Les documents
Alors Moïse prit de l'huile d'onction et du sang qui était près de l'autel et en fit aspersion sur Aaron, sur ses vêtements, puis sur ses fils et sur les vêtements de ses fils aussi; il consacra ainsi Aaron, ses vêtements, et avec lui ses fils et les vêtements de ses fils. 31 Et Moïse dit à Aaron et à ses fils: "Faites cuire la chair à l'entrée de la Tente d'assignation; c'est là que vous la mangerez, avec le pain qui est dans la corbeille d'inauguration, ainsi que je l'ai ordonné en disant: Aaron et ses fils doivent la manger. 32 Ce qui restera de la chair et du pain, vous le consumerez par le feu. 33 Vous ne quitterez point le seuil de la Tente d'assignation durant sept jours, jusqu'au terme des jours de votre installation: car votre installation doit durer sept jours. 34 Comme on a procédé en ce jour, l'Éternel a ordonné qu'on procède encore, pour achever votre propitiation. 35 Vous demeurerez à l'entrée de la Tente d'assignation, jour et nuit, durant sept jours, et vous garderez l'observance du Seigneur, afin de ne pas mourir: car tel est l'ordre que j'ai reçu Aaron et ses fils exécutèrent toutes les choses que l'Éternel leur avait fait enjoindre par Moïse
Quand on fut au huitième jour, Moïse manda Aaron et ses fils, ainsi que les anciens d'Israël, 2 et il dit à Aaron: "Prends un veau adulte pour expiatoire et un bélier pour holocauste, tous deux sans défaut, et amène-les devant l'Éternel. 3 Quant aux enfants d'Israël, tu leur parleras ainsi: Prenez un bouc pour expiatoire, un veau et un agneau âgés d'un an, sans défaut, pour holocauste; 4 plus, un taureau et un bélier pour rémunératoire, à sacrifier en présence de l'Éternel, et une oblation pétrie à l'huile, car aujourd'hui l'Éternel doit vous apparaître." 5 On prit tout ce qu'avait ordonné Moïse, pour l'amener devant la Tente d'assignation; toute la communauté s'approcha, et se tint debout devant l'Éternel. 6 Moïse dit: "Ceci est la chose qu'a ordonnée l'Éternel; accomplissez-la, pour que vous apparaisse la gloire du Seigneur."
Rashi
Prends-toi un veau Pour lui faire savoir que le Saint béni soit-Il, par ce veau-là, lui avait pardonné l’affaire du veau d’or à la fabrication duquel il avait participé
Ce fut, au huitième jour Le huitième jour de l’inauguration ; il s’agit de Roch ‘hodech nissan, jour où le tabernacle a été érigé et a reçu les « dix couronnes » énumérées dans Sédèr ‘olam (Chabath 87b)
Chabath 87
R. Assi14 of Hozna'ah15 said to R. Ashi, Come and hear: And it came to pass in the first month of the second year, on the first day of the month, that the tabernacle was reared up;16 [and with reference to this] a Tanna taught: That day took ten crowns.17 It was the first of the Creation,18(it was a Sunday) the first for the princes, . (To make their offerings for the dedication of the Tabernacle), the first for the priesthood, (When Aaron began to officiate as a priest, v. Lev. IX; before that Divine Service was performed by first-borns) the first for [public] sacrifice, the first for the fall of fire [from Heaven],21 the first for the eating of sacred food,( I.e., flesh of sacrifices, which had henceforth to be eaten within a fixed locale, whereas hitherto it might be consumed anywhere) the first for the dwelling of the Shechinah in Israel, the first for the [priestly] blessing of Israel,23 the first for the interdict of the high places,24 [and] the first of months. Now, since the first of Nisan of that year was on a Sunday…..
Megulah 10b
But is it not written, — And it came to pass on the eighth day,20 and it has been taught, ‘On that day there was joy before the Holy One, blessed be He, as on the day when heaven and earth were created. For it is written, And it came to pass
[wa-yehi] on the eighth day, and it is written in the other place, And there was [wa-yehi] one day’?21 Nadab and Abihu died on that day.
