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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Kedoshim 5768

La parasha de la semaine, kedochim, est une des parashiot les plus importantes de la torah car elle rassemble la majorité des commandements de D, c'est pour cela qu'elle a été enseigne par Moshe publiquement devant toute l'assemblée d’Israël. Cette parasha commence par un commandement qui parait très général, (qui se veut une introduction aux autres commandements de la parasha), et qui est difficile a comprendre aujourd'hui, par ce que l'on ne connait pas la traduction littérale du texte, le verset dit "kedochim tihyou ki kadoch ani hashem mekadishcem", ce que l'on traduit "soyez saint par ce que je suis saint moi même votre D. , votre sanctificateur" . Or le problème c'est que la signification du mot "kadoch" que l'on traduit "saint" en français n'est pas claire, qu'est ce que cela veut dire être saint dans la torah? Qu'est ce que cela veut dire que D nous sanctifie, et que l'on peut se sanctifier soi même?

Qu'est ce que ca veut dire que D sanctifie le chabath? `C’est le même mot qui est utilise pour marier une femme on lui dit "tu es sanctifiée pour moi", qu'est ce que l'idée de sainteté dans la torah?

Le midrash commente la parasha en disant "lorsque le verset dit "soyez saint comme je suis saint moi hashem votre D'", j’aurais pus croire que l'on peut être aussi saint que D lui même, c'est pour cela que le verset continue en disant "je suis votre sanctificateur", pour nous dire que la sainteté de D dépasse la sainteté de l'homme". Quel midrash étrange, en effet même si on aurait pu croire que l'homme peut être a l'image de d' de quelque manière qu'elle soit, on a du mal a croire que l'on aurait pus croire que c'est par sa sainteté que l'homme ressemble a D? Qu’est ce qui est moins saint qu'un homme?

Lisons Rashi! Rashi dans son commentaire sur ce verset "partout ou tu trouveras une barrière sur la nudité la bas tu trouves la sainteté," et Rashi continue a citer des passages qui parle des interdits sexuels des prêtres (cohanim) qui sont plus nombreux que chez le simple juif , et il montre que l'on retrouve toujours le terme de kedoucha comme associe aux interdit sexuels. Ce Rashi demande une explication sur 3 points. Le premier c'est que le verset de notre parasha n'est pas immédiatement suivit par commandements lies au sexe, on nous parle de la mitswah d'honorer ses parents de faire chabath, ensuite des lois des sacrifices des dons aux pauvres, ce n'est qu'après que les interdits sexuels apparaissent dans la parasha. Le deuxième problème c'est qu'a plusieurs reprise le terme de kedoucha est juxtapose aux lois de la cacherout, sans qu'il n'y ait mentions d'interdit sexuel. Enfin, on ne comprend pas le rapport entre la sainte de D et la sexualité, ou le rapport entre la sainteté du chabath et la sexualité, ou entre la sainteté de Jérusalem et la sexualité pour ne citer que quelques exemples.

Le maharal de Prague dans son commentaire sur Rashi ad hoc et aussi dans l'exode 21, demande les 2 premières questions et il répond une réponse étonnante, pour en lui ce que Rashi veut dire c'est que la sainteté est liée a la séparation de la sexualité, et que c'est la séparation de la sexualité qui apporte la sainteté, toutes les autres commandements ne sont la que pour maintenir la sainteté acquise par la frustration de la sexualité. C'est ce que Rashi veut dire en interprétant le premier verset de la parasha de cette manière, saches que toutes les mitswoth de la torah de la mitswah de faire chabath a celle de donner au pauvres d'honorer ses parents d'apporter des sacrifices, ne sont la que pour maintenir la sainteté que tu as acquis en frustrant ta sexualité.

"Cette idée du maharal est d'ailleurs reprise avec encore plus de force par rav nahman de breslev qui disait que "les niveaux de la spiritualité d'une personne sont proportionnels a l'abstinence sexuel de cette dernière", (comme cela parait chrétien!) Le maharal continue à expliquer que le mot kedoucha veut dire "séparation de la matérialité", or "comme le désir matériel de l'homme le plus fort est l'instinct sexuel, plus l'homme s'en sépare plus il se sanctifie, car la sainteté est liée a la frustration, et comme les autres désirs de l'homme sont moins forts, la domination de ces désirs est moins frustrante et donc moins liée a la sainteté".

Maintenant le problème pour nous est de savoir comment D peut il être saint, est que D cavyacol serait frustre d'une matérialité?

