Les documents
Ce sont là les paroles que Moïse adressa à tout Israël en deçà du Jourdain, dans le désert, dans la plaine en face de Souf, entre Pharan et Tofel, Labân, Hacéroth et Di-Zahab. 2 Il y a onze journées depuis le Horeb, en passant par le mont Séir, jusqu'à Kadéch-Barnéa. 3 Or, ce fut dans la quarantième année, le onzième mois, le premier jour du mois, que Moïse redit aux enfants d'Israël tout ce que l'Éternel lui avait ordonné à leur égard.
Rashi
Celles-là sont les paroles Etant donné que ce qui va suivre est constitué par des remontrances, et que le texte énumère ici tous les lieux où ils ont irrité Hachem, il les dissimule et ne les cite que par allusions, afin de ménager l’honneur d’Israël (Sifri).
A tout Israël S’il n’en avait réprimandé qu’une seule partie, ceux restés dans la rue auraient ergoté : « Vous avez entendu, vous, ce qu’a dit le fils de ‘Amram, et vous n’avez rien trouvé à répliquer sur tel ou tel point ! Tandis que nous, si nous avions été présents, nous lui aurions répondu ! » Aussi les a-t-il tous réunis et leur a-t-il dit : « Vous êtes tous présents ! Si quelqu’un a une objection, qu’il l’émette ! »
Dans le désert Ce n’est pas dans le désert qu’ils se trouvaient, mais dans les plaines de Moav ! Pourquoi parler du « désert » ? Parce que c’est dans le désert qu’ils L’ont irrité, lorsqu’ils ont dit : « Si seulement nous étions morts par la main de Hachem dans le pays d’Egypte… » (Chemoth 16, 3).
Dans la plaine A cause de la plaine, lorsqu’ils ont péché avec Ba‘al-Pe‘or, à Chitim, dans les plaines de Moav (Bamidbar 25, 1 et suivants).
Face à Souf En ce qu’ils se sont rebellés à la mer des Joncs (souf), lorsqu’ils y sont arrivés, en disant : « Est-ce parce qu’il n’y a pas de sépultures en Egypte…? » (Chemoth 14, 11), et aussi lorsqu’ils se sont engagés dans la mer, comme il est écrit : « … Il se sont rebellés, à cause de la mer, dans la mer des Joncs » (Tehilim 106, 7), comme indiqué dans le traité ‘Arkhin (15a).
Entre Paran et entre Tofel, et Lavan Rabi Yo‘hanan a enseigné : Nous avons parcouru tout le texte sans y trouver d’endroit appelé Tofel ou Lavan. Il s’agit ici, en fait, de reproches qu’Il leur a adressés pour avoir couvert (taflou) [d’injures] la manne qui est « blanche » (lavan) en disant : « … et notre âme est dégoûtée du pain misérable » (Bamidbar 21, 5), et pour s’être mal comportés dans le désert de Paran dans l’affaire des explorateurs.
Et ‘Hatséroth Dans la querelle de Qora‘h. Autre explication : Il leur a dit : « Au lieu de retenir la leçon de ce que j’ai fait à Miryam à ‘Hatséroth pour cause de médisance, vous avez calomnié Hachem. » (Sifri).
Et Di-Zahav Il les a réprimandés à cause du veau d’or qu’ils avaient fabriqué par surabondance de l’or (zahav) en leur possession (Berakhoth 32a), comme il est écrit : « Je leur ai donné beaucoup d’argent, et de l’or ils en ont fait un Ba‘al. » (Hoché‘a 2, 10).
