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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Tetsave 5778


1- Liberté et prédestination

La parasha de tetsaveh parle principalement des vêtements sacerdotaux.

Un des vêtements du grand prêtre peut attirer tout spécialement notre attention, les « Ourim Vetumim ». Le verset dit en effet « On assujettira le pectoral en joignant ses anneaux à ceux de l'éphod par un cordon d'azur, de sorte qu'il reste fixé sur la ceinture de l’éphod ; et ainsi le pectoral n'y vacillera point. 29 Et Aaron portera sur son cœur, lorsqu'il entrera dans le sanctuaire, les noms des enfants d'Israël, inscrits sur le pectoral du jugement : commémoration perpétuelle devant le Seigneur. 30 Tu ajouteras au pectoral du jugement les ourîm et les toummîm, pour qu'ils soient sur la poitrine d'Aaron lorsqu'il se présentera devant l'Éternel. Aaron portera ainsi le destin des enfants d'Israël sur sa poitrine, devant le Seigneur, constamment. »

Rashi explique : « Les ourim et les toummim Constitués par le Nom divin écrit en toutes lettres, qu’il portait dans les replis du pectoral, grâce à quoi il rendait claires (méir) et vraies (metammém) ses paroles (Yoma 73b). A l’époque du deuxième Temple, le pectoral était présent, car il ne se pouvait pas que le kohen gadol pût officier sans porter l’ensemble des vêtements sacerdotaux, mais il ne contenait pas le Nom divin (Yoma 21b). Et c’est en raison de cette inscription qu’il s’appelle : « jugement », comme il est écrit : « il l’interrogera pour le jugement des ourim devant Hachem » (Bamidbar 27, 21).

Le jugement des fils d’Israël Un objet au moyen duquel ils porteront « jugement » afin de décider s’il faut faire une chose ou non. »

Les ourim vetumim permettaient aux juifs de connaitre le futur, ils permettaient de savoir à l’avance quel serait l’issu d’une bataille ou d’une entreprise, selon le talmud ils ne se trompaient jamais. Dans le pentateuque les ourim vetumim sont souvent compares à l’astrologie et à la divination. Les non juifs ont l’astrologie et la divination, mais les juifs ont eu, les ourim vetumim.

Dans les nombres Bil’am parle du peuple d’Israël en disant « Il ne faut point de magie à Jacob, point de sortilège à Israël : ils apprennent à point nommé, Jacob et Israël, ce que Dieu a résolu. » et Rashi explique en citant le midrash « Car il n’y a pas de présage dans Ya‘aqov Ils méritent d’être bénis car il n’y a chez eux ni devins ni sorciers : L’expression « il sera dit à Ya‘aqov » n’est pas au futur mais au présent. En d’autres termes, ils n’ont besoin ni de devins ni de sorciers, car il doit être dit à tout moment à Ya‘aqov et à Israël ce que fait le Saint béni soit-Il et quelles sont Ses décisions prises là-haut. Ils n’ont pas besoin pour cela de devins ou de sorciers, mais le message leur en est transmis par la bouche de leurs prophètes (Midrach Tanhouma). Ou bien encore, ce sont leurs ourim et leurs toummim qui le leur communiquent. » les ourim vetumim sont là pour permettre aux juifs de connaitre le futur. Dans le deutéronome on trouve encore, un verset exprimant la même idée : « Car ces nations que tu vas déposséder ajoutent foi à des augures et à des enchanteurs ; mais toi, ce n'est pas là ce que t'a départi l'Éternel, ton Dieu. » et Rashi explique « Ce n’est pas ainsi que t’a donné Le Saint béni soit-Il d’écouter les magiciens et les faiseurs de sortilèges, car Il a fait reposer la chekhina sur les prophètes et sur les ourim et toummim. »

Le talmud dans le traite de Erouvin explique que l’on ne pouvait demander une question d’ordre morale au ourim vetumim, on ne pouvait pas leur demander ce qu’il était bon ou mauvais de faire, on pouvait uniquement demander ce qu’il allait advenir, il ne fallait pas demander « que faut-il faire », mais « qu’adviendra-t-il ? », dans ce sens ourim vetumim sont bien l’équivalent de la divination et de l’astrologie.

 Cependant cette idée parait étrange, car justement, un des principes du judaïsme consiste justement à penser que l’homme doit toujours se demander ce qu’il doit faire sans tenir compte de ce qui adviendra, l’homme doit accomplir son devoir sans se demander quelle sera l’issue de son action.

