1 LA CONSTRUCTION DU MISHKAN REUSSIT ELLE A PARDONNER LA FAUTE DU VEAU D'OR?
La parasha de terouma parle de la construction du "mishkan" le temple portatif des juifs dans le désert. Les commentateurs pensent que cette mitswah de construire un temple avait pour but essentiel le pardon de la faute du veau d'or, en effet, lorsque la torah demande les dons pour la construction elle dit "vous donnerez un demi sicle d'argent pour pardonner sur vos âmes".
Nous savons cependant que la faute du veau d'or n'a pas été réellement pardonnée, les juifs ne méritent pas d'aller en Israël et meurent dans le désert, de plus la gemarah dit que tous les malheurs qui s'abattent sur les juifs à travers l'histoire sont en partie une punition de la faute du veau d'or, comme si D avait étalé le payement, au lieu de détruire tout le peuple en un coup.il faut donc se demander en quoi la construction du temple et les dons des juifs a cette occasion sont un pardon pour la faute?
2 LA FAUTE ET SES CONCEQUENCES
La Mishna (les maximes des pères) dit une faute en entraine une autre, c'est un cercle vicieux, le plus grave dans la faute c'est cette conséquence c'est ce que dit la Mishna en disant "le salaire d'une faute est une faute et celui d'une mitswah est une mitswah", cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de punition autre que la averah ou la mitswah entrainée, mais cela vaut dire que cette conséquence, le faite de créer un cycle, est si importante que, la récompense de la mitswah et la punition de la averah par D, ne sont rien en
comparaison.
Ce que la mitswah de reconstruire le temple a fait c'est qu'elle a cassé le cercle vicieux qui aurait entrainé le peuple vers le bas à l'infini, en ce sens il y a pardon. Le mot "caparah" "kippour" en hébreux veut dire recouvrir, on recouvre la faute "sur son âme" sans l'effacer.
3 LE DEBUT DE LA TESHOUVAH C'EST FAIRE LE BIEN
La leçon que l'on peut apprendre de cela c'est que le début de la techouva, et peut être le plus important, c'est faire le bien, sortir de la situation de faute pour entrer dans un cycle vertueux. Après le veau d'or, D n'as pas demandé de faire un jeûne ou une psychanalyse pour savoir "comment ce fait il que l'on a fait une telle connerie" il a dit "c'est fait, vous allez devoir payer mais ca c'est mon business, vous, allez de l'avant tant que vous voulez sans vous retourner en arrière", on voit même plus, la construction du temple contient des images et des statues et "flirt" avec la avodah zarah, si bien que Maimonide pense que c'était une faiblesse pour le peuple d'y recourir, mais malgré tout c'est la conscience de cette faiblesse et la non culpabilité en rapport à elle qui est le début de la teshouvah, car le cercle vicieux du péché qui en entraine un autre, est le fruit du sentiment de culpabilité, qui est insoutenable et qui demande donc une fuite en avant vers le mal.
4 L'AMOUR DU TRAVAIL EST IL UN AMOUR SADO-MAZOCHISTE?
Nous apprenons les travaux interdits le shabbat de la construction du temple, la torah considère comme travail tout travail qui était nécessaire à la réalisation du mishkan, le travail par excellence c'est la construction du mishkan. Nous avons montré plus haut que la mitswah de construire le mishkan était la possibilité que D offrait au juif de fuir d'eux mêmes, non plus vers le bas mais vers le haut, tout travail est une fuite de soi. L’homme aime le travail, bien que souvent il réussit mieux dans des domaines ou il n'a pas besoin de travailler, Nietzsche pense que c'est par orgueil car pour se sentir bien l'homme veut sentir qu'il mérite sa réussite, je préfère l'idée de Sacha Guitry qui dit "seul le travail amuse vraiment ". (Est ce que ca veut dire que les trois suicides de chez Renault sont morts de rire?) En fait la conscience qu'à l'homme de lui même face à l'univers est dure à vivre, insoutenable, (Pascal) l'homme ne trouve son bonheur que dans la fuite soi et de cette conscience, dans une fuite vers le haut et le bien "la mitswah goreret mitswah", la mitswah qui en entraine une autre, ou dans le mal. has vechalom. Le travail est la nature de la fuite de l'homme.
5 EXAMINONS DE PLUS PRES LE PROCESSUS DE LA KAPARAH LE "PARDON".
Le maharal montre qu'il y avait 3 niveaux de pardon pour la faute du veau d'or qui correspondent aux trois collectes qui eurent lieux dans la construction du temple.
1. Un demi sicle d'argent pour la construction des fondations et de la structure du mishkan (en argent massif)
2. Un demi cycle d'argent pour l'achat des sacrifices journaliers
3. Un don non défini en nature pour les habits des cohanim et les tentures et les bois qui servaient de cloisons pour le temple
Le premier don pardonne la faute de l'esprit d'avoir cru en l'idolâtrie le deuxième pardonne l'action du corps le troisième la faute commise avec l'argent consacre à l'idole qui est relatif a la richesse de chacun.
