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Writer's pictureRav Uriel Aviges

Roch Hachana 5771

Le visage de D et son nom explicite

Pendant les 10 jours de techouvah et le mois d’Eloul les juifs ont pris l'habitude de se lever à l'aube pour réciter les selihot (des supplications à D). Les décisionnaires expliquent que l'aube est un moment propice où D est proche du monde, et où il est particulièrement accessible par la prière. Cependant cette idée peut paraitre étonnante, car nulle part dans le talmud on ne trouve que l'aube est "un moment de volonté" ou D est proche du monde. Dans le talmud on trouve deux moments propices à faire des demandes à D un de ces moment c'est le couche du soleil et l'autre c'est la moitie de la nuit, mais à aucun moment on ne parle de l'aube comme étant un moment propice à la prière. A Yom kippour par exemple la Neilah est la prière qui est la plus proche du couché du soleil, c'est pour cela que cette prière est considérée comme étant celle ou D est le plus proche de l'homme. Comment comprendre donc l'idée que pendant le mois qui précède Roch Hachana et que pendant les 10 jours de techouvah on face les prières à l'aube?

Le Bayit Hadach un décisionnaire du 17e siècle explique que la source qui établie les selihot à l'aube serait un passage du talmud dans Avodah Zarah 5. Dans ce passage le talmud décrit le planning de D dans la journée, étrangement ce planning ressemble à s’y méprendre au planning d’un homme ordinaire, que fait D à l'aube demande le talmud? Le talmud répond "à l'aube D fait son jogging", il prend deux anges et il les chevauche à tout allure et il visite tous les univers qu'il a créé" le Bah explique que si D fait son jogging automatiquement il passe aussi très proche de la terre donc il est accessible à ce moment à nos prières. En fait selon le Bayit Hadach quand on fait les selihot on est un peu comme les spectateurs qui encouragent les coureurs cyclistes sur le bord de l'autoroute quand ils font le tour de France. (En Amérique les juifs de New York ont pris l'habitude d'aller encourager les joueurs de tennis à Flushing Meadow pendant le mois de Ellul, serait-ce une réminiscence du minhag des selihot?)

Qu’est ce que ça veut dire?

Il est possible que selon le Bayit Hadach le moment où D fait son jogging cela soit le moment où D dépasse l’espace et le temps. La prière de l’aube serait le moment où l’homme peut avoir accès à D lorsque D traverse l’espace et le temps, c'est-à-dire lorsque D s’échappe du monde. On peut appuyer cette idée en se basant sur le témoignage du rabenou Nissim (14e siècle) qui dit qu’à sont époque à Barcelone les selihot commençaient le 25 Ellul puisque c’est le jour ou D a dit “que la lumière soit”. (Le jour de Roch Hachana est le jour de la création de l’homme c’est à dire le sixième jour de la création et le 25 Ellul est le premier jour de la création de l’univers). En priant les selihot à l’aube, L’homme cherche à atteindre une purification en remontant vers le temps qui précédait son existence. L’homme cherche D dans la pureté cosmique du jour qui n’existe pas encore.

Toute l’idée de la prière de Roch Hachana est construite sur cette recherche de pureté originelle qui existait avant que l’homme soit crée. L’homme cherche un renouveau et une pureté en prenant conscience qu’il n’est qu’un atome du cosmos. L’homme à Roch Hachana cherche à nier le fait même qu’il soit un sujet, il ne veut plus être qu’une partie du monde, il se compare à un arbre ou à une pierre. A Roch Hachana l’individu se sent comme une partie de l’univers et c’est dans cette conscience d’être un élément d’un tout qu’il intercède devant D.

Le ligotage d’Isaac symbolise cette volonté de nier sa vie en tant qu’individu pour se fondre à D dans le cosmos à l’image d’un animal sacrifié. Le ligotage d’Isaac est l’élément central de la prière de Roch Hachana. (Ce rapport cosmique à D où tout se fond dans une seule existence, ce narcissisme ontologique est la base de la philosophe de Spinoza.)