Le talmud dans berahot 10a raconte l’histoire du roi Ezéchias qui est condamné à mort pour avoir cherché à connaitre le futur. Le talmud dit en effet : « il est dit : En ces jours, Ézéchias fut malade jusqu'à la mort. Et Ésaïe, le prophète, fils d'Amots, vint à lui et lui dit : Ainsi dit le Seigneur : Rassemble ta maison, car tu mourras et tu ne vivras pas etc. Que signifie « tu mourras et ne vivras pas » ? Tu mourras dans ce monde et tu ne vivras pas dans le monde à venir. Il lui a dit : « Pourquoi me fait on si mal ? » Il a répondu : Parce que vous n'avez pas essayé d'avoir des enfants. Il a dit : La raison en était que je voyais par le Saint-Esprit que les enfants qui sortaient de moi ne seraient pas vertueux. Il lui dit : Qu'as-tu à faire avec les secrets du Tout Miséricordieux ? Vous auriez dû faire ce qui vous a été commandé, et que le Saint, béni soit-Il, fasse ce qui Lui plaît. »

Comment alors expliquer alors le rôle des ourim vetumim, pourquoi D aurait-il créer un habit pour connaitre le futur alors que justement, il devrait nous rester inconnu ?

Pour comprendre le véritable sens des ourim vetumim, il y a lieu d’étudier un passage de la bible ou ils ont été utilisés par David avant qu’il devienne roi, alors qu’il se cachait poursuivi par le roi Saul.

1 On annonça à David que des Philistins attaquaient Keïla et pillaient les granges.  2 Et David consulta le Seigneur, disant : "Dois-je y aller et battrai-je ces Philistins ?"  Le Seigneur lui répondit : "Va, tu battras les Philistins et tu dégageras Keïla."  3 Mais les gens de David lui dirent : "Certes, ici, en Juda, nous sommes inquiets, combien plus si nous allons à Keïla, vers les lignes des Philistins !"  4 De nouveau, David consulta le Seigneur, qui lui répondit : "Va, descends à Keïla, je ferai tomber les Philistins en ton pouvoir."  5 David alla avec ses hommes à Keïla, attaqua les Philistins, emmena leur bétail et leur infligea une grande défaite ; David délivra ainsi les habitants de Keïla.  6 Or, lorsque Abiathar, fils d'Ahimélec, s'était réfugié auprès de David vers Keïla, il avait emporté l'éphod avec lui.  7 Ayant appris que David était entré dans Keïla, Saül dit : "Dieu le livre en mon pouvoir, car il s'est enfermé, en entrant dans une ville munie de portes et de verrous."  8 Alors Saül convoqua tout le peuple à la guerre, l'invitant à descendre à Keïla pour assiéger David et son monde.  9 David, instruit des mauvais desseins de Saül à son égard, dit au prêtre Ebiatar : "Fais avancer l'éphod." 10 Puis David dit : "Seigneur, Dieu d'Israël, ton serviteur a appris que Saül cherche à pénétrer dans Keïla pour détruire cette ville à cause de moi.  11 Les bourgeois de Keïla me livreront ils en sa main ?  Saül y viendra-t-il, comme ton serviteur l'a ouï dire ?  Seigneur, Dieu d'Israël, veuille le faire savoir à ton serviteur."  Le Seigneur répondit : "Il viendra” 12 David reprit : "Les bourgeois de Keïla me livreront ils avec mes hommes aux mains de Saül ? ils vous livreront," répondit le Seigneur.  13 Alors David se leva avec ses gens, au nombre d'environ six cents hommes, et ils sortirent de Keïla, prenant une autre direction.  Saül, ayant appris que David s'était échappé de Keïla, renonça à se mettre en campagne.

Le talmud explique que la ville de Keïla était située sur une des frontières d’Israël, de ce fait David était obligé par la loi de porter secours à cette ville, pour cela il devait même transgresser Chabat, même si la vie des juifs de la ville n’était pas en danger. David utilise donc les ourim et le toummim uniquement pour connaitre l’issue du combat. Comme le dit le talmud (Erouvin 45a).

« Il a été enseigné dans une baraitha : Keïla était une ville située près de la frontière, et les Philistins sont venus seulement en ce qui concerne les questions de foin et de paille, comme il est écrit : "Et ils volent l'aire de battage." Et dans le prochain verset Il est écrit : "David consulta le Seigneur, disant : Irai-je, et frappes-tu ces Philistins ? Et le Seigneur dit à David : Va et frappe les Philistins, et sauve Keïla “ (1 Samuel 23 : 2), ce qui indique que la guerre peut être menée dans une ville frontalière le Chabbat, même en ce qui concerne les questions monétaires.

(La guemrah réfute cette preuve en demandant) : Quel est le dilemme de David ? Si vous dites qu'il avait une question halakhique et était dans le doute s'il était permis ou interdit de combattre les Philistins le Chabbat, il est possible de rétorquer : Mais la cour de Samuel de Rama existait alors, et plutôt que de s'enquérir de l'Ourim Vetumim, il aurait dû demander au Grand Sanhédrin.

