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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Mikets 5771

La parasha de Vayeshev nous raconte l'histoire de Josef et de la femme de Putiphar. Les versets disent: "1 Joseph fut donc emmené en Égypte. Putiphar, énuque de Pharaon, chef des gardes, égyptien, l'acheta aux ismaélites qui l'avaient conduit dans ce pays. 2 Le Seigneur fut avec Joseph, qui devint un homme heureux et fut admis dans la maison de son maître l'égyptien. 3 Son maître vit que Dieu était avec lui; qu'il faisait prospérer toutes les œuvres de ses mains, 4 et Joseph trouva faveur à ses yeux et il devint son serviteur; Putiphar le mit à la tête de sa maison et lui confia tout son avoir. 5 Du moment où il l'eut mis à la tête de sa maison et de toutes ses affaires, le Seigneur bénit la maison de l'Égyptien à cause de Joseph; et la bénédiction divine s'étendit sur tous ses biens, à la ville et aux champs. 6 Alors il abandonna tous ses intérêts aux mains de Joseph et il ne s'occupa plus avec lui de rien, sinon du pain qu'il mangeait. Or, Joseph était beau de taille et beau de visage. 7 Il arriva, après ces faits, que la femme de son maître jeta les yeux sur Joseph. Elle lui dit: "Viens reposer près de moi." 8 Il s'y refusa, en disant à la femme de son maître: "Vois, mon maître ne me demande compte de rien dans sa maison et toutes ses affaires il les a remises en mes mains; 9 il n'est pas plus grand que moi dans cette maison et il ne m'a rien défendu, sinon toi, parce que tu es son épouse; et comment puis je commettre un si grand méfait et offenser le Seigneur?" 10 Quoiqu'elle en parlât chaque jour à Joseph, il ne cédait point à ses vœux en venant à ses côtés pour avoir commerce avec elle. 11 Mais il arriva, à une de ces occasions, comme il était venu dans la maison pour faire sa besogne et qu'aucun des gens de la maison ne s'y trouvait, 12 qu'elle le saisit par son vêtement, en disant: "Viens dans mes bras!" II abandonna son vêtement dans sa main, s'enfuit et s'élança dehors. 13 Lorsqu'elle vit qu'il avait laissé son vêtement dans sa main et qu'il s'était échappé, 14 elle appela les gens de sa maison et leur dit: "Voyez! On nous a amené un Hébreu pour nous insulter! II m'a abordée pour coucher avec moi et j'ai appelé à grands cris. 15 Lui, entendant que j'élevais la voix pour appeler à mon aide, a laissé son habit près de moi et il s'est échappé et il est sorti." 16 Elle garda le vêtement de Joseph par devers elle, jusqu'à ce que son maître fût rentré à la maison. 17 Elle lui fit le même récit, disant: "L'esclave hébreu que tu nous as amené est venu près de moi pour m'insulter; 18 puis, comme j'ai élevé la voix et que j'ai appelé, il a laissé son vêtement près de moi et a pris la fuite." 19 Lorsque le maître entendit le récit que lui faisait son épouse, disant: "Voilà ce que m'a fait ton esclave", sa colère s'enflamma. 20 Le maître de Joseph le fit saisir; on l’enferma dans la Rotonde, endroit ou étaient détenus les prisonniers du roi; et il resta là dans la Rotonde."

A la première lecture Josef a l'air d'être une victime innocente de la femme de Putiphar. Mais lorsqu'on lit le midrash et Rashi il semble que l'histoire de Josef et de Putiphar n'est pas aussi simple qu'elle le parait.

La torah juxtapose l'histoire de Josef et de Putiphar à l'histoire de Juda et Tamar. Tamar s'était déguisé en prostituée pour avoir des enfants avec Juda. Rashi explique la juxtaposition des deux histoires en disant " Et Josef fut descendu : le texte entends comparer l’histoire de la femme de Putiphar avec celle de Tamar : de même que les motifs de celle-ci étaient d'accomplir la volonté divine, de même les motifs de celle-là. Car les astrologues lui avaient annoncé qu’elle allait, avec Josef, donner naissance à des fils. Ce qu’elle ne savait pas, c’est si ce devait être elle ou sa fille (Beréchith Raba 85, 2. Voir Rachi infra 41, 45)."

