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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Ki Tavo 5774


Mort a crédit

Une grande partie de la parasha est consacrée au récit des malédictions qui peuvent s’abattre sur le peuple d’Israël s’ils ne respectent pas la torah. La torah explicite les causes des malédictions : « Elles (les malédictions) s'attacheront, comme un stigmate miraculeux, à toi et à ta postérité, indéfiniment. 47 Et parce que tu n'auras pas servi l'Éternel, ton Dieu, avec joie et contentement de cœur, au sein de l'abondance, 48 tu serviras tes ennemis, suscités contre toi par l'Éternel, en proie à la faim, à la soif, au dénuement, à une pénurie absolue; et ils te mettront sur le cou un joug de fer, jusqu'à ce qu'ils t'aient anéanti. »

Les malédictions viennent par ce que l’on n’a pas su « avoir de la joie et du contentement au sein de l’abondance ». Le message de ces versets n’a pas pris une ride, dans la société contemporaine, on se rend bien compte qu’il est difficile d’être heureux et de ressentir du contentement lorsque l’on a tout.

Si ben Laden a créé un mouvement terroriste, c’est certainement par ce qu’il s’ennuyait avec tous ses millions. Les occidentaux qui partent en jihad, ou, qui se sentent, comme Jane d’Arc, appelés par le ciel a défendre l’état d’Israël, sont motivés par la même insatisfaction devant le trop plein de la société moderne.

Comme le dit si bien rav Aharon Kotler Zatsal, « la dépression est une condition inhérente au bonheur matériel ». Dans le même ton, il dit dans son livre merveilleux, (que tout le monde lit et que personne ne comprend,) « pourquoi un kollelman serait il malheureux ? Il n’a rien ! Comment pourrait-il être déprimé? ».

Cependant, si la torah condamne celui qui n’a pas été capable d’être heureux quand il avait tout, elle dit implicitement que l’on peut être heureux, même lorsque l’on a trop de tout. Comment est ce possible ?

On peut trouver une réponse a cette question en lisant attentivement le texte de la parasha.

Avant d’énumérer les malédictions, la torah décrit la mitswah des prémices. Lorsqu’un juif avait un champ il devait apporter les prémices au temple comme remercîment a D. Cette juxtaposition n’est pas accidentelle.

George Bataille, dans son livre « la part maudite », explique que seul le sacrifice permet a l’homme de sortir de la dépression inhérente au trop plein.

Pour Bataille, c’est « le trop » qui pousse l’homme a la dépression ou a des comportements destructeurs. C’est l’exubérance de la profusion, et l’abondance qui angoisse l’homme.

Pour lui, un sujet devient objet lorsqu’il est en surnombre. Une pomme est un objet par ce qu’il y a beaucoup d’autres pommes qui lui ressemblent étrangement. Un homme est un sujet par ce qu’il est unique et que d’une certaine manière il ne peut pas être reproduit. Lorsqu’un homme est semblable aux autres il perd son statut de sujet et il devient un objet. Cette sensation de devenir un objet est insupportable pour l’homme. Pour ne pas devenir un objet, l’homme cherche a se démarquer en développant sa singularité.

Cependant, cette réaction ne résout pas le problème, même si un homme affirme sa particularité, en assumant le fait d’être excentrique, Il n’échappe pas a un certain malaise.

Malgré son orignalite, l’individu reste confronté au surnombre qu’il observe dans l’univers.

En effet, si dans l’univers il y a trop de tout, si le cosmos est un excédent d’objet, l’homme, en tant qu’habitant de ce système en vient a se considérer lui même comme un objet.

Par exemple, Si un homme aime les pommes -les pommes étant des objets, puisqu’elles sont en surnombres- alors, l’homme, en tant que -sujet aimant les pommes-, devient lui-même un objet.

Lorsque l’on désir, ou lorsque l’on aime quelque chose, on doit automatiquement se mettre au niveau de la chose que l’on aime. Si on aime un objet on devient soi même, a ses propres yeux, un objet. On ne peut pas aimer un objet sans se considérer soi même un objet.

Or, lorsque l’on aime, ou que l’on désir, une chose, on doit nécessairement l’objectiver. Il en résulte que pour désirer il faut admettre que l’on est soi même un objet. C’est pour cette raison, que selon bataille, le bonheur matériel est déprimant, par ce que l’homme vit mal le fait de se considérer lui même comme un objet.

Se passage de sujet a objet que l’amour rend nécessaire, est traumatisant pour l’homme, car Il ne veut pas perdre son statut de sujet.

