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Writer's pictureRav Uriel Aviges

Tazria 5768

La paresse et l'identité

Dans le seder de pessah nous disons: "celui qui n' a pas dit ces trois choses lors du seder il ne s'est pas acquitté de son obligation et les voici: pessah matsah et maror, la matsah, pourquoi nous la mangeons par ce que la pate de nos parents n'a pas eu le temps de lever lorsqu'ils sont sortis d'Egypte dans la hâte comme le dit le verset etc.. " il semble donc que le fait que les juifs soient sortis dans la hâte et avec rapidité ne soit pas simplement un point de détail de la sortie d'Egypte, mais la notion centrale de la libération. On voit par ailleurs que D demande aux juifs le soir de la sortie d'Egypte de manger le sacrifice pascal avec "les chaussures aux pieds, le bâton a la main et la ceinture sur les hanches" il fallait être prêt a partir dans la hâte, le verset dit aussi et "tu te souviendras... que c'est dans la hâte que tu es sortis d'Egypte", or il y a lieu de s'interroger pourquoi D' a t il voulu que les juifs sortent dans la hâte pourquoi faut il a tout prix s'en souvenir?

Le verset dans l'ecclésiaste dit "vas vers la fourmi paresseux! Regarde ces chemins et deviens sage", le midrash explique que la fourmi travaille énormément, et qu'elle engrange énormément de blé, bien plus qu'elle ne peut en consommer durant sa vie, c'est pour cela que le paresseux doit aller vers elle pour devenir intelligent.

 Mais ce qui reste difficile dans ce verset de mishlei, c'est que le roi Salomon met en opposition la paresse a l'intelligence, il dit que le paresseux pour vaincre la paresse doit devenir sage, or a priori la paresse n'est pas opposée a l'intelligence, (souvent ce sont les hommes les plus intelligent qui sont les plus paresseux et les moins ambitieux, il suffit de lire Confucius pour voir cela, "l'homme intelligent sait que les problèmes se résolvent par eux mêmes".)

 On aurait plutôt dit que pour vaincre la paresse il faut de la force brut, de la volonté, bien plus que de l''intelligence. De plus, on a du mal voir l'intelligence chez la fourmi qui ne peut vivre que quelques mois, selon le talmud, et qui passe son temps à engranger une quantité de blé qui lui permettrait de vivre plusieurs siècles, si un homme se comportait de la même manière on dirait que c'est un fou qui passe complètement a cote de sa vie.

De plus mishlei continue en disant (6-7) "bien qu'elle n'a pas de gardien, d'officier ou de dirigeant elle engrange tout l'été son blé" le midrash explique que la fourmi n'a pas de reine, selon Salomon, et malgré tout, elle ne touche jamais un grain de blé qui appartient a une autre fourmi, la talmud rapporte que si une fourmi fait tomber un grain de blé aucune autre fourmi ne va jamais le transporter, il n'y a que la fourmi qui l'a fait tomber qui peut reconnaitre son grain de blé a l'odeur et qui finira par le cacher dans son trou. Or, comme le remarque le maharsha dans Hulin 57, on ne comprend pas le rapport entre l'idée que la fourmi ne vole pas le blé des autres, et le fait qu'elle ne soit pas paresseuse qui est mentionné dans le début du verset. Pourquoi donc Salomon fait il un lien entre ces deux vertus de la fourmi?

Dans le chapitre 26 de l'ecclésiaste le roi Salomon nous parle a nouveau de la paresse, il dit "le paresseux dit il y a un animal sauvage sur le chemin, il y a un lion dans la rue, comme la porte qui tourne sur ses gonds le paresseux se retourne dans son lit, le paresseux met sa main dans l'assiette, mais il refuse de porter la nourriture a sa bouche, le paresseux est en fait a ses propres yeux plus intelligent que 7 grands sages."

