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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Toldot 5774

Dans ce cours nous parlons du lien entre le travail et la propriété dans la torah. Le travailleur acquiert-il un droit de propriété sur le fruit de son travail? Le fait de prendre des risques pour acquérir un objet donne-t-il aussi un droit sur cet objet? Ou bien est on oblige quoi qu'il arrive d'etre dépossédé de son travail. Quel lien existe-t-il entre le travail et heritage dans la torah?


A la mémoire de mon rav, le rav Nathan Meir ben Yom tov. « Celui qui n’a pas confiance en son maitre, ne peut pas avoir confiance en lui-même.» Proverbe japonais

1- La chasse à la chèvre

Avant de donner sa bénédiction à Esaü, Isaac lui demande d’aller à la chasse. Les versets disent en effet « Isaac reprit "Vois, je suis devenu vieux, je ne connais point l'heure de ma mort. Et maintenant, je te prie, prends tes armes, ton carquois et ton arc; va aux champs et prends du gibier pour moi. Fais m'en un ragoût comme je l'aime, sers-le moi et que j'en mange afin que mon cœur te bénisse avant ma mort. » Esaü doit donc prendre des armes, un carquois et un arc pour aller à la chasse.

Mais pour aller à la chasse à quoi ? Quel est l’animal que son père aime manger et qu’il lui demande de chasser ? Un animal tellement féroce qu’il faut, pour le capturer des armes, des flèches et un carquois ? On apprend dans la suite de l’histoire, que ce qu’Isaac veut manger c’est du chevreau.

Or, il est déjà très étonnant d’entendre parler ici de « chasse à la chèvre », puisque les chèvres sont des animaux domestiques, même si les chèvres sauvages existent, elles sont rares. Mais, il est encore plus étonnant, d’écouter les recommandations d’Isaac à son fils, lui demandant de bien s’armer jusqu’aux dents pour cette partie de chasse très dangereuse, comme si la chèvre était un animal féroce et redoutable.

De plus, le midrash dit ailleurs, qu’Esaü savait chasser avec sa bouche, c'est-à-dire qu’il était capable de tuer un animal en lui arrachant la carotide avec les dents, c’est de cette manière qu’il avait tué Nimrod, un géant surpuissant que même Abraham n’avait pas été capable de tuer, c’est de cette manière qu’il va essayer de tuer Jacob, en faisant semblant de l’embrasser, dans la parasha de la semaine prochaine. Alors, pourquoi ici Isaac demande à Esaü de sortir armé.

Une autre question se pose sur ce passage de la chasse, en effet on apprend par la suite qu’Isaac à de nombreuses chèvres dans son troupeau, alors, pourquoi Isaac demande-t-il a Esaü d’aller en chasser, plutôt que d’utiliser les chevreaux qu’il élève lui même dans son domaine. (Cette question se trouve dans le Keli Yakar, il répond qu’Isaac voulait qu’Esaü mérite les bénédictions en faisant des efforts pour la recevoir, -je veux proposer une autre réponse.)

Si on met ces deux questions bout à bout, (c’est à dire, pourquoi les armes et pourquoi la chasse) on arrive à une conclusion assez étrange qui éclaire d’une manière très différente la relation d’Isaac avec Esaü.

En effet, les chèvre sont des animaux domestiques depuis l’antiquité, lorsque Isaac demande à Esaü de partir armé pour chasser des chèvres, en fait, il lui demande d’aller les voler chez ses voisins, en les tuant au cas ou cela serait nécessaire. C’est la seule manière de justifier la demande explicite d’Isaac de prendre des armes.

Mais, alors, pourquoi Isaac demanderait-il à Esaü d’aller voler de force des chèvres chez les autres, alors qu’ils en a lui même dans son troupeau ? Isaac n’est il pas sensé être le fils d’Abraham, un homme honnête craignant D et voulant le bien ? Comment peut il vouloir que son fils vol et tue ?

