivre dans une bulle, dans une réalité qu’il a créée, il ne peut pas avoir de relation objective avec le monde environnant. Jacob est incompris par sa mère, par son père, par ses femmes et par ses enfants. De même josef reste incompris de son père et de ses frères.
L’homme méditatif peut avoir des visions prophétiques, il peut intuitionner le futur, mais il ne peut pas infléchir l’histoire par sa prière.
Pour infléchir l’histoire par sa prière, l’homme doit au contraire inscrire sa relation à D travers un héritage historique, l’appartenance à un groupe.
Pour le juif la techouvah ce n’est pas un retour à soi, c’est un retour à son histoire a ses racines à son peuple.
Ces deux formes de retours se contredisent, retourner vers soi et c’est se créer une bulle et un monde virtuel, ou l’on peut s’épanouir complétement.
Alors que le retour vers son histoire et son appartenance ethnique et son rôle historique ou communautaire, c’est l’acceptation d’un discours objectif, qui va court circuiter la relation a soi.
Plus on est honnête avec les autres, moins on est honnête avec soi-même.
2- Les différentes strates du désir
Spirituellement et psychologiquement l’homme est constamment déchiré entre deux vérités transcendantes qui s’imposent à lui. D’un côté sa vérité propre, une vérité à découvrir, contre laquelle, il ne peut pas luter, et, d’un autre côté, la réalité objective du monde et l’existence des autres.
La conscience de ces deux vérités contradictoires coexiste à l’intérieur de l’homme. Plus l’homme donne une place à l’une de ces vérités plus l’autre disparait.
Pour le judaïsme, l’homme doit chercher un équilibre et osciller entre ces deux certitudes contradictoires.
La société moderne, ultra capitaliste et surtout ultra égoïste, nie complétement la vérité historique de l’individu, elle prône, le retour à soi et la solitude absolue, elle prône l’incarcération de soi dans un monde imaginaire que l’on module à sa mesure. (C’est la spiritualité new âge du Kabala center and Co.)
Ces deux vérités sont personnifiées dans notre parasha par essav, l’homme de l’extérieur et de la vérité objective, et Jacob l’homme de l’introspection méditative, l’homme de la tente. Dans les parashiot qui suivent ces deux vérités se retrouvent incarnées par deux femmes, rachel et Leah.
Nous avons vu que Jacob est fou amoureux de rachel, alors que rachel l’est beaucoup moins de Jacob. Ceci expliquerait un passage de la parasha de la semaine prochaine, qui autrement aurait pu paraitre étonnant.
« Rachel, voyant qu'elle ne donnait pas d'enfants à Jacob, conçut de l'envie contre sa sœur et elle dit à Jacob." Rends moi mère, autrement j'en mourrai !" 2 Jacob se mis en colère contre Rachel et dit : "Suis-je à la place de Dieu, qui t'a refusé la fécondité ?" »
Rashi commente « Qui t’a refusé la fécondité : Tu me dis de faire comme mon père ! C’est que je ne suis pas comme mon père ! Mon père n’avait pas d’enfants. Moi, j’en ai ! C’est à toi que Dieu t’a refusé la fécondité, pas à moi ! »
Pourquoi Jacob se met-il en colère contre rachel ?
Jacob pensait que rachel l’aimait, et que c’était pour cette raison qu’elle s’était mariée avec lui. Lorsque rachel dit « Rends moi mère, autrement j'en mourrai ! », Jacob comprend qu’il n’est qu’un distributeur de sperme et d’argent, qu’elle ne s’est mariée avec lui que pour avoir des enfants.
Le midrash commente se passage en disant : « Jacob se fâcha contre Rachel. Les maitres du sud disent au nom de rabi Alexandrie, au nom de rabi Yohanan. « Est-il digne du sage de mettre en avant des raisons futiles » c’est Abraham au sujet duquel il est dit « et Avram écouta la voix de Sarah », « de gonfler son sein de vent ? » c’est Jacob au sujet duquel il est dit « Jacob se fâcha contre Rachel », « par ta vie que tes enfants devront se lever devant les siens. ! ».
Le midrash compare la relation d’Abraham et Sarah à celle de Jacob et rachel.
Abraham aimait Ismaël, il n’éprouvait pas un puissant désir d’avoir d’autres enfants. Mais lorsque Sara veut avoir des enfants, il prie pour elle, il écoute sa voix.
