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  • Writer's pictureRav Uriel Aviges

Roch Hachana 5780 (II)


1- L’âme et l’ego dans le monde contemporain


La société contemporaine reconnait l’existence de l’âme, elle lui laisse même une place de plus en plus prépondérante, il est courant aujourd’hui de faire de la méditation ou de la kabbale, le monde reconnait de plus en plus naturellement l’existence de l’âme comme étant une évidence existentielle. L’âme existe, elle a ses besoins sa soif sa faim et on doit gérer ses exigences comme on doit gérer celles d’un animal de compagnie.

Dans la société contemporaine, l’âme est distinguée de l’ego.

Dans la psychologie new âge moderne, l’âme se définie comme un désir de se connecter avec les autres et le monde, un désir de partager, la part spirituelle qu’il y a en nous, la volonté d’arriver à une prise de conscience de soi qui nous dépasserait ; un désir d’être plutôt qu’un désir de faire.

Alors que l’ego est lui définit comme, une volonté de s’attacher à des biens matériels tangibles, le désir d’acquérir, la volonté de juger et de séparer les choses et les perceptions comme bonnes ou mauvaises, il s’identifie avec le corps et l’esprit, il est dévoré par des désirs superficiels ou nécessaires ; l’ego se définie dans l’action du « faire » et du « penser ».

Cette déconnection entre l’âme et l’ego, comme étant deux entités qui cohabitent sans jamais se rencontrer, a plusieurs implications dans la réalité existentielle de la société actuelle.

La première, la plus importante pour nous, c’est la déconstruction du message fondamental de l’héritage abrahamique. En effet l’apport fondamental du judaïsme a la culture universelle consiste à avoir rattacher la spiritualité a la morale.

Les jours de rocha Hachana et de Yom kippour sont les jours ou les juifs sont le plus proches de D par ce que justement ils doivent être jugés moralement sur leurs actions. Le jugement et la distinction entre le bien et le mal sont considérés dans la torah comme l’ascèse spirituelle ultime. La spiritualité ne se trouve pas uniquement dans l’être, elle se trouve aussi et surtout dans le faire.

Abraham a lutté contre l’idolâtrie par ce qu’il niait cette distinction que le service idolâtre créait en séparant la spiritualité de la morale. En séparant l’ego de l’âme le monde moderne verbalise une nouvelle idolâtrie.

Il se trouve donc qu’aujourd’hui que, pour rendre le judaïsme plausible, il faut essayer d’analyser la relation existante entre l’âme et l’ego. Tant que l’on n’aura pas compris cette interaction, le judaïsme ne pourra pas faire sens dans le monde contemporain, on sera condamné à vivre dans le monde des idoles.

Pour comprendre la relation qui existe entre l’ego et l’âme, il y a lieu de d’analyser un autre changement qui y a eu dans la société moderne, celui-ci évidemment, concerne le rapport a la sexualité.

En effet le quantique des quantiques nous apprend que souvent la relation au divin n’est que le miroir de la relation homme femme. Or quel que soit le niveau spirituelle ou intellectuel d’une personne, l’humain aura toujours beaucoup plus de mal à envisager le rapport au divin que le rapport a la sexualité. Mieux vaut donc partir de la sexualité pour arriver au divin plutôt que de faire chemin inverse.

La séparation entre l’ego et l’âme a modifié d’une manière fondamentale la relation a la sexualité, on peut aujourd’hui avoir une âme de femme, habitant un ego ou un corps d’homme, ou vice versa. Il n’y a plus de connexion entre le vérité existentielle ou spirituelle d’une personne et ses attributs corporels ou moraux.

Dans les relations entre les sexes, à proprement parler, aujourd’hui, le fait d’avoir une relation profonde et authentique avec un partenaire, n’entraine plus du tout que l’on veuille vivre avec lui. On peut aimer quelqu’un d’une manière très profonde et authentique sans pour autant vouloir faire quelque chose en commun avec lui. De même le contraire est devenu aussi vrai, on peut vivre avec quelqu’un que l’on n’aime pas vraiment et avec lequel on ne ressent pas vraiment une connexion existentielle.