Les fils d'Aaron, Nadab et Abihou, prenant chacun leur encensoir, y mirent du feu, sur lequel ils jetèrent de l'encens, et apportèrent devant le Seigneur un feu profane sans qu'il le leur eût commandé. 2 Et un feu s'élança de devant le Seigneur et les dévora, et ils moururent devant le Seigneur. 3 Moïse dit à Aaron: "C'est là ce qu'avait déclaré l'Éternel en disant: Je veux être sanctifié par ceux qui m'approchent et glorifié à la face de tout le peuple!" Et Aaron garda le silence. 4 Moïse appela Michaël et Elçafan, fils d'Ouzziel, oncle d'Aaron, et leur dit: "Approchez! Emportez vos frères de devant le sanctuaire, hors du camp." 5 Ils s'avancèrent et les transportèrent dans leurs tuniques hors du camp, selon ce qu'avait dit Moïse. 6 Moïse dit à Aaron, et à Eléazar et Ithamar ses fils: "Ne découvrez point vos têtes et ne déchirez point vos vêtements, si vous ne voulez mourir et attirer la colère divine sur la communauté entière; à vos frères, à toute la maison d'Israël, de pleurer ceux qu'a brûlés le Seigneur. 7 Et ne quittez point le seuil de la Tente d'assignation, de peur que vous ne mouriez; car l'huile d'onction du Seigneur est sur vous." Ils se conformèrent à la parole de Moïse
Au sujet du bouc expiatoire, Moïse fit des recherches, et il se trouva qu'on l'avait brûlé. Irrité contre Eléazar et Ithamar, les fils d'Aaron demeurés vivants, il dit: 17 "Pourquoi n'avez-vous pas mangé l'expiatoire dans le saint lieu, alors que c'est une sainteté de premier ordre, et qu'on vous l'a donné pour assumer les fautes de la communauté, pour lui obtenir propitiation devant l'Éternel? 18 Puisque le sang de cette victime n'a pas été introduit dans le sanctuaire intérieur, vous deviez la manger dans le sanctuaire, ainsi que je l'ai prescrit!" 19 Aaron répondit à Moïse: "Certes, aujourd'hui même ils ont offert leur expiatoire et leur holocauste devant le Seigneur, et pareille chose m'est advenue; or, si j'eusse mangé un expiatoire aujourd'hui, est-ce là ce qui plairait à l'Éternel?" 20 Moïse entendit, et il approuva.
Rashi
Le bouc de l’expiatoire (‘hatath) Le bouc des offrandes du moussaf de Roch ‘hodech. On a présenté ce jour-là trois boucs de ‘hatath : le bouc du peuple (supra 9, 3), le bouc de Na‘hchon (Bamidbar 7, 16) et le bouc de Roch ‘hodech. De tous, seul le dernier a été brûlé. Les sages d’Israël sont en désaccord à ce sujet. Pour certains, c’est à cause de l’impureté qui était entrée à son contact. Selon d’autres, c’est à cause de l’état de onén, étant donné qu’il était prévu comme offrande pour toutes les générations. Cependant, en ce qui concerne les offrandes de circonstance, ils se sont fiés à Mochè qui leur avait dit au sujet de la min‘ha (verset 12) : « et mangez-la en matsoth » (Zeva‘him 101b).
Chercher, chercha Deux « recherches » : Pourquoi celui-ci a-t-il été brûlé ? Pourquoi celui-là a-t-il été consommé ? Ainsi est-il expliqué dans Torath kohanim.
Sur El‘azar et sur Ithamar Par égard pour l’honneur de Aharon, c’est contre ses fils qu’il s’est tourné et s’est irrité.
En disant Il leur a dit : « Répondez à mes paroles ! »
Bamidbar 7
Ce fut là le présent dédicatoire de l'autel, offert, lors de son onction, par les phylarques d'Israël: douze écuelles d'argent, douze bassins d'argent, douze coupes d'or. 85 Chaque écuelle d'argent, cent trente sicles, et chaque bassin, soixante-dix: poids total de l'argent des vases, deux mille quatre cents sicles, au poids du sanctuaire. 86 Douze coupes d'or, pleines de parfum, chaque coupe dix sicles, au poids du sanctuaire: total de l'or des coupes, cent vingt sicles. 87 Somme du gros bétail pour holocauste: douze taureaux; de plus, douze béliers, douze agneaux d'un an, outre leur oblation, et douze jeunes boucs pour expiatoire. 88 Somme du gros bétail pour le sacrifice rémunératoire: vingt-quatre taureaux; de plus, soixante béliers, soixante boucs, soixante agneaux âgés d'un an. Ainsi fut inauguré l'autel, après avoir été oint. 89 Or, quand Moïse entrait dans la tente d'assignation pour que Dieu lui parlât, il entendait la voix s'adresser à lui de dessus le propitiatoire qui couvrait l'arche du statut, entre les deux chérubins, et c'est à elle qu'il parlait.
Exode 12
Sept jours durant, vous mangerez des pains azymes; surtout, le premier jour, vous ferez disparaître le levain de vos maisons. Car celui-là serait retranché d'Israël, qui mangerait du pain levé, depuis le premier jour jusqu'au septième.