Dans le traite de kidushin tosfot apporte deux explications possibles sur le mot kadoch utilise dans le mariage, le talmud explique que le mot kadoch rapporte a la femme lors du mariage veut dire "qu'il l'interdit a tout le monde comme du hekdech," (ce qui est hekdech étant ce qui est destine au temple et donc interdit a tout autre usage), tosfot s'interroge sur la structure de la phrase que l'homme dit a la femme "tu es mekoudechet pour moi", "tu es sanctifiée pour moi", car si comme le talmud le sens du mot kadoch est premièrement l'interdit, si on traduit littéralement la phrase, l'homme s'interdit a lui même la femme qu'il marie, c'est absurde c'est aux autres qu'il interdit la femme. Tosfot répond que l'on doit expliquer que le mot kadoch veut dire "réservée" ou "destinée", et que l'interdit dont parle le talmud n'est qu'une conséquence secondaire de la réservation ou de la destination de la chose sanctifiée.

(Petite explication de tosfot qui n'a rien a voir avec notre développement {juste un peu de C G pour pouvoir frimer devant les copains, ce petit dvar torah qui peut aussi être utile pour la drague si on sort avec une intello}. Puis tosfot continue a demander pourquoi un homme ne pourrait il pas dire lorsqu’il achète un habit dans un magasin "que cet habit me soit destinée," ou "que cette habit soit sanctifie pour moi", tosfot demande pourquoi la mot kadoch ne peut pas s'appliquer a l'appropriation d'un objet, mais uniquement pour une femme. Et tosfot répond que le mot kadoch dénote une idée de mécanisme réciproque, c'est à dire que la femme est se sanctifie au mari, le mari ne peut pas sanctifier un objet pour lui par ce que l'objet ne peut pas se sanctifier lui même vu qu'il n'a pas de conscience, il n'y a que la femme qui peut faire l'action de se sanctifier par ce qu'elle est consciente. Il y a donc dans le terme de sainteté selon tosfot un double mécanisme d'opposition une idée réservation liée a une idée d'interdit qui en découle, de plus une volonté de sanctifier qui part du sanctificateur liée a la décision de se sanctifier soi même par l'être sanctifiée. En gros c'est la femme qui se sanctifie elle même, et le mari doit lui donner l'occasion de le faire, il doit l'inviter à se sanctifier elle même. Dans la parasha on retrouve la même idée de "soyez saint" c'est à dire c'est l'être humain qui se sanctifie lui même d' ne fait que lui donner l'invitation à se sanctifier. Comme quoi Derrida n'a rien invente avec la déconstruction)

Revenons a notre sujet: la sainteté de D. comment comprendre que d' se frustre?

Comment comprendre que d' s'interdit et se réserve a quelqu'un? Le rav hutner remarque que souvent le mot kadoch quand il est applique a D' est dans les prophètes souvent associe au d' de Jacob ou au D' d’Israël, on sanctifie le d' de Jacob ou le d' d'Israël. On sait que la troisième bénédiction de la amidah qui commence par tu es saint est associée a Jacob Qu'est ce que cela veut dire?

Le kouzari explique que le d' d'Israël ce n'est pas le d' universel. Cela ne veut pas dire qu'il y a deux D. mais cela veut dire que le rapport a d' en tant que d' d'Israël ce n'est pas le rapport a d' comme maitre de l'univers. Ce qui veut dire le rapport a d' que nous avons a travers la torah et les mitswoth est différent du rapport a d' que l'on pourrait avoir avec d en tant que maitre de l'univers. Un non juif peut avoir un rapport a d' sans passer par la torah ou les mitswoth, uniquement par la foi et la prière et une certaine rigueur morale. Par contre le juif en accomplissant la torah crée un nouveau lien a d' c'est à dire que d'a crée une sorte de grammaire, une loi inébranlable un langage auquel il s'est lui même oblige. D s'est frustre en s'obligeant à être présent dans le monde lorsque les juifs font les mitswoth et accomplissent la torah. Si d' dit donne le maasser le dixième de tes revenu et tu deviendras riche d' est oblige de le faire même si il n'aurait pas voulu que la personne qui le fait devienne riche, d' s'est lie et astreint aux commandements de la torah. C’est pour cela que l'on proclame la sainteté de d' dans les moments de solennités par ce que lorsque l'on accomplie le rite d' est oblige de descendre et de répondre présent. C'est ce que nous disons kadoch kadoch kadoch hashem tsevakot, c'est à dire que d' s'est oblige en vers les armées d'Israël de répondre présent lorsque l'on accomplie le rite quoi qu'il arrive, c'est par l'interdit et l'obligation que d' s'est pose a lui même que l'on un rapport mécanique avec lui lorsque l'on accomplie les mitswoth. C'est l'idée la sainteté de chabath, d' sanctifie le chabath par ce qu'il ne fait pas descendre la manne le chabath d' s'astreint lui même a observé le chabath.