C’est pour cette raison, qu’il a besoin des sacrifices. En faisant l’offrande d’un fruit au temple, l’homme, arrive a donner un statut de sujet unique aux fruits son champ. Le fruit devenu offrande n’est plus simplement un objet de consommation. Il devient un objet existant par lui même. Grâce a l’offrande sacrificielle l’objet devient sujet, et, de par la même, l’humain se réapproprie son statut de sujet. Le monde n’est plus constitué d’objets semblables et remplaçables, la nature devient une mosaïque d’existants uniques et variés.

La pomme n’est plus une pomme parmi d’autres, elle devient un sujet existentiel transcendant. Ainsi l’homme ne peut être heureux dans une société d’abondance que par le rite sacrificielle. Le rite sacrificielle, rend a la nature son caractère transcendant.

Baudrillard, prolonge l’idée de Bataille en introduisant le concept d’échange symbolique. L’homme ne peut tirer plaisir de ce qu’il reçoit que s’il peut donner quelque chose en échange. Il est traumatisant pour un homme de recevoir sans pouvoir donner. Pour Baudrillard, le monde moderne est devenu invivable, par ce que l’échange est impossible. On ne peut plus rien rendre, on ne fait que recevoir. Lorsque l’homme reçoit sans pouvoir rendre en échange, il ne peut pas aimer ou être heureux.

Baudrillard explique que la société capitaliste recréait une possibilité d’échanger en remplaçant D par le capital. L’homme donne son travail en échange d’un salaire. Mais cette fiction ne rendait le monde viable que tant qu’il y avait une relation raisonnable entre le salaire donné, et la valeur du travaille.

Mais, aujourd’hui hui, du fait que le salaire ou le revenu n’a plus de rapport avec la valeure réelle du travaille, l’échange est devenu impossible.

Puisque la plus part de ceux qui gagnent beaucoup, ne peuvent pas justifier de manière rationnelle, l’argent qu’ils gagnent par leur travail, il en résulte que le travail ne peu plus être considéré comme une commodité échangeable contre de l’argent.

Il en résulte aussi que le salarié n’est plus payé en fonction de la valeur de son travail, mais uniquement en fonction du temps qu’il donne a son employé. Ce que le salarié donne aujourd’hui hui en échange de l’argent qu’il reçoit, c’est son temps, c'est-à-dire sa vie.

Je cite ici Michel Drac résumant Baudrillard « Le travail n’est qu’une mort symbolique, mort temporaire du travailleur qui sacrifie un temps de sa vie pour que le travaille fabrique la production, donc la marchandise donc le capital. Le capital est de la mort stockée, du point de vue du travailleur, donc de la mort différée du point de vue du consommateur.

La société du sacrifice est la société de la mort instantanée (aztèque), la société de l'économie politique est celle de la mort différée. Le travail est un déshonneur. Le salarié est un captif auquel on n a pas fait l'honneur de la mise a mort. Sa condition est humiliante précisément par ce qu'elle révèle qu’il n est digne que de la vie. Le pouvoir du maitre symétriquement provient de ce suspens de mort. le pouvoir n'est pas tant le pouvoir de tuer que le pouvoir de laisser la vie a qui redoute la mort, une vie que le dominé n a pas les moyens de rendre.

Ainsi, l'instant ou se dissout le pouvoir, est celui ou la mort est acceptée, obtenue, concrétisée. C’est par l'acceptation de la mort que l'esclave est libéré et donc c est à l’ instant où il se désintéresse de la vie que celle ci lui est effectivement rendue. Le travail enchaine le travailleur par ce qu'il est donné par le capital comme un instrument de remboursement toujours partiel, jamais complet, d'une dette symbolique impossible a éteindre la vie elle même. Le travailleur n’est donc libéré de l'oppression capitaliste que quand il dit: "aujourd'hui est un bon jour pour mourir".

Voila ce que disent les philosophes, a propos des offrandes sacrificielles.

Le grand point faibles des ces théories, c’est qu’elles pensent que l’homme, ou la société, peuvent être dupe d’une fiction, et qu’ils peuvent exister et être heureux tant qu’ils on foi dans cette fiction. Pour Bataille, comme pour Baudrillard, Mauss ou Durkheim, le rite sacrificiel est une fiction, improbable et irrationnelle. Mais, cette fiction était suffisante et nécessaire pour permettre a l’homme de vivre heureux.