Il a plutôt demandé : réussira-t-il ou ne réussira-t-il pas à gagner la guerre ?  Ceci est également précis dans la langue du verset, comme il est écrit dans la réponse à la requête de David : "Allez et frappez les Philistins, et sauvez Keïla." Apprenez de ceci, de l'assurance que Dieu a donné à David de sa victoire, que c'était le sujet de son enquête »

A priori, donc, ce passage de la bible pose un problème, puisque si moralement David était obligé de porter secours à Keïla, il aurait dû y aller indépendamment de l’issue du combat, alors pourquoi demande-t-il au ourim vetumim l’issue du combat ?

Cependant il y a un deuxième point qui pose problème dans ce passage de la bible. A la fin du texte David demande au ourim vetumim deux questions, est ce que le roi Saul va partir a se recherche pour le capturer, et si les gens de la ville de Keïla vont le livrer dans les mains de Saul. Les ourim vetumim répondent positivement aux deux questions, ils disent que Saul va partir à sa recherche pour le capturer, et ils disent aussi que les gens de Keïla vont le livrer à Saul.

Or, en fait, Saul ne part jamais à la recherche de David, et les gens de Keïla ne livrent pas David à Saul. Les versets disent « Saül, ayant appris que David s'était échappé de Keïla, renonça à se mettre en campagne. »

Ceci est très étonnant, car le talmud explique que les paroles des ourim et toummim s’accomplissent toujours. Comme dit le talmud (ad hoc)

« (La guemrah note la fiabilité de l'Ourim Vetumim) : Même si un décret d'un prophète peut être rétracté, comme parfois une terrible prophétie est déclarée comme un avertissement et ne se réalise pas, un décret de l'Ourim Vetumim ne peut pas être rétracté. Comme il est dit : "Par le jugement de l'Ourim" (Nombres 27 :21). L'utilisation du terme jugement suggère que le décret est aussi définitif qu'une décision judiciaire.

Pourquoi sont-ils appelé Ourim Vetumim ? Ourim, qui est basé sur le mot « or », la lumière, est ainsi appelé parce qu'il éclaire et explique ses mots. Le toummim, qui est basé sur le mot « Tam », complété, est parce qu'il remplit ses mots, qui se réalisent toujours. »

Or ici dans le passage que nous étudions, les paroles des ourim vetumim ne se sont pas réalisées ! puisque Saul n’est pas parti à la recherche de David, et les gens de Keïla n’ont pas livre David à Saul.

En fait David aurait plutôt dû demander à D, « est ce que je dois m’enfuir de la ville de Keïla au plus vite ou bien est ce que je peux y rester ? » puisque c’était là ou résidait son véritable dilemme.

Pourquoi David n’a-t-il pas demande cette question ?

On peut avancer la théorie suivante, en fait, David avait peur de demander cette question, car D aurait pu lui dire qu’il devait rester mais qu’il allait mourir, puisqu’il constituait une menace pour Saul.

Plus tard, le roi Saul cherche à consulter D pour savoir l’issue d’une bataille, mais il n’a plus les ourim vetumim, il va donc voir une pythonisse qui fait parler l’âme du prophète Samuel, celui-ci lui annonce, qu’il perdra la bataille, mais que s’il voulait avoir « une vie dans le monde futur » il devait y aller et mourir.

 C’est pour éviter ce genre de réponse que David a préféré orienter la question vers les gens de Keïla ou sur Saul, pour se laisser a lui-même le choix de mourir ou de fuir, même si la réponse des ourim vetumim indiquait un danger.

Les ourim vetumim ne sont donc pas un oracle qui annonce le futur, c’est plutôt une aide qui permet à l’homme de comprendre quels sont les options de ses choix.

Lorsque David demande au début du récit « est ce que je vais battre les philistins a Keïla ? » il se laisse la liberté d’y aller ou de ne pas y aller, il va choisir d’y aller par ce que c’est le devoir que lui impose la halacha, mais, il veut simplement savoir quelle est réellement l’option de ses choix. Il sait qu’une des options c’est de rester en Judah, de vivre mais en étant un traitre, mais il ne sait pas quelle est la deuxième option, celle d’aller à Keïla. Il ne sait pas si D lui demande un sacrifice héroïque, ou bien s’il doit y aller en sachant qu’il va gagner.

Les ourim vetumim ne se trompent jamais, par ce qu’ils n’ont pas pour but de prévoir le futur, ils ont pour but d’aider l’homme à voir clairement quels sont les options qui sont devant lui.

