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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

La hashgaha selon Maimonide

« Il n’y a que deux manières d’envisager le monde ;

soit tout est un miracle, soit rien n’est un miracle »

Albert Einstein

Dans ce cours, nous allons étudier un passage du Guide des Egarés (livre 3 chapitre 17). Dans ce passage Maimonide parle de la « hashgaha », c'est-à-dire, textuellement de « la surveillance » de D dans le monde. Maimonide cherche à découvrir la rationalité permettant d’interpréter la manière dont D gère le monde des humains. Les accidents gratuits existent-ils ? Y a-t-il une fatalité de l’histoire ? Doit-on tenter d’expliquer les catastrophes qui frappent l’humanité ou les individus, has vechalom, comme étant le signe de la culpabilité des victimes ? Voici les questions qui occupent Maimonide dans ce texte.

Ce texte de Maimonide est célèbre par ce qu’il est le chapitre le plus original écrit par Maimonide. C’est un des rares endroits où Maimonide prend position aussi bien contre Aristote que contre les sages du talmud, les mutazilim (les humanistes musulman), et les détenteurs de la sharia (les intégristes musulmans). Maimonide, après avoir rapidement résumé la pensée de ces différents sages, explique sa propre opinion.

Comme on le verra, l’opinion de Maimonide peut laisser perplexe. Dans cette étude je me borne, dans un premier temps, à commenter et à traduire approximativement une partie de ce chapitre du Guide des Egarés. Je tiens à dire, pour ceux qui ne le savent pas, que je ne suis pas un traducteur professionnel et que je ne revendique pas l’être. Les traductions que je fais sont inexactes et approximatives, elles ont pour but d’expliquer l’idée principale de l’auteur à l’intention d’un lecteur distrait, lisant ces cours dans le métro, en état de demi veille, ou le chabath après midi complètement assommé par la dafinah, les pleurs des enfants, ou les hurlements de son conjoint. Pour ce type de lecteur, dont je suis moi-même un représentant très caractéristique, il faut simplifier. 

Dans un deuxième temps, je vais exposer une contradiction entre ce chapitre du Guide des Egarés et un autre texte de Maimonide dans « les lois de la techouvah ». Après quoi, je vais proposer une nouvelle interprétation possible de ce texte de Maimonide.

Je commence donc par citer le texte de Maimonide :

« L’avis de la torah de Moshé Rabenou, et de tous ceux qui la suive, est, que l’homme possède le libre arbitre, c'est-à-dire que par sa nature et par son choix et sa volonté l’homme peut faire tout ce qu’un homme peut faire sans avoir besoin d’une aide extérieure. Et ainsi tous les êtres vivants peuvent bouger au gré de leur volonté propre puisque cela a été la volonté divine… et sur ce point aucun fidele à la religion juive ne peut discuter.  D’autre part, l’avis de la torah est que D ne peut pas commettre d’injustice, en aucune manière. Et de ce fait, tout ce qui arrive à l’homme de mauvais ou de pénible, ou tout ce qui lui arrive de bon ou d’agréable, toutes ces occurrences sont parfaitement justifiable, du fait que la justice doit s’appliquer sans aucune iniquité. Et même si un homme se plante une écharde dans la main, et qu’il l’enlève, tout ceci est le fruit d’un jugement, et d’une punition. De même tous les plaisirs, les plus petits soient ils, sont une récompense pour une bonne action. C’est ce que le verset dit « tous ses chemins sont justes », cependant nous ne comprenons pas vraiment le fonctionnement du jugement. Et nous avons déjà expliqué les différents avis concernant tous les événements qui arrivent à un homme. Aristote pense qu’ils sont totalement accidentel »

C'est-à-dire qu’Aristote pense que le divin n’intervient qu’au niveau de l’espèce. Il y aurait une raison transcendante guidant le développement de l’univers, mais cette raison suprême ne gère que les espèces (humaines ou animales) dans leur généralité, sans s’occuper des individus et de leur existence particulière, pour les individus particuliers les événements arrivent par hasard.  

« Alors que la sharia pense que ces événements sont l’expression de la volonté de D, »

Pour les croyants en la sharia, les fondamentalistes musulmans, les événements arrivent par la volonté de D, sans qu’aucune rationalité humaine puisse justifier ou comprendre ces décrets divins-

 « Alors que les mutazilim pensent qu’ils sont le fruit de la sagesse, »

Pour les mutazilim, les humanistes musulmans, les décrets divins ont une raison logique compréhensible par la réflexion de l’homme. cependant cette sagesse n’est pas toujours transparente dans ce monde, elle ne peut être comprise que si on accepte l’existence du monde futur, le monde des âmes éternelles. --

 « Nous pensons (c'est-à-dire Maimonide lui-même) par contre que tout est défini par ce qui revient à un individu suivant ses propres actions.  C’est pour cela que selon les croyants de la sharia il est possible que D fasse souffrir le juste dans ce monde pour le punir encore plus dans le monde futur, »

puisque, pour les fondamentalistes musulmans aucune logique humaine ne peut interpréter la volonte de D.