Rashi
Seulement le premier jour vous ferez cesser le levain de vos maisons Dès la veille de la fête. On l’appelle : « premier » parce qu’il est avant les sept jours. Ce qui précède est souvent appelé : « premier » (Pessa‘him 5a), comme dans : « Es-tu né le premier des hommes ? » (Iyov 15, 7), c’est-à-dire : « Es-tu né avant Adam ? ». Ou peut-être s’agit-il vraiment du premier des sept jours ? Mais le texte précise : « Tu n’égorgeras pas sur du ‘hamets le sang de mon sacrifice » (infra 34, 25), comme pour dire : « Tu n’égorgeras pas mon sacrifice alors qu’il y a encore du ‘hamets » (Mekhilta).
Pesahim 5b
It was taught likewise: ‘[Even] the first day ye shall put away leaven out of your houses’: [this means] on the eve of the Festival. Yet perhaps that is not so, but [rather] on the Festival itself? — Therefore it is stated, ‘thou shalt not offer the blood of thy sacrifice with leavened bread,’ [i.e.,] thou shalt not kill the Passover sacrifice while leavened bread still exists [in thy, house]: that is R. Ishmael's view. R. Akiba said, That is unnecessary: lo, it is said, ‘Even the first day ye shall put away leaven out of your houses’, and it is written, no manner of work shall be done in them;32 while we find that kindling is a principal labour
רא"ש מסכת פסחים פרק א
ומה שאין מברכין על ביעור בשעה חמישית בשעה שהוא מוציא החמץ מן הבית והוא מצוה מן התורה כדכתיב ביום הראשון תשביתו שאור מבתיכם ודרשינן לעיל דביום הראשון היינו בי"ד. אומר אני דהוצאת חמץ מן הבית קודם זמן איסוריה לא נפיק מתשביתו דהא אמר רבי עקיבא לעיל (דף ה ב) תשביתו היינו שריפה. ולא צותה תורה לשורפו אלא אחר שכבר נאסר. מידי דהוה אנותר. (לקמן דף כז ב) אבל בעוד שהוא מותר באכילה לא ישרפנו ומה שמוציאין אותו מן הבית היינו שלא יעבור עליו בבל יראה ואין מפורש בו מצות עשה מן התורה שיהא מצוה לברך עליו
Et la raison pour laquelle on ne fait pas la benediction au moment ou l’on brule le hamets a la cinquieme heure, lorsqu’on le sort de la maison, alors que l’on accomplie un commandements de la torah a ce moment. C’est par ce que lorsque l’on burle le ha mets avant le moment ou il est interdit, on n’accomplie pas la mitswah « de detruire le hamets », puisque celon rabi akivah detruire cela veut dire bruler, et il est evident que la torah n’a demande de bruler le hamets que lorsqu’il est déjà interdit, comme on le voit dans le cas du « notar » (pesahim 217b), mais tant qu’on a le droit de la manger la torah n’a pas demande de le bruler. Et lorsque l’on sort le hamets de la maison pour le bruler c’est uniquement pour ne pas transgresser l’interdit de ne pas posseder du hamtes. On n’accomplie jamais donc la mitswah de la torah pour que l’on puisse faire une benediciton dessus.
Pesahim 28
For it was taught: [As to] leaven, both before its time and after its time, he transgresses a negative command on its account; during its time, he transgresses a negative command and [commits a sin subject to] kareth. ((17) During its (forbidden) time means during Passover. Before its time, from six hours (mid-day) on the fourteenth of Nisan until evening, when Passover commences; after its time, after Passover — i.e., leaven which was kept from before until after Passover. He transgresses by eating it). R. Simeon said: [As to] leaven, before and after its time, he does not transgress anything at all on its account; during its time, he transgresses on its account [an interdict subject to] kareth and a negative command.
המאור הקטן מסכת פסחים דף ג עמוד א
ולא קי"ל הכי אלא כר"ש דאמר בין לפני זמנו בין לאחר זמנו אינו עובר עליו בולא כלום הלכך חוששין לקידושיו מיהו אף על גב דס"ל לר"ש אינו עובר עליו בולא כלום לא מצינו שחלק ר"ש על מדרש אך ביום הראשון תשביתו שאור מבתיכם אך חלק א"נ דכתיב לא תשחט על חמץ דם זבחי לא תשחט את הפסח ועדיין חמץ קיים ואי אכיל ליה מיכל משש שעות ולמעלה עד הערב אינו עובר באכילתו שאין לך השבתה גדולה מזו
Pourtant on ne voit pas comment rabi chimon pourrait ne pas admetre les versets « le premier jour vous ferez » etc, seulement il pense qu’ il n’y a pas de meilleurs manière de detruire le hamets qu’en le mangeant.
Evelyn hurtado
Le trait unaire est donc un trait d’identification qui représente le sujet. C’est la marque du sujet, ce par quoi il se reconnaît. Son inscription est contingente. Il s’inscrit en effet à partir d’une rencontre, rencontre d’une jouissance éprouvée dans l’histoire du sujet, qui fait marque, qui fait mémoire. « […] ce je ne sais quoi [énonce Lacan], qui est venu frapper, résonner sur les parois de la cloche, a fait jouissance, et jouissance à répéter 11.»
