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Writer's pictureRav Uriel Aviges

17 Tamouz 5767

Le talmud dans le traité de Taanit (28b) nous apprend qu'il y a 5

événements qui sont arrivés le 17 Tamouz.

1- Moise a détruit les tables de la loi

2- le roi Menashe a placé deux statues dans le sanctuaire

3- les envahisseurs perses et romains ont ouvert une brèche dans la muraille de Jérusalem

4- un général romain Apostomos a brûlé un sefer torah publiquement

5- le sacrifice journalier a été interrompu


Nous allons détailler chacun de ces points puis nous chercherons les liens qu'il y a entre tous ces événements et le fait de jeûner.


1- Le veau d'or et les tables brisées

Lorsque Moise détruit les tables de la loi en voyant les juifs servir le veau d'or, il le fait de son propre chef. Le talmud dans yebamoth 62 dit qu'il a eu un raisonnement à fortiori : “si déjà se disait-il le sacrifice pascal qui n'est qu'une seule mitstva de la torah, la torah dit tout “mumar” (le mumar est celui qui renie en bloc D' et sa Loi) n’en mangera pas, ici alors que tout le peuple est mumar, n'est-ce pas à plus forte raison qu'ils n'ont pas le droit de profiter de tous les commandements de la torah?”. Le talmud continue en disant que D' lui-même a accepté le raisonnement de Moise en disant “yasher cohaha chechibarta” “merci d'avoir cassé les tables”.


2- Critiques du raisonnement de Moise

Lorsque l'on regarde les textes on s'aperçoit en fait que ce n'est qu'une minorité du peuple qui a pratiqué l'idolâtrie. Il suffit de voir le nombre d’individus punis pour s’en convaincre. Si on ajoute ceux qui sont tués par la maladie de D', à ceux qui périssent par le glaive de Moise et des Levites, il y a moins de 5000 ce qui est peu par rapport aux 600,000 hébreux males recensés à l'époque. De plus les femmes n'ont pas participé à la faute. Certains midrashim vont même jusqu'à dire que ce n'est que le “erev rav” (le groupe d'esclaves qui a été libéré en même temps que les hébreux et qui sont restés avec eux) qui a pratiqué l'idolâtrie. On a donc du mal à comprendre la réaction de Moise.

On pourrait aussi poser le même type de question sur la parasha de la semaine. Les hébreux après avoir fauté en servant l’idole de Péor et en ayant des rapports avec des prostituées de Moav, sont frappés d'une plaie de D' qui aurait du anéantir tout le peuple et qui fait périr rapidement 24,000 hommes mais Pinhas en mettant sa vie en danger, empale avec une lance le prince de la tribut de Shimone pendant qu’il a des rapports avec une princesse de Midiane. La maladie s'arrête d’un coup.

D' dit “Pinhas tu as vengé ma vengeance au sein des enfants d’Israël, et tu as sauvé le peuple”. Si tous les hébreux ont fauté, alors pourquoi l'action de Pinhas arrête-elle la punition ? Mais si on pense comme semble le dire le midrash, que seuls 24000 juifs avaient fauté et que c'est pour cela qu'ils sont morts alors pourquoi D' aurait-il punitles autres qui étaient innocents si Pinhas n’avait pas agi?

De plus le Kuzari et Nahmanide expliquent que dans la faute du veau d'orles hébreux n’ont pas vraiment pratiqué l'idolâtrie. Ils ont simplement voulu représenter par une idole le D’ unique qui les avait fait sortir d'Egypte. Or ce genre de faute ne catégorise pas une personne dans le groupe des “mumars” qui ne peuvent pas consommer l'agneau pascal. Ces commentaires du Kuzary et de Nahmanide remettent donc aussi en cause le raisonnement de Moise.

3- Pourquoi le jeune du 17 Tamouz commémore la brisure des tables et pas la faute du veau d'or?

Et pourtant nous savons qu'il y a un commandement positif de la Torah de se souvenir du veau d'or tous les jours de sa vie (au même titre qu'il y a un commandement positif de la Torah de se souvenir de la sortie d'Egypte comme le verset le stipule dans le deutéronome (9, 7) “souviens toi n'oublies pas, comment tu as énervé D' dans le désert”, (les sages expliquent que cela fait référence à la faute du veau d'or)

Il aurait donc été plus logique de commémorer la faute du veau d'or pour suivre le commandement de la torah plutôt que de se rappeler les tables cassées ou les statues du roi Menashe dans le temple.

