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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Ekev 5767

1- Le rapport moral à la punition

La parasha de la semaine relate un discours de Moise. Il dit en substance : si vous faites les mitsvoth dans tous leurs détails vous serez bénis, vous aurez beaucoup d'argent, la santé et la paix sinon au contraire vous serez maudit et détruits comme les nations que vous avez vous-même détruites.

C'est un des principes de la foi de croire que D' est juste qu'il punit les mauvais et qu'il récompense les justes. Dans Difficile Liberté Levinas cite un article écrit par un juif au lendemain de la shoah. Dans l’article rapporté par Levinas on imagine un juif orthodoxe dans le ghetto de Varsovie dont on vient d'exterminer toute la famille devant ses yeux, il se trouve seul devant les canons des nazi. L’article se demande comment une telle personne pourrait-elle encore croire en D'? Levinas répond que celui qui pose cette question n'a rien compris au judaïsme. Celui qui pense que la Torah envisage le monde comme un jeu dans lequel les bons sont toujours récompensés et les méchants toujours punis, face à la réalité peut se dire alors que le jeu n'en vaut pas la chandelle. Mieux vaut donc être pire que les nazis puisque c'est cela la méthode efficace. Par contre si l'on comprend que la Torah a été donnée à l'homme pour le grandir et le surélevé vers la perfection et le bien. L’homme qui souffre pourra en prière se révolter face à D', n'abandonnera pas la foi

Je m'excuse vraiment d'appauvrir complètement ce texte qui est d'une beauté rare, dont la seule lecture grandit l'homme et qu'on ne peut pas lire sans pleurer. Je l’ai cité de mémoire et cela fait plusieurs années que je n'ai pas eu accès à ce livre.

Il n'empêche que ce texte de Levinas pose une grande question sur la parasha de la semaine. Si la récompense et la punition ne sont pas des finalités, si en plus on ne peut pas réellement cerner la providence divine qui parait parfois révoltante, alors pourquoi Moise cherche-t-il à culpabiliser le peuple si il se trouve frappé par les coups du sort? Et comment Moise peut-il prétendre que le peuple est dans le droit chemin si il réussit matériellement ? On peut être riche et puissant et totalement corrompu. Quel est donc le sens de cette parasha?

Le Maharsha un commentateur avance une réponse (et c'est aussi la réponse de Maimonide dans les lois de la techouvah). Ils disent que bien que l'on ne puisse pas comprendre les desseins de la Providence - le salaire des mitsvoth pouvant être différé dans le monde futur en ce qui concerne l’individu - néanmoins cette règle ne s’applique pas à la nation dans son ensemble. Les desseins de la Providence ne font que dépendre du comportement de la nation. L’objectif de ce cours est d'approfondir cette réponse.

2- L'homme trouve t-il sa finalité dans le monde futur ?

Il y a une autre remarque à faire sur le texte de Levinas et tout le “business du monde futur” que l'on trouve chez les maîtres de la morale en général. Cela renvoie en fait la finalité de l'homme et de la vie dans l'au-delà. La finalité résiderait dans le rapprochement de D' comme dit le Rav Moshe Haim Luzzato za” (ce qui veut dire lui ressembler). Il en va de même pour Maimonide qui voit le corps comme une entrave à la connaissance de D' qui ne peut être atteinte que dans l'au-delà. C'est vraie que la mishnah dans les Maximes des Pères semble aller dans ce sens puisqu'elle dit que ce monde-ci ressemble à un couloir donnant sur le palais du monde futur. Prépare-toi dans le couloir pour pouvoir accéder au palais. Cependant il est quand même très étrange malgré toutes les réponses données par les commentateurs sur ce sujet que la Torah ne parle pas du tout du monde futur…

3- Une vue contradictoire à la première

N'y aurait-il pas un autre courant dans la pensée du judaïsme? Le talmud dans hagigah 2 et dans pesahim 88 dit une chose étonnante. Il rapporte le cas d'un homme qui serait à moitie esclave et à moitie libre (ceci est possible si l'esclave a été acheté par deux associés et que l'un d’eux l'a libéré par exemple.) L'esclave bien que tenu de faire toutes les mitsvoth de la femme est complètement bloqué pour tous les autres commandements positifs. Il ne peut pas manger du sacrifice pascal (ni le sien ni de celui de son maître). Il ne peut pas mettre les tephillims bien que la partie libre en lui soit obligée de le faire. Mais ce qui dérange surtout le talmud c’est que cette esclave ne peut pas se marier ni avec une esclave car il est libre ni avec une femme libre parce qu'il est esclave. Or dit le talmud le but de la création du monde c'est la procréation. “Le monde n'a été créé que pour la procréation”. C’est pour cette raison qu'on oblige le maître à libérer son esclave afin qu'il puisse procréer. Ce n’est pas pour que l’esclave puisse faire d'autres mitsvoth ou par pur humanisme ou par devoir moral. On libère l’esclave pour qu’il puisse procréer.