On peut vouloir vivre avec quelqu’un par ce que cette amour satisfait notre ego et aimer quelqu’un d’autre par ce que cette amour satisfait notre âme.

Le mariage d’ego a remplacé le mariage de raison, c’est une triste réalité. Pour reprendre une phrase du rav Joseph ben Abraham Gikatilla, reprise et simplifiée par notre maitre Phillippe : « C’est rare quand on se marie avec son véritable zivoug ».

Dans le monde contemporain l’âme et l’ego cohabitent sans réellement interagir l’un sur l’autre, il est donc évident que dans la relation au corps ou à l’autre, ils soient complètement dysfonctionnels.

Alors ou est l’erreur ? qu’est ce qui existait au 19 -ème ou au 20 -ème siècle qui a disparu progressivement dans le 20 -ème ? qu’est-ce que l’on a voulu nier en séparant l’âme de l’ego ?


2- La jouissance d’être une victime.

Dans l’amour romantique du 18 -ème ou du 19eme siècle, l’amour et l’ego interagissent dans une synergie positive, mais cette synergie est motorisée par la jouissance d’être une victime.

Dans le premier moment amoureux dans la relation romantique, les individus vivent une osmose pleine et entière, ils veulent tout partager perdre conscience d’eux même, leur âme veut tuer leur ego. Puis, dans un deuxième temps de la relation, l’ego veut tuer l’âme et passionnellement les amants cherchent à transformer leur relation qui était dans « l’être » a quelque chose qui va se traduire dans le monde du « faire ». Dans un premier temps l’ego jouie d’être une victime de l’âme alors que dans un deuxième temps c’est l’âme qui jouit d’être une victime de l’ego.

L’âme et l’ego sont en effet des réalités opposées et elles ne peuvent s’accorder et interagir que dans une relation sado masochiste articulée sur la jouissance d’être une victime l’une de l’autre. Mais cette jouissance n’est pas stérile, elle crée une unité dans l’homme elle lui permet de d’évoluer et de construire une relation sensée avec lui-même et avec les autres. Cette relation n’est pas destructrice pour l’homme puisqu’au moment du dernier geste, lorsque le couteau va trancher la carotide, la polarité s’inverse et le bourreau joui de devenir une victime et la victime renait avec une volonté nouvelle d’exister de s’exprimer et de prendre le pouvoir.

On comprend bien que c’est le message qu’Abraham a voulu transmettre à travers l’épreuve du ligotage d’Isaak.

La proximité à D et le jugement moral ne peuvent cohabiter que dans cette relation de jouissance ou l’âme jouie d’être une victime de l’ego en admettant d’être jugée pour ses actions, mais ce jugement ne peut pas être fatal, par ce qu’au moment du dernier geste, lorsque D comprend que l’homme est coupable, alors, ils jouie de rendre sa place à l’âme humaine et sa vie.

C’est ce que le talmud veut dire lorsqu’il explique que le son du chofar à Roch Hachana permet de se souvenir du ligotage d’Isaak et que lorsque D entends ce son du chofar, il se lève du trône de justice pour s’assoir sur le trône de la miséricorde. Il faut accepter que l’ego soit jugé pour que l’âme puisse désirer prendre le dessus et submerger l’ego. Comme dans l’amour romantique ou l’ego se laisse submerger dans un désir d’être et de se fondre en l’autre.


3- Le discours victimaire dans le monde moderne.

Les trois livres de Roch Hachana.

Le talmud explique qu’a Roch Hachana trois livres sont ouverts, celui des justes celui des moyens et celui dans coupables.