Dans les deux premiers dons l'homme rentre dans l'anonymat, il ne peut pas donner ni plus ni moins, dans l'achat des sacrifices ou la construction des fondements on ne saura pas qui a construit quoi, en quoi cette anonymat constitue-t-il la réparation à l'idolâtrie?
En fait l'idolâtrie c'est une volonté de se dépasser soi même, de s'approprier de nouvelles forces, lorsque quelqu'un se met en colère la gemarah dit c'est de l'idolâtrie, par ce que c'est la recherche de l'acquisition d'un force supérieure, tout colérique a dans sa tête l'image de "Hulk" il croit qu'il double de volume et d'énergie, il perd conscience de l'autre et de son point de vue, c'est exactement ca l'idolâtrie. Le Kouzari dit que si les peuples étaient idolâtres c'est par ce qu'ils ne pensaient pas qu'il y avait une conscience
unifiée de l'ordre cosmique, au contraire toutes les énergies se battent les unes contre les autres, et prennent le dessus tour à tour, c'est aussi ainsi qu’ils se voyaient eux mêmes. C’est pour cela que la morale était impossible chez eux. Le don anonyme dans la masse c'est reprendre conscience de l'autre, et de l'ordre du cosmos, de l'univers qui forme un tout dans lequel je ne suis qu'un point, je n'ai pas à me transcender ou à me dépasser, je n'ai qu'à voir la vérité.
6 LA PART DE LA CREATION SUBJECTIVE DANS LE TRAVAIL
Reprenons, l'homme se fuit lui même par et dans le travail, qui est une reconnaissance de l'univers et de la vérité objective. Le talmud dit que le mishkan suit les règles de l'esthétique grecque, qu'est ce que ca veut dire? Pour les grecs, il n'y a pas d'artistes même les plus grands sculpteurs ne sont que des artisans. Pourquoi? Par ce qu'il y a une statue idéale qui existe en théorie et dont les proportions sont parfaites, le sculpteur n'est que l'artisan qui va essayer de réaliser le plus possible cette statue idéale, il n'est qu'un instrument au service de la recherche de la perfection objective, c'est ca son travail. (C’est a mon avis aussi l'idée de Maimonide quand il parle du chemin du milieu il veut simplement dire qu'il y a une loi morale objective qui existe en théorie.)
Mais le subjectif dans tout ca? Un milliard de petits chinois et moi et moi et moi.
La torah nous dit que le donateur pouvait se retrouver dans les tentures et les habits qui recouvrent les cohanim, dans les textiles, les tentures, qui recouvrent et séparent les parties du "mishkan" et qui sont l'interprétation de la construction.
7 UN PEU DE META- PSYCHOLOGIE OU POURQUOI LA TORAH DONNE T ELLE RAISON A DESCARTES ET TORT A LACAN FREUD ET SPYNOZA.
Il y a une grande discussion en ce qui concerne la conscience que l'homme a de lui même et de son rapport au corps. D’un cote Lacan pense que l'homme prend conscience de lui même par la vue dans le stade du miroir, il a peur de voir son image il se voit d'abord comme quelqu'un d'autre, ce traumatisme ne se résout jamais, c'est pour cela qu'il se parle à la deuxième personne. Par contre Freud semble croire que l'homme prend conscience de lui même par le toucher, C'est à dire qu'il se touche et touche les autres selon cette école l'homme prend d'abord conscience de lui même tout en sachant qu'il ya une partie de lui même (interne) qu'il ne peut pas toucher, ce qui crée aussi un traumatisme. (La preuve avancée par ces derniers c'est la conscience des aveugles de naissance has veshalom) (Ceux qui n’ont rien d'autre à faire que lire des livres de philo peuvent lire les livres de Jacob Rogozinsky qui parlent de ca). A mon avis les deux ont tort, l'homme prend conscience de lui même par l'ouie, c'est l'idée du shema Israël etc.., c'est à dire qu'à l'état fœtus l'homme entend des bruits qui ne lui sont pas adressés, mais qu'il interprète par ce que justement il prend conscience de lui même par rapport à eux. Ce que je veux dire c'est que l'homme existe d'abord par la pensée et ensuite par les sens, (d'où son rapport difficile au corps et à lui même) et que cette pensée est lecture et décodage d'une relation qui viens d'ailleurs. En gros cela revient à ce que disait Descartes " je pense donc je suis" c'est la conscience de la pensée qui est première et le rapport au corps ne peut passer que par un rapport à la pensée. C’est aussi contre Spinoza qui pense que les idées naissent des rapports de l'homme à la conscience de la réalité, la torah dit non, mais qu'au contraire les idées viennent de D c'est D qui les mets dans la tète de l'homme comme dit descartes, le monde vient après. pour revenir à notre question l'homme est avant tout un décodeur, un interprète, c'est le sens des tentures dans le mishkan, les cloisons sont la lecture de la structure, plus l'homme s'ouvre sur une conscience objective du cosmos plus sa lecture c'est a dire son interprétation son moi peut s'épanouir, il n'y a pas de contradiction entre le subjectif et l'objectif il y a interdépendance et complémentarité, c'est le rapport entre le texte et le commentaire le torah écrite et la torah orale.
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