Ce midrash cité par Rashi parait très étonnant, on ne comprend pas comment le fait de vouloir tromper son mari par ce que l'on écoute un astrologue peut être considéré comme avoir l'intention d'accomplir la volonté de D.

Si, le paradis est peuple de femme mariées qui trompent leur mari par ce qu'elles ont lu leur horoscope, alors, la paradis n'est peut être pas aussi ennuyeux qu'on pourrait le penser. Blague mise à part, on ne comprend pas comment on peut dire que l'intention de la femme de Putiphar était de faire une mitsvah en ayant des rapports sexuels avec Josef.

Il y a un autre Rashi encore plus étonnant. Lorsque Rashi commente le verset "il ne cédait point à ses vœux en venant à ses côtés pour avoir commercé avec elle"

Rashi explique: "Pour être avec elle dans le monde à venir (ibid.)". Rashi utilise l'expression « monde à venir » "le olam habah", ce qui veut dire le paradis. (Lorsque la Mishna dit tout les juifs ont une part dans le "olam habah" cela veut dire une part dans le paradis.) Si on explique Rashi textuellement, il dit que Josef aurait été au paradis avec la femme de Putiphar s’il avait eu des rapports avec elle. Mais en refusant d’avoir des rapports avec la femme de Putiphar, Josef perd son « olam habah » son paradis.

Il y a un autre commentaire de Rashi qui semble étonnant lorsque Rashi commente le verset : « Lorsque le maître entendit le récit que lui faisait son épouse, disant: "Voilà ce que m'a fait ton esclave"…» Rashi commente: « Lorsque le maitre entendit : Elle lui fait ce récit pendant qu’ils ont un rapport (Beréchith Raba 87, 9). C’est pourquoi elle lui dit : « c’est selon ces choses-là que m’a fait ton serviteur... ». – à savoir la même chose. »

Ce commentaire de Rashi est étonnant. Pourquoi la femme de Putiphar aurait elle attendu d’avoir des rapports sexuels avec son mari pour lui dire « voila ce que Josef m’a fait ». Qu’est ce qu’elle aurait gagné en faisant cela?

Au contraire, en faisant cela la femme de Putiphar se culpabilisait aux yeux de son mari, par ce qu’elle lui admettait qu’elle avait eu des attouchements avec Josef, et par la même elle avouait, qu’elle s’était laissée faire. Si la femme de Putiphar avait crié depuis le début, il est certain que Josef n’aurait pas pus lui faire ne serais ce que des attouchements. La femme de Putiphar n’avait donc aucun intérêt à montrer à son mari les attouchements qu’elle avait eu avec Josef. Cette question est une question de Nahmanide.

En plus, Putiphar était un énuque, c'est-à-dire qu’il était castré. Le verset le dit explicitement au début de l’histoire. Tous les ministres de pharaon été castrés, (pharaons avait réalisé le phantasme de Sarkozy). Comment Rashi peut il donc affirmer que Putiphar aurait pu avoir des rapports avec sa femme ? (autre question de Nahmanide)

En fait, Rashi donne des indices pour nous montrer que le texte peut se lire à un autre niveau. L’histoire de Josef porte un masque, de la même manière que les frères n’ont pas reconnu Josef par ce qu’il était masqué, de la même manière, toute l’histoire de Josef doit se lire comme une histoire codée.

La clef de l’interprétation de l’histoire de Josef citée par Rashi, se trouve du midrash Pirkei de Rabi Eliezer. Dans ce midrash, on nous raconte que la femme de Putiphar désespérait de pouvoir avoir des enfants car son mari était castré. Putiphar comprend le désarroi de sa femme, il sait aussi qu’il ne peut pas la satisfaire sexuellement.

Il achète donc un esclave très beau et très jeune, Josef. Le midrash dit que Putiphar a acheté Josef uniquement pour des fins sexuels.