Le midrash explique que Salomon parle de quelqu’un a qui on dit "ton rav est dans la région, le paresseux répond " il est dangereux d'aller le voir par ce qu'un lion se trouve sur le chemin", on lui dit le rav est dans ta ville, le paresseux repond, "oui, mais il y a un lion dans la rue", on lui dit il est dans ta rue il repond "peut être que sa porte est fermée", et ainsi de suite jusqu'a ce que, lorsqu'il est a court d'argument il répond "je préfère rester dans mon lit", en suite il est tellement paresseux qu'il ne veut même pas mettre a dans sa bouche la nourriture qu'on lui met dans son assiette. Mais, le midrash continue en disant mais le paresseux de moshe est supérieur en paresse a celui décrit par Salomon car moshe dit "la torah est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu l'accomplisses" (deut) tu n'as qu'a la sortir de ta bouche, car la torah est en toi, et malgré tout, l'homme est paresseux et ne veux pas extérioriser ce qui est en lui". (Midrash Rabah devarim 8-6).

Or, ici le midrash en expliquant ce verset de Salomon, pose une difficulté qu'il ne résout pas, en effet si la torah est en nous, come le dit moshe, alors on n'a pas vraiment besoin de rav pour apprendre la torah, en réalité, le paresseux a raison de rester dans son lit, on n'a pas vraiment besoin d'aller voir un rabbin, car le rabin ne peut nous apprendre, ou nous rappeler qu'une vérité que l'on porte essentiellement en nous, (si on ne portait pas essentiellement en nous la verite depuis le début, on ne pourrait pas la comprendre même si quelqu'un nous l'expliquait) en fait le midrash semble dire que le véritable paresseux c'est celui qui se sent oblige d'aller voir son rav pour apprendre la torah, celui la est paresseux! Par ce qu'il ne veut pas réfléchir par lui même en restant sur son lit (des arguments de ce genre se trouvent dans les écrits de Confucius).

Ici le midrash nous donne un premier élément de réponse, le paresseux ce n'est pas celui qui ne fait rien, le paresseux peut être celui qui agit. Le hazon ich dans ses lettres dit que la paresse peut être le plus grand générateur d'activité chez l'homme, le paresseux est d'abord celui qui cherche a se débarrasser de lui même, (pascal, dans les provincial et les pensées dit la même choses). Lorsque l'on sait que dans la situation dans laquelle on se trouve, on doit faire par prévision certaines actions, le paresseux va essayer de s'évader de sa situation et des décisions quelle implique, en se projetant dans une autre situation pour se débarrasser de lui même, c'est pour cela que le paresseux va de fête en fete, de film en film ou même de livre en livre ou de page en page, ou de cours de torah en cours de torah, ce qu'il fuit a travers les livres c'est sa propre vérité et sa propre responsabilité. C'est pour cela que dans le verset qui parle de la fourmi, Salomon met en relation le fait que la fourmi saches reconnaitre son blé, c'est a dire sa mission, et le fait qu'elle ne soit pas paresseuse.

C'est pour cela aussi que la hâte est si centrale dans la sortie d'Egypte, car pour les juifs il s'agissait de se forger une identité en tant que peuple et en tant qu'individu. Jusqu'a maintenant ils étaient des esclaves c'est-à-dire que leurs identités etaient définies par le regard des égyptiens, les juifs ne pouvaient pas s'envisager autrement que dans un rapport aux egyptiens, le soir de pessah ils devaient devenir libres, or, se libérer d'un esclavage c'est automatiquement chercher a se redéfinir indentiterement (les femmes se libèrent, et automatiquement la question se pose qu'est ce qu'un femme?, c'est la même chose avec les africain noirs, après s'être libérés ils passent par une période de questionnement identitaire -Baudrillard-) or la torah nous dit que l'identité ne peut se forger que dans l'action calculée par laquelle on assume pleinement sa situation. C’est ca l'idée de la matsah. Lorsque l'on parle de l'éducation dans la torah on est frape par la différence de méthodologie pédagogique de la torah et celle de la société actuelle.