Le verset compare la prédiction des ourim vetumim, a la sagesse d’Achitophel, (Samuel 2 16 23) le chef du sanhédrin. En disant cela le verset veut nous expliquer que la force des ourim vetumim c’était de permettre à l’homme de pouvoir voir clairement de manière rationnelle, qu’elles étaient les options qui se trouvaient devant lui. De même qu’Achitophel prenait ses décisions et donnait ses conseils en se basant sur la raison, pareillement, les ourim vetumim ne faisait que donner au kohen la sagesse et la clairvoyance qui permettait de prédire logiquement ce qui allait se passer.

Le futur dépend des choix de l’homme, mais souvent l’homme est incapable de comprendre quels sont les options de ses choix, il ne sait pas prévoir quels sont les diverses implications de ses choix, les ourim vetumim, permettait à l’homme de comprendre, quelles étaient les implications rationnelles de ses décisions.

 Ici, ils prédisent à David la victoire face au philistins, cette victoire n’était pas miraculeuse, elle était prévisible logiquement. Mais David était trop émotivement et politiquement impliqué pour voir cette évidence, le kohen lui explique donc grâce au recul que lui donne les ourim vetumim, que logiquement s’il part se battre il gagnera.

 David a cependant la liberté d’y aller ou de ne pas y aller, puisque même en cas de victoire une autre menace demeure celle de Saul. Mais David et ses soldats savent maintenant avec plus de clarté quelles sont véritablement les choix qui s’ouvrent à eux.

Nahmanide (deutéronome 18 13) explique que ce qui remplace aujourd’hui les ourim vetumim ce sont les questions que l’on demande aux rabanim, le rav ne doit pas prendre la décision a la place de celui qui pose la question, il doit simplement lui montrer les implications rationnelles qui découleront de ses choix.

L’histoire de David montre que les questions posées au ourim vetumim n’avaient pas pour but de limiter la liberté humaine, mais au contraire de l’éclairer sur les implications de ses décisions. Les choix restants, eux, totalement d’ordre moral.

Nous pouvons aussi déduire un autre enseignement de l’étude de ce texte. Les domaines ou s’applique la liberté de l’homme ne sont pas définis d’avance. David choisit ses questions, la manière de poser la question ne change pas la réponse elle-même, mais elle détermine l’espace de son choix.

 Si David avait demandé s’il devait s’enfuir de Keïla, il aurait été forcé d’écouter la parole des ourim vetumim, il n’aurait plus été libre de choisir de rester a Keïla ou de partir, son choix aurait été ailleurs. Si les ourîm vetumim lui avaient dit de rester à Keïla, il aurait eu le choix de se battre contre Saul ou de se rendre, par exemple. En choisissant ses questions David choisit l’espace de sa liberté.

L’homme est libre, mais pour que cette liberté existe il doit déterminer les espaces dans lesquelles cette liberté va s’exprimer. Cette détermination est une acceptation presqu’arbitraire. Pour pouvoir se battre et défendre ses frontières, l’homme doit d’abord accepter les frontières de son territoire, les positions sur lesquelles il doit camper. L’homme est libre sur un certain domaine, dans une certaine limite. D’une certaine manière, c’est l’homme qui choisit lui-même les limites de ce domaine, cependant, lorsqu’il a décidé de ces limites, il doit les accepter en tant que tel.

2- les oracles et la divination dévoilent toujours un futur inévitable.

Dans le mythe d’œdipe, l’oracle prédit aux parents d’Œdipe, puis à Œdipe lui-même qu’il va tuer son père, et qu’il se mariera avec sa mère. Les parents rejettent Œdipe juste après sa naissance, pour se protéger de la prophétie. Œdipe est adopté par d’autres parents, qu’il pense être ses véritables géniteurs, il apprend ensuite lui-même la prophétie de l’oracle, pour ne pas les tuer, il s’enfuit, et il revient sans le savoir dans son pays natal, là-bas il va tuer son père et se marier avec sa mère.

 Ce mythe veut nous montrer que l’on ne peut pas échapper à une destinée prévue d’avance et que plus on cherche à la fuir, plus au contraire on va accélérer son avènement.

Le talmud a le même regard sur la divination. Lorsque pharaon prévoit par l’astrologie que moise sera puni par l’eau, il arrive en effet que moshe et puni en frappant le rocher qui fait jaillir de l’eau. Lorsque pharaon voit devant les juifs l’Etoile « ra » symbolisant le sang, D doit faire advenir la vision de pharaon, et faire couler le sang des juifs par la circoncision avant qu’ils rentrent en Israël. Dans le traité de Chabat les astrologues prédisent à un non juif que tout son argent va tomber dans les mains d’un juif, a la fin inévitablement la prévision s’accomplie.