Avram cherche à transformer son désir intérieur en intégrant en lui-même le désir de Sara.
Que se passe-t-il par la suite ? le maharsha dans le traité de baba battra (début du chapitre 5) explique que les enfants d’Ismaël, vont avoir le pouvoir sur Israël et la majorité de la Golah, jusqu’à la venue du messie.
Israël, l’enfant de Sarah va devoir se prosterner devant Ismaël, l’enfant d’Abraham.
Plus quelqu’un cherche à réprimer son désir intime, en intégrant celui des autres, plus en fait il renforce la conviction et l’énergie de son désir refoulé.
Pour qu’Ismaël ne fasse pas souffrir Israël, il aurait fallu qu’Abraham soit clair avec Sara, qu’il lui dise qu’il ne voulait pas rejeter Ismaël, car en exprimant sa volonté, il l’aurait l’affaiblie.
C’est à ce propos que le midrash cite la deuxième partie du verset de job. « Est-il digne du sage, de gonfler son sein de vent ? ». Pour nous dire qu’Abraham n’aurait pas dû garder son amour pour Ismaël caché, il n’aurait pas dû le garder dans son sein, il aurait dû l’exprimer.
Le midrash montre une situation similaire chez Jacob et rachel. Le désir intime et profond de Jacob c’est d’avoir des enfants avec rachel. L’histoire montre par la suite que son fils préféré est josef, le fils de rachel. Lorsque Jacob croie que josef est mort il donne tout son amour au dernier fils de rachel binyamine.
Mais puisqu’il est blessé dans son amour propre par le désir maternel de rachel, il refoule ce désir et il s’énerve contre elle en lui disant qu’il est heureux des enfants qu’il a déjà avec Leah. En refoulant son désir profond, Jacob ne fait que le renforcer, c’est pour cette raison que par la suite les enfants de Leah devront se prosterner devant ceux de rachel.
A ce propos le midrash cite la première partie du verset de job « Est-il digne du sage de mettre en avant des raisons futiles ?». Si Jacob avait voulu la paix entre ses enfants, il aurait dû dire a rachel ouvertement que, lui aussi, il désirait avoir des enfants avec elle.
La mishna dans pirkei avot explique que ce mécanisme s’applique aussi dans la relation a D. La mishna dit (chapitre 2 mishna 4) « fait de sa volonté la tienne, pour qu’il fasse de ta volonté la sienne ». Il n’y a pas de synergie négative entre la volonté intérieur et profonde de l’individu et celle qui lui est imposée par le monde objectif. Lorsque, l’homme accepte la réalité objective du monde extérieur, et qu’il refoule son désir intérieur, qu’il en retarde la satisfaction, il ne fait que lui donner plus de force. La vérité historique de l « être juif » renforce et multiplie le pouvoir spirituel de l’âme humaine.
Les documents
Texte 1
Les enfants ayant grandi, Ésaü devint un habile chasseur, un homme des champs, tandis que Jacob, homme inoffensif, vécut sous la tente. 28 lsaac préférait Ésaü parce qu'il mettait du gibier dans sa bouche; mais Rébecca préférait Jacob.
Texte 2
Et Rébecca fut informée des desseins d'Ésaü son fils aîné. Elle fit appeler Jacob, son plus jeune fils et lui dit "Écoute, Ésaü ton frère veut se venger de toi en te faisant mourir. 43 Et maintenant, mon fils, obéis à ma voix: pars, va te réfugier auprès de Laban, mon frère, à Haràn. 44 Tu resteras chez lui quelque temps, jusqu'à ce que s'apaise la fureur de ton frère. 45 Lorsque l'animosité de ton frère ne te menacera plus et qu'il aura oublié ce que tu lui as fait, je t'enverrai ramener de là bas: pourquoi m'exposer à vous perdre tous deux à la fois?