Cette énigme biblique fait directement référence à un autre passage obscure de la bible. Dans le livre de Samuel, lorsque le roi David tue Uryah pour prendre sa femme, Bethsabée, le prophète Nathan vient lui parler et il lui dit la chose suivante :

« Envoyé par le Seigneur vers David, Nathan alla le trouver et lui dit: "Deux hommes habitaient une même ville, l'un riche, l'autre pauvre. 2 Le riche possédait menu et gros bétail en très grande quantité. 3 Mais le pauvre ne possédait rien qu'une petite brebis, qu'il avait achetée. Il la nourrissait, et elle grandissait auprès de lui et de ses enfants, mangeant de son pain, buvant dans sa coupe, reposant sur son sein, traitée comme sa fille. 4 Or, l'homme riche reçut la visite d'un voyageur, et, trop ménager de ses propres bêtes pour en offrir une à son hôte, il s'empara de la brebis du pauvre et la servit à l'hôte qui était venu chez lui…" David entra dans une grande colère contre cet homme et dit à Nathan: "Par le Dieu vivant! Il mérite la mort, l'auteur d'une telle action; 6 et la brebis, il doit en payer quatre fois la valeur, parce qu'il a commis cet acte et n'a pas eu de pitié!" 7 Nathan dit à David: "Cet homme, c'est toi-même! Ainsi a parlé l'Eternel, Dieu d'Israël: Je t'ai sacré roi d'Israël, je t'ai préservé de la main de Saül; 8 je t'ai donné la maison de ton maître, j'ai mis dans tes bras les femmes de ton maître, je t'ai établi chef de la maison d'Israël et de Juda; et si c'était trop peu, je t'en aurais encore ajouté tant et plus. 9 Pourquoi donc as-tu méprisé la parole du Seigneur et fait ce qu'il lui déplaît? Tu as fait périr par le glaive Uryah le Héthéens et pris sa femme pour épouse; oui, tu l'as tué par l'épée »

Tous les commentateurs se demandent pourquoi Nathan a-t-il besoin de parler à David en commençant par une allégorie étrange parlant de brebis. En général, lorsque les prophètes viennent faire des remontrances aux rois ils sont directes et ils n’utilisent pas des périphrases ou des paraboles.

En réalité, ce passage biblique vient éclairer d’un jour nouveau la dialectique existant entre Jacob et Esaü. Nous avons déjà dit que le roi David est toujours comparé a Esaü dans la bible, il a les cheveux roux, il a toujours 400 personnes avec lui, et lorsque sa femme Michal veut faire croire qu’il est dans son lit elle met des peau de chevreaux sur les matelas, de la même manière que Rebekka met des peaux de chevreaux sur Jacob pour le faire passer pour Esaü. De plus, dans le premier livre de Samuel, il y a de nombreuses allusions dans les dialogues entre Saül et David, a ceux de Jacob et Esaü.

David est comparé à un lion à diverses reprises dans la bible (chroniques 1 12 « Des Gadites se détachèrent pour passer à David, dans la forteresse du désert, vaillants héros, hommes de guerre, maniant le bouclier et la lance, ayant une apparence de lions.) David est symbolise par le lion de la tribu de Juda, et il est évident qu’Esaü, avec sa crinière rousse ses dents tranchantes est aussi compare à un lion. En fait David et Esaü sont deux faces de l’ange a la tête de lion apparaissant dans la vision de la merkavah. (Je vais revenir sur cela plus tard avec l’aide de D.)

Mais, revenons a nos brebis. Les deux passages de la bible posent la même question de manière différente. David a pris la femme d’uriah, c’était une faute grave. Pourtant le messie vient de cette union illicite entre David et Bethsabée, comment est ce concevable ? Pourquoi la rédemption doit elle venir par la faute ?

De même, pourquoi Isaac pense t il que les bénédiction d’Abraham ne peuvent se transmettre que si on vole et on tue pour les faire advenir ? Comme si il n’était pas possible de réaliser l’idéal d’Abraham sans passer par la faute.