(Certains interprètent le midrash comme disant que Putiphar était pédophile et qu’il voulait avoir des rapports avec Josef, mais cette explication ne tiens pas du fait que Putiphar était castré avant d’avoir acheté Josef.)

Lorsque le midrash dit que Josef avait été acheté par Putiphar uniquement pour des fins sexuelles, le midrash signifie que Josef devait être un « toy boy » pour madame Putiphar. Maimonide dit que cette pratique était courante dans l’Egypte pharaonique, j’imagine, surtout chez les femmes de ministres.

C’est pour cela que le verset utilise l’expression « Josef était parti faire son travaille » lorsque il veut dire que Josef était rentré pour avoir des rapports avec madame Putiphar. . En effet le verset dit « Mais il arriva, à une de ces occasions, comme il était venu dans la maison pour faire sa besogne et qu'aucun des gens de la maison ne s'y trouvait » et Rashi commente « Pour faire son travail Rav et Chemouel sont en désaccord. L'un dit : pour faire son travail, au sens littéral. Quant à l'autre, il enseigne : pour satisfaire ses « besoins » [c’est-à-dire : pour avoir des rapports avec elle]. Mais l’image de son père lui est apparue, comme il est enseigné dans le traité Sotah (ibid.). », Par ce que Josef avait été acheté pour ca.

Mais que fait Josef, le visage du père lui apparait et il a des attouchements avec la femme de Putiphar mais il ne conclut pas l’acte.

Josef fait sortir le sperme par ses doigts. Le verset dit dans la parasha de la semaine prochaine « mais son arc est resté plein de vigueur et les muscles de ses bras sont demeurés fermes grâce au Protecteur de Jacob, qui par là préparait la vie au rocher d'Israël », et Rashi commente : « Rocher d’Israël Le mot Even (« rocher ») est composé, selon le Targum, de av (« père ») et de ben (« fils »), c’est-à-dire Jacob et ses fils. Et nos maîtres ont expliqué l’expression « son arc est resté plein de vigueur » comme voulant dire qu’il a su, en présence de la femme de son maître, maîtriser son instinct. Le mot Qacheto (« son arc ») s’applique ici à la semence, laquelle est lancée comme une flèche. Quant aux « muscles de ses bras demeurés fermes », ils désignent la semence qui s’est écoulée par ses doigts. « Par les mains du protecteur de Jacob » : l’image de son père lui est alors apparue (Sotah 36b). »

C’est pour cela que l’histoire de Josef est mise à coté de l’histoire de Er et Onan, les enfants de Juda mariés à tamar, qui eux aussi éjaculaient à l’extérieur du vagin de leur partenaire.

C’est ce que la femme de Putiphar dit à son mari, lorsque son mari fait des attouchements avec elle, elle lui dit : « Josef fais comme toi, il ne fait que les préliminaires mais il n’est pas capable de conclure. », « Josef ne veut pas me donner d’enfants, il ne veut que s’amuser avec moi ». C’est à cause de cela que Putiphar envoie Josef en prison, par ce que Josef refuse de faire son travail.

Ensuite Putiphar va adopter une petite fille qui s’appelle « Osnat ». Le Pirkei Derabi Eliezer dit qu’Osnat était la fille de Dina et Chehem, elle avait été adoptée par la femme de Putiphar qui désespérait d’avoir des enfants.

La difficulté est maintenant de comprendre la raison pour laquelle Josef a refusé d’avoir des rapports avec la femme de Putiphar.

Josef pense que c’est un crime moral de sa part d’avoir des rapports avec la femme de Putiphar, pourquoi ? Il pense qu’il ne peut pas donner des enfants à un autre homme. Pour Josef donner des enfants à la femme de Putiphar c’est trahir Putiphar.

Même si c’est Putiphar qui le lui demande. Josef pense que la filiation paternelle ne peut être que naturelle, il n’y a pas de filiation au père par intermédiaire. C’est de cette manière que l’on peut interpréter le midrash qui dit « la face du père lui est apparue »

La torah considère que la filiation par la mère ne dépend pas à un rapport de sang. Dans toute la Genèse, la torah nous raconte que les femmes utilisent des esclaves pour leur donner une descendance. Par contre, l’histoire de Josef nous montre que l’on ne peut pas utiliser un esclave male pour se faire des enfants.