« Alors que les mutazilim pensent que c’est impossible et qu’il doit y avoir un sens à tout ce qui arrive dans le monde, »

Pour les mutazilim D guide le monde vers un but, et D amène l’homme vers ce but à travers des moyens compréhensibles pour lui, a posteriori après sa mort-

Par contre, nous croyons que tous les événements qui arrivent à un homme découlent d’un jugement, et D ne commet pas d’injustice « has vechalom ». D ne punira que celui qui mérite la punition, et c’est ce que l’on retrouve dans beaucoup de versets de la torah. Et c’est de cet avis que sont une multitude de nos sages, puisqu’ils disent « il n’y a pas de mort sans fautes et il n’y a pas de souffrances sans fautes », et ils ont dit encore « de la manière dont un homme juge, de cette même manière D le juge. »

Dans cette phrase Maimonide s’oppose au mutazilim. Pour les mutazilim il est possible qu’un homme juste soit frappé par D dans ce monde pour augmenter son salaire dans le monde futur, c’est aussi l’avis du talmud. Maimonide s’oppose a cette idée, il ne pense pas que D doive donner un salaire à l’être humain coute que coute, et que pour cette raison D pourrait faire souffrir un homme gratuitement pour lui donner ce salaire à venir. Pour Maimonide l’homme ne peut être jugé que pour ses actes présent, pas en fonction d’un futur possible à venir. En gros, Maimonide pense que l’homme doit pouvoir expliquer la justice divine dans ce monde en faisant abstraction de l’idée du monde futur.

« Et nos sages ont dit que la justice est inhérente à la nature même de D. D va récompenser celui qui fait le bien, même si il n’ avait pas commandé cette action par un prophète, et il allait punir celui qui fait le mal, même si il n’avait pas interdit cet acte explicitement par un prophète, à partir du moment ou la raison pouvait justifier la conduite à adopter. Les sages ont même dit que D récompense les animaux s’ils font le bien. Et ils ont dit « tout celui qui dit « D pardonne », alors ses entrailles doivent être déchiquetées, simplement, D est patient, mais à la fin il récolte sa dette »… Cependant on trouve aussi, parmi les paroles des sages (du talmud), un ajout qui n’a aucune base dans la torah, c’est le concept que l’on trouve chez eux « des souffrances données par amour ». Et, pour ces sages, il est possible qu’un homme soit frappé même si il n’a commis aucune faute, uniquement pour lui donner plus de mérite. Et ceci est aussi la pensée des mutazilim et il n’y aucun verset de la torah qui parle de cela. Et ne te trompe pas en prenant les exemples des épreuves qui sont évoquées dans la torah. Comme le verset dit « et D a éprouvé Abraham », « et il t’a fait souffrir en t’affamant pour t’éprouver », car ces versets ont un autre sens que l’on expliquera dans un autre chapitre. »

Dans le chapitre en question Maimonide explique que les épreuves ont toujours un but pédagogique, D veut apprendre quelque chose à l’homme à travers l’épreuve qu’il lui inflige, ou bien il veut enseigner quelque chose au spectateur de cette épreuve infligée à l’autre, mais les épreuves ne sont jamais données par amour.

« Et je crois que la « hashgaha » divine s’applique dans ce monde, uniquement sur les êtres humains. Et c’est uniquement pour les êtres humains et tout ce qui les touche, que tout est décidé par le jugement, car « les chemins de D sont les jugements »

Bien que précédemment Maimonide a dit que la hashgaha s’appliquait aussi aux animaux, sur ce point, Maimonide s’aligne sur pensé d’Aristote, a savoir que la hashgaha de D sur les animaux ne concerne que les espèces dans leur généralité et pas les individus en particulier-

Et « la hashgaha » divine, selon ce que je vois et selon mon esprit, elle provient de « l’abondance divine ». Or « la hashgaha » ne peut toucher que ceux qui ont un lien avec cette abondance, or la nature de cette abondance est principalement intellectuelle. Comprendre l’application de la justice divine dans le monde, et rendre le monde de cette manière intelligible, c’est le sommet ultime de l’intelligence humaine. Et, plus un homme est capable d’identifier le fonctionnement de la justice divine dans le monde, plus il se rapproche de D et de l’intellect pure, et de ce fait la hashgaha sera de plus en plus dévoilée de la part de D. pour cet homme. »

Pour Maimonide la sagesse consiste à être capable de comprendre l’application de la justice de D dans l’univers et dans sa vie personnelle. Plus un homme est capable de comprendre l’application de cette justice, plus il est proche de D. Moins un homme est capable de comprendre cette justice, plus il a recours à des « expédients » (comme le concept de « monde futur ») pour comprendre cette justice, moins il est proche de D, et plus il s’éloigne de la sagesse.

On pourrait demander à Maimonide comment il expliquerait la shoah ou la mort des petits enfants à Toulouse. Maimonide répond à ces questions en disant que seule la victime peut voir la justice de D lorsqu’il est frappé et pas le spectateur de la catastrophe.