Horev Mochè leur a dit : « Voyez ce dont vous avez été la cause ! Il n’est pas de plus court chemin de ‘Horev à Qadéch-Barné‘a qu’à travers le mont Sé‘ir, et le temps qu’il faut pour le parcourir, soit onze jours, vous l’avez réduit à trois ! » C’est en effet le vingt iyar qu’ils sont partis du ‘Horev, comme il est écrit : « Ce fut, dans la deuxième année, au deuxième mois, au vingt dans le mois […] les fils d’Israël partirent » (Bamidbar 10, 11 et 12). Et c’est le vingt-neuf siwan qu’ils ont envoyé les explorateurs (Ta‘anith 29a). Si l’on défalque les trente jours qu’ils ont passés à Qivroth Hataawa, où ils ont mangé de la viande pendant un mois (Bamidbar 11, 20), plus les sept jours passés à ‘Hatséroth pendant qu’était cloîtrée Miryam (Bamidbar 12, 14), il reste trois jours pendant lesquels ils ont parcouru tout ce trajet. « La chekhina était très impatiente d’accélérer votre venue dans le pays, mais parce que vous avez péché, elle vous a fait faire le tour du mont Sé‘ir quarante années durant. »
מדרש תנאים לדברים פרק א פסוק א
ד"א אל כל ישראל מלמד שהיו בעלי תוכחות ויכולין לקבל תוכחות:
A tout Israel : cela nous apprends qu’ils etaient les maitres de la remontrance et qu’il pouvaient recevoir un reproche.
תלמוד בבלי מסכת ערכין דף טז עמוד ב
הוכח תוכיח, הוכיחו ולא קבל מנין שיחזור ויוכיחנו? תלמוד לומר: תוכיח, מכל מקום; יכול אפי' משתנים פניו? ת"ל: לא תשא עליו חטא. תניא, א"ר טרפון: (תמיהני) +מסורת הש"ס: [תמה]+ אני אם יש בדור הזה שמקבל תוכחה, אם אמר לו טול קיסם מבין עיניך, אמר לו טול קורה מבין עיניך. אמר רבי אלעזר בן עזריה: תמיהני אם יש בדור הזה שיודע להוכיח. ואמר רבי יוחנן בן נורי: מעיד אני עלי שמים וארץ שהרבה פעמים לקה עקיבא על ידי, שהייתי קובל עליו לפני רבן (שמעון ברבי) +מסורת הש"ס: [גמליאל]+ וכל שכן שהוספתי בו אהבה, לקיים מה שנאמר: אל תוכח לץ פן ישנאך הוכח לחכם ויאהבך. בעא מיניה רבי יהודה בריה דר' שמעון: תוכחה לשמה וענוה שלא לשמה, הי מינייהו עדיפא? אמר ליה: ולא מודית דענוה לשמה עדיפא? דאמר מר: ענוה גדולה מכולם, שלא לשמה נמי עדיפא, דאמר רב יהודה אמר רב: לעולם יעסוק אדם בתורה ובמצות אף על פי שלא לשמה, שמתוך שלא לשמה בא לשמה. היכי דמי תוכחה לשמה וענוה שלא לשמה? כי הא דרב הונא וחייא בר רב הוו יתבי קמיה דשמואל, אמר ליה חייא בר רב: חזי מר דקא מצער לי, קביל עליה דתו לא מצער ליה. בתר דנפיק, אמר ליה: הכי והכי קא עביד, אמר ליה: אמאי לא אמרת ליה באנפיה? אמר ליה: חס לי דליכסוף זרעיה דרב על ידאי
Levitique 19
Ne hais point ton frère en ton cœur: reprends ton prochain, et tu n'assumeras pas de péché à cause de lui.
Whoever hates a [fellow] Jew in his heart transgresses a Torah prohibition as [Leviticus 19:17] states: "Do not hate your brother in your heart." One is not [liable for] lashes for violating this prohibition because no deed is involved.
The Torah only warns [us] against hating in [our] hearts. However, a person who beats a colleague or insults him, although he is not permitted to do so, does not violate [the prohibition,] "you shall not hate."
When one person wrongs another, the latter should not remain silent and despise him as [II Samuel 13:22] states concerning the wicked: "And Avshalom did not speak to Amnon neither good, nor bad for Avshalom hated Amnon."
Rather, he is commanded to make the matter known and ask him: "Why did you do this to me?", "Why did you wrong me regarding that matter?" as [Leviticus 19:17] states: "You shall surely admonish your colleague."