Pour répondre a ces questions, il faut comprendre le but recherché par Isaac lorsqu’il donne ces bénédictions. Isaac veut éduquer ses enfants en leur transmettant un message. Mais quel est ce message ?

2- Aimer son image c’est se haïr soi même.

Jacob et Esaü sont des frères jumeaux, cela veut dire que, quelque part ils se ressemblent beaucoup. Pourtant la torah les décrit comme étant tout à fait opposés. Jacob est un homme simple qui réside dans la tente, alors qu’Esaü est un homme des champs qui aime la chasse.

Pourtant, il faut croire qu’à la base ces deux personnalités distinctes procèdent d’un même principe.

Regardons de plus prêt ce que la torah nous dit à propos d’Esaü. Après s’être fait volé ses bénédictions Esaü réagit. « Ésaü prit Jacob en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait donnée. Et Ésaü se dit en lui même: "Le temps du deuil de mon père approche; je ferai périr Jacob mon frère."

Ésaü veut tuer Jacob, mais il ne va pas le faire, par ce qu’il ne veut pas faire de la peine à son père. La torah montre ici la supériorité morale d’Esaü par rapport aux enfants de Jacob.

En effet, Josef va être vendu par ses frères, ils vont le faire passer pour mort aux yeux de leur père, Juda et les autres frères de Josef n’ont jamais pris en considération les sentiments de leur père. Ici Ésaü est clairement supérieur à Juda et ses frères puisqu’il est capable de sublimer ses instincts meurtriers pour ne pas faire de la peine a son père.

Pourtant, dans le même verset la torah nous montre qu’Ésaü attends la mort de son père il dit « le temps du deuil de mon père approche ». En fait, Esaü a beaucoup de respect pour son père, il ne veut pas lui faire de la peine, mais d’un autre coté, justement à cause de sa droiture morale, il en vient a haïr même son père et à souhaiter sa mort.

Les enfants de Jacob, par contre, manquent de respect à leur père, ils lui font de la peine, mais ils l’aiment. Les enfants de Jacob préfèrent tuer leur frère et faire souffrir leur père en l’aimant, plutôt que de ne pas tuer et haïr.

Le comportement des enfants de Jacob se retrouve chez leur père. Jacob sait que son père est aveugle et qu’il a besoin d’aide, pourtant, il reste chez Laban 22 ans, ensuite lorsqu’il est en Israël, il reste de nombreuses années sans aller voir ses parents, il n’assiste même pas à l’enterrement de sa mère, alors qu’il est tout proche. Il sera puni pour cela. Puisqu’ il s’est comporté comme un fils ingrat, ses enfants seront ingrats avec lui.

Esaü, par contre, va aider son père jusqu'à la fin, il va constamment s’occuper de lui. Pourtant les sages pensent que Jacob est le saint alors qu’Esaü est le mauvais, pourquoi ?

Par ce qu’Esaü haï son père, alors que Jacob aime son père.

Si on voulait retranscrire la différence entre Jacob et Esaü dans un contexte moderne, il faudrait prendre le cas d’une personne dont le père serait atteint, has vechalom, de la maladie d’Alzheimer. Il aurait le choix de le garder à la maison et de s’occuper de lui ou de le mettre dans une maison de retraite. Esaü serait celui qui garderait son père à la maison. Mais, au bout d’un certain temps, la charge que constitue son père devient trop contraignante, il commence à le haïr, malgré tout, il s’occupe de son père de toutes ses forces, puis, lorsque son père meurt, il le vit comme une libération.

Par contre, Jacob, serait celui qui met son père dans une maison de retraite, il sait qu’il ne peut pas voir son père diminué, il ne veut pas en venir à le haïr, alors, il abandonne son père pour pouvoir continuer à l’aimer.