Il n’est pas évident que les enfants à Toulouse ont souffert lorsqu’ils sont morts, ils ont eu une existence brève, mais qui dit que c’est un mal en soi ! Peut être que le rabbin assassiné avait une vie pénible et qu’il a vu la mort comme une libération ! Seules les victimes savent comment elles ont vécu le drame. Pour comprendre Maimonide il faut adopter un point de vue très cynique et faire fi de tout le romantisme tragique a associé à la douleur et à la mort dans la société moderne. Il ne faut pas oublier que Maimonide était médecin, or un bon médecin doit toujours faire preuve de beaucoup de cynisme devant la douleur et la mort si il veut être efficace et objectif dans son diagnostique.

Dans un autre chapitre, Maimonide justifie sa philosophie d’une manière pragmatique. Il dit que si deux personnes se battent, celui qui va gagner ce n’est pas le plus fort, c’est celui qui a la plus confiance en l’application de la justice de D dans ce monde.

Celui qui est persuadé de l’accomplissement de la justice dans ce monde, va redoubler de courage et d’énergie pour faire triompher ce qu’il croit être juste. Par contre, le belligérant qui pense que l’univers suit une destiné hasardeuse va justifier sa défaite facilement. dans les années 90, lorsque l’équipe de France perdait un match, ce n’était jamais la faute des joueurs c’était toujours a cause de l’arbitre du mauvais temps, ou du a une entorse malchanceuse. De ce fait l’équipe de France ne gagnait presque jamais, par ce que la défaite était déjà excusée à l’avance. Lorsque les commentateurs sportifs ont été plus critiques à l’égard des joueurs et de l’entraineur (Ménès), comme c’était déjà le cas en Italie depuis longtemps, l’équipe a commencé à gagner.

« Si un bateau coule, ou si un toit s’est écroulé sur quelqu’un dans une maison, même si on peut dire que cela arrive d’une manière accidentelle, il est certain que le fait que certaines personnes soient dans le bateau ou dans la maison, ca ce n’est pas un accident ! Le fait que certaines personnes soient victimes d’accident c’est l’expression de la justice de D, sauf que parfois nous n’arrivons pas à comprendre comment cette justice fonctionne… »

Ici, Maimonide fait allusion à un drame personnel ; son frère est mort dans un bateau, laissant une veuve et deux orphelins, alors qu’il était parti dans un voyage d’affaire. Maimonide lui-même devait retirer une source de revenu de ce voyage. Il y a peut être une allusion a un sentiment de culpabilité, accepté ou pas de la part de Maimonide. 

Il est important d’ajouter que Maimonide a écrit ces lignes alors qu’il avait lui-même eu une existence très difficile, il a perdu sa mère très jeune après une longue maladie. Il a perdu son frère de manière tragique, il avait a charge sa veuve et ses orphelins, Il a lui-même survécu à une maladie très longue et douloureuse, alors qu’aucun médecin de l’époque ne lui donnait aucune chance de survie. Il a subi les pogromes et les expulsions et ce n’est que bien plus tard, à l’âge de 50 ans, plusieurs années après la rédaction du Guide, que Maimonide a vécu un heureux retournement de situation, lui conférant la prospérité et la gloire. On pourrait même dire que la vie de Maimonide a illustrée magistralement sa théorie. Maimonide restera à jamais le Beethoven des philosophes, celui qui prouve le triomphe de la raison sur la nature.

Deuxième partie.

Quoi qu’il en soit, une difficulté apparait très nettement dans la pensé de Maimonide. Il y a des phrases comme celles de « sauf que parfois nous n’arrivons pas à comprendre comment cette justice fonctionne… », qui sonnent creux. 

Dans les lois de la techouvah chapitre 3 Maimonide dit

 « Chaque homme a des mérites et des fautes ; celui dont les mérites surpassent en nombre les fautes est un juste. Celui dont les fautes surpassent les mérites est un méchant. [Celui dont les fautes et les mérites sont] équivalents est un homme moyen. De même, dans une ville, si les mérites [des habitants] surpassent leurs fautes, c’est [une ville] juste. Si leurs fautes surpassent [leurs mérites], c’est une [ville] mauvaise. Et de même pour le monde entier. Un homme dont les fautes surpassent les mérites meurt immédiatement de son mal, comme il est dit : « à cause de la grandeur de tes méfaits ». De même, une ville dont les fautes [des habitants] sont plus nombreuses [que les mérites] périt immédiatement, comme il est dit : « Comme le décri de Sodome et Gomorrhe est grand ». Il en est de même pour le monde entier : si les fautes sont plus nombreuses que les mérites, ils sont immédiatement détruits, comme il est dit : « l’Eternel vit que grands étaient les méfaits de l’homme ». Le compte n’est pas basé sur le nombre de mérites et de fautes, mais sur leur importance : certains mérites équivalent à plusieurs fautes, comme il est dit : « car en lui, se trouvait quelque chose de bien », et certaines fautes équivalent à plusieurs mérites, comme il est dit : « Mais un seul pécheur gâte beaucoup de bien ». Le compte n’est effectué que selon la sagesse du D Qui connaît. Lui sait comment mesurer les mérites aux fautes. »

Ce passage de Maimonide semble contredire très nettement le passage précédent. Dans ce passage Maimonide semble affirmer que seul D peut mesurer la culpabilité d’un homme ou son innocence. Dans ce deuxième texte Maimonide affirme qu’il est impossible à l’homme de savoir si il fait partie des justes des mauvais ou des moyens. Dans ce cas on ne voit pas comment l’homme pourrait être capable d’identifier la justice divine dans ce monde.