Le 17 tamouz en effet, Menashe un des derniers rois du royaume de Judah a placé une statue dans le sanctuaire du temple.

Que dit le talmud de taanit (26b) à ce sujet? Il dit “et on a mis une statue dans le sanctuaire”. D’où sais-t-on que c'était le 17 Tamouz? Le verset dans la prophétie de Daniel dit “ et à partir du moment où on a arrêté le tamid (sacrifice journalier) et où on a mis une abomination silencieuse” (le talmud veut dire que nous apprenons du verset de Daniel que ces 2 événements ont eu lieu le même jour (or plus haut le talmud dit que nous avons une tradition que le tamid s'est arrêté le 17 tamouz)). Le talmud demande mais n'y avait-il qu'une seule statue? Alors que le verset (dans Daniel chap 9) dit “sur l'aile des abominations silencieuses” et le talmud répond au nom de Rava “en effet il y en avaient deux, et il y en a une qui est tombée sur l'autre et qui lui a coupé la main et il se sont rendus compte qu'il était écrit dessus “toi tu as voulu détruire sa maison et tu lui a donné ta main”. Sur ce dernier passage Rashi et Tosfot donnent deux explications possibles (qui correspondent à deux versions que la tradition a transmis dans le texte du talmud). Soit ces mots ont été inscrits sur la statue au bras coupé et elle disait à l'autre “tu voulais détruire sa maison (la maison de D') mais tu lui a donné ta force pour me détruire”. La deuxième version dit que c'est sur la statue restée entière qu'il était inscrit comme un message à l'autre “tu as voulu détruire le temple de D' mais tu t'es cassé le bras en voulant le faire”. Quoi qu'il en soit ce sont des statues très bavardes pour des abominations silencieuses!

Il semble que talmud ici veuille nous envoyer un message codé sous forme d'enigme comme il le fait souvent dans ses récits. Comme l'explique le Ritvah dans le traité de baba batrah, le talmud le fait lorsqu’il est dangereux de divulguer le message publiquement (soit par ce qu'il peut être mal interprété par la masse, soit parce que le message est politiquement dangereux).

Le Maharsha un commentaire du talmud, dit, que ces statues étaient des statues d'oiseaux impures puisque “abomination” est un mot employé dans la bible à propos des oiseaux impures, en premier lieu au “nesher” l'aigle ou le faucon, et le mot “ailes” employé dans le verset correspond à ce commentaire.

Or il est curieux de constater que dans le temple de Salomon, dans le Saint des Saints il y avait deux grandes statues dont les ailes se touchaient et qui remplissaient par leur taille gigantesque toute la pièce. C'étaient des statues de chérubins des créatures à forme humaine avec des ailes d'oiseaux.

Pour essayer de décoder les paraboles du talmud la méthode de Levinas héritée de Shushani consiste à regarder systématiquement le contexte des versets apportés par le talmud dans la parabole. C'est par ce contexte que l'on peut interpréter ce code. Appliquons donc cette méthode. Si on regarde les versets que le talmud rapporte dans Daniel on se rapproche en effet de la solution de l'énigme. Le verset de Daniel 12 ne parle pas du tout dans le sens littéral d'une quelconque statue placée dans le sanctuaire. Cette prophétie est une réponse de D' au prophète qui avait demandé “quand viendra la fin des temps et le messie?” D’ lui répond en lui donnant un calcul très compliqué et finit en disant: “ à partir du moment où le sacrifice journalier a été arrêté et où sera installée une abomination destructrice 1290 ans, (jours) heureux et l'homme qui attendra et qui arrivera aux ans 1335, et toi va vers la fin et repose toi et tu atteindras ta destinée à la fin des temps. ”

L'abomination dans le verset est mise après l'annulation des sacrifices le verbe “noten” (donner) est au futur, et doit durer plus d'un millier d'année jusqu'à la venue du messie. On ne parle donc pas de la statue du roi Menashe qui fut placée dans l'enceinte alors que les sacrifices journaliers étaient pratiqués. De quelle abomination parle-t-on donc?