« Le rabbin Kruspedai a déclaré que le rabbin Yoananan avait déclaré : Trois livres sont ouverts à Rosh Hashana devant le Saint, béni soit-Il : celui des gens tout à fait méchants, et celui des hommes tout à fait justes, et celui des gens médiocres dont les actions bonnes et les mauvaises sont équitablement équilibrées. Les personnes entièrement justes sont immédiatement écrites et scellées dans le livre de la vie ; les gens complètement méchants sont immédiatement écrits et scellés pour la mort ; et le peuple médiocre est suspendu de Rosh Hashana jusqu'à Yom Kippour, son jugement étant suspendu, son destin restant indécis. S'ils méritent, à travers les bonnes actions et les mitswot qu'ils accomplissent durant cette période, ils sont écrits pour la vie ; s'ils ne le méritent pas, ils sont écrits pour la mort. »

Ce passage du talmud est très connu et très étonnant pour plusieurs raisons sur lesquelles je ne vais pas m’attarder ici (dans la vidéo je pense avoir été plus loquace à ce sujet). Succinctement pourquoi a-t-on besoin d’un livre des gens médiocres vue que leur statue ne dure que 10 jours au maximum, en général l’écriture dans un livre signifie une pérennité du décret, or ici le décret ne dure pas, de plus ce ne sont pas toujours les justes qui vivent oui les méchants qui meurent, c’est même souvent le contraire, alors, quel est le sens de ce passage du talmud ?

En fait le jour de Roch Hachana est le jour de la création du monde, or dans le sefer yetsirah il est écrit que le monde a été créé par trois livres.

Il est écrit en effet dans le premier paragraphe

« Yah, le Seigneur des armées, a gravé son nom dans trente-deux merveilleux chemins occultes et merveilleux de sagesse : Dieu des armées d'Israël (Tzevaot Eloi Israël), Dieu toujours vivant (Elohim Hayim), miséricordieux et miséricordieux (v'Melekh Olam), sublime, demeurant au sommet (El Shaddai), qui habite l’éternité. Il a créé cet univers par les trois livres : écriture (SePHeR), nombres (SePHoR) et parole (SiPuR). »

Qu’est-ce que cela veut dire ?

Pour comprendre ces passages du talmud, il convient de revenir à notre analyse de la société moderne.

Le monde moderne a tenté de nier un aspect de l’âme humaine : « la jouissance d’être une victime. » Mais à chaque fois que l’on cherche à nier une part de la nature humaine, cette même nature que l’on voulait conjurer revient ailleurs avec beaucoup plus de force, et au lieu de s’inscrire dans une dynamique positive comme elle l’aurait fait si elle avait été acceptée naturellement, elle réapparait ailleurs, en créant des dynamique destructrice ou contreproductive.

Dans le monde moderne tout le monde se sent une victime. L’employé est victime de son patron, les enfants sont les victimes de leurs parents, les parents les victimes des enfants ou d’internet. Les rabanim sont les victimes de leurs élevés et les élevés de leur rav. Les femmes sont les victimes de leurs maris et les maris de leur femme. La religion est victime d’internet et les obeses de leurs hormones. Et nous sommes tous les victimes de macron.

L’homme moderne s’enferme dans un discours victimaire. Il rumine des discours ou il se décrit comme une victime et en s’inscrivant dans ce discours il jouit, mais en jouissant de ce discours il meurt aussi. A chaque fois que je me plain de mes élèves ou de ma femme (il y a pourtant vraiment de quoi, je vous assure !) j’ai vraiment l’impression de me tuer moi-même. Se plaindre c’est jouir de se sentir une victime, mais cette jouissance est suicidaire, par ce qu’elle oblige celui qui se plaint à répéter et à s’inscrire dans ce discours à l’infini.

C’est le livre de la mort, le livre ou l’homme n’arrive plus à sortir d’un scenario dans lequel il s’est érigé en victime, un scenario qu’il rumine et qu’il répète à l’infini.

4- Le livre de la vie

Le talmud nous explique que l’homme n’est jugé à Roch Hachana que par rapport au niveau qu’il atteint lors de la prière du moussaf, prier le moussaf de Roch Hachana, c’est en soi s’inscrire dans le livre de la vie.