Si la filiation par la mère semble très large et très évidente, la filiation par le père est beaucoup moins globale. La torah considère comme une évidence qu’une femme puisse se considérer comme la mère d’un enfant qu’elle n’a pas conçu.

On voit bien que les femmes de Jacob se coïncidèrent comme les mères des enfants de leurs esclaves. Eve est appelée par Adam « la mère de toute vie ». La torah considère que la relation maternelle n’est pas liée à lien génétique. Une mère peut être la mère d’enfant qu’elle adopte. Par contre le refus de Josef montre bien qu’un père ne peut pas se considérer le père d’enfant qu’il n’a pas lui-même engendré.

La filiation par le père semble liée au rapport génétique. Josef refuse de donner des enfants à Putiphar, il accepte d’être l’esclave de Putiphar, mais ses enfants ne seront jamais ceux de Putiphar. C’est pour cela qu’il démissionne.

Comment comprendre que le rapport à la paternité soit vu par la torah d une manière si différente du rapport à la maternité ?

A priori, on aurait pensé que le rapport au père se construit plus à travers le dialogue, qu’à travers le lien du sang. On voit bien que le midrash dit à plusieurs reprises que celui qui enseigne la torah à des enfants est considéré comme si il les avait engendrés. Il est donc difficile de comprendre pourquoi la torah considère que la paternité ne peut être que de nature génétique.

Pourtant, selon la halacha le fils est affilié à son père uniquement s’il est son fils naturel. Le Hatam Sofer pense que, dans le cas d’un enfant adopté, on ne peut pas donner à l’enfant le nom du père adoptif quand on l’appelle à la torah.

Le Helkak Mehokek, un décisionnaire du 17e siècle, ne sait pas si on peut affilier un enfant à son père si cet enfant est né de l’insémination du sperme par un autre moyen que par des rapports sexuels. Pour ce décisionnaire, l’affiliation de l’enfant au père nécessite non seulement un lien génétique mais aussi le fait qu’il soit le fruit d’un rapport sexuel du père.

Pourquoi le judaïsme est-il si restrictif dans le rapport de la filiation par le père et si inclusif dans le rapport de la filiation par la mère ?

La question du rapport de la filiation par le père n’est pas une question marginale dans le judaïsme, c’est le vecteur qui dirige toute la réalisation messianique.

Lorsque l’on regarde l’histoire généalogique du messie on voit tout de suite que c’est le rapport au père qui est la clef de toute de cette histoire. Pour commencer les filles de Loth ont des enfants avec leurs pères, ses enfant s’appellent « moav » « du père ». Ensuite l’histoire de Ruth est une histoire du lévirat ou un home refuse de donner des enfants au nom de quelqu’un d’autre. Juda refuse de faire cette mitsvah de lévirat avec Tamar. Ensuite, lorsque Bethsabée tombe enceinte de David, David essaie de faire passer l’enfant comme étant le fils d’Uryah le mari de Bethsabée. L’enfant meurt, mais le midrash dit que s’il avait vécu il aurait été le messie. A chaque fois qu’il est question de la généalogie du messie il est question de filiation paternelle.

Nous avons déjà cité Rashi qui dit à plusieurs reprise que « le messie c’est celui qui va tuer le pape ». Ce qui veut dire que le messie sera celui qui sera capable de corriger une erreur fondamentale du christianisme. Nous avons déjà dit que selon la tradition rabbinique jésus (ymchemo) est le Guilgul (la réincarnation) d’Esaü. Dans les deux cas il y a une difficulté dans le rapport au père, Esaü souhaite la mort de son père, et Jésus nie complètement l’existence de son père puisqu’il se proclame être le fils de D.

Les évangiles sont rythmées par cette phrase de jésus qui revient fréquemment « prosternez vous devant moi, je suis le fils de D ! »

Si pharaon a réalisé le fantasme caché de Sarkozy en castrant tous ses ministres, il est sure que Jésus a réalisé le fantasme caché de tous juifs en disant « prosternez vous devant moi je suis le fils de D ».

