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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Roch Hachana 5770


Première partie: qu’est ce que l’idolâtrie?

Dans tout le livre du deutéronome la torah met l’accent sur l’interdit de l’idolâtrie “le service étranger”. Il semblerait que le “service étranger” (la Avodah Zarah) ce soit le fait de servir ou prier des choses qui ne sont pas D. C’est ainsi que Maimonide définit l’idolâtrie dans le premier et le deuxième chapitre des lois concernant le service étranger.

“1. Le commandement relatif à l’idolâtrie consiste essentiellement à n’adorer aucune créature : ni ange, ni sphère, ni étoile, ni aucun des quatre éléments fondamentaux, ni tout ce qui est créé à partir [c'est-à-dire d’une combinaison] de ceux-ci [cf. lois sur les fondements de la Thora ch. 4 § 1]. Même si celui qui leur rend culte sait que l’Eterne-l est D.ieu, et adore cette créature dans le même esprit qu’Énoch et ses contemporains au commencement [de l’idéologie païenne], il est un idolâtre. C’est à ce propos que la Thora nous a mis en garde, en disant : « Tu pourrais aussi porter tes regards vers le ciel et, en voyant le soleil…que l’Eterne-l ton D.ieu a donné en partage à tous les peuples », c'est-à-dire : Peut-être promèneras-tu le « regard de ton cœur » [ta réflexion] et réaliseras que ceux-ci dirigent le monde, que D.ieu les a partagés pour [éclairer et diriger] le monde entier étant donné qu’ils vivent [immuablement], sans jamais se décomposer, contrairement [aux êtres du] monde. Tu penseras alors qu’il sied de se prosterner devant eux et de les adorer. À ce sujet, [l’Écriture] a ordonné : « Gardez-vous de laisser séduire votre cœur », c'est-à-dire : Ne vous égarez pas par les pensées de votre cœur en adorant ceux-ci, comme intermédiaire entre vous et le Créateur. “

Cette définition de l’idolâtrie semble être en contradiction avec certaines prières que nous faisons qui semblent être adressées aux anges. Dans les selihot des ashkenazim il y a une prière qui demande explicitement aux anges de faire entrer nos prières chez Hashem, c’est la prière de “mahnisei rahamin” “ceux qui font rentrer les bienfaits etc..”. Le Gaon de Vilna pensait qu’il ne fallait pas dire cette prière du fait que c’était une prière idolâtre. Il n’en demeure pas moins que la majorité des juifs continuent à dire cette prière, il faut donc rétablir une cohérence à la pensée des autorités rabbiniques majoritaires qui n’ont pas accepté cette idée du Gaon de Vilna. Pourquoi pour ces rabbins ces prières adressées aux anges ne sont pas des prières idolâtres ? On pourrait poser la même question sur la prière de “barchouni lechalom” que l’on dit le vendredi soir et qui s’adresse explicitement aux anges, la encore le Gaon de Vilna disait qu’il ne fallait pas la dire, et pourtant dans presque toutes les yeshivot lituaniennes on continue à la dire, pourquoi?

Une question similaire peut se poser sur une loi qui a été rapportée par le” Ramah” un des plus grands décisionnaires des juifs ashkénazim qui apporte le minhag d’aller la veille de Roch Hachana sur les tombes des justes pour demander à ces justes pour qu’ils interviennent en notre faveur et qu’il prient D de nous donner une bonne année. Cette loi apportée par le Ramah (qui est basée sur le midrash disant que Caleb le fils de Yefouneh est parti à Hevron prier sur les tombes des patriarches lorsqu’il est parti explorer Israël) a été très discutée par les rabbins des siècles passés, mais là encore, il n’en demeure pas moins qu’une grande parti des rabbins pensent qu’il faille prendre cette loi du Ramah à la lettre et que l’on doive prier aux justes pour leur demander de prier pour nous. (C’est l’avis du Ben Ich Hay et de beaucoup d’autres). Là encore comment comprendre que cette prière ne soit pas de l’idolâtrie ?

Pour répondre à ces deux questions on est obligé de proposer une nouvelle définition de l’idolâtrie.