Le Ibn Ezra un commentaire de la bible explique il s'agit de l'islam.

Pourtant Daniel dans une prophétie parallèle du chapitre 9 parle de deux abominations comme l'a fait remarquer le talmud, qui dureront jusqu'à la venue du messie. Quelle est la deuxième abomination? Et pourquoi le talmud place t-il ces deux abominations dans le sanctuaire?

En fait on comprend maintenant facilement que le talmud fasse allusion aux deux autres monothélismes que Daniel a prophétisés en les appelant les abominations silencieuses ou destructrices (en fait elles sont destructrices parce qu'elles sont silencieuses).

Elles se trouvent dans le sanctuaire car il symbolise l'unité divine et le monothéisme. Mais elles restent des abominations car elles sont deux.

Elles représentent encore une pluralité.

“L'une tombe sur l'autre en lui cassant la main” est en fait une allusion au passage du talmud dans yomah 9 où on interprète une prophétie parlant d'une guerre entre les musulmans et les chrétiens. Là bas le talmud apporte plusieurs avis contradictoires qui discutent du vainqueur final. C'est ce qui explique les deux versions du passage du talmud de taanit. Le malbim dit que dans la guerre prémessianique les chrétiens vont prendre prétexte de protéger Israël pour attaquer les musulmans et ensuite se retourner contre les juifs. Soit les musulmans se cassent la main en voulant attaquer les juifs, soit ce sont les chrétiens qui se cassent la bras en prêtant leurs forces à D' c'est à dire en voulant protéger Israël.

4- Mais quel est le rapport entre la naissance de l'Islam et du Christianisme avec le 17 Tamouz et l'arrêt du sacrifice journalier?

Et quel est le rapport avec la statue que Menashe a placé dans le temple?

Faisons un peu d'histoire. Dans le livre des Chroniques (2-33) on apprend en fait qu'elle n'y est pas restée très longtemps. Vers la fin de son règne Menashe qui était un très méchant roi est capturé dans une bataille par le roi d'Assur. En captivité il fait techouvah et demande à D' pardon pour avoir fauté. Il est sauvé miraculeusement par D' et rentre à Jérusalem où il construit la muraille de la ville (qui sera detruite plus tard le 17 tamouz) et retire toutes les idoles qu'il avait mis partout y compris celle du temple.

On est donc très surpris de lire dans le livre des Rois 2 23 que c'est

Josias le petit fils de Menashe qui brûle et qui détruit les “idoles qui étaient dans le sanctuaire dédiées à toutes les constellations stellaires ainsi qu'aux idoles de Baal”. Le talmud nous apprend que bien que Menashe avait enlevé les idoles, son fils Amon les avait en fait remises. (Ca fait un peu penser à l'alternance gauche-droite en France tous les 5 ans…)

Bref on ne comprend pas pourquoi on fixe un jeune pour commémorer les statues de Menashe qui étaient un événement somme toute réversible, et qui ne semble pas avoir laissé de trace dans l'histoire, alors que la faute du veau d'or qui a l'air plus marquante, est elle complètement ignorée par le talmud. On comprend encore moins la raison pour laquelle ces statues de Menashe auraient un rôle avec la naissance de l'Islam ou du Christianisme.

Il faut donc creuser encore. Quelle est la suite de l'histoire?

Josias le petit fils de Menashe est un juste. La bible témoigne même, roi 2 23 “aucun autre roi en Israël n'a été aussi pieux et juste que Josias” pas même Hizkiaou qui aurait du être le messie. Josias réaménage le temple, détruit les idoles, guide le peuple vers l'étude de la torah et l'accomplissement des mitsvoth. La bible va jusqu’à dire “il n'y avait pas eu de roi en Israël qui avait servi D' de tout son coeur comme Josias, et il n'y en aura pas après lui”. Cela le place au-dessus de deux personnes de marque : le roi David et le messie.