« Et Rabbi Yitzhak dit : Un homme n'est jugé que sur ses actes au moment de son jugement, comme il est dit à propos d’Ismaël : « Car Dieu a entendu la voix du garçon où il est ” (Genèse 21 :17). Bien qu'Ismaël et ses descendants fassent preuve de méchanceté dans le futur, sa prière a été entendue et exaucée parce qu'il était innocent à ce moment. », le talmud semble dire que l’homme n’est juge que par rapport à son niveau spirituel au moment du moussaf de Roch Hachana.

Dans la prière de moussaf de Roch Hachana on peut lire la chose suivante au début de la bénédiction dite « des souvenirs ».

« Tu te souviens des agissements des [hommes] dans le monde d’aujourd’hui, et tu considères également le comportement de tous ceux qui ont vécu dans les temps anciens. En ta présence sont révélées toutes les choses cachées et la multitude de secrets du début de la création ; car il n'y a pas d'oubli devant le trône de ta gloire, et rien n'est caché à tes yeux. Tu te souviens de tout ce qui a été fait et même tout ce qui est formé n’est pas caché. Tout est révélé et connu devant Toi Adonoy, notre Dieu qui observe et regarde jusqu'à la fin de toutes les générations.

Pour que tu fixes un moment de souvenir déterminé pour considérer chaque âme et chaque être ; pour se rappeler de nombreux actes et d’une multitude de créatures sans fin. Depuis le début de la création, tu l’avais fait savoir et tu l’avais déjà révélé. Ce jour [Rosh Hashana] marque le début de Ton travail, un mémorial du premier jour. Car c'est un statut pour Israël [le jour du] jugement du dieu de Ya’aqov. Et à propos des pays [le jugement] est prononcé, lequel d'entre eux est destiné à l'épée [guerre] et lequel à la paix, lequel à la famine et qui pour l'abondance. Et là-dessus, des créatures sont évoquées pour qu’elles se souviennent de la vie ou de la mort. Qui pourrait être jugée comme ce jour-là ? Car le souvenir de tout ce qui est formé vient devant toi : le comportement de l'homme et le décret de son destin, et les méfaits des actions de l'homme, les pensées de l'homme et ses desseins, ainsi que les motivations de ses actes. Heureux l'homme qui ne t'oublie pas, le fils de l'homme qui prend de la force en toi. Car ceux qui te cherchent ne trébucheront pas à jamais et ne seront déshonorés pour l’éternité- tous ceux qui ont confiance en toi. Car le souvenir de toutes leurs actions se présente à toi et tu les examines toutes. 

Et de Noah, tu t’es souvenu avec amour, et [donc] tu lui as promis une promesse de délivrance et de compassion, lorsque Vous avez amené les eaux du déluge pour détruire toute chair à cause de la méchanceté de leurs actes. C'est pourquoi, Adonoy, notre Dieu, se souvint de lui et décida de multiplier sa semence comme la poussière de la terre et sa descendance comme le sable de la mer ; comme il est écrit dans Ta Torah ; "Et Dieu se souvint de Noah et de toutes les bêtes et de tout le bétail qui étaient avec lui dans l’Arche, et Dieu fit passer un vent sur la terre, et les eaux se calmèrent ».

On dit : “Et Dieu entendit leur cri gémissant, et Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, avec Yitzhak et avec Ya’aqov.” Et il est dit : “Je me souviendrai de mon alliance avec Ya’aqov, et aussi de mon alliance avec Yitzhak, et aussi mon alliance avec Abraham, je me souviendrai ; et le pays [de Israël] je me souviendrai »

Car celui qui se souvient de tout ce qui a été oublié de l'éternité, c'est toi, et il n'y a pas d'oubli devant le trône de ta gloire ; et la ligature de Yitzhak - en faveur de ses descendants – Puisses tu t’en souvenir aujourd'hui avec compassion. Béni sois-tu Adonoy, qui se souvient de l'alliance. »

Ce texte du rituelle a ceci de particulier c’est qu’il s’adresse à l’âme, dans ce texte on ne demande rien à D pour nous même. Nous sommes extérieurs a nous-même, nous sommes des âmes éternelles, nous sommes des spectateurs du jugement divin, nous prenons la main de D et nous nous promenons avec lui à travers l’histoire du monde. C’est un texte transcendantal, en lisant ce texte l’homme s’extériorise à lui-même, il sort de son corps, il devint éternel, mais il ne se fond pas à l’univers en pensant au vide, il sort de lui-même par ce qu’il s’identifie à un récit éternel qui le dépasse.