Lorsqu’il parle du trait unaire en tant que mémorial de jouissance, Lacan évoque souvent Kierkegaard et son texte écrit en 1843 sur la répétition, qui a été traduit en français sous le titre « La reprise » et qui a marqué l’histoire de la philosophie existentialiste. C’est à partir d’une aventure qu’il eut à l’âge de 24 ans avec une jeune fille de dix ans sa cadette que Kierkegaard construit une éthique de la répétition. Peu de temps après avoir rencontré cette jeune fille, il rompt la liaison avec elle, sans aucune raison apparente, tout en continuant à écrire qu’elle est l’Aimée absolue, qu’il ne cesse de l’aimer et de se tourmenter pour elle. Il préfère rester dans le souvenir de la rencontre, de l’émoi de la rencontre. Et rester suspendu à
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9. Ibid. 10. Ibid. 11. Ibid. , p. 56.
ce souvenir constitue, selon lui, une affirmation de l’être dans sa singularité, une élévation de l’être qui se détache ainsi des évènements futiles de la vie, qui ont tendance à le disperser. Ainsi, Kierkegaard, dans sa construction, situe la répétition non pas comme réduction, mais comme accomplissement de la liberté. « La répétition est une épouse aimée, dont on ne se lasse jamais, dont on ne se fatigue pas », écrit-il.
Mais la répétition n’est pas simplement celle du trait unaire, nous dit Lacan. Si elle est fondée sur un retour de la jouissance, c’est qu’il y a, dans le fait même que ça répète, quelque chose qui est perdu. C’est bien parce qu’il y a perte d’une jouissance éprouvée que l’on répète, afin d’essayer de récupérer quelque chose de cette jouissance à jamais perdue. Lacan utilise le terme d’entropie (du grec entropia, « retour ») pour rendre compte de cette dimension de la perte. « […] c’est à la place de cette perte qu’introduit la répétition, que nous voyons surgir la fonction de l’objet perdu, de ce que j’appelle le a 12 […] dans cette déperdition, que la jouissance prend statut, qu’elle s’indique 13 ». On comprend mieux ainsi le terme de plusde-jouir qu’il utilisera, dans le sens d’une récupération d’une jouissance perdue.
Colette Soler, dans son cours sur la répétition, nous donne l’étymologie du verbe « répéter » : repetere vient du verbe petere, qui signifie en latin chercher à atteindre. Re-petere : chercher à atteindre de nouveau. Il s’agit donc bien de chercher de nouveau à prendre quelque chose du trait, mais à chaque fois c’est différent, car on ne peut retrouver ce qui fut, c’est pourquoi l’on répète. « Ce qui fut, répété, diffère, devenant sujet à redite. » L’objet a témoigne de l’impossibilité de totaliser le savoir. C’est la lettre que Lacan a choisie pour signifier l’insatiable de la répétition.
En résumé, si Lacan désigne le trait unaire comme mémorial de jouissance, c’est dans un double sens : il y a d’un côté la nostalgie de la perte, la perte d’une jouissance qui ne se retrouvera pas, qui est de structure ; de l’autre, la quête de la récupération de ce quelque chose de perdu à jamais. C’est en cela que Lacan parle de rencontre manquée entre nostalgie et quête.
Mensuel 44
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12. Ibid., p. 54. 13. Ibid. , p. 56.
Alors que le trait unaire est contingent, la répétition, elle, est nécessaire, selon Lacan, dans la mesure où elle tient à la structure du savoir inconscient, c’est-à-dire qu’il y a quelque chose qui ne cesse pas de s’écrire, et qui est lié à ce savoir. C’est la structure même de la parole qui fait que le sujet est amené à répéter quelque chose de ce savoir. On le voit bien dans le dispositif analytique, où le transfert et la répétition, que Freud, du reste, a confondus, ne sont là que pour rendre compte de l’insistance de l’inconscient. Lacan dira que le symptôme est quelque chose qui ne cesse pas de s’écrire du réel.
Pour conclure, nous pouvons dire que la répétition est le destin du sujet, le destin du parlêtre. La marque est là pour rendre compte de cette perte inhérente à tout sujet, elle est en même temps un condensateur de jouissance. Pour Lacan, elle n’est rien d’autre qu’un sujet s’identifiant comme objet de jouissance (dans les cas notamment de fantasmes masochistes ou de « Un enfant est battu »). C’est une des voies d’entrée de l’Autre dans le monde du sujet (L’Envers de la psychanalyse). On le repère bien, actuellement, dans les cas de tatouages ou de scarifications. La répétition s’inscrirait donc entre ces deux mouvements, entre perte et jouissance
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