Mais il y a une sainteté de d' qui dépasse celle de la torah d'Israël, c'est la suite du verset qui dit meloh col haarets kevodoh, c'est a dire que "toute la terre resplendie de sa gloire" c'est a dire qu'a part le rapport a d' qui passe par la frustration de la nature par la morale et l'accomplissement des mitswoth, il y a aussi la sainteté de d' qui apparait a travers l'immanence de l'existence universel, c'est aussi ce que dit le verset "ma sainteté est au dessus de votre sainteté", c'est a dire que bien que la frustration par la morale est nécessaire pour créer le rapport a d', et que c'est a travers la réciprocité a ce rapport a la morale que l'on crée un lien a d', cependant la nature en elle même n'est pas en opposition a la sainteté de d' mais au contraire il y a une sorte de rapport immanent a la nature avec la sainteté de D cependant ce rapport n'est saisissable que par une première étape qui est la frustration morale.

Voila, maintenant j'ai une mauvaise nouvelle pour vous, tout ce développement qui parait long et complique vous pouvez même dire ennuyeux, n'était qu'une introduction, et en plus je suis a cours de blague pour vous réveiller, donc je vous conseil a ce point de faire un break et d'aller vous reposer un peu.

Cependant je ne peux pas me permettre ce luxe vu que comme d'habitude j'ai attendu la dernière minute pour écrire ce mail et que je suis déjà en retard pour l'envoyer avant chabath en France, pour couronner le tout je suis en rupture de stock de whisky donc vaille que vaille " inchalah" comme on dit chez eux.

Il s'agit maintenant d'approfondir le rapport a d' a travers la frustration et l'interdit.

Pour cela je vais d'abord rapporte une contradiction que mon maitre avait retrouve dans les textes du talmud. A plusieurs reprise le talmud montre que les générations antérieures été supérieures spirituellement aux générations postérieures, par exemple le talmud dit si les générations antécédentes était comme des anges nous sommes comme des hommes, par contre si on considère les générations antérieures comme étant humaines nous ne sommes pas comparable a des ânes"(chabath 112b). Au niveau de l'intellect et de la spiritualité le talmud dit que les esclaves des générations antérieures sont supérieures aux plus grands maitres des générations postérieures. Il y a cependant une exception a cette chute c'est le rapport a la kedoucha, a la sainteté qui grandit a travers les générations, on voit que joseph le fils de Jacob est considère supérieure en kedoucha a son père, par le fait qu'il a résister a la femme de Putiphar le talmud dans sanhédrin 20 explique que boaz le mari de Ruth était supérieure a joseph par ce qu'il a refuse d'avoir des rapport avec Ruth avant le mariage bien que cette dernière était allé au mikveh avant, et qu'il n'y avait qu'un interdit d'ordre rabbinique (prenez en de la graine!) puis dans ce passage le talmud continue a énumérer des générations qui étaient supérieures les unes au autres, et dans cette énumération toutes les génération postérieures sont vu comme supérieures aux générations antérieures en sainteté en kedoucha. Or ceci est étonnant car si la spiritualité descend et que la prophétie disparait et que même les facultés intellectuelle sont vus comme s'amoindrissant comment ce peut il que la kedoucha grandisse?

Mon rav avait l'habitude de répondre avec un seul mot c'est par ce que la liberté grandit, c'est par ce que la liberté grandit que le rapport a l'interdit devient de plus en plus un rapport spirituel et une connexion avec d'. Qu’est ce que ca veut dire.

Pour expliquer la parole de mon maitre et l'idée de Rashi sur la sainteté je suis oblige de faire un détour par Heidegger, Sartre.

Heidegger dans ces écrits postérieures (d'après la guerre) écrit que" l'homme n'existe pas en tant que tel par le fait qu'il respire, qu'il ne peut exister qu' a travers le langage ou la pense. Tant que l'homme n'inscrit pas sa vie dans un discours ou dans une pense il n'existe pas plus qu'un verre pose sur un table, il est "néant". Qu'est ce qui a amène Heidegger à penser cela?, c'est la sensation d'absurdité difficilement soutenable pour l'homme lorsqu'il n'inscrit pas sa vie dans un discours. Comment ce fait il que cette sensation d'absurdité angoissante a émergé au vingtième siècle uniquement?