Ce deuxième texte de Maimonide est étonnant pour une autre raison. La phrase « Un homme dont les fautes surpassent les mérites meurt immédiatement de son mal » est complètement incompréhensible. Le rav Abraham ben David, contemporain de Maimonide pense que cette idée est complètement erronée. Suffirait-il d’être vivant pour être un juste ? Les morts sont-ils tous des mauvais ? Que veut dire Maimonide ?

J’en étais là à me poser cette question, et je n’arrivais pas du tout à trouver la solution. Comme souvent, après quelques secondes de réflexions, mon esprit commençait divaguer et à rêver. Je repensais à toute la quantité de nourriture que j’avais ingurgitée depuis la venue de ma belle mère pour Pessah. Les yabrak, la tchokchouka les banatages, le msohki, la gnaouyah, la harissa, la slata meshouyah, la bkaylah, le camoun, la langue aux câpres, l’ahousban, et depuis Pessah, le nikitouch, les briques a l’œuf, les fricassés, les yoyos, les montecao, le boulou, la pizza tunisienne. Sans oublier les grillades de merguez la veille de pessah et les barbecues de hol hamoed. Mon beau père avait calculé que sa femme utilisait à peu prés 18 œufs par jour à la cuisine et avait utilisé une demi caisse de bouteille d’huile depuis Pessah. J’en étais venu à me poser le problème suivant : en sachant que lorsque je suis un régime faible en lipide et en calorie mon taux de cholestérol est élevé, et que je dois prendre 10 milligrammes de lipitor par jour, quelle devrait être la taille du comprimé de lipitor que je devrais prendre tous les jours lorsque je mange la cuisine de ma belle mère ? Je pensais que le mathématicien qui trouverait la solution exacte à ce problème mériterait la médaille Field. Bref, comme à mon habitude, je méditais.

Et, c’est à ce moment précis que la solution m’est apparue. Il y avait une phrase dans le texte du Guide à laquelle je n’avais pas assez fait attention. Cette phrase est la suivante « l’homme possède le libre arbitre, c'est-à-dire que par sa nature et par son choix et sa volonté l’homme peut faire tout ce qu’un homme peut faire sans avoir besoin d’un aide extérieure ».

Pourquoi l’homme n’aurait il pas besoin d’une aide extérieur ? D n’est il pas le maitre de toutes les puissances qui donne à l’homme la vie à chaque minute ? N’est ce pas D qui donne à l’homme, à chaque instant, la force de faire le bien et la mal ? Le souffle de l’homme n’est il pas animé par D lui-même ? Si l’homme peut vivre seul, indépendamment de D., alors comment se fait-il qu’il meurt ? Ne dit-on pas dans la prière que c’est D qui donne l’intelligence à l’homme ?!

Comment comprendre la liaison logique que Maimonide fait entre le libre arbitre d’une part, et l’indépendance de l’homme d’autre part ? La plus part des auteurs juifs pensent que l’homme est libre dans ses décisions, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’est pas aussi dépendant de D en ce qui concerne l’exécution de sa décision ! Pourquoi Maimonide voulait il radicaliser le libre arbitre de l’homme au point de rendre l’être humain indépendant de D ?

Je ne vais pas donner la réponse théorique tout de suite. Je vais simplement proposer mon interprétation à travers un exemple, et par la suite je vais essayer de donner le cadrage théorique complet de mon explication.

Prenons l’exemple d’un homme qui aurait des rapports sexuels illicites non protégés, disons qu’à la suite de ces rapports, cet homme attrape le sida. Maimonide dira que la sagesse consiste à voir la punition de D dans cette maladie.

Mais contrairement a ce que je pensais au début, Maimonide ne pense pas que l’homme est puni par ce qu’il a transgressé un interdit de la torah en ayant des rapports interdits, l’homme est puni par ce qu’il n’a pas protégé sa santé en utilisant un préservatif. C’est de cette manière qu’il faut lire l’application de la justice de D dans le monde. 

Autre exemple, si les juifs allemands sont mort dans la Shoa, ils sont responsables de leurs morts, mais pas parce qu’ils ne faisaient pas chabath ou par ce qu’ils ne mangeaient pas cacher, mais plutôt, par ce qu’ils avaient le temps de partir et de s’échapper, ils sont coupables de myopie politique. Et c’est cette faute qui a entrainé leur mort. 

Entendons nous bien, selon Maimonide se sont les mitsvoth qui permettent à l’homme de vivre en adéquation avec la rationalité régissant le monde. Si les juifs allemands ne sont pas partis d’Allemagne à temps, c’est parce qu’ils étaient trop attachés à leur biens matériels, et la raison pour laquelle ils étaient trop attachés à leur biens matériels, c’est par ce qu’ils ne donnaient pas assez d’argent à la charité.