En effet dans la torah l'éducation est toujours liée avec l'idée d'effort et de souffrance, alors qu'aujourd'hui dans la société moderne on cherche a éduquer a travers les loisirs, comme le disait Walter benjamin c'est aujourd'hui par le cinéma que la société fait passer ses valeurs et ses modèles, la méthode d'éducation actuelle c'est le clonage en imposant des modèles et en dépossédant l'individu de sa propre identité, c'est par le loisir et la paresse que l'homme se retrouve clone et inexistant, la torah lors de la sortie d'Egypte nous montre que la seule manière d'échapper a l'identification en l'autre, et par l'autre, pour être soi même, c'est la dynamique de l'effort et de l'action. L'homme doit nécessairement pouvoir se projeter dans le futur pour se forger une identité, cette projection peut s'opérer de deux manières, la première en se projetant en une image en s'identifiant en quelqu'un d'autre, c'est la méthode de l'éducation actuelle et de la publicité, la deuxième qui est la méthode de la torah consiste au contraire a calculer un programme d'action en fonction de sa situation actuelle, en assumant au maximum son présent et en faisant des efforts.

On comprend maintenant pourquoi Salomon met en opposition la paresse a la sagesse, car le sage c'est celui qui voit le futur comme le dit la Mishna, et qui le fait aboutir en fonction du présent, alors que le paresseux c'est celui qui fuit la projection de son présent en se projetant dans le futur d'un autre.

Mais il y a un deuxième message a apprendre de l'analogie avec la fourmi, car si le sage c'est celui qui sait qu'il a tout en lui, que la torah est dans son cœur et dans sa bouche, qu'il n'est pas dépendant d'un autre, même pour étudier ou accomplir les mitsvot. Si c'est le cas, comment une vie sociale est elle possible? En effet c'est la paresse qui est le tissu premier de la vie sociale, on s'ennuie alors pour s'évader de soi on va draguer en discothèque, on ne veut pas réfléchir sur ses propres responsabilités et faire face a ses propres interprétations de la torah alors on va écouter des cours, on a peur d'un face a face singulier avec D, alors on va a la synagogue, sans la paresse cheque individu resterait cloitre dans sa chambre et n'en sortirait jamais nous a dit le midrash.

C'est la, ou, encore, Salomon nous nous dit qu'il y a autre chose à apprendre de la fourmi. La fourmi est individualiste, elle connait son grain de blé, aucune autre fourmi ne le lui prendra, chacun son trou, mais malgré tout il ya un sentiment de groupe tellement fort chez les fourmis qu’ils n’ont pas besoin de dirigeant pour s'organiser en une société harmonieuse et florissante, pourquoi?

Il ya quelque semaine j'ai lu dans un magazine de "the economist" que des sociologues on fait un test, et pour résumer ils se sont rendu compte que des juifs qui faisait la prière a la synagogue trois fois par jour avaient une facilite partager, et avait un sentiment de groupe beaucoup plus développé que celui des juifs des autres kibboutzim non religieux ou on faisait pas ces prières. Il semble donc que quand 10 personnes se réunissent pour prier bien que la prière est dite a voix basse et que chacun prie pour soi, il semble que ces personnes créent un lien plus fort que si ils labouraient la terre ensemble ou que si ils jouaient au football ensemble, pourquoi?

Je vous mets ici le test qui a été rapporte par l'article en question

{Dr Sosis has also studied modern secular and religious kibbutzim in Israel. Because a kibbutz, by its nature, depends on group co-operation, the principal difference between the two is the use of religious ritual. Within religious communities, men are expected to pray three times daily in groups of at least ten, while women are not. It should, therefore, be possible to observe whether group rituals do improve co-operation, based on the behavior of men and women.