Our Rabbis taught: Thou shalt not hate thy brother in thy heart.5 One might have believed one may only not smite him, slap him, curse him, therefore the text states: ‘In thy heart’; Scripture speaks of ‘hatred in the heart’. Whence do we know that if a man sees something unseemly in his neighbour, he is obliged to reprove him? Because it is said: Thou shalt surely rebuke.6 If he rebuked him and he did not accept it, whence do we know that he must rebuke him again? The text states: ‘surely rebuke’ all ways. One might assume [this to be obligatory] even though his face blanched, therefore the text states: ‘Thou shalt not bear sin because of him’.6
It was taught [in a Baraitha]: R. Tarfon said, I wonder whether there is any one in this generation who accepts reproof, for if one says to him: Remove the mote from between your eyes, he would answer: Remove the beam from between your eyes! R. Eleazar b. Azariah said: I wonder if there Is one in this generation who knows how to reprove! R. Johanan b. Nuri said: I call heaven and earth to witness for myself that often was Akiba punished7 through me because I used to complain against him before our Rabban, Gamaliel Beribbi,8 and all the more he showered love upon me, to make true what has been said: Reprove not a scorner, lest he hate thee; reprove a wise man and he will love thee.9
R. Judah son of R. Simeon b. Pazzi asked of R. Simeon b. Pazzi: What is preferable: reproof with honest purpose or false modesty?10 — He answered: Won't you agree that true modesty is better,11 for a Master said: Modesty is the greatest of them all? Thus also is false modesty preferable. For Rab Judah said in the name of Rab: By all means let a man engage in the study of the Torah and in good deeds, even if not for their own sake, because through the work for an ulterior purpose he will arrive at the stage of doing [good] for its own sake.12 What is honest reproof and what is false modesty? — For instance the case of R. Huna and Hiyya b. Rab who were sitting before Samuel, when Hiyya b. Rab said: Sir, look how he is vexing me greatly. He [R. Huna] undertook not to vex him any more. After he [the former] left, he [R. Huna] said: He did this and that [unseemly] thing. Whereupon Samuel said: Why did you not tell him that to his face? He replied: Forbid that the seed of Rab should be put to shame through me
Nietzche,
— « Me croira-t-on si j’exige que l’on me croie ? J’ai toujours très mal pensé à moi et de moi, et seulement en des cas très rares, par contrainte, toujours sans prendre plaisir « à la chose », prêt à m’écarter « de moi », toujours sans croire au résultat, et cela grâce à une invincible méfiance à l’égard de la possibilité de connaissance de soi, une méfiance qui m’a conduit si loin, que je considérais même comme une contradictio in adjecto l’idée de la « connaissance immédiate » que les théoriciens se permettent. Tout cet état de fait est presque ce que je sais de plus certain à mon sujet. Il faut qu’il y ait en moi une sorte de répugnance à croire quelque chose de précis sur mon compte. — Y a-t-il là peut-être une énigme ? C’est probable ! Heureusement qu’elle n’est pas destinée à mes propres dents. — Peut-être cette énigme révèle-t-elle l’espèce à laquelle j’appartiens ? Mais pas à moi-même : ce dont je suis très heureux. »
pascal
Quelle chimère est-ce donc que l’homme ? Quelle nouveauté, quel chaos, quel sujet de contradiction ? Juge de toutes choses, imbécile ver de terre ; dépositaire du vrai, amas d’incertitudes ; gloire, et rebut de l’univers. S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante, et le contredis toujours, jusqu’à ce qu’il comprenne, qu’il est un monstre incompréhensible.