Le communisme était une fiction, comme le nazisme, ou le capitalisme, (ou la sociologie) combien de temps ces fictions ont elle tenues ? Même pas une dizaine d’années ! Après une courte période, ses systèmes se sont maintenus par la violence et la répression. Comment expliquer alors que les sociétés fondées sur le service religieux ont durée plusieurs millénaires ? Les hommes de l’antiquité étaient ils tellement plus bettes que nous ?

En d’autres termes les philosophes ont raison de montrer que l’homme a besoin de pouvoir échanger quelque chose avec l’univers pour pouvoir en jouir, mais, ils n’expliquent pas pourquoi, l’homme a besoin de faire cet échange. L’explication de bataille est faible par ce qu’elle repose sur le fait que l’homme est dupe d’un échange symbolique, d’une mise en scène qu’il à lui même orchestrée.

La torah va beaucoup plus loin que les philosophes dans l’analyse des sacrifices. La torah dit deutéronome 23 :

« Tu n'apporteras point dans la maison de l'Éternel, ton Dieu, comme offrande votive d'aucune sorte, le salaire d'une courtisane ni la chose reçue en échange d'un chien, car l'un et l'autre sont en horreur à l'Éternel, ton Dieu. 20 N'exige point d'intérêts de ton frère, ni intérêts pour argent, ni intérêts pour denrées ou pour toute chose susceptible d'accroissement. »

La torah semble faire un parallèle entre le salaire donné a une courtisane et les sacrifices offert a D. pour la torah, le sacrifice offert a D, serait ce qui s’oppose au salaire fait a une courtisane. Ensuite, la torah fait un parallèle entre l’argent obtenu par la vente d’un chien et le sacrifice, la torah la encore nous dit que l’opposé du sacrifice c’est l’argent obtenu par la vente d’un chien. Ensuite, la torah continue puisque lorsqu’elle parle de l’interdit du prêt a intérêt elle emploie une terminologie bizarre, elle dit que prendre des intérêts c’est comme mordre « elle dit ne mord pas ton frère ».

Quel lien existe-t-il entre les sacrifices, le salaire d’une courtisane et le prêt a intérêt ?

Le talmud dans baba kamah 70a explique que légalement un client n’est pas tenu de payer le salaire d’une courtisane. En effet si une femme est violée elle a le droit de se défendre et de tuer son agresseur. A partir du moment ou une femme n’a pas cherché a se défendre et qu’elle a consentie a avoir des relations sexuelles, elle ne peut pas demander un salaire contre son service. Car, celui qui a eu des rapports avec elle, a risqué sa vie en le faisant, et il y a une règle halachique qui veut que, si un homme s’est mis en danger de mort pour acquérir de l’argent, même si l’argent est illégalement gagné, il appartient au voleur. En choisissant de ne pas tuer le voleur, le propriétaire accepte la perte de sa propriété. Le talmud pense que cette règle s’applique aussi dans le cas de la prostituée, du fait qu’elle a été consentante au moment du rapport sexuelle, alors qu’elle aurait pu tuer son amant, elle accepte le fait de donner son corps et elle ne peut pas demander légalement de dédommagement pour son service.

Le talmud se demande donc, pourquoi la torah interdit le salaire de la prostituée, vu que ce n’est qu’un cadeau gratuit que lui fait son client. Techniquement suivant la halacha il ne peut pas exister, a proprement parler, de salaire pour les rapports sexuels. Et le talmud explique. que c’est un décret de la torah qui interdit ce salaire, même si il n’est pas légalement imputable a la relation, le talmud dit laconiquement « la torah interdit le « salaire » même si un homme paye pour avoir des rapports avec sa mère .»

Que veut dire le talmud ?

En fait, si un homme paye pour avoir des rapports avec une prostituée ce n’est pas pour avoir des rapports avec elle, s’il paye, c’est par ce qu’il choisit de se sentir en dette par rapport à elle. L’homme a besoin de sentir qu’il doit quelque chose à la courtisane pour pouvoir l’aimer.

La société moderne surtout la société américaine, c’est la société de la dette. Les américains s’endettent pour s’acheter une maison, pour faire des études etc. Thoreau avait déjà remarqué, a son époque, que cela serait beaucoup plus profitable pour les individus de construire leur maison eux même, plutôt que de s’endetter et de la faire construire par d’autres, en s’endettant pour cela pendant 30 ans. Si les gens s’endette ce n’est pas par nécessité, c’est par ce que, c’est pour eux la seule manière d’aimer la société et de se sentir aimés par elle.