Les ourim vetumim sont une alternative à la divination, par ce que justement ils permettent de voir le futur sans limiter la liberté de l’homme. Ils prédisent objectivement ce que la raison implique si une décision est prise, sans pour autant obliger l’homme à la prendre.

Les parents d’Œdipe ne demandent pas « que faut-il faire ? il ne demande pas à l’oracle s’ils doivent garder l’enfant ou le tuer, il demande « qu’adviendra-t-il ? » et de ce fait ils se piègent eux même dans une destinée inscrite d’avance contre laquelle ils ne peuvent rien. S’ils avaient demandé à l’oracle, a l’image de David, « doit on garder l’enfant ? » l’oracle aurait dit « oui », et la destiné funeste aurait été évitée.

 Toute prédestination dépend toujours d’un choix fait au départ. Ce choix, c’est celui croire en la prédestination plutôt a qu’a la morale. Si pharaon n’avait pas jeté les enfants juifs dans le Nile, il y a fort à penser, que moshe n’aurait jamais tenté de les délivrer.

L’homme veut connaitre le futur, c’est pour cette raison qu’au fond de lui, presqu’incontinemment, il croit toujours en une sorte de prédestination. L’homme se crée une image de lui-même, a laquelle il ne pense pas pouvoir échapper.

 Cette foi inconsciente est une malédiction, puisque plus l’homme y croit, plus il la fait advenir sur lui-même, surtout si c’est une mauvaise prédestination, puisqu’en général le mal est une solution facile qui vient naturellement. Et lorsqu’il s’agit d’une bonne prédestination, plus il y croit, plus il retarde son avènement, par ce qu’il pense que sa destiné s’accomplira d’elle-même, sans faire d’effort, alors que, le bien, même lorsqu’il est prédestiné, nécessite des efforts.

La seule manière d’échapper à cet enfermement, c’est le questionnement des ourim vetumim, c’est-à-dire l’analyse raisonnée des implications de nos décisions, et l’acceptation d’envisager nos décisions d’un point de vue moral.

 Pour conjurer la destiné, Il faut choisir le bien, malgré ses mauvaises répercutions probables, tout en étant conscient de la forte probabilité de ces répercutions.

Il faut se demander « que faut-il faire ? » mais pour appliquer le mieux possible la bonne résolution, il faut aussi se demander « qu’adviendra-t-il, si je prends cette décision ?». La prévision de ces répercutions, parfois négative, nous permet de les gérer de la manière la plus avantageuse possible et parfois même de les éviter complètement. 


 

Les documents

 

On assujettira le pectoral en joignant ses anneaux à ceux de l'éphod par un cordon d'azur, de sorte qu'il reste fixé sur la ceinture de l'éphod; et ainsi le pectoral n'y vacillera point. 29 Et Aaron portera sur son cœur, lorsqu'il entrera dans le sanctuaire, les noms des enfants d'Israël, inscrits sur le pectoral du jugement: commémoration perpétuelle devant le Seigneur. 30 Tu ajouteras au pectoral du jugement les ourîm et les toummîm, pour qu'ils soient sur la poitrine d'Aaron lorsqu'il se présentera devant l'Éternel. Aaron portera ainsi le destin des enfants d'Israël sur sa poitrine, devant le Seigneur, constamment.

Rashi

Les ourim et les toummim Constitués par le Nom divin écrit en toutes lettres, qu’il portait dans les replis du pectoral, grâce à quoi il rendait claires (méir) et vraies (metammém) ses paroles (Yoma 73b). A l’époque du deuxième Temple, le pectoral était présent, car il ne se pouvait pas que le kohen gadol pût officier sans porter l’ensemble des vêtements sacerdotaux, mais il ne contenait pas le Nom divin (Yoma 21b). Et c’est en raison de cette inscription qu’il s’appelle : « jugement », comme il est écrit : « il l’interrogera pour le jugement des ourim devant Hachem » (Bamidbar 27, 21).

Le jugement des fils d’Israël Un objet au moyen duquel ils porteront « jugement » afin de décider s’il faut faire une chose ou non. Et selon le Midrach, le pectoral est appelé : « jugement » parce qu’il sert à faire expiation pour les erreurs dans les jugements, voulant dire par là qu’il y a « pardon pour les jugements ».

Nombres 23 23

Il ne faut point de magie à Jacob, point de sortilège à Israël: ils apprennent à point nommé, Jacob et Israël, ce que Dieu a résolu. 24 Voyez! Ce peuple se lève comme un léopard, il se dresse comme un lion; il ne se reposera qu'assouvi de carnage, qu'enivré du sang de ses victimes!

rashi

Car il n’y a pas de présage dans Ya‘aqov Ils méritent d’être bénis car ils n’y a chez eux ni devins ni sorciers.