To do so, Dr Sosis teamed up with Bradley Ruffle, an economist at Ben-Gurion University, in Israel. They devised a game to be played by two members of a kibbutz. This was a variant of what is known to economists as the common-pool-resource dilemma, which involves two people trying to divide a pot of money without knowing how much the other is asking for. In the version of the game devised by Dr Sosis and Dr Ruffle, each participant was told that there was an envelope with 100 shekels in it (between 1/6th and 1/8th of normal monthly income). Both players could request money from the envelope, but if the sum of their requests exceeded its contents, neither got any cash. If, however, their request equaled, or was less than, the 100 shekels, not only did they keep the money, but the amount left was increased by 50% and split between them.

Dr Sosis and Dr Ruffle picked the common-pool-resource dilemma because the communal lives of kibbutz members mean they often face similar dilemmas over things such as communal food, power and cars. The researchers' hypothesis was that in religious kibbutzim men would be better collaborators (and thus would take less) than women, while in secular kibbutzim men and women would take about the same. And that was exactly what happened.

Big father is watching you

Dr Sosis is not the only researcher to employ economic games to investigate the nature and possible advantages of religion. Ara Norenzayan, an experimental psychologist at the University of British Columbia, in Vancouver, has conducted experiments using what is known as the dictator game. This, too, is a well-established test used to gauge altruistic behavior. Participants receive a sum of money? Dr Norenzayan set it at $10? And are asked if they would like to share it with another player. The dictator game thus differs from another familiar economic game in which one person divides the money and the other decides whether to accept or reject that division.

As might be expected, in the simple version of the dictator game most people take most or all of the money. However, Dr Norenzayan and his graduate student Azim Shariff tried to tweak the game by introducing the idea of God. They did this by priming half of their volunteers to think about religion by getting them to unscramble sentences containing religious words such as God, spirit, divine, sacred and prophet. Those thus primed left an average of $4.22, while the unprimed left $1.84.}

Parce qu'il semblerait qu'en fait lorsque l'individu est actif dans sa recherche personnel et dans sa réalisation propre il crée des liens fort avec ceux qui font la même chose que lui, plus fort que si ces 10 individus avaient un seul et même but commun.

On peut prendre comme exemple l'Amérique qui est le pays de l'individualisme capitaliste par excellence, mais qui pourtant est le pays ou la notion de nation est la plus forte.

C'est pour cela, que lors du sacrifice pascal, ou toute la nation se réunissait a Jérusalem, il était interdit de sortir l'animal que l'on mangeait de la maison ou on avait commence a le consommer, et qu'il fallait que chaque sacrifice soit fait précisément pour un groupe donne ou les membres étaient nomes et comptes, et que l'on ne pouvait pas appartenir a deux groupes, toujours pour montrer la même idée que la recherche de son identité propre, et la recherche de sa réalisation personnelle n'est pas contradictoire a l'idée du sens de la nation ou du groupe, mais bien au contraire que c'est la recherche individuelle d'autonomie et d'indépendance vis a vis de l'autre qui permet un sentiment d'appartenance national fort comme chez les fourmis.

Je ne résiste pas la tentation d’ajouter un petit dvar torah du Roch yeshivah de ponivez rav David povarski zatsal dont le yortsheit est proche. Il avait l'habitude de questionner le pasouk de mishlei qui décrit le paresseux lorsqu'il dit "il y a un lion dans la rue" pour se justifier de ne pas aller voir son rav. Le rav povarski zatsal demandait: "de deux choses l'une, est ce qu'il y a un lion? Ou il n'y a pas de lion?, si il y a un lion dans la rue le paresseux a raison de ne pas aller, et si il n'y a pas de lion, ce n'est pas un paresseux c'est un fou! Et le rav povarski répondait "on est oblige de dire qu'il y a un lion dans la rue, mais, même si il y a un lion dans la rue on peut toujours trouver une solution pour se débrouiller aller quelque part, le paresseux est paresseux par ce qu'il ne cherche pas à trouver une combine, une solution qui lui permettrait d'aller au cours de torah". On peut rajouter que c'est pour cela que le roi Salomon met en opposition le paresseux avec le sage, car le sage c'est celui qui cherche des solutions, que le mérite du rav povarski zatsal nous protège et nous accompagne dans tout ce que nous faisons. Amen.

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