La projection, anna freud
D. la projection
C'est le fait de rejeter sur une autre personne, des sentiments ou des pulsions inacceptables (que le sujet refuse en lui). C'est un mécanisme de défense efficace contre l'anxiété, puisqu'il permet de liquider et d ‘évacuer la tension intérieure, mais il fausse les rapports avec autrui et peut entraîner des difficultés relationnelles. Elle est fréquemment utilisée, dans des conditions non pathologiques : la superstition, la mythologie, l'animisme, etc. Elle est utilisée systématiquement, et de façon excessive, dans la paranoïa (les pulsions de haine sont projetés sur les autres, qui deviennent des persécuteurs). Exemple l'enfant qui frappe un autre enfant et qui se dit être frappé, par lui. Le paranoïaque qui déteste quelqu'un et qui s'estime être persécuté par lui.
Arrivons à notre conclusion. Les deux valeurs opposées « bon et mauvais », « bien et mal » se sont livré en ce monde, pendant des milliers d’années, un combat long et terrible ; et bien que depuis longtemps la seconde valeur l’ait emporté, aujourd’hui encore il ne manque pas d’endroits où la lutte se poursuit avec des chances diverses. On pourrait même dire que, depuis lors, elle a été portée toujours plus haut et que, par ce fait, elle est devenue toujours plus spirituelle : en sorte qu’il n’y a peut-être pas aujourd’hui de signe plus distinctif pour reconnaître une nature supérieure , une nature de haute intellectualité que la rencontre de cette antinomie dans cescerveaux qui présentent pour de telles idées un véritable champ de bataille. Le symbole de cette lutte tracée dans des caractères restés lisibles au-dessus de toute l’histoire de l’humanité c’est « Rome contre la Judée, la Judée contre Rome ». — Il n’y eu tpoint jusqu’à ce jour d’événement plus considérable que cette lutte, cette mise en question, ce conflit mortel. Rome sentait dans le Juif quelque chose comme une nature opposée à la sienne, un monstre placé à son antipode ; à Rome, on considérait le Juif comme « un être convaincu de haine contre le genre humain » : avec raison, si c’est avec raison que l’on voit le salut et l’avenir de l’humanité dans la domination absolue des valeurs aristocratiques, des valeurs romaines. Quels sentiments éprouvaient par contre les Juifs à l’égard de Rome ? Mille indices nous permettent de le deviner, mais il suffit de se remettre en mémoire l’Apocalypse de saint Jean, le plus sauvage des attentats écrits que la vengeance ait sur la conscience. (Il ne faudrait d’ailleurs pas estimer trop bas la logique profonde de l’instinct chrétien pour avoir associé précisément ce livre de haine au nom du disciple d’amour, ce même disciple à qui on attribua la paternité de l’évangile d’amoureuse exaltation — il y a là une part de vérité, quelle que soit d’ailleurs l’énormité de la falsification littéraire mise en œuvre pour atteindre ce but.) Les Romains étaient les forts et les nobles, ils l’étaient à un point que jamais jusqu’à présent sur la terre il n’y a eu plus fort et plus noble, même en rêve ; c haque vestige de leur domination, jusqu’à la moindre inscription, procure du ravissement, en admettant que l’on sache deviner quelle main était à l’œuvre. Les Juifs, au contraire, étaient ce peuple sacerdotal du ressentiment par excellence, un peuple qui possédait dans la morale populaire une génialité qui n’a pas son égale : il suffira de comparer aux Juifs des peuples doués de qualités voisines, comme par exemple les Chinois et les Allemands, pour discerner ce qui est de premier ordre et ce qui est de cinquième ordre. Lequel des deux peuples a vaincu provisoirement, Rome ou la Judée ? Mais la réponse n’est point douteuse ; que l’on songe plutôt devant qui aujourd’hui, à Rome même, on se courbe comme devant le substratum de toutes les valeurs supérieures — et non seulement à Rome, mais sur toute une moitié de la terre, partout où l’homme est domestiqué ou tend à l’être — devant trois Juifs on ne l’ignore pas, et devant une Juive (devant Jésus de Nazareth, devant le pêcheur Pierre, devant Paul qui faisait des tentes et devant la mère du susdit Jésus, nommée Marie). Voilà un fait bien remarquable : sans aucun doute Rome a été vaincue.
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