Dans sa manière d’agir il est clair qu’Esaü est plus parfait que Jacob, mais dans sa manière de ressentir Jacob est plus parfait qu’Esaü.

Ou est l’erreur d’Esaü ? Il est narcissique, il aime son image plus que lui même. Esaü a une vision très arrêtée de la perfection morale. Il veut, à tout prix, vivre au niveau de cette perfection, mais au fond il n’en n’est pas capable.

Il veut pouvoir de s’occuper de son père lui même, il veut être un saint. Il se dit : « je peux le faire », et il peut le faire, mais en le faisant il fait naitre en lui la haine. La haine de l’autre et la haine de lui même.

Le nom de Esaü lui a été donné par son père par ce que lorsqu’il est né il était « déjà fait ». Il avait déjà des cheveux. Le texte dit en effet : « Le premier qui sortit était roux et tout son corps pareil à une pelisse; on lui donna le nom d'Ésaü. » et Rashi commente « Ils appelèrent son nom ‘Esaü De la racine ‘assé (« faire »). Tout le monde l’a appelé ainsi parce qu’il était « fait », c’est-à-dire qu’il était venu au monde tout velu, comme un homme d’âge mûr. »

Esaü, c’est celui qui veut être parfait instantanément. La raison pour laquelle il veut être parfait, c’est par ce qu’il cherche à s’identifier à une image de lui, et il ne peut pas vivre si il n’est pas capable d’être cette image. Or, plus on aime son image, plus on se hait soi même et plus on se hait soi même, plus on hait les autres.

Jacob s’oppose à Esaü dans la vision de l’échelle, pour lui, l’homme monte graduellement vers la perfection, il doit être en phase avec lui même. Si il n’est pas capable de s’occuper de son père alors, il s’en va, même si c’est un salopard, il préfère aimer son père et être un salaud, plutôt que de l’aider et de le détester.

Mais Jacob n’est pas né comme cela, Il le devient.

Au départ Jacob est décrit comme un homme simple, un « ish Tam ». Dans la haggadah de pessah l’enfant simple « le Tam », est décrit comme celui accepte la loi mais qui ne cherche pas à comprendre les fondements de la religion. Il demande simplement « qu’est ce que cela ?». Le simple est opposé au méchant, mais aussi au sage.

Le simple c’est celui qui ne se pose pas de questions compliquées. Il demande au rav ce qu’il faut faire et il le fait. Le simple aujourd’hui, c’est le haredi de base, qui est la version moderne du juif traditionaliste des années 70, sauf qu’il a changé de look.

Or, le simple est un adorateur de l’image, pour le simple, être religieux c’est se conformer a une image idéale et superficielle. On écoute ce que dit le rav sans se poser de question, par ce que le rav propose un chemin de vie bien clair et bien délimité, une belle image rassurante et gratifiante.

Jacob est bien le frère jumeau d’Esaü, les deux frères sont à l’origine des adorateurs d’image. Ils vivent dans le reflet. Isaac a bien compris cela, il sait que, pour qu’un des deux frères soit l’héritier d’Abraham, un briseur d’idole, il faut qu’au moins un des deux soit capable de briser son rapport à l’image.

Isaac doit transformer ses enfants simples en sages, il va réussir avec Jacob, mais pas avec Esaü, ce dernier va devenir un mauvais.

3- Briser les idoles en mettant en scène le mal

Pour comprendre la méthode appliquée par Isaac, il faut d’abord comprendre d’où vient la sagesse.

Le talmud dans kidouchin dit (29b) « rav Papa a dit : « si je suis plus intelligent que mes amis, c’est par ce que je me suis marié à 16 ans, et si je m’étais marié à 14 ans, alors, j’aurais dit au Satan, tiens voila une flèche dans ton œil ». Rashi explique ce passage du talmud en disant, que, l’intelligence vient d’une capacité à dialoguer avec son mauvais penchant, une capacité à le mettre en scène.