Mais avant de proposer une réponse je veux poser encore une question concernant Roch Hachana directement. Le moussaf de Roch Hachana est composé de trois parties, la première c’est “les malhuyot”, c’est à dire une partie dans laquelle on parle de la royauté de D, “les zihronot” les souvenirs ou l’on parle du fait que D se souvient de ses créatures. Et les chofaroth où l’on parle de la signification du chofar dans la bible. (Cette prière de moussaf est très ancienne (1000 av) c’est la seule prière qui n’est pas venu en remplacement des sacrifices, elle était déjà dite pendant la période du premier temple, toutes les autres prières de l’année on été adaptées plus tard à partir de celle de Roch Hachana par les gens de la grande assemble (500 av).

Dans la Mishna il y a une discussion entre rabbi Yohanan ben Nouri et rabbi Akivah. Rabbi Yohanan ben Nouri pense qu’il n’y a pas lieu de sonner le chofar pendant la partie de la “royauté” car pour rabbi Yohann le chofar n’a rien à voir avec la royauté de D. En effet le chofar est plutôt un instrument qui permet à l’homme de prendre conscience de la présence de D. Le chofar est là “pour réveiller l’homme de sa torpeur”, et le pousser à se rapprocher de D, c’est une son de sanglots, ces sanglots n’ont rien à voir avec la royauté de D. L’autre sens du chofar c’est le rappel du ligotage d’Isaac puisque c’est un bouc qui a été tué à la place d’Isaac. Quoi qu’il en soit le chofar ne semble pas avoir de rapport avec la royauté de D, mais rabbi Akivah pense le contraire de rabbi Yohanan ben Nouri. Il va même jusqu’a dire que “cela n’a aucun sens de parler de la royauté de D si on ne sonne pas la chofar”. Rabbi Akivah pense qu’il y a un lien essentiel entre la royauté de D et le son du chofar et c’est l’avis de rabbi Akivah qui est retenu dans la halacha.

L’avis de rabbi Akivah semble étonnant, comment peut-il dire que cela n’a aucun sens de parler de la royauté de D si on ne sonne pas le chofar? Il semble qu’il faille envisager la royauté de D sur un autre plan pour comprendre cette Mishna.

Pour répondre à ces questions je veux revenir sur une idée que j’avais mentionnée l’année dernière avant les vacances. C’est la théorie de Walter Benjamin sur la perception et la médiatisation.

Walter benjamin cherche à adapter une théorie de la psychanalyse à la sociologie. Il part d’un constat selon lequel la perception de l’homme moderne serait fondamentalement différente de la perception de l’homme du passé. Aujourd’hui, la perception n’est plus directe, ni spontanée elle est conditionnée et médiatisée par un discours qui ne s’adresse à personne. L’homme moderne ne peut plus percevoir par lui même les choses il est obligé de les voir par l’intermédiaire d’un spectacle, d’une mise en scène qui ne lui est pas adressée. On peut prendre une multitude d’exemple dans la société de consommation, je ne peux pas trouver une sensation d’évasion dans un parfum ou dans une boite de nuit, que si les films ou la publicité éduque ma perception à voir dans ce parfum cette boite de nuit une évasion. Dans le passe il semble à Walter Benjamin que la perception de l’homme devant la nature ou l’art était plus directe et plus spontanée. Pour expliquer ce phénomène Benjamin se sert d’une théorie freudienne, pour Freud le discours et le récit que l’homme se fait a lui même permettent à l’homme d’intégrer un traumatisme. (Le traumatisme est une blessure, “une perforation” dans le psychisme causée par un choc trop fort. Pour Freud le psychisme a pour fonction première de filtrer les sensations qui agressent l’homme de l’extérieur et qui risquent de le submerger. Cependant lorsque le choc est trop fort le psychisme n’arrive pas à filtrer la sensation et c’est le traumatisme. Le discours et le récit permettent au psychisme de se reconstruire et d’intégrer le traumatisme.) Walter Benjamin pense que si la société actuelle a besoin d’un discours médiatique tellement puissant c’est par ce que cette société impose une violence trop grande sur le psychisme. La vie urbaine et son anonymat, la violence inhumaine de la technologie choquent l’individu et le traumatisent, pour ce protéger l’individu a besoin d’un discours médiatique. Cependant le discours médiatique a pour effet pervers de gommer l’individu dans son essence, et de le transformer en objet puisque ce discours ne s’adresse à personne. Benjamin reste très pessimiste sur la vie moderne dans son analyse. Pour lui la vie moderne arrivera à gommer le sujet et le transformera en objet.