Si les juifs allemands avaient donné « le maasser » à la charité, ils auraient été sauvés de la Shoa, pas par ce qu’un ange serait venu magiquement les sauver, mais par ce qu’ils auraient eu la conscience du danger et ils seraient partis.

De même, celui qui a des rapports interdits sans se protéger, il fait preuve d’imprudence, mais pourquoi est-il imprudent ? Parce qu’il est trop accaparé par son désir qui l’aveugle. La raison première entrainant la maladie du sida, c’est l’infraction des interdits sexuels. Mais la encore, la punition n’est pas surnaturelle, elle est causée par des comportements qui entrainent des conséquences qui ne sont plus évitables à un certain point.

Dans le cas du bateau rapporté à la fin du texte, Maimonide dit clairement que l’homme qui rentre dans le bateau aurait pu ne pas le prendre, s’il a décidé de le prendre c’est sa responsabilité. Chacun sait qu’un bateau peut couler. Le fait que le bateau coule est un accident, mais le fait que certaines personnes ont décidé de rentrer dans le bateau, c’est le fruit de la décision humaine, et cette décision entraine des conséquences qui sont l’expression de la justice divine. 

Les paroles de Maimonide ne sont compréhensibles que si on admet au préalable que D c’est « l’intellect agent ». La cause des causes. D n’est pas au dessus de la relation des causes et des conséquences, il est cette relation elle-même.

Tout ce qui a une cause est prévisible par l’esprit humain, donc tout le mal qui arrive dans le monde vient d’un manque de calcul de la part de l’homme. Tout mal est évitable à un certain point, lorsque la chaine de la relation de cause à effet peut être encore stoppée.

L’homme n’a pas toujours tort lorsqu’il ne prévoit pas le mal, l’homme qui rentre dans le bateau a surement eu raison de prendre un risque pour accomplir son voyage, mais il n’empêche qu’il prend un risque et qu’il le sait.

La punition n’est jamais le fruit d’une puissance extérieure qui manipulerait le monde. La punition vient d’un manque de calcul ou d’erreurs de calcul qui entrainent des effets devenus inévitables à un certain point.

Rabi Akivah le dit d’ailleurs dans une beraitah « si des talmidei hahamim meurent jeunes, has vechalom, ce n’est pas par ce qu’ils ont fait des fautes ou qu’ils manquent de mérite, c’est uniquement par ce qu’ils mangent des choses mauvaises pour la santé » (c’est ce qui m’a permis de faire le lien entre les yabrak le Guide des Egarés, et le Omer).

Ainsi, nous pouvons répondre à une des questions que nous avions posées sur le texte des « lois de la techouvah ». Comment Maimonide pouvait-il affirmer que le mauvais étaient condamnés à mort et qu’ils disparaissaient immédiatement de la surface de la terre ? Le mauvais c’est celui qui commet des erreurs graves incompatibles avec l’organisation de la nature, donc le mauvais meurt sur le champ.

Le mauvais c’est l’alcoolique, le dépressif, l’obese ou le toxico dépendant. Tant qu’un homme est en vie, on peut dire qu’il n’a pas enfreint pleinement les règles de « l’intellect agent ». Car celui qui enfreint les règles de « l’intellect agent », (c’est-à-dire les règles gérant l’organisation de la nature,) ne peut pas survivre dans ce monde. L’intellect agent ce n’est pas une force transcendante qui agit sur le monde par un pouvoir magique, c’est une force qui agit sur le monde du fait même qu’une cause entraine une conséquence. Plus un homme identifie les causes et les conséquences plus il est proche de D. La torah a pour but de guider l’homme dans la recherche et l’intégration de cette rationalité.

Hitler a commis beaucoup de crime, mais le crime le plus grave qu’il a fait, c’est de s’être suicidé. Agag le roi d’Amalek (préparateur dans la bible de nombreux génocides) a cherché à survivre le plus longtemps possible dans sa prison, il a même engrossé une servante en détention, et grâce à cette de volonté de survie il a eu le mérite de compter parmi ces descendants rabbi Akivah et rabbi Meir. Freud disait, après la guerre, qu’il était certain que tout ce qui avait été détruit serait reconstruit (éros et thanatos). Rien ne peut freiner la parole créatrice de D, la raison universelle régit le monde des vivants et elle impose logiquement que le mal ne soit que passager. Tout « mauvais » qui cherche à vivre est condamné à engendrer du bien à un certain moment, car le monde tend vers une fin positive. Pour ne pas faire le bien, l’homme ne peut que désirer la mort à travers des comportements auto destructifs et suicidaire. 

Attardons nous maintenant à résoudre la contradiction entre le Guide de Egarés et les lois de la techouvah. Dans le guide des égarées Maimonide pense que l’homme peut et doit comprendre la justice dans le monde, alors que dans les lois de la techouvah il semble affirmer que c’est impossible.