A priori on pourrait déduire de ce passage du talmud que la Torah n'est pas le but de la vie ou du monde car la vie et le monde ont un but dans leur essence propre qui tient dans leur mouvement exponentiel de développements. Ce qui se dit en jargon philosophique “l'essence précède l'existence”, c'est-à-dire que l'homme n'a pas à chercher un sens à sa vie car le sens de la vie est intrinsèquement de vivre et de croître et de se développer. Les mitsvoth et la Torah ne seraient là que pour indiquer un mode de vie qui montrerait à l’homme la manière de vivre et de croître. La finalité de la vie est ici-bas dans sa propre production et la procréation.

4- L'individu peut exister avant même d'être créé

Pourtant ailleurs le talmud eruvin 13 b dit que pendant 2 ans et demi les élèves de Shamai et Hillel se sont disputés. Shamai pensait qu’ “il aurait été plus agréable pour l'homme qu'il ne soit pas créé” alors que Hillel disait “non, il est plus agréable pour l'homme qu'il soit créé ”. Jusqu' à ce qu'ils soient tomber d'accords. Finalement ils ont dit : “il aurait été préférable pour l'homme qu'il n’ait pas été créé mais maintenant qu'il est créé il faut qu'il fasse attention à ses actions”. On retrouve d’abord ici un point commun avec le passage précédent. La Torah ou la pratique des mitsvoth ne sont pas une fin en soi. Ils viennent après coup. D'abord il y a la vie. Une fois que la vie est là, il faut pratiquer les commandements. Mais là où il y a une différence avec le passage précédant c'est sur le fait que le talmud se demande si cela eut été mieux pour l'homme qu'il ne soit pas créé? Si on pense que le monde est créé pour la procréation cette question na' aucun sens. Si le but de l'homme c'est la vie, on ne peut pas dire qu'il aurait été préférable qu'il ne naisse pas. On peut poser cette question plus radicalement encore. Lorsque l'on demandait à Bergson pourquoi le monde existe? Pourquoi il y a quelque chose plutôt que le néant? Il répondait avec raison que c'était une fausse question car le néant c'est la négation de ce qui existe. Foncièrement le néant ne peut exister qu'après l'existence d’une chose. D'abord il y a l'existence puis l'anéantissement de cette existence. Ainsi cette phrase de Shamai et Hillel disant “il aurait été plus agréable à l'homme de ne pas être créé ” est une grosse absurdité à priori. Car si l'homme n'est pas créé il n'existe pas. Comment quelque chose peut lui être agréable?

Cette même absurdité on la retrouve dans la prière de Yom Kippour à la Neila. Nous disons à D' “avant que je ne sois créé je ne valais pas le coup, et maintenant que je suis créé c'est comme si je ne l'étais pas”. Comment peut-on considérer un “moi”, un “je” qui parle à D' comme un “je” qui n’est même pas créé. J'existe en tant qu'individu avant d'être créé qu'est-ce que cela veut dire?

Cela semble montrer que notre propre vie nous dépasse. Nous aurions pu exister sans être créé et malgré tout nous appeler Adam, qu'est-ce que cela signifie?

5- L'absurdité de la liberté

Si nous revenons a la these precedente cellle de la finalite de l'homme comme se realisant dans la proximite avec d' on comprend qu'elle possede un autre avantage c'est qu'elle permet de donner un sens a la liberte de l'hommecar celon la these opposee, meme si on soutient que la vie n'est pas absurde , puisqu' elle a un mouvement et un sens axe sur la procreation, c’est a dire le desir de vivre et de gout de l'existance. il n'empeche que le libre arbitre de l'homme renvoie a l'homme une sensation d' absurdite face a la vie.