Pourtant, dans le texte même des selihot on nous donne à voir un autre visage de notre rapport à D. Cette appréhension de D est complètement différente de la première. Les selihot sont articulées par les 13 attributs de miséricorde de D, or dans le passage qui décrit ces 13 attributs, Moshe demande à voir la face de D, D lui répond « tu ne peux pas voir ma face et survivre ». Rabbi Yohanan dans le Talmud dans Roch Hachana dit que l’on peut déduire de ce verset deux choses. La première c’est que D a un visage, D est un sujet ce n’est pas simplement un ordre cosmique. Deuxièmement, la seule raison pour laquelle D n’a pas voulu montrer son visage à Moshe, c’était par ce qu’il ne voulait pas lui faire du mal. Si l’homme pouvait survivre en voyant D, D Aurait montré sa face à l’homme. Rabbi Yohanan conclu en disant « ce verset vient nous apprendre que D a mis un talith comme un hazan, et qu’il a entouré sa tête avec le talith et qu’il a dit à Moshe c’est comme cela qu’il faut prier ! »

Le Maharal dans le Beher Hagolah, explique que selon Rabbi Yohanna l’homme doit s’imaginer lorsqu’il prie et qu’il fait des efforts pour se concentrer dans sa prière que D fait exactement les mêmes efforts que lui pour l’écouter.

Si l’homme met sont talith sur la tête et qu’il se concentre sur sa prière D met aussi sont talith sur la tête et il l’écoute avec la même concentration. L’homme doit parler à D dans sa prière comme si son meilleur ami le prenait par la main et lui disait “dis moi ce que tu veux me dire je t’écoute”, si l’homme pleure dans sa prière, D pleure avec lui et si il est heureux D est heureux avec lui. Pour le Maharal cette manière d’appréhender la prière est l’idée principale des 13 attributs de miséricorde de D, c’est cette manière de prier que D a enseigné à Moshe en lui montrant sa nuque.

Dans les selihot nous avons donc à faire à deux aspects antinomiques du rapport à D. D’un coté un rapport à D sous son aspect cosmique et sans visage, et de l’autre au contraire un rapport à un D sujet auquel on peut s’adresser.

Comment conjuguer ces deux aspects antinomiques de la prière ? Comment comprendre que l’on puisse envisager dans un même temps un D cosmique où l’individu n’existe pas et où D est confondu à un ordre cosmique abstrait, tout en envisageant en même temps que l’on est un individu qui parle à un autre individu?

La réponse a cette question tient dans l’idée que pour l’homme D n’est pas une substance, ni un concept, l’homme a accès à D à travers un mouvement dialectique. On peut envisager ce mouvement en le comparant au mouvement de la prise de conscience de soi.

Lorsque l’homme prend conscience de lui même il effectue un mouvement double, d’un coté il prend conscience d’exister, il s’identifie à sa conscience, et d’un autre coté, dans cette prise de conscience l’individu se met à distance de lui même, il se « déprend » de lui même. Paradoxalement, pour prendre conscience de lui-même, l’homme a aussi besoin de se voir comme quelqu’un d’autre. Dans le mouvement de la prise de conscience de soi il y a une thèse et une antithèse, l’individu prend conscience de d’être lui même, et dans un même temps par la réflexion il reconnait que son esprit et sa conscience sont séparés de son corps. L’homme ne peut pleurer sur son sort qu’à condition qu’il se regarde de l’extérieur comme étant quelqu’un d’autre. Si l’homme ne fait pas ce mouvement de recul il n’est pas capable de ressentir quelque chose qui le concerne.

Ce paradoxe n’est étonnant que si l’on veut analyser la conscience comme une substance, car, chaque substance se définie par des propriétés qui ne peuvent pas être contradictoires, mais si on comprend que la conscience de soi est un mouvement, et pas une substance, il n’y a rien d’étonnant à ce que le mouvement soit constitué de deux étapes qui s’opposent l’une à l’autre. Au contraire, plus l’opposition entre les deux étapes est grande, plus le mouvement est grand. Plus l’homme prend conscience de dépasser son corps en réfléchissant, plus il prend conscience qu’il est un corps.

La conscience de soi fonctionne de la même manière que la conscience de D. Plus un homme prend conscience de l’existence cosmique de D, plus il prend conscience que l’esprit de D dépasse cette existence cosmique, parallèlement, plus l’homme envisage D comme une conscience qui dépasse la matière plus il se rend compte de l’existence cosmique de D à travers l’univers. D peut pleurer sur l’univers comme l’homme pleure sur son sort, que par ce que D est capable de recul face à son existence cosmique.