Au fond, chaque juif aimerait que l’on dise ça de lui-même. Je pense que c’est la raison pour laquelle le christianisme n’a pas pris chez les juifs, Jésus est un juif beaucoup trop commun pour impressionner un de ses coreligionnaires.

L’ennui c’est que ce phantasme de « prosternez vous devant moi, je suis le fils de D », c’est un fantasme qui est nécessaire pour vivre. Si un homme ne souhaitait pas être l’objet d’un culte, il serait incapable de vivre ou de faire quoi que ce soit dans sa vie. C’est la volonté de devenir un Dieu soi même qui pousse l’homme à aller de l’avant.

Si les femmes se marient, c’est pour être un objet de culte pour leurs époux, c’est le seul et unique sens possible de la cérémonie du mariage. La cérémonie du mariage met un en scène la déification de l’épouse.

Si un homme cherche à séduire, c’est par ce qu’il veut devenir un objet de culte pour l’autre. Il semblerait qu’il y existe à l’intérieur même de la volonté de vivre, une volonté de s’idolâtrer soi même. Et cette volonté d’être l’objet d’un culte a pour essence la négation de la filiation par le père.

La théorie de l’évolution de Darwin n’est que le dernier avatar en date de la négation du père, Darwin ne fait que reprendre l’idée de Jésus d’une autre manière. Le message subliminal de la théorie de l’évolution c’est : « si mon père était un singe, alors je suis D, prosternez vous devant moi ». L’avènement messianique c’est la résolution de cette négation du père. Le messie c’est celui qui a la capacité de détruire cette volonté idolâtre qui semble inhérente à la volonté de vivre.

Contrairement à ce que Freud prétend, le meurtre du père n’a pas de racine dans le judaïsme, toute l’histoire de la Genèse c’est l’histoire de la filiation, la négation du père est enracinée dans le christianisme.

C’est Josef qui est celui qui va permettre de rétablir le rapport au père, c’est Josef qui est celui qui va détruire Esaü.

Le Zohar semble donner une clef de cette résolution. De manière très énigmatique le Zohar dit « la planète mercure est toujours en chute lorsqu’elle arrive dans la constellation du taureau ».

On sait que la planète mercure c’est la planète qui symbolise Esaü. Alors que Josef est symbolisé par le taureau.

Si on regarde les textes de l’astrologie sabéenne, qui sont la base d’une partie du Zohar, on aperçoit le taureau représente celui qui produit par son travail. Le taureau est celui qui engrange le blé. Le taureau travaille toujours pour son propriétaire, la récolte ne lui appartient pas, cependant le taureau ressent une satisfaction dans son travail par ce que c’est lui qui est l’outil de la production.

Dans la société d’aujourd’hui, l’homme veut posséder par ce qu’il ne peut plus produire.

La production ne peut plus être attribuée à un auteur unique. La production est le fait d’un groupe. Du fait que l’homme est désapproprié de sa capacité à produire, il a besoin de posséder des objets qu’il ne consomme même pas pour se sentir exister. Nous ne sommes plus dans une société de production ou de consommation, nous sommes dans une société de possession.

Si on achète une Porsche Cayenne ce n’est pas pour l’utiliser c’est pour la posséder. Josef c’est exactement le contraire de tout cela, il pense que le véritable « possédant » c’est celui qui produit.

C’est pour cela qu’il ne peut pas donner des enfants à Putiphar. Josef sait que s’il le faisait, ces enfants ne seraient jamais ceux de Putiphar, par ce que les enfants appartiennent à celui qui les a produits.

Dans son rapport avec le peuple égyptien, lors de la famine, Josef applique exactement la même morale qu’avec Putiphar. Josef est l’esclave de pharaon, mais il se vit comme étant le véritable propriétaire, puisque c’est lui qui rend tout possible.

Les égyptiens se vendent comme esclaves de pharaons par ce qu’ils veulent pouvoir continuer à produire. Ce passage de la torah a pour but de montrer que la possession d’un bien n’a aucune valeur face à la capacité de produire.