Ensuite, Benjamin met en opposition deux passages de la théorie freudienne qui semblent se contredire. D’un coté Freud pense que le récit est un moyen utilisé par le psychisme pour se défendre ou guérir d’un traumatisme, le récit serait donc une invention venant après coup pour rétablir un équilibre (on dirait en langage halachique un “bediavad”). Mais d’au autre coté Freud pense que le récit est liée à la volonté de ”la mort” qui va ”par delà la volonté de plaisir”. J’explique. Au début, Freud pensait que l’homme avait pour volonté première le désir de “tirer du plaisir”. Ensuite Freud a pensé que par delà la volonté de plaisir il y avait une volonté de mourir ou de tuer, cette volonté de mourir c’est la création d’un discours. Parce que lorsque j’inscris mon plaisir dans un discours et que j’en fais le récit et que je cherche à me le remémorer par un discours, je tue la perception, la vie devient mot. Or les mots c’est la mort. Benjamin n’arrive pas réconcilier ces deux passages de la théorie freudienne et il reste sur une question.

Le but du présent raisonnement est de critiquer radicalement l’interprétation de Benjamin sur la médiatisation de la société et de par la même de proposer une nouvelle théorie de l’idolâtrie et d’expliquer qu’est ce que la royauté de D. Ensuite pour répondre à la contradiction posée par Benjamin de proposer une nouvelle interprétation du souvenir chez D et de son jugement à Roch Hachana. Je sais qu’à première vue cela promet d’être long et ennuyeux, mais pour vous réveiller je vais vous sonner un peu de mon chofar.

Vous allez voir, c’est radical.

Deuxième partie: Les sex-shops juifs et les bordelles irlandais.

Pour mieux comprendre ce qui se passe, je vous propose de faire un petit voyage dans le temps, dans le New York des années 20. A l’époque toute l’industrie du sexe de New York, qui représente 300 ou 400 bordels (dans lesquels travaillent plusieurs milliers de prostituées, les chiffres sont exactes mais je n’ai pas le nombre d’habitants de New York pour calculer le ratio prostituées/ habitants), est entre les mains des gangs irlandais. Mais au début des années 20 les juifs et les italiens vont prendre le contrôle de cette industrie en important d’Europe un nouveau concept, celui du sex show. La différence essentielle qu’il y a entre un bordel et les sex show c’est que dans le bordel on a droit à ce que les américains appellent en jargon “full service, (fs)” alors que dans les sex show on n’a pas le droit de toucher les girls. Les girls sont mises en scène et à distance des clients. Ce qui est tout à fait incroyable c’est que rapidement le sex show juif va prendre le dessus sur le bordel irlandais, les bordels vont fermer en masse alors que les sex shows vont se multiplier à une vitesse incroyable. Or ici il y a lieu de s’interroger sur le pourquoi de ce phénomène très intrigant et étonnant. A priori un homme devrait avoir plus de plaisir à avoir des rapports sexuels avec une fille, plus tôt que de la regarder.

A mon avis on peut déduire de ce phénomène une réfutation fondamentale de la théorie de Benjamin qui voit la médiatisation et la mise en scène de la vie dans le monde comme une réaction à un traumatisme. On peut déduire de ce fait social, du sex show des années 20 que la médiatisation et la mise en scène dans le monde moderne ne sont pas un moyen de canaliser la perception, mais bien plutôt une finalité en soi. Le but c’est le spectacle et le but du spectacle c’est de transcender le réel.

On se rend aussi compte que le discours ou le spectacle ne sont pas uniquement là pour donner un sens et une histoire à un souvenir vécu comme le pensait Freud dans sa théorie de “par de la notion de plaisir” mais que le discours existe à l’extérieur du réel et qu’il a pour but de créer une transcendance de la matière.

Il faut voir dans le discours médiatique et l’avènement du “show” et de la publicité un acte religieux, une volonté de dire que le désir transcende la matière, c’est une idolâtrie.