Je suis endetté envers la société, donc je dois l’aimer. De plus, comme je dois de l’argent a la société, d’une certaine manière je peux être certain qu’elle m’aime, vu qu’elle attend que je lui paye ma dette et que je lui sois profitable.

Celui qui n’est capable d’aimer que par ce qu’il se sent en dette envers quelqu’un, est en fait un homme qui n’a aucun amour propre. Il est le client de la courtisane.

L’offrande faite à D c’est le contraire de la dette. On donne à D, en sachant qu’on ne lui doit rien. C’est un don gratuit fait sans aucune obligation.

A chaque foi qu’il est question de sacrifice la torah parle d’ « acte volontaire », « fait de bonne grâce », jamais de devoir ou de dette a payer a D. le message principal de l’offrande sacrificiel consiste a dire que l’on ne doit rien a D. Dans le sens où l’on n’est pas endetté envers lui.

C’est pour cela que la torah met en opposition le don fait à une prostituée et le sacrifice. Le client de la prostitue pense être aimé uniquement par ce qu’il est profitable, alors que, par le sacrifice, l’homme doit comprendre qu’il est aimé de D, et qu’il aime D, même si il ne lui doit rien et qu’il ne lui apporte rien.

La torah continue en liant cet interdit avec le prêt a intérêt. Le prêt a intérêt, est un interdit qui s’applique sur le préteur et sur l’emprunteur. L’emprunteur n’a pas le droit d’emprunter a intérêt. Par ce qu’emprunter a intérêt cela revient trouver du plaisir dans la dette, comme si on remerciait le préteur de nous avoir mis dans une position de lui rendre quelque chose. Comme si c’est la dette qui nous donnait une raison de vivre.

Cette philosophie de l’amour par l’endettement est recondamnée dans le cas de l’esclave qui ne veut pas être libéré de son maitre. Cet esclave dit « j’aime mon maitre et ma femme et mes enfants, je ne veux pas être libre ». Or l’esclave est vendu à son maitre, par ce qu’il a une dette qu’il ne peut pas payer. La torah à nouveau montre que l’homme peut ressentir de l’amour par ce qu’il se sent coupable et endetté envers quelqu’un. Mais la torah condamne cette manière d’aimer. Elle pense que cet esclave va a l’encontre du message de la torah.

Les sentiments dont parlent Baudrillard et Bataille, ne sont que les symptômes d’un désir profond de se sentir endetté. L’homme veut se sentir endetté, par ce qu’il ne pense pas qu’on puisse l’aimer si ce n’est par ce qu’il rembourse une dette, qu’il génère du profit à un autre.

L’américain moyen pense que la société va le haïr s’il ne s’endette pas. Un homme pense que sa femme va le haïr, s’il ne se sent pas endetté envers elle et vice versa. Ce désir d’être endetté, est en fait une haine de soi. Un incapacité a penser que l’on peut être aimé même si on ne rembourse rien, même si on n’est pas profitable.

D ne profite pas de l’offrande, il ne s’attend a rien de nous, mais malgré tout, il nous demande d’apporter les prémices. I’ offrande sacrificiel montre a l’homme qu’il est capable d’aimer sans aucun intérêt. Si un homme comprend qu’il peut aimer sans intérêt, il peut aussi comprendre qu’il peut être aimé sans aucun intérêt.

Pour les économistes comme pour les sociologues ou les psychologues, l’homme n’aime pas gratuitement, il a toujours un intérêt a faire le bien. Il en découle que l’homme ne peut être aimé que si il procure un intérêt a quelqu’un d’autre. L’amour n’est possible que par l’endettement. La torah nous demande de sortir de cette rationalisation de l’humain, car elle est simplement l’expression de la haine de soi. Cette idéologie oblige l’homme a devenir un esclave productif, générant du profit ou du plaisir a l’autre, pour justifier son existence.

L’homme peut jouir du monde, justement lorsqu’il comprend qu’il ne doit rien a D, ou aux autres, qu’il n’a pas besoin d’être profitable a D ou aux autres. Le sacrifice ne bénéficie a personne, mais il est une marque d’amour.

Les malédictions de la parasha de ki tavo se terminent par les versets suivants. « Et le Seigneur te fera reprendre, sur des navires, la route de l'Égypte, cette route où je t'avais dit que tu ne repasserais plus; et là vous vous offrirez en vente à vos ennemis comme esclaves et servantes, mais personne ne voudra vous acheter! »

Dans le temps messianique l’homme est libéré de l’esclavage par défaut. L’homme se rendra compte que fondamentalement il ne doit rien a personne, simplement, par ce que plus personne ne voudra plus recevoir son remboursement, par ce que plus personne ne voudra plus lui prêter. L’esclave que personne ne veut acheter, se rend compte, contre son grés, qu’il est libre et qu’il l’a toujours été.