Le véritable possesseur ce n’est pas celui qui engrange le blé c’est celui qui produit. (On retrouve cette même dialectique dans la discussion de Lavan et Jacob. Jacob dit ce que j’ai m’appartient par ce que c’est moi qui l’a produit, alors que Lavan pense que tout lui appartient par ce c’est lui qui possède les choses.)

Si l’individu ressent son existence dans la création plus que dans la possession, ce n’est pas uniquement par ce qu’il sent qu’il transforme une matière. N’importe quel ouvrier qui travaille à l’usine à la chaine sait qu’il transforme la matière, et pourtant, il ne se sent pas exister par sa production.

Ce qui fait que l’homme ressent un plaisir dans la création, c’est qu’il sait que lorsqu’il crée et qu’il transforme la matière il se transforme aussi lui-même. C’est le désir de se transformer soi même en créant qui exprime le mieux l’essence profonde de Josef.

Josef n’est pas le même au début de l’histoire et à la fin de son histoire, il progresse il se transforme. On ne peut pas dire la même chose d’Abraham, de Isaac ou de Jacob, ces patriarches ne changent pas de manière sensible durant le récit.

En définitive, l’homme ressent l’existence lorsqu’il se transforme en transformant le monde ou la matière. C’est ça le symbole du taureau et c’est ce que symbolise Josef.

Si on projette cette relation pour définir filiation paternelle, on arrive à l’idée que Josef se sent père uniquement lorsque c’est lui qui crée des enfants et qu’il se transforme lui-même en les créant. L’essentiel pour Josef c’est l’acte créateur, et l’acte créateur n’a un sens que s’il a un impacte aussi sur celui qui crée. Putiphar ne crée pas les enfants il ne peut pas les posséder.

Si on compare Josef et Jésus on se rend compte que Josef a aussi besoin d’être un objet de culte. Dans son rêve il nie son père, Josef rêve que son père et ses frères viennent se prosterner devant lui.

Josef veut que ce rêve se réalise. Mais cette idolâtrie de soi n’est pas destructrice par ce qu’elle est conditionnée par la transformation de soi et a la transformation de la matière. Josef veut être une idole, mais il veut se transformer lui-même pour le devenir et il veut transformer les autres tout en se transformant.

Dans ce sens Josef se construit dans le même mouvement comme continuation de son père et comme la négation de son père. C’est pour cela que Josef est appellé le « Even Israël », la pierre angulaire d’Israël, puisqu’il est a la foi le père et le fils. Les enfants de Josef Ephraïm et Menashé sont attribués à Jacob, ils font parti des douze tribus, mais d’un autre coté c’est Josef le père de ses enfants puisque c’est lui qui les a créé et ce sont ses enfants qui l’ont transformé.

La semaine dernière nous avons explique que Jacob c’est la desessentialisation de D, cette semaine nous voyons que Josef c’est la desessentialisation de l’homme.

Jacob appréhende D comme quelque chose qui va advenir et qui n’est pas définie. Cependant Jacob cherche lui-même la stabilité. Jacob cherche « à s’assoir dans le calme » (comme le dit le premier Rashi de la parasha de la semaine dernière). Jacob est stable il envisage à partir de son point d’ancrage une stratégie ordonnée comme les barres d’une échelle, par cette stratégie il veut vaincre D. Jacob ne sait pas ce que D veut, mais lui il sait où il va, et il ne change pas de trajectoire.

Josef va plus loin que Jacob, par ce que Josef ne cherche plus la stabilité, Josef ne se réalise que dans la transformation de lui-même. Josef met en parallèle l’avènement de D dans un avenir indéfini à construire, avec l’avènement de lui-même comme étant un mouvement de transformation orienté vers le futur à construire.

C’est Jacob et Josef qui sont la négation du christianisme. Le christianisme nie la paternité pour essentialiser l’homme et la divinité dans une existence statique. Dans cette négation de la paternité l’être humain est niée tout comme D.

Hanoukah sameah

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