Il est important de remarquer que Spinoza le penseur du panthéisme a totalement éradiqué la notion de mouvement dans sa conception du monde, si pour Montaigne le monde est une branloire, pour Spinoza le monde est une pierre tombale. Spinoza parle de relation narcissique, alors que l’amour ne peut exister qu’entre deux entités. Même Narcisse se voyait comme quelqu’un d’autre lorsqu’il s’aimait lui-même.

On peut élargir l’idée de conscience comme mouvement dialectique, en définissant l’essence même de la vie comme la prise de conscience de cette vie. On peut avancer que ce qui différencie l’animal et le végétal tient au fait que l’animal est conscient de lui-même alors que la plante ne l’est pas. Ainsi on comprend le lien étroit qui lie les éléments de la prière de Roch Hachana entre eux. À Roch Hachana on prie pour être inscrit dans le livre de la vie, on se souvient du ligotage d’Isaac et on parle de la royauté universelle de D.

La vie c’est la conscience de soi, la conscience de soi est liée à la prise de conscience de D, c'est-à-dire de la royauté dévoilée de D dans le cosmos, et l’articulation sur laquelle tout repose c’est le ligotage d’Isaac.

Le ligotage d’Isaac représente la négation de sa propre existence, cette négation permet à l’homme de prendre conscience de lui-même. Ce mécanisme de la vie est le même qui est à l’œuvre dans la résurrection des morts. L’homme doit pourrir et mourir pour pouvoir renaitre. La vie ne peut pas s’appréhender sans la mort, la vie existe par la mort et la mort n’existe que pour la vie.

A partir de la on comprend que lorsque l’on prie pour être inscrit dans le livre de la vie, il ne peut pas s’agir de la vie physique uniquement, il ne peut pas y avoir de véritable vie physique puisque qu’il n’y a pas de mort physique, tous les morts étant condamnés à renaitre. La véritable vie ne peut être que la réalisation d’un rapport positif entre la vie et la mort, ce que les sages appellent le monde futur.

Les selihot ne sont qu’une préparation à Roch Hachana et Roch Hachana est elle-même une préparation à Yom kippour. Comment comprendre cela ?

La fête de Roch Hachana est axée sur le ligotage d’Isaac. Or Isaac a eu deux enfants jumeaux Esaü et Israël. Isaac aimait Esaü plus qu’Israël. Par ce que Esaü ressemblait à Isaac plus que Jacob, le midrash dit que Isaac a aimé Esaü par ce que « le membre d’une espèce aime toujours plus celui qui est de la même espèce que lui. » Le midrash va même jusqu'à dire que lorsque Esaü est mort les anges du ciel sont venu apporter l’âme de Ésaü et il l’on apporté sur un trône dans le paradis à coté de Isaac, par ce que Esaü était semblable en tout point à son père Isaac. Même les anges n’étaient pas capables de voir un problème chez Esaü. Mais il y a pire que cela dans la torah elle-même on ne trouve pas un mot négatif au sujet de Esaü, pour la torah écrite Esaü est la victime de Jacob. Il se fait rouler par Jacob qui lui vole les berahot, et il lui pardonne et il vient en l’embrassant, même la torah pense que Esaü est un plus grand juste que Jacob. Il n’y a que le midrash qui dit qu’Esaü était un pourri, « un vase de merde recouvert de pierre précieuse ». Le midrash dit qu’il n’y a que D lui-même qui a pu découvrir qu’Esaü était un mauvais, il est rentré dans le paradis et il a du lui-même retiré l’âme d’Esaü du paradis.

La fête Roch Hachana est basée sur l’attribut du jugement. Cette fête symbolise la conscience de l’opposition entre la vie et la mort et leur articulation dans un mouvement dialectique. (C’est cette opposition que les musulmans, les enfants d’Ismaël n’ont pas compris.)

A Yom kippour le travail est beaucoup plus profond qu’à Roch Hachana puisqu’il nécessite de rentrer dans le Saint des Saints pour que D nous montre quelle est la différence entre les frères jumeaux Jacob et Esaü. Chaque individu a en lui une identité double, un Jacob et un Esaü, a Yom kippour l’homme grâce à D devient capable reconnaitre le Esaü qu’il y a en lui.

Le Cohen ne pouvait rentrer dans le Saint des Saints que s’il y avait une nécessité, or le Cohen rentrait dans le Saint des Saints chaque année à Yom kippour. Il y a donc chaque année une nécessité de rentrer dans le Saint des Saints à Yom kippour pour comprendre où est l’Esaü qui est en nous.