Autre explication : L’expression « il sera dit à Ya‘aqov » n’est pas au futur mais au présent. En d’autres termes, ils n’ont besoin ni de devins ni de sorciers, car il doit être dit à tout moment à Ya‘aqov et à Israël ce que fait le Saint béni soit-Il et quelles sont Ses décisions prises là-haut. Ils n’ont pas besoin pour cela de devins ou de sorciers, mais le message leur en est transmis par la bouche de leurs prophètes (Midrach Tan‘houma). Ou bien encore, ce sont leurs ourim et leurs toumim qui le leur communiquent.

Deutéronome 18 14

Car ces nations que tu vas déposséder ajoutent foi à des augures et à des enchanteurs; mais toi, ce n'est pas là ce que t'a départi l'Éternel, ton Dieu.

Rashi

Ce n’est pas ainsi que t’a donné Le Saint béni soit-Il d’écouter les magiciens et les faiseurs de sortilèges, car Il a fait reposer la chekhina sur les prophètes et sur les ourim et toumim.  

Eruvin 45a

דרש רבי דוסתאי דמן בירי מאי דכתיב (שמואל א כג, א) ויגידו לדוד לאמר הנה פלשתים נלחמים בקעילה והמה שוסים את הגרנות

Rabbi Dostai of the town of Biri expounded: What is the meaning of that which is written: “And they told David, saying: Behold, the Philistines are fighting against Ke’ila, and they rob the threshing floors” (i Samuel 23:1), after which David asked God how he should respond.

תנא קעילה עיר הסמוכה לספר היתה והם לא באו אלא על עסקי תבן וקש דכתיב והמה שוסים את הגרנות וכתיב (שמואל א כג, ב) וישאל דוד בה' לאמר האלך והכיתי בפלשתים האלה ויאמר ה' אל דוד לך והכית בפלשתים והושעת את קעילה

It was taught in a baraita: Ke’ila was a town located near the border, and the Philistines came only with regard to matters of hay and straw, as it is written: “And they rob the threshing floors.” And in the next verse it is written: “Therefore David inquired of the Lord, saying: Shall I go and smite these Philistines? And the Lord said to David: Go and smite the Philistines, and save Ke’ila” (i Samuel 23:2), which indicates that war may be waged in a border town on Shabbat, even with regard to monetary matters.

מאי קמבעיא ליה אילימא אי שרי אי אסור הרי בית דינו של שמואל הרמתי קיים

The Gemara refutes this proof by asking: What is David’s dilemma? If you say that he had a halakhic question and was in doubt whether it was permitted or prohibited to fight the Philistines on Shabbat, it is possible to respond: But the court of Samuel from Rama was then in existence, and rather than inquire by way of the Urim VeTummim he should have inquired of the Great Sanhedrin.

אלא אי מצלח אי לא מצלח דיקא נמי דכתיב לך והכית בפלשתים והושעת את קעילה ש"מ:

Rather, he asked: Will he succeed or will he not succeed in his war? The Gemara comments: This is also precise in the language of the verse, as it is written in the response to David’s query: “Go and smite the Philistines, and save Ke’ila.” Learn from this, from the assurance that God gave David of his victory, that this was the subject of his inquiry.

Yomah 73

תנו רבנן כיצד שואלין השואל פניו כלפי נשאל והנשאל פניו כלפי שכינה

§ The Sages taught: How does one consult the Urim VeTummim? The one asking stands with his face toward the one who is asked, i.e., the High Priest or the priest anointed for war. And the one who is asked, the High Priest, turns his face toward the Divine Presence, i.e., the Urim VeTummim, in which the explicit name of God is found, by tilting his head downward toward it.

השואל אומר (שמואל א ל, ח) ארדוף אחרי הגדוד הזה והנשאל אומר כה אמר ה' עלה והצלח רבי יהודה אומר אין צריך לומר כה אמר ה' אלא עלה והצלח

The one who asks says his question, e.g.: “Shall I pursue after this troop?” (I Samuel 30:8). And the one who is asked answers him according to the response he receives and says, for example: Thus says God: Go up and succeed. Rabbi Yehuda says: He need not say the words: Thus says God; rather, it is sufficient to relay the content of the response and say: Go up and succeed, since he is obviously only repeating what he was told.