Heidegger répond dans être et temps par ce que l'homme a été prive de sa volonté de maitrise sur le temps, puisque l'homme n'est plus qu'un grain de sable dans le rouage d'une société ou sa volonté ne lui permet pas de dominer le temps, il devient confronte a une sensation d'absurdité difficilement soutenable. En conclusion de sa pense Heidegger dit que l'homme doit revenir au langage de l'éclosion de l'existence, ce langage n'est pas un langage raisonne ou arithmétique puisque la raison est l'ennemie de la pensée. ce qui veut dire que la raison cherche a résoudre des problèmes qui se pose a l'homme, car la raison envisage l'homme de manière utile, or le fait d'être utile c'est le retours a l'annulation de l'être humain en tant qu'être, pour le rendre a nouveau un outils de la société, pour Heidegger le retours a l'existence passe par un retours a la poésie qui est le langage de l'existence du monde.

Ce qui cloche avec ce raisonnement c'est que comme l'aurait dit Nietzsche "la poésie est morte depuis longtemps", on a beau écouter les Lacoue-Labarthe, les Derrida et consort tergiverser sur la déconstruction du langage, on reste perplexe, devant un tel flou et une telle complexité. Mais pourquoi la poésie est elle morte?

Sartre avait pressentie que le problème de l'absurdité venait d'ailleurs il pensait que la sensation d'absurde et de néant ne venait pas de l'annulation de la volonté mais plutôt du manque de liberté, ou d'un rapport difficile a la liberté, la solution de Sartre était de s'engager dans un choix, celui qui est libre c'est celui qui a choisis disait Sartre et qui assume son choix. Mais la aussi quelque chose sonne faux on voit bien que l'engagement de Sartre avec le communisme par exemple ou il a voulu mettre en pratique sa théorie de l'engagement qu'il faut assumer, n'a pas l'air d'être un véritable engagement a la fin cela devenait presque risible. Pourquoi?

En fait a mon avis Heidegger a fait une erreur de calcul dans être et temps il a pris une cause pour une conséquence, ce n'est pas le manque de volonté de pouvoir qui broie l'homme au contraire c'est l'augmentation de la volonté de pouvoir qui a détruit l'homme moderne.

Ce qui a grandit avec les générations comme le disait mon rav contrairement a ce que pense Heidegger c'est la liberté. avant si j'étais fils de rav dans un ghetto quelconque je n'étais pas libre de changer de ville ou de faire un autre métier, la liberté existait pour l'individu mais elle était limitée, ce qui entraine qu'automatiquement l'être humain devenait poète, car si toute ma vie je vais cultiver un champs de pomme de terre, ou que je vais étudier le talmud ou habiter tel ville, du fait que je l'accepte naturellement et que je n'ai pas a juger ma situation en la comparant a un autre ville ou un autre métier ,(de manière utile) je devient sensible a la beauté de mon champs de mon talmud, ou de ma ville. Par contre lorsque la fluidité est la règle, et que je peux du jour au lendemain plaquer ma femme et mes enfants et mon boulot pour devenir rock star au japon, ou collel man en Israël, et que tout est interchangeable et comparable, on ne peut plus avoir de rapport a la beauté immanente du monde, car la liberté nous condamne a la raison. C'est pour cela qu’aujourd’hui dans les journaux et les media tout comportement moral doit être expliquer par la raison et de plus en plus tout doit se justifier par la raison, le respect de l'autre de l'environnement etc.. Du fait que Sartre doit a tout moment justifier son engagement avec le communisme et le fait qu'il peut a tout moment le résilier montre qu'il ne s'est jamais engage pour de bon, par ce qu'au 20eme siècle il est impossible de s'engager.

Ce qui accueille l'homme a la kedoucha, c'est a dire a un rapport a la spiritualité qui ne passe plus par l'expérience de l'existence du monde mais par l'interdit morale, seul l'interdit morale aujourd'hui permet a l'homme de se donner une substance et une existence et de par la même de faire un face a face avec d. Le rapport a d' par le "toute sa terre remplie est remplie de sa gloire" ce qui es l'essence de la prophétie est condamne a disparaitre a cause de la liberté qui oblige l'homme a raisonner et a articuler une morale et c'est a travers cette articulation de la morale que l'homme peut se sanctifier a d' et rencontrer l'existence, bonne nuit, bonne dafinah et pardon pour la longueur et le retard.

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