 

Les documents

 

Deut. 26

"Quand tu seras arrivé dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne en héritage, quand tu en auras pris possession et y seras établi, 2 tu prendras des prémices de tous les fruits de la terre, récoltés par toi dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, t'aura donné, et tu les mettras dans une corbeille; et tu te rendras à l'endroit que l'Éternel, ton Dieu, aura choisi pour y faire régner son nom. 3 Tu te présenteras au pontife qui sera alors en fonction, et lui diras: "Je viens reconnaître en ce jour, devant l'Éternel, ton Dieu, que je suis installé dans le pays que l'Éternel avait juré à nos pères de nous donner." Alors le pontife recevra la corbeille de ta main, et la déposera devant l'autel de l'Éternel, ton Dieu. 5 Et tu diras à haute voix devant l'Éternel, ton Dieu: "Enfant d'Aram, mon père était errant, il descendit en Égypte, y vécut étranger, peu nombreux d'abord, puis y devint une nation considérable, puissante et nombreuse. 6 Alors les Égyptiens nous traitèrent iniquement, nous opprimèrent, nous imposèrent un dur servage. 7 Nous implorâmes l'Éternel, Dieu de nos pères; et l'Éternel entendit notre plainte, il considéra notre misère, notre labeur et notre détresse, 8 et il nous fit sortir de l'Égypte avec une main puissante et un bras étendu, en imprimant la terreur, en opérant signes et prodiges; 9 et il nous introduisit dans cette contrée, et il nous fit présent de cette terre, une terre où ruissellent le lait et le miel. 10 Or, maintenant j'apporte en hommage les premiers fruits de cette terre dont tu m'as fait présent, Seigneur!" Tu les déposeras alors devant l'Éternel, ton Dieu, et tu te prosterneras devant lui. 11 Et tu te réjouiras pour tous les biens que l'Éternel, ton Dieu, aura donnés à toi et à ta famille, et avec toi se réjouiront le Lévite et l'étranger qui est dans ton pays.

Chapitre 28

Mais si tu n'écoutes pas la voix de l'Éternel, ton Dieu: si tu n'as pas soin d'observer tous ses préceptes et ses lois que je te recommande en ce jour, toutes ces malédictions se réaliseront contre toi et seront ton partage: 16 tu seras maudit dans la ville, et maudit dans les champs. 17 Maudites seront ta corbeille et ta huche. 18 Maudits seront le fruit de tes entrailles et le fruit de ton sol, la progéniture de tes taureaux et les portées de tes brebis. 19 Maudit seras-tu à ton arrivée, et maudit encore à ton départ! 20 L'Éternel suscitera chez toi le malheur, le désordre et la ruine, dans toute opération où tu mettras la main; tellement que tu seras bientôt anéanti et perdu, pour prix de tes méfaits, pour avoir renoncé à moi. 21 L'Éternel attachera à tes flancs la peste, ……  Et toutes ces malédictions doivent se réaliser sur toi, te poursuivre et t'atteindre jusqu'à ta ruine, parce que tu n'auras pas obéi à la voix de l'Éternel, ton Dieu, en gardant les préceptes et les lois qu'il t'a imposés. 46 Elles s'attacheront, comme un stigmate miraculeux, à toi et à ta postérité, indéfiniment. 47 Et parce que tu n'auras pas servi l'Éternel, ton Dieu, avec joie et contentement de cœur, au sein de l'abondance,

Georges Bataille, la part maudite

Le sacrifice restitue au monde sacré ce que l'usage servile a dégradé, rendu profane. L'usage servile a fait une Chose (un objet) de ce qui, profondément, est de même nature que le sujet, qui se trouve avec le sujet dans un rapport de participation intime. Il n'est pas nécessaire que le sacrifice détruise à proprement parler l'animal ou la plante dont l'homme dût faire une chose à son usage. Il les faut du moins détruire en tant que choses, en tant qu'ils sont devenus des choses. La destruction est le meilleur moyen de nier un rapport utilitaire entre l'homme et l'animal ou la plante.

Mais elle va rarement jusqu'à l'holocauste. Il suffit que la consommation des offrandes, ou la communion, ait un sens irréductible à l'absorption commune de la nourriture. La victime du sacrifice ne peut être consommée de la même façon qu'un moteur utilise un carburant. Ce que le rite a la vertu de retrouver est la participation intime du sacrifiant à la victime, à laquelle un usage servile avait mis fin.