Mais alors que lui ai-t-il arrivé? Il meurt assassiné par le roi d'Egypte Pharaon le Boiteux (ou le Nain). C'est tout ce que nous dit le livre des Rois au sujet de sa mort. Par contre le livre des Chroniques est beaucoup plus prolixe. En fait le royaume vit une période idyllique pendant Josias. Le roi d'Egypte doit à nouveau rentrer en guerre avec le roi d'Assyrie. Il désire traverser le territoire du royaume avec son armée et il assure Josias qu'il n'a aucune intention belliqueuse contre Israël. Or Josias lit le verset du deutéronome qui dit que si les juifs font la torah “aucune arme ne passera sur leur territoire” (même si celui qui la porte n'a pas envie de l'utiliser d’après l’interprétation des sages). Il va donc à la rencontre du roi d'Egypte avec toute son armée pour l'empêcher de passer. Pharaon dit une chose incroyable qui est rapportée dans les Chroniques: “j'ai une prophétie de D', il m'est apparu et il m'a dit que je devais faire la guerre contre

l’Assyrie et que j'allais perdre et que mon empire serait perdu de

toute façon, mais D’ m'a ordonner d'accomplir cette guerre pour payer la dette de l'Egypte envers l'histoire, laisses-moi passer je ne te veux aucun mal”. Mais Josias s'entête. Il ne croit pas qu'un non juif puisse recevoir une prophétie de D'. Il se dit “c'est du baratin, comme en plus nous les juifs, nous sommes des justes, nous sommes sures de gagner”. Il engage la bataille et prend une raclée et est enterré avec ces pères dans la vallée des rois. Peu de temps après le temple est détruit.

Cependant le talmud demande comment est-il possible que Josias ait perdu la bataille. Il aurait du faire confiance à Pharaon le Nain quand il a parlé au nom de D'. Mais cela justifie t-il que son armée soit battue ?

De plus Comment se fait-il que la promesse de la torah ne se soit pas accomplie? (D’après le verset : “le glaive ne passera pas sur la terre d'Israël si les juifs pratiquent la torah”)

Le talmud répond : “ce que Josias ne savait pas c'est que bien que publiquement les juifs avaient abandonné l'idolâtrie, ils continuaient en cachette à la pratiquer”. Le message de la bible est clair. Si Josias n'est pas devenu le rédempteur de l'humanité c'est parce qu'il faisait trop confiance aux juifs et pas assez aux non juifs.

On apprend donc aussi que l'idolâtrie de Menashe perdurait chez les juifs bien après que l'idole ait disparu du temple. Pourquoi?

5- La faute du veau d'or et les statues de Menashe sont la même faute

Partons de la constatation du Kuzari qui dit que la faute du veau d'or n'était pas vraiment de l'idolâtrie mais simplement une volonté de représenter le D' unique par une idole car les juifs continuaient à adorer le D' qui les avait fait sortir d'Egypte.

Il semble que la faute du veau d'or soit de la même nature que celle de Menashe qui fait entrer les idoles dans le temple. Le Maharal explique

dans “l'éternité d'Israël” qu'en fait Menashe voulait représenter la pluralité des forces à travers lesquelles l'unité de D' s'exprimait dans l'univers”. Selon le Maharal l'idée des statues qui se battent entre elles, symbolise une situation de conflit qui se crée entre les différentes forces de l'univers des lors qu'on les individualise.

Il faut donc comprendre pourquoi est-il formellement interdit de représenter D'? (Et même si cette représentation n'est qu'un symbole nous permettant d'envisager mieux le D' unique qui règne sur l'univers?)

La torah ne veut pas déconnecter la vérité perçue dans le sensible et celle perçue par l'esprit. En effet faire une image revient à dire “je vois quelque chose, mais je comprends autre chose”. La torah veut que l'on comprenne ce que l'on voit. Elle veut dépasser la dualité corpsesprit.

J'ai déjà souvent cité le commentaire du Meiri dans yoma 56 qui explique que les deux chérubins qui s'embrassaient sur l'arche symbolisaient l'union entre le spirituel et le matériel car si D' est Un il est dans l'esprit et dans la matière. C'est aussi le sens des chérubins de Salomon qui sont mi-animal, mi-humain, qui symbolisaient cette symbiose.

Ce commandement de la torah met le judaïsme en opposition face aux “deux abominations silencieuses” que sont l'Islam et le Christianisme. L'Islam est essentiellement une religion sensualiste. C'est par ses sens que l'on s'unifie à D'. Le Christianisme est essentiellement spiritualiste.