Rashi
Et nous en déduisons encore que Ya’aqov s’est caché quatorze ans durant dans la maison de ‘Evèr avant de partir à ‘Haran. Il est resté quatorze ans dans la maison de Lavan avant la naissance de Yossef, ainsi qu’il est écrit : « je t’ai servi quatorze ans pour tes deux filles, et six ans pour ton troupeau » (infra 31, 41), et il n’a reçu son salaire sous la forme de menu bétail qu’après la naissance de Yossef, ainsi qu’il est écrit : « ce fut, lorsque Ra‘hel eut engendré Yossef... » (infra 30, 25). Yossef était âgé de trente ans lorsqu’il devenu roi (infra 41, 46). Neuf années se sont ensuite écoulées – sept années d’abondance et deux de famine – jusqu’à ce que Ya’aqov descendît en Egypte. Ya’aqov a déclaré à Pharaon : « Les jours des années de mes pérégrinations ont été de cent trente ans » (infra 47, 9). Faisons le compte : Si l’on additionne les quatorze ans avant la naissance de Yossef, les trente ans qu’avait Yossef lorsqu’il a commencé de régner, et ses neuf années de règne jusqu’à l’arrivée de Ya’aqov, cela fait cinquante-trois ans. Or, lorsque Ya‘aqov a quitté son père, il avait soixante-trois ans, [comme indiqué plus haut] ce qui devrait donner cent seize, et pourtant il dit « cent trente ans ». Il manque donc quatorze ans. D’où l’on déduit qu’après avoir reçu les bénédictions il s’est caché pendant quatorze ans dans la maison de ‘Evèr (Meguila 17a). Cependant, le mérite qu’il s’est acquis par l’étude de la Tora lui a évité d’être puni pour avoir négligé d’honorer ses parents pendant ce temps-là. Yossef n’a été séparé de son père que pendant vingt-deux ans, c’est-à-dire de dix-sept à trente-neuf ans, correspondant aux vingt-deux années où Ya’aqov a été séparé de son père et ne l’a pas honoré. Ce sont les vingt années passées chez Lavan et les deux ans où il est resté en route, ainsi qu’il est écrit : « il s’y bâtit une maison (bayith), et pour son bétail il fit des cabanes (soukoth) » (infra 33, 17). Nos rabbins, de mémoire bénie, ont expliqué à partir de ce verset qu’il était resté en route pendant dix-huit mois : le mot bayith (« demeure ») au singulier s’applique en effet à une saison des pluies [six mois], et le mot soukoth (« enclos »), au pluriel, s’applique à deux saisons de soleil [douze mois] (voir Rachi infra 33, 17). D’après le décompte des versets que nous avons effectué plus haut, entre le moment où il a quitté son père et celui où il est descendu en Egypte âgé de cent trente ans – où nous trouvons une lacune de quatorze ans – il s’est certainement caché dans la maison de ‘Evèr pour y étudier la Tora, lorsqu’il était en route vers la maison de Lavan. Et par le mérite de l’étude de la Tora, il n’a pas été puni pour ces quatorze années, et il n’a été séparé de Yossef que pendant vingt-deux ans, selon le principe de « mesure pour mesure ».
Texte 3
Jacob arriva à Louz, qui est dans le pays de Canaan, la même que Béthel, lui et tous ceux qui l'accompagnaient. 7 Là il dressa un autel et il appela l'endroit Él béth Él; car là les puissances célestes lui étaient apparues, comme il fuyait à cause de son frère. 8 Débora, nourrice de Rébecca, étant morte alors, fut enterrée au dessous de Béthel, au pied d'un chêne qui fut appelé le Chêne des Pleurs.
Rashi
Au-dessous du chêne (haalon) Traduction du Targoum Onqelos : « au bas de la plaine ». La plaine se trouvait en hauteur, au-dessus de la déclivité de la montagne, et la tombe en bas. Et l’on appelait alon la plaine de Beith-El. La hagada indique que Ya‘aqov a reçu à cet endroit la nouvelle d’un autre deuil, celui de sa mère (Beréchith raba 81, 5), le mot grec allon signifiant « un deuil ». Si le texte a dissimulé la date de sa mort, c’est pour qu’on n’en vienne pas à maudire « le ventre qui a donné le jour » à ‘Essaw. Voilà pourquoi il n’en est pas fait mention (Midrach tan‘houma Ki tétsé 4).