אין שואלין בקול שנאמר (במדבר כז, כא) ושאל לו ולא מהרהר בלבו שנאמר ושאל לו לפני ה' אלא כדרך שאמרה חנה בתפלתה שנאמר (שמואל א א, יג) וחנה היא מדברת על לבה

One does not ask in a loud voice, as it is stated: “And he shall stand before Elazar the priest, who shall inquire for him by the judgment of the Urim” (Numbers 27:21), which implies that the inquiry is to be audible only to the person asking. And he should not think his question in his heart but should enunciate it, as it is stated: “And…who shall inquire for him by the judgment of the Urim before God” (Numbers 27:21), and immediately afterward it states: “By his mouth” (Numbers 27:21). Rather, how shall he inquire? He should do so akin to the way that Hannah spoke in her prayer, as it is stated: “Now Hannah spoke in her heart; only her lips moved, but her voice could not be heard” (I Samuel 1:13), which indicates she did enunciate the words but spoke so quietly that no one else could hear.

אין שואלין שני דברים כאחד ואם שאל אין מחזירין אלא אחד ואין מחזירין לו אלא ראשון שנאמר (שמואל א כג, יא) היסגירוני בעלי קעילה בידו הירד שאול וגו' ויאמר ה' ירד והא אמרת אין מחזירין אלא ראשון דוד שאל

One does not ask about two matters simultaneously; rather, one asks one question, and after he is answered he asks a second question. And even if he asks about two matters simultaneously, he is answered only with regard to one of them, and he is answered only with regard to the first question. As it is stated with regard to King David that he asked two questions simultaneously: “Will the men of Keilah deliver me into his hand? Will Saul come down?” (I Samuel 23:11). And he was answered with regard to only one: “And God said: He will come down.” (I Samuel 23:11). The Gemara asks: But didn’t you say that if one asks two questions, he is answered only with regard to the first question? Yet the verse states that David received an answer for his second question, not the first. The Gemara answers: David asked the questions

73b

שלא כסדר והחזירו לו כסדר וכיון שידע ששאל שלא כסדר חזר ושאל כסדר שנאמר (שמואל א כג, יב) היסגירו בעלי קעילה אותי ואת אנשי ביד שאול ויאמר ה' יסגירו

out of order and he was answered in order. He should have asked first whether Saul would come down, and afterward what the people of Keilah would do. And once he realized that he had asked out of order he went back and asked in order, as it is stated immediately afterward: “Will the men of Keilah deliver me and my men into the hand of Saul? And God said: They will deliver you” (I Samuel 23:12).

ואם הוצרך הדבר לשנים מחזירין לו שנים שנאמר (שמואל א ל, ח) וישאל דוד בה' לאמר הארדוף אחרי הגדוד הזה האשיגנו ויאמר (ה') לו רדוף כי השג תשיג והצל תציל

But if the matter is urgent and requires asking two questions simultaneously, there being no time to follow the standard protocol, one may ask both questions simultaneously and he is answered with regard to the two questions together, as it is stated: “And David asked of God, saying: Shall I pursue after this troop? Will I overtake them? And He answered him: Pursue, for you will surely overtake them, and will surely rescue” (I Samuel 30:8).

ואף על פי שגזירת נביא חוזרת גזירת אורים ותומים אינה חוזרת שנאמר (במדבר כז, כא) במשפט האורים

The Gemara notes the reliability of the Urim VeTummim: Even though a decree of a prophet can be retracted, as sometimes a dire prophecy is stated as a warning and does not come true, a decree of the Urim VeTummim cannot be retracted. As it is stated: “By the judgment of the Urim” (Numbers 27:21). The use of the term judgment suggests that the decree is as final as a judicial decision.

למה נקרא שמן אורים ותומים אורים שמאירין את דבריהן תומים שמשלימין את דבריהן

Why is it called Urim VeTummim? Urim, which is based on the word or, light, is so called because it illuminates and explains its words. Tummim, which is based on the word tam, completed, is because it fulfills its words, which always come true.

וא"ת בגבעת בנימין מפני מה לא השלימו

And if you say: In the battles following the incidents in Gibeah of Benjamin (Judges 19–20), why did the Urim VeTummim not fulfill its words? The Jewish People consulted the Urim VeTummim three times with regard to their decision to attack the tribe of Benjamin, and each time they were instructed to go to battle. However, the first two times they were defeated and only on the third attempt were they successful. Is this not proof that the UrimVeTummim does not always fulfill its words?

הם שלא ביחנו אם לנצח אם להנצח ובאחרונה שביחנו הסכימו שנאמר (שופטים כ, כח) ופנחס בן אלעזר בן אהרן עומד לפניו בימים ההם לאמר האוסיף עוד לצאת למלחמה עם בני בנימין אחי אם אחדל ויאמר ה' עלו כי מחר אתננו בידך

The Gemara answers: The first two times they did not check with the Urim VeTummim whether they would be victorious or be defeated but only inquired how and whether they should go to battle. Had they asked, they indeed would have been told that they would not succeed. But on the last time, when they did check and inquire whether they would be successful, the UrimVeTummim agreed with them that they should go to battle and that they would succeed, as it is stated: “And Pinehas, the son of Elazar, the son of Aaron, stood before it in those days, saying: Shall I yet again go out to battle against the children of Benjamin my brother, or shall I cease? And God said: Go up, for tomorrow I will deliver him into your hand” (Judges 20:28).