Des que l’on représente, on crée une dualité esprit-corps, visible invisible, qui est en fait incompatible avec le monothéisme absolue qui doit allier les deux.

Le sacrifice journalier avait le même rôle. Selon la kabalah et la halacha tous les matins il faut lire le passage de la torah des sacrifices journaliers, précédé par le récit du sacrifice d'Isaac et de la récitation du Chema. On lit ce verset étonnant. Apres qu' Abraham ait égorgé un bélier à la place de son fils, D' dit “je jure par moi-même a dit Hashem que parce que tu agis ainsi et que tu n'a pas épargné ton enfant, ton fils unique je te comblerai de mes faveurs”.

Quoi! Abraham n'a pas épargné son fils! Il est mort! Le texte de la prière poursuit en demandant à D' de regarder la cendre de Isaac comme si elle était posée sur l'autel. Mais Isaac n'a pas été tué!

L'explication est la suivante. Cela aurait été beaucoup plus facile pour Abraham de sacrifier son fils plutôt que de ne pas le faire ou de tuer un animal à la place comme il a fait. Pendant des millénaires les idolâtres sacrifiaient leurs enfants sans sourciller car celui qui gorgeait son fils se sentait dédouaner de son devoir envers D'. Il se isait “maintenant je ne lui dois plus rien, j'ai fait mon devoir”. Le acrifice humain n'est pas un échange symbolique de soi.

Par contre celui qui égorge un animal à la place sait qu'il n'a rien endu à D' (D' n'a pas faim et tous les animaux lui appartiennent de outes les manières), que son sacrifice est un acte manqué, et qu'au ontraire il doit encore tout à D'. Le fait que le sacrifice réel soit mpossible montre que le devoir moral que l'homme a envers D' reste nfini. Et c'était ça le sens du sacrifice journalier qui a été annulé le 17 tamouz.

Ce sacrifice était une manière de représenter le rapport de l'homme à D'. Et cela bien que D' soit le “non représentable”. Car au lieu de faire une représentation de D', (qui briserait son unité dans l'esprit humain par rapport à ses sens) la Torah nous demande de symboliser l'homme par un animal, dans son désir de rapport absolue à D'. C'est l'idée de la Torah qui considère Isaac sacrifié, car par le sacrifice du bélier Isaac est symboliquement mort comme le dit le verset.

De plus cette projection de l'homme dans l'animal alors qu'il s'élève vers le D' invisible, c'est-à-dire la spiritualité la plus pure, c'est encore recréer l'unité cosmique et métaphysique du corps et de l'esprit qui est une condition nécessaire pour appréhender l'unité de D'. (Unité que rejettent pourtant l'Islam et le Christianisme attention pas dans leur croyance respective mais dans leur culte)

Le dieu universel et métaphysique des philosophes grecs est une condition préalable nécessaire (bien que non suffisante) à l'appréhension du D' de la Torah. (C'est dans ce sens la qu'il faut lire Le Guide des Egarés de Maimonide. Quand il dit que “seule la philosophie peut définir ce qui est idolâtrie et ce qui ne l'est pas”.

En fait le fait que le judaïsme dise d'une part de ne pas représenter D', et d'autre part que le rapport à D’ passe par des actions immuables et très détaillées (les mitsvot) est le résultat d’une volonté de créer un rapport à D' dans une symbiose du corps et de l'esprit. Dans toutes les mitsvot que l'homme fait il projette sa proximité à D’ par l'action qu'il accomplie dans le même mécanisme symbolique que nous avons décrit dans le sacrifice d'Isaac.

C'est pour cela que le talmud dit que le jour où le sacrifice journalier a disparu le 17 tamouz, on a fait rentrer deux statues dans le sanctuaire du monothéisme, deux statues qui ne peuvent que se battre l'une contre l'autre, comme le corps et l'esprit des qu’ils sont séparés par la symbolique. (cf les écrits sur l'art de Kandinsky dans son livre la Spiritualité dans l'Art en général et la Peinture en particulier. Kandinsky montre que toute représentation sensible tend à la symbolique et la communication d'une spiritualité.)