Son histoire ce n’est plus son histoire personnelle, sa dernière crise avec son mari ou ses enfants ou le dernier anniversaire auquel il a assisté, c’est l’histoire d’Israël, il est le descendant de Noé, d’Abraham d’Isaac, il fait partie d’un peuple d’une famille qui a une histoire, il fait lui-même partie de cette histoire qui le dépasse.

Le récit dans lequel il s’inscrit c’est le livre de la vie, la manière de sortir du livre de la mort, le livre de la répétition victimaire, c’est de prendre conscience que l’on vit un récit plus grand que nous, un récit éternel qui nous dépasse qui existait avant nous et qui existera après nous.

En étudiant la torah en allant à la synagogue en faisant les mitswot ont s’inscrit dans ce récit, dans le livre de la vie qui n’est autre que livre de l’éternité d’Israël.

Le récit victimaire qui condamne à la répétition est un récit qui s’adresse à directement à l’ego, alors que le récit qui libère ; le livre de la vie, c’est un récit qui s’adresse à l’âme a quelque chose qui est plus grand que nous et qui nous dépasse.

Dans le monde moderne, par le cinéma et les media sociaux, l’homme absorbe les récits directement par son ego, en se projetant dans l’immédiateté de l’image du personnage. Progressivement le présent de narration a disparu du cinéma ou de la littérature. L’homme contemporain se projette dans le récit du monde moderne par l’image, le récit proposé est orienté directement sur l’ego. Ce discours et par essence victimaire, puisque le réel n’est jamais aussi beau que son image, on devient donc victime de son image, il est aussi mortifère car il condamne celui qui le reçoit la répétition manquée infini.

Le discours de la torah rejette le recours à l’immédiateté de l’image, il s’adresse à l’âme a une chose à laquelle on s’identifie, mais qui nous dépasse. C’est un discours libérateur, c’est le livre de la vie.


5- Le livre des médiocres.

Le talmud dans berahot dit la chose suivante

Rabbi Yossi le galiléen dit « La bonne volonté règne chez les justes, comme il est dit : « Et mon cœur est mort en moi » (Psaumes 109 : 22) ; le mauvais penchant a été complètement banni de son cœur. Le mauvais penchant règne sur les méchants, comme il est écrit : « La transgression parle aux méchants, il n'y a pas de crainte de Dieu devant ses yeux » (Psaumes 36 : 2). Les médiocres sont gouvernés à la fois par les bonnes et les mauvaises inclinations, ainsi qu'il est écrit : « Parce qu'il se tient à la droite des nécessiteux, pour le sauver de ceux qui gouvernent son âme » (Psaumes 109 : 31).

Rabba a dit : Les gens comme nous sont médiocres. Abaye, son élève et son neveu, lui dit : Si le Maître prétend qu'il est simplement médiocre, il ne laisse aucune place à aucune créature. Si une personne comme vous est médiocre, qu'en est-il de nous ?

Et Rava dit : Le monde a été créé uniquement pour les méchants à part entière ou les justes parfait ; les autres ne mènent une vie complète dans aucun des deux mondes. Rava a déclaré : Il faut savoir de soi-même s’il est ou non complètement juste, car s’il l’on n’est pas complètement juste, on peut être sûre que sa vie sera une vie de souffrance.

Rav a dit : Le monde a été créé uniquement pour le méchant Achab ben Omri et pour le rabbin Hanina ben Dosa. La Guemara explique : Pour Achab ben Omri, ce monde a été créé, car il n'a pas sa place dans le monde à venir, et pour le rabbin Hanina ben Dosa, le monde à venir a été créé. »

Qu’est-ce que la guemarah veut dire ?