Pour rétablir la cohérence de ses deux textes, il faut dire qu’ils parlent de deux jugements différents. Dans le Guide des Egarés Maimonide parle du jugement de D, lorsque l’on envisage ce jugement à partir du présent en cherchant rétrospectivement à interpréter le passé. Alors que dans les lois de la techouvah Maimonide parle d’un jugement à partir du présent en prévision d’un futur à venir.

Dans le Guide des Egarés Maimonide envisage la justice de D dans l’interprétation des événements passés. L’homme peut et doit chercher à comprendre la rationalité qui organise l’histoire universelle et son histoire personnelle. L’homme doit chercher à se conformer au maximum a cette rationalité pour être proche de D et faire le bien. Comprendre les lois qui régissent l’équilibre du monde et sa propre survie en tant qu’individu et en déduire un comportement moral adéquat, c’est se rapprocher de D.

Dans les lois de la techouvah, Maimonide envisage la justice de D en tant que projection dans le futur. Pour Maimonide, le jugement de Roch Hachana consiste à déterminer quels sont ceux qui ont encore un rôle historique à jouer l’année prochaine. Qui a sa place dans le monde tel qu’il va évoluer dans le futur ? Or, aucun homme ne peut savoir parfaitement à quel point ses actions passées limitent sa propre liberté. Tous les fumeurs et les alcooliques sont persuadés qu’ils peuvent arrêter quand ils veulent de boire ou de fumer. Ce qui peut être vrai ou faux. Un homme ne connait pas les limites de ses capacités à changer, il ne sait pas à quel niveau il peut encore casser les mécanismes entrainant qu’une action passée le détermine inévitablement à une action futur. De ce fait, l’homme ne peut pas prévoir le jugement de D pour le futur, l’avenir est à D ! Il n’y a que D qui peut savoir si la rationalité, ou l’action d’un individu ont encore un rôle positif à jouer dans le futur ou si elle sera au contraire nécessairement destructrice. C’est pour cela, qu’à Roch Hachana, il n’y a que D qui peut savoir qui est un juste et qui ne l’est pas.

Dans ce dernier paragraphe j’essaie d’expliquer le sens de la prière dans la théologie de Maimonide.

L’intellect agent est l’ordre qui régit l’univers, l’homme peut éprouver une osmose avec cet intellect à mesure qu’il suit lui-même sa raison. Pour Maimonide, lorsque l’on prie D en disant « c’est toi qui donne à l’homme l’intelligence », il faut comprendre que l’on prie à l’ordre qui régit l’univers lui-même. Cet ordre est extérieur à l’homme, mais il est aussi potentiellement en lui. L’homme s’unit à D lorsqu’il décide de suivre sa raison en comprenant la manière dont certaines causes entrainent certaines conséquences dans l’univers. L’intellect agent est potentiellement en l’homme, dans le sens ou l’homme peut y accéder par le travail intellectuel et moral. Mais pratiquement, à un instant « t » donné, l’intellect agent est extérieur à l’homme, car il faut que l’individu décide à chaque instant de suivre « la raison » pour s’unir à elle. Avant la décision, D et la rationalité sont extérieurs à l’homme, c’est pour cela que cela a un sens de s’adresser à D comme à un tiers par la prière. Lorsque l’on demande, par la suite, « donne nous par pitié l’intelligence », cela veut dire « donne-nous, par l’intermédiaire du système causal naturel, l’intelligence ». On demande à D que par notre travail mental et notre décision morale, les causes naturelles qui régissent l’univers nous rendent intelligent. L’intelligence ne va pas venir de manière magique de la main de D. L’intelligence va venir du fait même de notre action, mais le fait même que des causes physiques entrainent des conséquences, c’est le dévoilement de l’intervention du divin. Qu’une cause physique entraine une conséquence physique de manière irrémédiable et logique, c’est là l’expression la plus forte de la volonte de D pour Maimonide.

Pour Maimonide, dire les bénédictions « bénis soit tu D qui pardonne les fautes », cela revient à reconnaitre comment dans l’organisation logique du monde, il y a une place pour le pardon. Le monde est organisé de telle manière que beaucoup d’erreurs de calculs n’entrainent pas de conséquences fatales. D a créé dans l’organisation de la nature, la possibilité à l’homme de vivre même lorsqu’il se trompe. L’organisation du monde et de la nature laisse à l’homme un certain temps pour réparer ses erreurs, lui permettant ainsi d’éviter les conséquences qui auraient du être entrainées automatiquement par ses mauvaises actions. On ne meurt pas en fumant une seule cigarette. Pour Maimonide, le pardon ne découle pas d’une force infinie dépassant la nature et effaçant l’histoire. Le pardon est immanent à l’organisation même de la nature et de l’histoire. Dans la prière on reconnait cet attribut à « l’intellect agent » et on l’en remercie.


 

Les documents

 

ספר מורה הנבוכים חלק ג פרק יז

L’avis de la torah de Moshé Rabenou, et de tous ceux qui la suive, est, que l’homme possède le libre arbitre, c'est-à-dire que par sa nature et par son choix et sa volonté l’homme peut faire tout ce qu’un homme peut faire sans avoir besoin d’un aide extérieure. Et ainsi tous les êtres vivants peuvent bouger au gré de leur volonté propre puisque cela a été la volonté divine… et sur ce point aucun fidele à la religion juive ne peut discuter.