Par exemple un cheval ou une vache ne se sont jamais demande pourquoi il mangent, et pourquoi il mange cela plus qu'autre chose, il n'ont pas de conscience d'avoir un choix a faire, par contre l'homme qui doit faire des choix et qui est libre dans ses choix se confronte par la meme a l'absurde. “ est est ce que je vais faire du trading ou du consulting” “est ce que je vais manger chinois ou italien”, “ cancum ou les bahamas” tout ces choix sont en fait de la meme nature “qu'etre ou ne pas etre” par ce qu'ils sont absurdes justement par ce que l’homme est libre de choisir de maniere aleatoire ce qu’il veut.

C'est pour ca que quand le talmud dit “le monde n'existe que pour la procreation” ou quand camus dit “il faut rendre sysiphe heureux” (ce qui veut dire, aimer la vie dans son absurdite, pour camus chercher un sens a la vie c'est deja de la maladie mentale) ou quand spynoza dit que “celui qui pense que le monde a un but delire et fait delirer son dieux avec lui” c’est tres beau!, mais pas satisfaisant pour autant , par ce que ce n'est pas la vie qui est absurde, c'est le choix, la vie en tant que finalite s’oppose a la conscience de la liberte. (Et meme si Sartre a montre du doigt le probleme, il ne lui a pas apporte de solution, par ce que, lui aussi, il avait mal pose la question, en effet, il a vu la liberte comme une maniere d’exister, alors que la liberte est un rapport a la vie, pas la vie elle meme).

Par contre la pensee du rav luzzato et des grands maitre de la morale permet de rendre un sens a la liberte de l'homme, puisque celon eux le but du libre arbitre de l'homme c'est de faire les mitswoth et de se raprocher le plus possible de d' dans ce monde et dans le monde futur.Pourtant le talmud ne semble pas avoir opte pour cette direction, il y aurait donc une autre maniere de donner un sens aux choix de l’homme, lequel est ce?

6- Le choix et la connaissance

Pour la torah le libre arbitre ne naît pas avec l’homme. On dit que l ‘homme ne devient libre qu'a treize ans, c'est a treize ans qu'il reçoit le bon penchant, et qu'il a le daat la conscience qui le rend adulte, le katan celui qui a moins de 13 ans n'est pas “ben daat”. Il semble que la torah face un lien entre le “daat” la connaissance et le libre arbitre, on a l’impression que c’est le “daat” la connaissance qui va faire le lien entre la liberte et la vie.

Cependant il y a lieux de s'interroger sur l’idée du talmud qui pense qu’un enfant avant 13 ans est dépourvu d’intelligence. Kierkegaard nous raconte que lorsqu'il etait enfant il avit des pensées excessivement profonde sur l'éternité de l'ame qu'il n'a jamais plus retrouve par la suite, le midrash dit qu'abraham a reconnu d' quand il avait trois ans, le talmud rapporte beaucoup d'histoire d'enfant prodige qui comprenait des passages obscures des visions mystiques d'ezekiel alors que de grand sages n'y arrivaient pas, comment peut on dire que le “daat” l'intelligence ne ne rentre qu'a 13 ans chez un enfant. Il faut donc s’interroger sur ce qu’est le daat. Dans la prière nous disons 3 fois par jour "c'est toi qui donne a adan le daat par pitié", c'est la seule bénédiction qui commence par une reconnaissance de la bonté du créateur, toutes les autres bénédictions ou nous demandons a d’ quelque chose, on demande directement la chose sans préambule.

Pourquoi cette différence?, et de plus pourquoi fait on allusion a adan?, A priori cela serait peut être un argument pour justifier notre demande: “adan a faute en mangeant de l’arbre du daat (de la connaissance) D’ lui a quand même donne le daat malgré sa faute, c’est pour cela que l’on peut parle de “don gratuit” “par pitié”, donc , D’ devrait nous donner le daat aussi, meme si on ne le mérite pas.

Disons, mais ou voit on qu’adan a recu le daat dans la torah ? eh bien les seule fois ou l’on voit adan recevant le daat c’est propos des rapport sexuel! Et adan a connu sa femme, c’est tout! on ne trouve nulle part la connaissance le daat chez adan que dans son rapport a eve. En fait pour qu’un enfant soit majeur, bar mitsvah, qu’il ai le daat il faut qu’il est atteint une maturité sexuelle,( l’age de treize ans dans la halacha n’est qu’une appréciation statistique qui nous dit qu’a cette age il a atteint cette possibilité de procréer,) c’est la ou il devient ben daat.