La psychanalyse est en elle même le discours sur lequel se base cette religion du désir. “L’objet a” et tout ces concepts fumeux, toues les théories du phantasme et de l’inconscient ne sont en fait qu’une sorte de théologie ou de mythologie qui doivent assoir la nouvelle divinité qui est “la transcendance du plaisir”. Le plaisir dépasse le réel, il est transcendant, voila la base de la société moderne.

A partir de là on peut comprendre que l’idolâtrie contrairement à ce que pensait Maimonide ce n’est pas servir une chose qui n’est pas D, mais c’est voir une transcendance là ou il n’y a que de la matière. On comprend que la majorité des rabbins pense qu’il n’y a pas de problème à prier un ange ou une âme tant que l’on sait que cet ange et cette âme sont des réalités spirituelles qui ne se manifestent pas dans la matière. L’idolâtrie ne commence que lorsque l’on pense qu’un objet matériel, une statue, une étoile ou une montre dépasse le réel et qu’il transcende la matière.

Pour la majorité des maitres du judaïsme il y a plus d’idolâtrie à rêver d’une Rolex ou à un hôtel particulier à Neuilly, que de prier un ange.

On comprend aussi pourquoi rabbi Akivah pense que sans le chofar il ne peut pas y avoir de royauté divine. En effet le talmud dit que le chofar symbolise la nudité de la vie, se sont les sanglots qui accompagnent la naissance du nouveau né, et les pleures d’une mère qui perd son fils (has vechalom). Le son des sanglots pour le talmud c’est ce qui dépasse les mots et le discours, le chofar est là pour montrer qu’il n’y a pas de transcendance dans la matière, la matière existe sans être médiatisée par un discours, c’est une réalité première qui existe avant les mots. En disant cela nous affirmons que la seule transcendance qui existe c’est celle de D, et qu’il est donc le seul D qui règne sur l’univers.

Fin de la deuxième partie

Troisième partie: les souvenirs

Parlons maintenant de la deuxième partie du moussaf de Roch Hachana, les souvenirs. On peut poser deux questions sur cette partie de la prière. Les deux questions sont évidentes. La première question consiste à se demander comment D peut se souvenir alors qu’il n’oublie rien. Qu’est ce que cela veut dire que D s’est rappelé de Sarah, et qu’il s’est rappelé de Noah dans la tevah, il les avait oubliés?

La deuxième question a attrait au jugement de Roch Hachana dont on parle dans cette partie de la prière. On dit que D se souvient des êtres humains à Roch Hachana (le jour anniversaire de la création de l’homme) pour les juger. Mais de quel jugement s’agit-il au juste? Est ce qu’il va juger si notre comportement a été conforme aux lois de la halacha? Dans la prière on ne dit pas ça, on dit que D nous juge sur autre chose ; on va être jugé sur “les actions de notre mission et les plans que nous avons dans la tête” “maassei ich upkudato vealiloth mitsadei gaver”. Quelle mission? Quel plan?

Pour répondre à ces deux questions je vais demander une autre question.

Roch Hachana est la seule fête où l’homme est jugé dans son individualité. Tout les êtres humains passent séparément devant D, un par un, nous dit la Mishna.

Or dans le passage précédant nous avons dit que la seule transcendance qui existe dans l’univers c’est celle de D, seul D a un sens dans l’univers.

Le son du chofar nous rappelle que l’homme n’existe que comme une réalité préverbale devant D. Il n’est qu’une masse de chair, il se met au même niveau que l’animal ou le végétal. Dans ces conditions comment pourrait-il y avoir une individualité humaine ? Comment peut-il y avoir la constitution d’un sujet individuel si on se nie la possibilité de créer un discours et de se rattacher à une histoire. Si l’homme ne s’autorise même plus le discours ou le récit comment peut il avoir une identité et un souvenir?

On peut poser la question de manière plus trivial, si l’homme pense que le seul but de la vie c’est le service de D, comment peut-il continuer à exister? L’homme est il encore un homme si il ne rêve pas d’une Ferrari, une femme est elle encore une femme ni elle ne rêve pas de diamants? Dire que D seul est le but de la vie puisqu’il est la seule transcendance qui donne un sens à un discours, c’est une discours fascisant digne de Khomeiny ou de ben Laden. Or Roch Hachana est le jour de la création du monde ou D choisi de donner la vie. C’est le jour où D veut nous voir en face à face dans notre individualité, dans notre humanité, il veut connaitre nos plans et notre mission.