Or, pour pouvoir mettre en scène son mauvais penchant, il ne faut pas avoir peur de lui. Rav Papa dit, puisque je me suis marié jeune, je n’ai pas peur de mauvais penchant, j’ai donc toujours pu le regarder en face, c’est pour cela que je suis plus intelligent que mes amis. Pour rav Papa être intelligent c’est ne pas avoir peur de son mauvais penchant, c’est être capable de simuler le mal, pour comprendre ce qu’est le bien.

Le talmud dit ailleurs (Soucah 52a) « tout celui qui est plus grand que son ami, son mauvais penchant est aussi plus grand que celui de son ami. » la sagesse est proportionnel à l’animalité qu’il y a dans une personne. Rav Yossef est le plus grand juge de l’époque talmudique, à son sujet le talmud raconte qu’il avait une nature de voleur, et qu’une foi il a grimpé sur un arbre pour voler une date avec ses dents.

Le grand juge c’est celui qui est né voleur. Car un homme honnête ne peut pas comprendre la psychologie d’un voleur pour le contrer.

La sagesse ne vient pas nécessairement de la faute, mais elle vient d’une capacité à mettre en scène la faute, où l’animalité qu’il y a en soi. La sagesse c’est faire communiquer l’animalité avec la raison.

Isaac ne demande pas explicitement à Esaü de voler pour recevoir les bénédictions, il lui demande de mettre en scène un vol, il lui demande de vivre à l’intérieur de lui l’expérience d’un voleur, de jouer ce rôle. Esaü devait s’habiller comme un voleur.

De même le talmud dans le traité de chabath dit (p55) « celui qui pense que David a fauté se trompe ». Le talmud explique qu’halahiquement David n’a transgressé aucun interdit en cohabitant avec Bethsabée. Même, si David a fauté dans la réalité, David a une telle distance avec la faute, qu’il n’est pas vraiment affecté par elle. C’est pour cela que le prophète Nathan parle à David à travers une parabole, il lui explique que même si la faute n’est pour David qu’une image lointaine, il n’empêche qu’elle a bien eu lieu dans la réalité. Le messie sera issu de cette faute, justement, par ce que pour David ce n’était qu’une mise en scène.

Le mashiah ne pouvait venir qu’à travers ce qui ressemble à une faute, par ce qu’à travers la mise en scène de la faute on brise le culte de l’image. Le sage c’est celui qui est capable de vivre la faute sans la commettre, tout en étant capable de retirer une leçon morale de son expérience.

De ce fait, extérieurement, le sage ressemble au mauvais. Dans la haggadah de pessah, les questions du sage et du mauvais sont presque formulées de la même manière.

La haggadah explique que la différence entre le Racha (mauvais) et le haham (le sage), c’est que le sage ne s’exclue pas du groupe, alors que le Racha s’exclue du groupe.

Le Racha dit « quel est ce service que vous faite pour vous », il considère que le père a un intérêt à suivre le commandement de D. Il ne pense pas que son père soit capable d’agir de manière désintéressé pour D. Le problème du Racha, ce n’est pas qu’il ne croit pas en D, c’est qu’il ne croit pas en son père.

Il pense que son père a un intérêt personnel à enseigner une doctrine ou à pratiquer les mitsvoth, qu’il le fait pour recevoir des honneurs ou de l’argent ou par orgueil. Le Racha n’a pas foi en son père, et pour cette raison, il ne peut pas avoir foi en lui même.

Le sage au contraire, a foi en son père et en son peuple, il a donc foi en lui même. Le sage sait que le mal qu’il ressent est extérieur à lui, il sait que quelque part il y a en lui une pureté inaltérable. Et c’est à cette pureté qu’il s’identifie. Le sage peut mettre en scène le mal par ce qu’il sent une distance entre le mal et lui. Il sait que lorsqu’il joue le mal il n’est pas lui même. Le sage ne peut avoir cette foi en lui même que par ce qu’il a foi en la pureté de son père et en celle de son peuple.