En fait, chez chaque homme il y a trois modalités de l’être.

D’un côté, chaque homme, d’une certaine manière, se sent comme un personnage historique, qui joue un rôle dans l’histoire de l’humanité et du dévoilement de la présence de D sur terre. C’est le premier livre mentionné dans le sefer yetsirah, c’est la première manière de se lier à sa vie qui consiste à se sentir investi d’une mission et d’une histoire qui nous dépasse.

Mais, d’autre part, l’homme vit sa vie à travers le récit lie à l’ego, il se voit comme un homme qui mange qui travaille, qui « fait », qui veut réaliser, il vit à travers la relation a une image qu’il a de lui-même de son corps, et de sa psyché. C’est le troisième livre mentionné dans le sefer yetsirah, c’est la modalité du récit orienté vers l’ego. Le livre de la mort.

Le livre des médiocres c’est la manière dont on relie ces deux livres entre eux.

Roch Hachana correspond au livre des justes, en effet dans la prière de Roch Hachana ont sort complétement de soi on ne mentionne pas les fautes, on s’inscrit dans l’histoire de l’univers et du peuple d’Israël.

Yom kippour correspond au monde de l’ego, c’est le livre des Rechaim, on commence la prière en disant que l’on permet de prier avec ceux qui transgresse, on mentionne nos fautes à longueur de journée, on dit clairement que nous sommes des pécheurs. A Yom kippour on essaie de purifier notre rapport à l’ego.

Les dix jours de techouvah sont la période qui relie le livre de la vie à celui de la mort, c’est le moment intermédiaire qui correspond au moment de la vie ou l’on relie la conscience d’être un personnage historique une âme éternelle, au monde trivial et passager de l’ego.

La période des dix jours de techouvah qui inclue en elle Roch Hachana et Yom kippour, est la période la plus importante par ce qu’elle correspond à la dimension de l’être dans laquelle on évolue la plupart du temps, celle qui relie et qui tisse l’ego avec l’âme.

Rabi Hanina ben dossa est cité comme exemple de ce celui qui vivait complétement déconnecté de la réalité et de la contingence du monde présent ; c’est lui qui dit que le vinaigre peut bruler comme l’huile et qui tue le serpent en se faisant mordre par lui, il ne vit pas dans le présent. Il vie dans la dimension de l’éternité. Achav lui ne vit que pour le présent il ne vie que dans l’ego et l’image.

Dans le moussaf de Roch Hachana on retrouve encore cette dimension des trois livres, puisque dans la bénédiction de la royauté on parle du monde vu par les justes (alors les justes se réjouiront..}, et dans celle du souvenir on parle des médiocres (les bonnes et les mauvaises actions) , alors que dans la troisième partie, celles des chofarot on parle du don de la torah et des temps messianique c’est à dire du dévoilement de D dans la matière par la loi et le présent de l’histoire humaine à travers le son du chofar.


Chanah tovah a tous.


 

Les documents

 


וְאַחַר עוֹרִי, נִקְּפוּ-זֹאת; וּמִבְּשָׂרִי, אֶחֱזֶה אֱלוֹהַּ. כז אֲשֶׁר אֲנִי, אֶחֱזֶה-לִּי--וְעֵינַי רָאוּ וְלֹא-זָר:

Après que ma peau, que voilà, sera complètement tombée, de ma chair, je verrai Dieu! 27 Oui, je le contemplerai moi-même pour mon bien, mes yeux le verront, non ceux d'un autre.

Duties of the hart

כבר אמרו קצת החכמים שהפילוסופיא הוא ידיעת האדם את עצמו רצה לומר ידיעת מה שזכרנו מענין האדם כדי שיכיר הבורא יתעלה מסימן החכמה בו כמה שכתוב (איוב יט) ומבשרי אחזה אלוה.