A Yom kippour un des sacrifices consistait à apporter deux boucs qui étaient entièrement semblable comme des frères jumeaux, un allé être apporté dans le Saint des Saints comme sacrifice expiatoire à D et l’autre bouc était le bouc émissaire qui devait être jeté du haut d’une falaise dans le Azazel.

Il faut avant tout comprendre que chacun à en lui un Abraham, un Isaac et un Jacob. Chaque juif est un peu tous les personnages de la bible. Chacun a en lui la volonté de faire le bien à l’autre et au monde et de propager la gloire d’une lumière universelle, (Abraham). Chacun a en lui une conscience de la mort qui lui ouvre la porte vers une vérité absolue et intemporelle (Isaac), chacun a en lui un peu de Jacob, un espoir qu’il pourra construire quelque chose dans sa vie qui le survivra. Mais aussi chacun a en lui un Ismaël un Esaü et un Lavan. Ismaël c’est la négation de l’idée comme concept absolu, c’est le fait de nier l’opposition de la mort et la vie. (Spinoza est très proche des philosophes et des mathématiciens musulmans).

Mais Esaü qu’est ce que c’est ? Ni Gilles Bernheim ni Rosenzweig n’arrivaient à voir une différence essentielle entre le christianisme et le judaïsme, on ne peut pas leur en vouloir, puisque même la torah ne voit pas la différence.

Pourtant la tradition orale que nous avons de nos maitres nous dit clairement « attention ! Esaü c’est de la merde recouverte de pierre précieuse !» Alors où est la merde ?

Le midrash dit « Esaü passait son temps à chasser les femmes mariées de la main de leur mari pour les rendre cocus » c’est pour cela que les femmes savaient qu’Esaü était un Racha, sa mère le savait, Leah et Rachel le savait alors que les hommes ne s’en rendaient pas compte du tout.

Rabbi Izik Sher Zizhrono Livraha avait l’habitude de dire en lisant ce midrash « c’est quand même un peu gros de penser qu’Isaac avait un fils qui passait sa journée à draguer en discothèque, et un autre qui passait sa journée à étudier à la yeshivah et que Itzhak et ne se rendait compte de rien et qu’il pensait que Esaü était le juste et pas Jacob ? »

Rave Izik Sher (le fondateur de la yeshivah de Slabodka à Bnei Brak) avait l’habitude d’expliquer l’erreur de Isaac en disant que de l’extérieur il n’y avait aucun différence entre Jacob et Esaü. Esaü comme Jacob écrivait des livres et étudiait à la yeshivah. Il est un fait qu’un homme peut avoir écrit des livres ou avoir fait des baalei techouvah par centaines, et avoir ouvert des yeshivoth, mais si il fait ca pour épater la galerie, pour qu’on dise « Ah, quel géni ! » ou « Ah, quel juste ! » il n’est pas différent de quelqu’un qui fait des cabrioles dans une discothèque pour épater les filles qui le regarde ». Il est possible qu’à l’extérieur un homme accomplisse des choses merveilleuses, mais la motivation de ses actions n’est pas pure. Il est possible que la personne elle-même ne soit pas capable de voir l’impureté de ses motivations. L’homme peut penser qu’il fait le bien par ce qu’il recherche un idéal alors qu’au fond il ne cherche qu’à séduire. L’ennuie c’est que lorsque l’on cherche à séduire on cherche d’abord à se séduire soi même. C’est ce qui explique qu’Eric Woerth passe sa journée à répéter qu’il ne ment pas. Esaü enseignait la torah mieux que Jacob, et il était plus brillant que lui il avait écrit des livres fait des baalei techouvah, ouvert des yeshivoth mais la motivation de Esaü c’était la séduction. La civilisation du christianisme c’est la civilisation de la séduction.

Il n’y a qu’a Yom kippour en rentrant dans le Saint des Saints que l’homme peut juger de la pureté de son âme.

La Mishna dans Yomah commence le traité en disant que quelque jours avant Yom kippour on nommait un Cohen Gadol (grand prêtre) remplaçant au cas où le Cohen vivant deviendrait impur. Le talmud explique que l’on nommait ce Cohen remplaçant à l’avance pour bien montrer au Cohen Gadol en place qu’il n’était pas irremplaçable que quelqu’un pouvait le remplacer. Pour le talmud cette action était l’essence même du travail du Cohen Gadol à Yom kippour. Le Cohen Gadol devait faire une techouvah parfaite et pour cela les sages avaient trouvé une méthode infaillible et simple. La méthode du frère jumeau remplaçant.