De plus nous savons que le temple a été construit par Salomon, celui qui par ses écrits unifiait le plus le sensualisme à la spiritualité (des Proverbes au Cantiques des Cantiques et à l'Ecclésiaste). C'était aussi un roi qui n'a pas versé du sang des autres dans des guerres. Le temple avait et aura une vocation universelle. Salomon, le jour de

l'inauguration du temple, nous dit le talmud, prie pour que le sacrifice qu'apporte n'importe quel non juif au temple soit toujours accepté. Ce n'est pas un hasard. Car si le temple c'est la maison qui symbolise l'unité de D', il ne peut pas être un lieu de service tribal réservé à des élus. Si D' est “Un”, il l'est aussi pour tout l'univers. C’est ce que Josias n'avait pas perçu. La bible fait passer ce message à travers l'histoire de Josias “si tu penses que D' ne peut pas parler à Pharaon, tu penses automatiquement du même coup qu'il y a plusieurs D'. En fait tu pratiques l'idolâtrie en cachette comme celui qui fait représenter les étoiles dans le sanctuaire du D' unique”.

On comprend maintenant ce que le talmud veut dire en liant la brisure des tables de la loi le 17 tamouz, avec l’entrée des statues de Menashe dans le sanctuaire. A partir du moment ou l'on représente D' même symboliquement on sort automatiquement du rapport à D’ qui passe par la loi et les commandements. On casse les tables de la loi, et le rite sacrificiel, soit pour entrer dans un rapport plus spirituel soit plus sensualiste avec D’.

On peut aussi comprendre pourquoi c'est par un jeune que l'on commémore

ces événements. Jeûner c'est sentir clairement que l'on est dépendant du monde, que son corps n’est pas autonome. Le jeune nous lie au système cosmique de l'univers. Il faut prendre conscience d'être la part d'un tout cosmique pour comprendre qu'est-ce que le monothéisme réel qui ne peut être qu’universel. (Comprendre par la ce qu'était le temple et les sacrifices, et par la même comprendre l'importance d'accomplir la loi dans tous ses détails (puisque c'est cette loi qui nous lie à D' d'un coté, et à l'univers de l'autre, par le corps et l'esprit)).

Il est temps de répondre aux deux questions du début qui concerne la culpabilité des juifs dans le veau d'or et dans la parasha de la semaine. Mais avant je vais apporter une autre question du Kuzari qui se demande “comment se fait-il que le prophète Eliaou ne soit pas mort?” En fait beaucoup pensent que Pinhas et Eliaou sont la même personne. Le kuzari explique qu'Eliaou aimait la vie c'est pour cela qu'il préférait ne pas mourir. Il était en fait arrivé à un niveau supérieur d'unification du corps et de l'esprit. Il avait la même proximité avec D' en étant vivant ou mort.

Or ceci est étrange car Pinhas et Eliaou sont les personnes les plus austères et les plus dures de la bible. Eliaou égorge 400 prophètes, vit seul dans le désert. Le Kuzari explique que justement l'amour de Pinhas et d'Eliaou pour la vie est illustré par le fait qu'ils ne pouvaient pas voir une différence entre le monde tel qu'il devait être et le monde tel qu'il était et qu'ils ne supportaient donc pas l'existence de la faute.

C'est pourquoi ils cherchaient toujours la perfection dans ce monde ici et maintenant (comme toi, comme toi).

Et c'est ce désir, de vouloir réaliser la perfection idéale, ici et maintenant, qu'il manquait aux autres juifs lors de la faute du veau d'or ou dans l'histoire de Pinhas, ce n'était pas de l'idolâtrie à proprement parler, mais plutôt de l'inaction politique, l'acceptation d'un monde qui n’est pas l'image de son créateur. Et c'est déjà une faille dans le monothéisme. Le fait de laisser faire, même si on n'est pas d'accord, c'est déjà de l'idolâtrie en cachette, des statues cachées dans l'enceinte du temple, parce que l'on accepte une différence entre le monde tel qu'il est et le monde tel qu'il devrait être en laissant la réalisation de la perfection dans le monde futur, dans un ideal spirituel à venir, comme si (kavyachol) D' n'existait pas déjà dans le présent (has veshalom).

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