Chabat 33
What is meant by, 'but his hand is stretched out still'? — Said R. Hanan b. Rabbah: All know for what purpose a bride enters the bridal canopy, yet against whomsoever who speaks obscenely [thereof], even if a sentence of seventy years' happiness had been sealed for him,36 it is reversed for evil
Genese 29 21
Jacob dit à Laban: "Donne-moi ma femme, car mon temps est accompli et je veux avoir une relation sexuelle avec elle." 22 Laban réunit tous les habitants du lieu et donna un festin. 23 Mais, le soir venu, il prit Léa sa fille et la lui amena et Jacob s'unit à elle.
Rashi
Car mes jours sont accomplis Le temps que m’avait dit ma mère. Et aussi mon temps est arrivé, puisque j’ai quatre-vingt-quatre ans. Quand donc donnerai-je naissance aux douze tribus ? C’est pourquoi il est écrit : « je viendrai vers elle ». Et pourtant le plus dévergondé des hommes ne parle pas ainsi ! S’il l’a fait, c’est par impatience de donner naissance à sa descendance (Beréchith raba 70, 18).
Genese 30 1
Rachel, voyant qu'elle ne donnait pas d'enfants à Jacob, conçut de l'envie contre sa sœur et elle dit à Jacob." Rends moi mère, autrement j'en mourrai!" 2 Jacob se fâcha contre Rachel et dit: "Suis je à la place de Dieu, qui t'a refusé la fécondité?" 3 Elle dit alors: "Voici ma servante Bilha, approche toi d'elle; elle enfantera dans mes bras, et, par elle, moi aussi je serai mère."
Rashi
Qui t’a refusé Tu me dis de faire comme mon père ! C’est que je ne suis pas comme mon père ! Mon père n’avait pas d’enfants. Moi, j’en ai ! C’est à toi que Dieu t’a refusé la fécondité, pas à moi !
Midrash tnahuma
GIVE ME CHILDREN, OR ELSE I SHALL DIE. THEN JACOB'S ANGER WAS KINDLED AGAINST RACHEL. The Holy Spirit says (in Job 15:2): DOES A ONE WHO IS WISE ANSWER WITH WINDY KNOWLEDGE?52 Jacob said to Rachel: Am I the viceroy53 of the Holy One? (Gen. 30:2, cont.:) AM I TAKING GOD'S PLACE? The Holy One said to him: By your life, in the words you have uttered, AM I TAKING GOD'S PLACE? In these very words her son is < going to > rise up and say to your children (in Gen. 50:19):
Partie 2
Job 15 2
הֶחָכָם, יַעֲנֶה דַעַת-רוּחַ; וִימַלֵּא קָדִים בִּטְנוֹ.
Est-il digne du sage de mettre en avant des raisons futiles, de gonfler son sein de vent?
Midrash rabah
וַיִּחַר אַף יַעֲקֹב בְּרָחֵל (בראשית ל, ב), רַבָּנָן דְּרוֹמָאָה בְּשֵׁם רַבִּי אֲלֶכְּסַנְדְּרִי בְּשֵׁם רַבִּי יוֹחָנָן אָמַר (איוב טו, ב): הֶחָכָם יַעֲנֶה דַּעַת רוּחַ, זֶה אַבְרָהָם, (בראשית טז, ב): וַיִּשְׁמַע אַבְרָם לְקוֹל שָׂרָי. (איוב טו, ב): וִימַלֵּא קָדִים בִּטְנוֹ, זֶה יַעֲקֹב, וַיִּחַר אַף יַעֲקֹב בְּרָחֵל וַיֹּאמֶר וגו', אָמַר לוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא כָּךְ עוֹנִים אֶת הַמְּעִיקוֹת, חַיֶּיךָ שֶׁבָּנֶיךָ עֲתִידִים לַעֲמֹד לִפְנֵי בְּנָה
Jacob se fâcha contre Rachel. Les maitres du sud disent au nom de rabi Alexandrie, au nom de rabi yohanan. « Est-il digne du sage de mettre en avant des raisons futiles » c’est avraham qau sujet duquel il est dit « et avrham ecouta la voix de sarah », « de gonfler son sein de vent? » c’est jacob au sujet duquel il est dit « Jacob se fâcha contre Rachel », par ta vit que tes enfants devrons se lever devant les siens.
Sotah 41b
R. Eleazar also said: Whoever is hypocrite with his neighbour20 will finally fall into his hand; if he does not fall into his hand, he will fall into the hand of his sons; and if he does not fall into his sons' hand, he will fall into the hand of his grandsons; as it is stated….
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