La torah dit que le chofar fait monter le souvenir de l’homme devant D or on sait que le mot zecher souvenirs est en hebreu le même mot que zachar le male. Il y aurait une sexualité du souvenir qui serait masculine selon le midrash. D’un autre coté le mot “nekevah” femelle est de la même racine que le mot “expression” le talmud dans Nidah lie l’idée de la féminité avec l’expression. Le Zohar dit que souffler dans le chofar c’est souffler dans le vagin de la chehinah. Mais qu’est ce que cela veut dire?

En fait on peut envisager deux étapes dans l’acte de la commémoration et du souvenir. Il y a l’étape que l’on peut appeler préverbale, où on se souvient de la chose inconsciemment sans être capable de l’inscrire dans un récit, vaguement on se souvient d’une sensation. Ensuite dans une deuxième étape il y a un souvenir que l’on inscrit dans un récit où on se souvient de la chose consciemment, dans cette étape on est capable de raconter le souvenir. La première étape préverbale du souvenir c’est la partie “mâle” du souvenir par ce qu’avant l’expression tant que le souvenir est inconscient, ce souvenir est une semence planté en nous, qui constitue notre moi. Dans la deuxième étape lorsque l’homme inscrit son souvenir dans un discours et qu’il l’exprime, alors le souvenir ne fait plus partie du noyau de sa personnalité il fait partie du domaine publique. (C’est l’idée de la mitsvah de dire ses fautes devant D lorsque je dis la faute et que je la reconnais, du même coup je prends une distance par rapport à elle, c’est déjà une techouvah, la faute ne fait plus partie de mon noyaux).

Cette manière de se souvenir en deux temps d’abord d’une manière préverbale et ensuite verbale est valable pour l’homme. Pour D, par contre, si on suit les midrashim le mouvement est inverse. Les midrashim et le talmud expliquent que D a un plan préconçu pour le monde. Dans la genèse la torah dit “ceci est le livre des génération de l’homme” le talmud en déduit que chaque être a une destinée déjà écrite depuis la création du monde. Le midrash dit qu’avant la création il y avait un temps fixé pour la sortie d’Egypte, un temps fixé pour le don de la torah etc. En fait D avait déjà écrit dans son livre depuis l’aube des temps, que Noah devait sortir de l’arche, D avait déjà écrit dans son livre que les juifs devaient sortir d’Egypte et que Sarah devait avoir un enfant. La partie nekevah “exprimée” du souvenir existait avant la réalisation du souvenir.

Lorsque D fait advenir dans le monde réel son plan, alors on parle à ce sujet de “souvenir” de “zeher” par ce qu’il quitte le plan exprimé féminin, pour le faire se réaliser dans la réalité inexprimable de la vie.

Le midrash dit que depuis la création du monde D avait prévu qu’il y allait avoir un “rabbi Akivah”. C’était dans la destinée de l’histoire. Mais la réalisation de rabbi Akivah en tant qu’être humain individuel n’était pas inscrite dans le livre de l’histoire, on ne pouvait pas savoir, si il serait chauve ou si il aurait 4 femmes, si il serait riche etc. De ce fait la réalisation du plan divin dans la réalité du monde de la vie, n’est pas une négation de l’individualité au contraire c’est la réalisation de ce plan qui définit la place de l’individualité. La mission attribuée par D dans la destinée de l’homme existe parallèlement au plan que l’homme se donne. L’homme interprète la partition de D en fonction de ses propres intérêts.

Lorsque D a créé le monde à Roch Hachana il a fait advenir dans la réalité de la vie son plan théorique. Cette volonté de faire advenir son plan, cette volonté de zeher, c’est la possibilité de l’existence de l’individualité humaine. Sonner le chofar c’est souffler dans le vagin c’est à dire vouloir marier son propre plan et le plan de la destinée.