7- La connaissance c'est la conscience du désir, le désir c'est le dépassement de la vie par

la vie.

Mais qu’est ce que ça veut dire! Comment le désir sexuel serait le bon penchant et l’intelligence? Tout simplement par ce que sentir le désir sexuel c’est sentir le désir de procréer et de s’unir, et c’est ça la vraie maturité. Le radbaz dans ses reponses remarque une anomalie dans l’histoire de la faute du premier homme. Dans le jardin il est question de deux arbres celui de la vie et de la mort et celui de la connaissance du bien et du mal, D’ interdit a adan de manger le fruit de la connaissance, mais il n’interdit pas de manger celui de la vie, après avoir mange de l’arbre de la connaissance adan est rejette du jardin d’eden de peur qu’il mange de l’arbre de la vie. qu’est ce qui s’est passe? Pourquoi jusqu’ici l’arbre de la vie etait permis?, comment ce fait il qu’après avoir mange l’arbre de la connaissance la vie devient un fruit defendu?. La réponse a mon avis tiens dans ce fait la connaissance c’est la mort, pour connaitre il faut mourir, le talmud dit que la torah ne peut s’acquérir que si l’on se tue dessus. Tout choix est le meurtre d’une opportunité possible, mais c’est aussi la mise au monde d’une existence nouvelle, le choix et la connaissance sont le contraire de la vie individuelle.

Ceux qui passe leurs temps a ne rien faire, comme moi, on put lire la semaine dernière que l’homme le plus vieux de la planète est un asiatique, lorsqu’il lui on demande comment il s’explique sa longévité il a repondu que depuis l’age de 36 ans il vit dans l’abstinence et que c’ est pour cela qu’il vit si longtemps. C’est aussi l’avis du talmud qui dit que sur 100 personne qui meurt 99 meurt pour avoir eu trop de relation sexuelles, Maimonide explique ce passage en disant que l’essence de la vie de l’homme est dans sa semence a chaque fois qu’il a une relation il perd de sa force vitale. C’est sur ce point aussi que je vois un parallèle entre la sexualité avec la connaissance en général, toute connaissance est une violence et un sacrifice de soi mais ce sacrifice nous apporte a une autre dimension de la vie.

Le talmud dans kidushin 72 dit le jour ou rabi akivah est mort rabi est ne, quand rabi est mort rav yehudah est ne, le jour ou rav yehudah est mort rava est ne, le jour ou rava est mort rav achi est ne, en fait chaque mort est une naissance et chaque naissance une mort. En fait la mort est triste que pour celui qui meurt ou ceux qui le voit mourir mais dans l'univers ce n'est que la vie qui continue, la vie qui n'appartient a personne qui habite un corps puis un autre, Chaque naissance est une mort chaque mort est une naissance.

C’est le daat c’est adire la permutabilité de la vie a une autre vie qui cree le lien entre le choix et la vie. En fait le daat c’est comprendre que creer c’est mourir, mais que la vie ne nous appartiens pas c’est en ce sens que le choix n’est pas absurde. Lorsque l’on parle d’un moi non cree on parle de la vie dont l’individu n’est qu’une modalité.

8- Les deux dimensions de l'homme: l'homme historique et l'homme morale.

Lorsque Moise parle dans le livre du deutéronome il s'adresse a la nation, pour la nation éternelle d'israel, qui est éternelle dans ce monde, la réalisation de la torah est dans ce monde, l'homme existe dans deux univers parallèles: d'un cote il est un personage historique lie au peuple, dans ce sens sa mission et sa destinée existe avant même qu'il soit cree, c'est de cette mission et de cette destinée dont il est question dans la prière de la neila, c'est a partir de cette destinée que l'on s'adresse a d' dans le texte préétablie de la prière rituelle. Mais il existe aussi dans sa dimension d'individu moral qui cherche le bien en soi et la proximité a d', mais cette destinée individuelle n'intéresse pas Moise ou le pentateuque en général, elle n'est traitée qu'a travers la bouche des autres prophète don’t le degré de prophétie est plus temporelle (le prophete peut inventer une mitsvah qui sera pratiquée pour un moment, mais il ne peut pas inventer une nouvelle mitsvah qui devrait être pratiquer pour l'éternité, alors qu'au contraire les lois de Moises ne peuvent pas être changées dans le temps).

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