פנת תורת משה רבינו ע"ה וכל מי שנמשך אחריה, היא שהאדם בעל יכולת גמורה, ר"ל שהוא בטבעו ובבחירתו וברצונו יעשה כל מה שיוכל האדם לעשותו, מבלתי שיברא לו דבר מתחדש כלל, וכן כל מיני בעלי חיים שאינם מדברים יתנועעו ברצונם, וכן רצה ה' יתעלה, ר"ל שמרצונו הקדום מאין תחלה, שיהיה כל בעל חי מתנועע לרצונו, ושיהיה האדם בעל יכולת על מה שירצהו, או יבחרהו ממה שיוכל עליו, וזאת פנה לא נשמע כלל באומתנו ובאנשי תורתנו חולק עליה,

D’autre part, l’avis de la torah est que D ne peut pas commettre d’injustice, en aucune manière. Et de ce fait, tout ce qui arrive a l’homme de mauvais ou de pénible, ou tout ce qui lui arrive de bon ou d’agréable, toutes ces occurrences sont parfaitement justifiable, du fait que la justice doit s’appliquer sans aucune iniquité. Et même si un homme se plante une écharde dans la main, et qu’il l’enlève, tout ceci est le fruit d’un jugement, et d’une punition. De même tout les plaisirs, les plus petits soient ils, sont une récompense pour une bonne action. C’est ce que le verset dit « tous ses chemins sont justes », cependant nous ne comprenons pas vraiment le fonctionnement du jugement.

וכן מכלל פנת תורת מרע"ה שהוא יתעלה לא יתכן עליו העול בשום צד מן הצדדין, ושכל מה שיבא לאדם מן הרעות והמכות או ישיגם מן הטובות לאיש אחד או לקהל, הכל הוא על צד הדין, והיותו ראוי במשפט הישר אשר אין עול בו כלל, ואפילו אם נכנס קוץ ביד אדם והוציאו מיד לא היה רק על צד העונש לו, ואלו השיג למעט הנאה היה גמול לו, וכל זה בדין, והוא אמרו עליו יתעלה כי כל דרכיו משפט, אלא שאנחנו נסכל אופני הדין ההוא.

Et nous avons déjà explique les différents avis concernant tous les événements qui arrivent a un homme, puisqu’Aristote pense qu’ils sont totalement accidentels, alors que la sharia pense que ces événements sont l’expression de la volonte de D, alors que les mutazilim pensent qu’ils sont le fruit de la sagesse. Nous pensons par contre que tout est défini par ce qui revient à un individu suivant ses propres actions. C’est pour cela que selon les croyants de la sharia il est possible que D fasse souffrir le juste dans ce monde pour le punir encore plus dans le monde futur, alors que les mutazilim pense que c’est impossible et qu’il doit y avoir un sens a tout ce qui arrive dans le monde.

הנה כבר התבארו לך אלו הדעות, והוא שכל מה שתראה מעניני בני אדם המתחלפים, יחשוב אריסט"ו שהוא במקרה גמור, ויחשבו האשעריא"ה שהוא נמשך לרצון לבד, ותחשוב כת המעתזיל"א שהוא נמשך לחכמה, ונחשוב אנחנו שהוא נמשך אחר הראוי לאדם לפי פעולותיו, ומפני זה הוא אפשר אצל כת האשעריא"ה, שייסר השם ביסורין החסיד הטוב בעוה"ז, ויעמידהו עולמית באש אשר יאמר בעולם הבא, ויאמר שכן רצה השם, ויראה המעתזיל"א שזה עול, ושזה אשר הוכח במכאוב ואפילו הנמלה כמו שזכרתי לך יש לה גמול, והיות זה מוכח ומיוסר עד שיגמל נמשך אחר חכמתו.

Par contre, nous croyons que tous les événements qui arrivent à un homme découlent d’un jugement, et D ne commet pas d’injustice has vechalom. D ne punira que celui qui mérite la punition, et c’est ce que l’on retrouve dans beaucoup de versets de la torah. Et c’est de cet avis que sont une multitude de nos sages, puisqu’ils disent « il n’y a pas de mort sans fautes et il n’y a pas de souffrances sans fautes », et ils ont dit encore « de la manière dont un homme juge, de cette même manière D le juge. »

ואנחנו נאמין שכל אלו הענינים האנושים הם כפי הדין, והשם חלילה לו מעול, לא יענוש אחד ממנו אלא המחוייב והראוי לעונש, זהו הכתוב בתורת מרע"ה כי הכל נמשך אחר הדין, ועל זה הדעת נמשכו דברי המון חכמינו ז"ל, שאתה תמצאם אומרים בביאור אין מיתה בלא חטא ואין יסורין בלא עון, ואמרו במדה שאדם מודד בה מודדין לו, זה לשון המשנה.