On peut donner un exemple pour illustrer cette idée. Lavan le père de Rachel et de Leah est le patriarche génétique du peuple d’Israël au même titre qu’Isaac le père de Jacob. Pourtant on ne voit jamais que la torah admette que Lavan est un de nos patriarches ? Parce que Lavan n’a jamais assumé son rôle de patriarche du peule d’Israël, au contraire nous disons dans la haggadah de pessah “il a voulu tout déraciner”. Il était le patriarche du peuple d’Israël de manière accidentelle uniquement par ce que la destinée et le plan divin était conçu ainsi.

Mais Lavan n’a pas mis en adéquation et en harmonie ses propres plans et le plan de sa destinée. C’est pour cela que l’on peut dire qu’il a été jugé “pour la mort”, par ce qu’il n’a pas assumé sa vie. La vie c’est le mariage de sa destinée historique avec ses propres désirs.

Tout le monde comprend qu’il a une destinée, même si elle n’est pas toujours d’être un personnage historique. Par exemple cela fait partie de la destinée d’être marié avec tel ou tel personne, d’être le père de tel ou tel enfant de travailler dans tel ou tel business, d’avoir tel ou tel aptitude etc. c’est le plan de D.

Pour exister l’homme doit assumer cette destinée, puisque son rôle c’est de faire advenir cette destine dans la réalité, c’est l’essence même de sa vie.

La manière que l’homme va choisir pour faire advenir sa destinée va décider si il va être inscrit dans le livre de la vie ou dans le livre de la mort. Un homme peut démissionner de son rôle de père, son fils deviendra quand même ce qu’il doit devenir, mais le père se sera inscrit lui même dans le livre de la mort.

Un rabbin peut vouloir abandonner ses élèves, ses élèves feront techouvah de toutes les manières, mais le rav se sera inscrit lui même dans le livre de la mort. Si Einstein n’avait pas trouve la loi de la relativité Poincaré l’aurait trouvé, c’était la destinée, mais celui des deux qui a perdu son temps en jouant aux billes au lieu de travailler, il s’est inscrit lui même dans le livre de la mort.

Le souvenir de Roch Hachana c’est le souvenir de notre destinée, le jugement de Roch Hachana c’est l’évaluation de la manière de l’assumer.

Les chofaroth.

La troisième partie du moussaf parle du chofar du don de la torah et du chofar qui annonce la venue du messie. Par cette prière on cherche à lier les trois chofars, celui du don de la torah, qui symbolise le développement spirituel. Le chofar du messie qui est la réalisation de l’histoire universelle, et le chofar de Roch Hachana qui est la réalisation personnelle de l’homme.

Dans la dernière partie de la prière de Roch Hachana, lorsque l'on mentionne le don de la torah, la venue du messie (ou le ligotage d'Isaac indirectement par le shofar), on demande à D de réaliser dans le présent les mérites passés ou futurs de l'histoire. Lorsque l'on demande à D de se souvenir du ligotage d'Isaac, on lui demande de nous donner la force spirituelle d’Isaac, qui a été prêt à tout donner pour D. Il en va de même lorsque l'on mentionne le don de la torah, on demande à D de réaliser dans le présent l'événement et le dévoilement du don de la torah. Il en va de même avec le souvenir du messie, on demande à D de réaliser dans le présent le dévoilement qu'il y aura lors de la venue du messie.

 Dans les deux premières parties de la prière de Roch Hachana la mémoire de D et celle de l'homme fonctionnent de manières symétriques, l'homme se souvient inconsciemment de ce que D exprime, et l'homme exprime ce que D se souvient en réalisant dans le présent. Dans la partie des chofaroth, la troisième partie du moussaf, le souvenir de D et le souvenir de l'homme fonctionnent en parallèle. L’homme se souvient du don de la torah ou du ligotage d'Isaac, il fait revivre ces événements en lui, et parallèlement, D réactualise le dévoilement qu'il y avait dans ces événements. Dans la troisième partie du moussaf de Roch Hachana l'homme s'élève au dessus du temps, il cohabite avec D dans l'éternité. Roch Hachana est appelé "le jour du souvenir" par ce que c'est à travers le souvenir que l'homme se rapproche de D.

Je souhaite a tous une bonne année pleine de bonheur et beaucoup de réussite dans tout ce que vous faites..

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