Tout les jours nous disons : « écoute Israël D est notre D, D est unique ». La foi en D n’a de sens que si on est persuadé en la foi des autres juifs. C’est pour cette raison que l’on commence par dire qu’il est « notre D ». Si on ne croit pas en la foi de l’autre, alors on ne croit pas en sa propre pureté et on est condamner se haïr soi même et a haïr D.

Jacob et Esaü se ressemblent, Jacob a eu foi en son père alors qu’Esaü a pensé que le discours de son père été intéressé, en perdant foi en son père il est devenu un mauvais.

4- L’échec d’Isaac était un décret divin

Les midrashim pensent qu’Isaac est partiellement responsable des fautes d’Esaü. En effet les versets disent qu’« Isaac préférait Ésaü parce qu'il mettait du gibier dans sa bouche ». Il ne faut pas comprendre que ce gibier était une nourriture matérielle, c’était une nourriture spirituelle.

En effet, après son ligotage Isaac n’avait plus de mauvais penchant. Comme le dit Rashi (28 :13) : Et Eloqim de Yits‘haq : Il est vrai que, nulle part dans le texte, le Saint béni soit-Il n’a associé de leur vivant Son nom à celui des justes, en écrivant « Eloqim d’un tel », car il est écrit : « même en Ses saints Il n’a pas confiance » (Iyov 15, 15). Ici, cependant, Il a uni Son nom à celui de Yits‘haq, parce que sa vue s’était assombrie et qu’il était obligé de rester chez lui. Il était donc comme mort, et son penchant au mal l’avait quitté, [de sorte qu’il était devenu hors d’état de pécher] (Midrach tan‘houma guemarah).

De ce fait, Isaac était incapable d’avoir un lien avec la sagesse et l’ascèse spirituelle. Car, comme nous l’avons dit, l’ascèse spirituelle vient d’une capacité à mettre en scène son mauvais penchant.

Isaac était obligé de mettre en scène le mauvais penchant de son fils Esaü pour pouvoir monter spirituellement. Isaac vivait spirituellement par procuration grâce au mauvais penchant d’Esaü. C’est ce que le verset signifie lorsqu’il dit qu’Esaü mettait du gibier dans sa bouche. En expérimentant le mauvais penchant d’Esaü, Isaac pouvait continuer à s’élever spirituellement.

Esaü a ressenti qu’il était manipulé, c’est pour cela qu’il a perdu foi en la pureté de son père et en sa propre pureté.

Lorsque Abraham renvoie Ishmael de chez lui, les versets disent « Sara vit le fils d'Agar l'Égyptienne, que celle-ci avait enfanté à Abraham, se livrer à des railleries; 10 et elle dit à Abraham: "Renvoie cette esclave et son fils; car le fils de cette esclave n'héritera point avec mon fils, avec Isaac." 11 La chose déplut fort à Abraham, à cause de son fils. » Rashi explique qu’Ishmael mettait en scène le mal. « Yichma‘el se disputait avec Yits‘haq à propos de l’héritage, et disait : « C’est moi l’aîné et je prendrai double part ! ». Ils sortaient dans les champs, et Yichma‘el prenait son arc et lui lançait des flèches, ainsi qu’il est écrit : « Comme celui qui s’amuse à lancer des brandons, des flèches meurtrières, et dit : “mais je plaisantais ! ».

Abraham ne veut pas renvoyer Ishmael, par ce qu’il a de la peine pour son fils. La torah ne dit pas pour quel fils Abraham a de la peine. En fait, Abraham avait de la peine pour Isaac, par ce que si Isaac avait grandi avec Ishmael, il aurait eu l’expérience de la mise en scène du mal, il aurait donc pu atteindre la sagesse sans avoir à manipuler Esaü, mais puisqu’il fallait renvoyer Ishmael, Abraham savait qu’Isaac était condamné a mettre en scène le mal chez un de ses enfants en risquant de le perdre.

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