Imaginez que vous avez un frère jumeau qui vous ressemble en tout point, c’est votre clone parfait, il peut tout faire comme vous et il vous ressemble. La seule chose qui le différencie de vous ce que ce n’est pas vous. Imaginez maintenant que dès que vous devez faire quelque chose c’est lui qui va le faire à votre place.

Par exemple, lorsque je dois aller donner un cours c’est mon clone qui va le donner à ma place, si je dois parler à quelqu’un c’est lui qui va le faire à ma place, il va le faire aussi bien que moi, il dira exactement la même chose que moi, moi je n’ai plus qu’à rester chez moi.

Qu’est ce que je ressens dans une telle situation ? Si je ressens une frustration quel type de frustration ? Si je sens une attaque dans mon ego, cela veut dire que lorsque je fais ces choses là je les fais pour séduire et en retirer un intérêt, cela prouve qu’au fond quand je fais le cours ce n’est pas moi qui parle, c’est une marionnette qui cherche à séduire. L’acteur qui joue un rôle attend de recevoir son cachet à la fin de la représentation, il n’est pas capable d’un acte désintéressé.

C’est le sens de la rivalité entre Jacob et Esaü, Esaü est jaloux de Jacob il cherche à séduire ses parents, Jacob par contre est réticent à tromper son père, même lorsque sa mère le pousse à le faire. A la différence de Esaü, Jacob veut être le grand prêtre par ce qu’il le veut du fond de son cœur pas par ce qu’il ne veut pas que son frère le soit à sa place.

L’homme ne peut être lui-même que lorsqu’il se parle d’abord qu’à lui-même. Le talmud dans Guittin rapporte une histoire très courte (60 a) qui n’est édifiante que pour moi, mais la voilà quand même, le talmud raconte « Rav Simmi bar Hashi a demandé à Abbaye d’étudier avec lui, et Abbaye lui a répondu, non ! Je dois d’abord étudier avec moi-même » fin de l’histoire. Cette histoire est édifiante lorsque l’on connait les personnages du talmud, Abbaye était le plus grand Rabbin de sa génération, mais on ne fixe presque jamais la halacha comme lui, par ce que les sages n’arrivaient pas à comprendre la profondeur de sa pensée. Rave Simmi bar Hashi était plus jeune que Abbaye, c’était l’élève le plus brillant de sa génération, l’un des auteurs du talmud avait tellement peur de l’intelligence de Rav Simmi bar Hashi, que chaque jour il priait en tombant face conte terre et en disant « pourvu que D me sauve des questions de Simmi ». De plus Abbaye savait qu’une malédiction était établie sur sa famille et qu’il ne dépasserait pas l’âge de 40 ans. Dans l’histoire citée, Rav Simmi propose à Abbaye de lui passer le flambeau de sa torah, il vient se proposer d’être celui qui va expliciter son enseignement (qui n’a pas été compris) et il se propose de donner une postérité à la parole d’Abbaye, pourtant Abbaye refuse et il dit à Rav Simmi « je dois d’abord étudier avec moi-même ! »

Pourquoi ? Par ce que la vraie torah ne peut être que le résultat d’un dialogue intérieur, ce dialogue intérieur ne peut avoir qu’un seul témoin et il n’est pas humain. Yom kippour c’est le jour ou l’homme doit étudier avec lui-même.

A Yom kippour l’homme doit chercher à se retrouver lui-même, il doit essayer de comprendre quelles sont ses véritables motivations, qu’est ce qu’il veut vraiment. En général lorsqu’un homme sent un sentiment de frustration, il est du au fait qu’il n’est plus lui-même, et qu’il s’est laissé entrainer à jouer un jeu qu’au fond de lui-même il ne voulait pas jouer. Yona a cherché à fuir sa destinée de prophète, et il est avalé par un poisson, le poisson c’est le monde environnant. Tous les juifs sont des prophètes ils ne doivent pas chercher à fuir leurs destinés.

L’introspection ne doit pas remettre en question l’homme et son travail, l’homme n’a pas à chercher à accomplir l’acte parfait, l’introspection a pour but de permettre à l’homme simplement de se retrouver lui-même face à D.

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