כיצד נעשית רבי יוחנן אומר בולטות ריש לקיש אומר מצטרפות

How is it done? How does the Urim VeTummim provide an answer? The names of the twelve tribes were engraved upon the stones of the breastplate. These letters allowed for the answer to be received. Rabbi Yoḥanan says: The letters of the answer protrude, and the priest then combines those letters to form words in order to ascertain the message. Reish Lakish says: The letters rearrange themselves and join together to form words.

והא לא כתיב בהו צד"י אמר רב שמואל בר יצחק אברהם יצחק ויעקב כתיב שם והא לא כתיב טי"ת אמר רב אחא בר יעקב שבטי ישורון כתיב שם

The Gemara asks: How was it possible to receive an answer to every question? But the letter tzadi is not written within the names of the twelve tribes engraved on the breastplate’s stones. Rav Shmuel bar Yitzḥak said: The names Abraham, Isaac, and Jacob were also written there. The name Yitzḥak, Isaac, contains the letter tzadi. The Gemara asks again: But surely the letter tet was not written on the breastplate, since it is not found in the names of the Patriarchs nor in the names of the twelve tribes. Rav Aḥa bar Ya’akov said: Shivtei Yeshurun, the tribes of Jeshurun, was also written there. The word shivtei, tribes, contains the letter tet. In this way the entire alphabet was represented.

מיתיבי כל כהן שאינו מדבר ברוח הקודש ושכינה שורה עליו אין שואלין בו שהרי שאל צדוק ועלתה לו אביתר ולא עלתה לו שנאמר (שמואל ב טו, כד) ויעל אביתר עד תום כל העם וגו'

The Gemara raises an objection from a baraita: Any priest who does not speak with Divine Spirit and upon whom the Divine Presence does not rest is not consulted to inquire of the Urim VeTummim. As Zadok inquired of the Urim VeTummim and it was effective for him, and he received an answer; but Ebiathar inquired and it was not effective for him, and he did not receive an answer. As it is stated: “But Ebiathar went up until all the people had finished” (II Samuel 15:24), which is taken to mean that he was removed from the High Priesthood since the Divine Spirit had departed from him.

סיועי הוה מסייע בהדייהו

The Gemara asks: If it is true that the letters of the breastplate protrude or even join together to form the answer, why does the High Priest need the Divine Spirit and Divine Presence to be with him? And if he has the Divine Spirit and Divine Presence with him, why does he need the Urim VeTummim? The Gemara answers: The Divine Spirit assisted the Urim VeTummim. In other words, the letters formed the answer only if the High Priest himself was worthy, but his divine inspiration was not great enough to provide an answer without them.

ואין שואלין אלא למלך מנא הני מילי אמר רבי אבהו דאמר קרא (במדבר כז, כא) ולפני אלעזר הכהן יעמד ושאל לו במשפט האורים וגו' הוא זה מלך וכל [בני] ישראל אתו זה משוח מלחמה וכל העדה זו סנהדרין

§ It was taught in the mishna: And the High Priest may be consulted for the decision of the Urim VeTummim only on behalf of the king, or on behalf of the president of the court, or on behalf of one whom the community needs. From where are these matters derived? Rabbi Abbahu said that the verse states: “And he shall stand before Elazar the priest, who shall inquire for him by the judgment of the Urim before God; by his mouth they shall go out, and by his mouth they shall come in, both he and all the children of Israel with him, even all the congregation” (Numbers 27:21). Each phrase describes a different circumstance in which the Urim VeTummim may be consulted: “He”; this is a reference to a king, as “he” refers to Joshua, who had the status of a king. “All the children of Israel with him”; this is a reference to the priest anointed for war, as all of the Jewish people follow him to war according to his instruction. “Even all the congregation”; this is a reference to the Sanhedrin, who are the heads of the Jewish people.

La notion meme de Parole ou d’Ecriture revelee ne peut se comprendre que si elle est athee, c’est-à-dire si son contenu ne se reduit pas d’une conaissance prealable de la personalie de son auteur et de ce qu’il aurait voulu faireou dire en creant une nature ou une ecriture. Car enfin, que veut on dire quand on invoque ces images d’un livre dont l’auteur providentiel serait le createur de l’unnivers et l’ordonnateur du temps des hommes de leur histoire et de leur salut ?

Atheisme de l’ecriture (henri atlan)

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