L'esclave assujetti au travail et devenu la propriété d'un autre est une chose au même titre qu'un animal de labour. Celui qui emploie le travail de son prisonnier tranche le lien qui l'unit à son semblable. Il n'est pas loin du moment où il le vendra. Mais le propriétaire n'a pas seulement fait une chose, une marchandise, de cette propriété : nul ne peut faire une chose de l'autre lui-même qu'est l'esclave Sans s'éloigner en même temps de ce qu'il est lui-même, Intimement ,sans se donner lui-même les limites de la chose.

…..

Nous sommes trompés nécessairement puisque nous voulons saisir cette ombre. Nous ne pourrions accéder à l'objet ultime de la connaissance sans que la connaissance fût dissoute, qui le veut ramener aux choses subordonnées et maniées. Le problème dernier du savoir est le même que celui de la consumation. Nul ne peut à la fois connaitre et ne pas être détruit, nul ne peut à la fois consumer la richesse et l'accroître.

Talmud Sanhèdrin 75

Then why not marry her? — Marriage would not assuage his passion, even as R. Isaac said: Since the destruction of the Temple, sexual pleasure has been taken [from those who practice it lawfully] and given to sinners, as it is written, Stolen waters are sweet, and bread eaten in secret is pleasant.

Sotah 49

RABBAN SIMEON B. GAMALIEL SAYS: R. JOSHUA TESTIFIED THAT FROM THE DAY THE TEMPLE WAS DESTROYED, THERE IS NO DAY WITHOUT A CURSE, THE DEW HAS NOT DESCENDED FOR A BLESSING, AND THE FLAVOUR HAS DEPARTED FROM THE FRUITS. R. JOSE SAYS: THE FATNESS (Nourishing quality) WAS ALSO REMOVED FROM THE FRUITS.

R. SIMEON B. ELEAZAR SAYS; [THE CESSATION OF] PURITY HAS REMOVED TASTE AND FRAGRANCE [FROM FRUITS]; [THE CESSATION OF] THE TITHES HAS REMOVED THE FATNESS OF CORN. BUT THE SAGES SAY: IMMORALITY AND WITCHCRAFT DESTROYED EVERYTHING.

Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle? Que signifiait-elle? Où l’appréhender? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage…..

Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents

Baudrillard : l’echange impossible

La prise d'otage, par exemple, apparait a Baudrillard dans les années 70, comme l'instant ou ce don sans réponse est consomme, la mort de l'otage se confondant avec la mort du terroriste pour créer un point de rupture, un instant ou la polarité abondance pénurie est totalement dissoute. Pour Baudrillard c'est exactement translatée dans le champ politique l'attitude spirituelle de l'ascète, qui se mortifie au point ou D ne peut lui rendre sa mortification et des lors, l'ascète devient D. Il ravit à D le pouvoir de structurer le sens. Voila le point vers lequel la dynamique du système entraine mécaniquement les hommes

Le travail n'est qui une mort symbolique mort temporaire du travailleur qui sacrifie un temps de sa vie pour que le travaille fabrique la production, donc la marchandise donc le capital. Le capital est de la mort stockée, du point de vue du travailleur, donc de la mort différée du point de vue du consommateur

La société du sacrifice est la société de la mort instantanée (aztèque), la société de l'économie politique est celle de la mort différée. Le travail est un déshonneur. Le salarie est un captif auquel on n a pas fait l'honneur de la mise a mort. Sa condition est humiliante précisément par ce qu'elle révèle qu’il n est digne que de la vie. Le pouvoir du maitre symétriquement provient de ce suspens de mort. le pouvoir n'est pas tant le pouvoir de tuer que le pouvoir de laisser la vie a qui redoute la mort, une vie que le domine n a pas les moyens de rendre.

Ainsi l'instant ou se dissout le pouvoir est celui ou la mort est acceptée, obtenue, concrétisée. C’est par l'acceptation de la mort que l'esclave est libéré et donc c est à l’ instant où il se désintéresse de la vie que celle ci lui est effectivement rendue. Le travail enchaine le travailleur par ce qu'il est donne parle capital comme un instrument de remboursement toujours partiel, jamais complet, d'une dette symbolique impossible a éteindre la vie elle même. Le travailleur n’est donc libéré de l'oppression capitaliste que quand il dit: "aujourd'hui est un bon jour pour mourir"

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