Et nos sages ont dit que la justice est nécessaire de la nature même de D, et qu’il va récompenser celui qui fait le bien même si D ne l’avait pas commande cette action par un prophète, et qu’il allait punir celui qui fait le mal même si il n’avait pas interdit cet acte explicitement par un prophète, a partir du moment ou la raison pouvait justifier la conduite a adopter. Les sages ont même dit que D récompense les animaux s’ils font le bien. Et ils ont dit « tout celui qui dit « D pardonne », alors ses entrailles doivent être déchiquetées, simplement, D est patient, mais à la fin il récolte sa dette »…

ובארו בכל מקום שהמשפט מחוייב בהכרח בחקו יתעלה, והוא שיגמול העובר על כל מה שיעשה ממעשה הכבוד והיושר, ואע"פ שלא צווה בו על ידי נביא, ושיעניש על כל מעשה רע שיעשהו האיש ואף על פי שלא הוזהר ממנו על ידי נביא, אחר שהוא דבר שהשכל מזהיר ממנו, ר"ל ההזהרה מן העול והחמס, אמרו אין הקב"ה מקפח שכר כל בריה, ואמרו כל האומר קודשא בריך הוא וותרן הוא יתוותרון מעוהי אלא מאריך אפיה וגבי דיליה, ואמרו אינו דומה מצווה ועושה למי שאינו מצווה ועושה, ובארו שהוא אע"פ שלא צווה נותנין לו שכרו, ועל זה העקר נמשכו כל דבריהם,

Cependant on trouve aussi parmi les paroles des sages un ajout qui n’a aucune base dans la torah, c’est ce que l’on trouve chez eux « des souffrances données par amour ». Et pour ces sages il est possible qu’un homme soit frappe même si il n’a commis aucune faute, uniquement pour lui donner plus de mérite. Et ceci est aussi la pensée des matouzalim et il n’y aucun verset de la torah qui parle de cela. Et ne te trompe pas en prenant les exemples des épreuves qui sont évoquées dans la torah. Comme le verset dit « et D a éprouvé Abraham », « et il t’a fait souffrir en t’affamant pour t’éprouver », car ces versets ont un autre sens que l’on expliquera dans un autre chapitre.

ובא בדברי החכמים ז"ל תוספת אחת שלא באה במה שכתוב בתורה, והוא מאמר קצתם יסורין של אהבה, והוא שלפי זה הדעת אפשר שיחולו באדם מכות ללא פשע קודם אבל להרבות גמולו, וזהו גם כן דעת כת המעתזיל"ה, ואין פסוק בתורה לזה הענין, ולא יטעוך עניני הנסיון, והאלהים נסה את אברהם, ואמרו ויענך וירעיבך וגו'. כי הנה תשמע אחר זה הדברים בו, וכו' וזה הדעת אשר אאמינהו הוא יותר מעט ההרחקות מן הדעות הקודמים, ויותר קרוב אל ההקש השכלי,

Et je crois que la « hashgaha » divine s’applique dans ce monde, uniquement sur les êtres humains. Et c’est uniquement chez les êtres humains que tout ce qui les touche est décidé par le jugement, car « les chemins de D sont les jugements ». Et la hashgaha divine, selon ce que je vois et selon mon esprit elle provient de « l’abondance divine ». Or « la hashgaha » ne peut toucher que ceux qui ont un lien avec cette abondance qui est principalement intellectuelle. Comprendre l’application de la justice divine dans le monde, est rendre le monde de cette manière intelligible, c’est le sommet ultime de l’intelligence humaine. Et, plus un homme est capable d’identifier le fonctionnement de la justice divine dans le monde, plus il se rapproche de D et de l’intellect pure, et de ce fait la hashgaha sera de plu en plus dévoilée de la part de D.

והוא שאני אאמין שההשגחה האלהית אמנם היא בזה העולם התחתון, ר"ל מתחת גלגל הירח, באישי מין האדם לבד, וזה המין לבדו הוא אשר כל עניני אישיו ומה שישיגם מטוב או רע נמשך אחר הדין, כמו שאמר כי כל דרכיו משפט, וכו' ואולם ההשגחה האלהית לפי דעתי ולפי מה שאני רואה, היא נמשכת אחר השפע האלהי, והמין אשר נדבק בו השפע ההוא השכלי, עד ששב בעל שכל ונגלה לו כל מה שהוא גלוי לבעל שכל, הוא אשר התחברה אליו ההשגחה האלהית ושערה לו כל פעולותיו על צד הגמול והעונש

אמנם אם טבעה הספינה ומה שבתוכה כמו שזכר ונפל הגג על מי שבבית, אם היה במקרה הגמור לא היה ביאת האנשים בספינה ושבת האחרים בבית במקרה לפי דעתנו, אבל ברצון אלהי לפי הדין במשפטיו אשר לא יגיעו דעותינו לידיעת סדרם.

Si un bateau coule, ou si un toit s’est écroule sur quelqu’un dans une maison, même si on peut dire que cela arrive d’une manière accidentelle, il est certain que le fait que certaines personnes soient dans le bateau ou dans la maison ca ce n’est pas un accident. Le fait que certaines personnes soient victimes d’accident c’est l’expression d’une justice de D, sauf que parfois nous n’arrivons pas à comprendre comment cette justice fonctionne.

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