And thus some sages declared that philosophy is man's knowledge of himself, which means, knowledge of what we have mentioned regarding the human being, so that through the evidence of divine wisdom displayed in himself, he will become cognizant of the Creator; as Job said (Job 19:26) "From my flesh, I see G-d".

Texte 3

א"ר כרוספדאי א"ר יוחנן שלשה ספרים נפתחין בר"ה אחד של רשעים גמורין ואחד של צדיקים גמורין ואחד של בינוניים צדיקים גמורין נכתבין ונחתמין לאלתר לחיים רשעים גמורין נכתבין ונחתמין לאלתר למיתה בינוניים תלויין ועומדין מר"ה ועד יוה"כ זכו נכתבין לחיים לא זכו נכתבין למיתה

§ The Gemara goes back to discuss the Day of Judgment. Rabbi Kruspedai said that Rabbi Yoḥanan said: Three books are opened on Rosh HaShana before the Holy One, Blessed be He: One of wholly wicked people, and one of wholly righteous people, and one of middling people whose good and bad deeds are equally balanced. Wholly righteous people are immediately written and sealed for life; wholly wicked people are immediately written and sealed for death; and middling people are left with their judgment suspended from Rosh HaShana until Yom Kippur, their fate remaining undecided. If they merit, through the good deeds and mitzvot that they perform during this period, they are written for life; if they do not so merit, they are written for death.

א"ר אבין מאי קרא (תהלים סט, כט) ימחו מספר חיים ועם צדיקים אל יכתבו ימחו מספר זה ספרן של רשעים גמורין חיים זה ספרן של צדיקים ועם צדיקים אל יכתבו זה ספרן של בינוניים

Rabbi Avin said: What is the verse that alludes to this? “Let them be blotted out of the book of the living, but not be written with the righteous” (Psalms 69:29). “Let them be blotted out of the book”; this is the book of wholly wicked people, who are blotted out from the world. “Of the living”; this is the book of wholly righteous people. “But not be written with the righteous”; this is the book of middling people, who are written in a separate book, not with the righteous.

ר"נ בר יצחק אמר מהכא (שמות לב, לב) ואם אין מחני נא מספרך אשר כתבת מחני נא זה ספרן של רשעים מספרך זה ספרן של צדיקים אשר כתבת זה ספרן של בינוניים

Rav Naḥman bar Yitzḥak said: This matter is derived from here: “And if not, blot me, I pray You, out of Your book which you have written” (Exodus 32:32). “Blot me, I pray You”; this is the book of wholly wicked people, who are blotted out from the world. “Out of Your book”; this is the book of wholly righteous people, which is special and attributed to God Himself. “Which You have written”; this is the book of middling people.

Texte 4

Sefer yetsirah

בשלשים ושתים נתיבות פליאות חכמה חקק יה יהוה צבאות אלהי ישראל אלהים חיים ומלך עולם אל שדי רחום וחנון רם ונשא שוכן עד מרום וקדוש שמו וברא את עולמו בשלשה ספרים בספר וספר וספור:

In thirty-two most occult and wonderful paths of wisdom did Yah the Lord of Hosts engrave his name: God of the armies of Israel (Tzevaot Elohai Yisrael), ever-living God (Elohim Hayim), merciful and gracious (v’Melekh Olam), sublime, dwelling on high (El Shaddai), who inhabiteth eternity. He created this universe by the three derivatives: Writing (SePHeR) Numbers (SePHoR), and Speech (SiPuR).

Mussaf roch hachanah zihronot

The following prayers and Scriptural readings form the portion of Shemoneh Esreh; referred to as, זִכְרוֹנוֹת—Remembrances.

אַתָּה זוֹכֵר

You remember

מַעֲשֵׂה עוֹלָם

the dealings of [men in] today’s world,

וּפוֹקֵד

and You [also] consider the behavior

כָּל־יְצֽוּרֵי קֶֽדֶם.

of all those who lived in earlier times.38These four lines are translated according to Rabbenu Shlomo of Germaza (the Rebbe of Rashi) and Avudraham.

לְפָנֶֽיךָ נִגְלוּ

In Your Presence are revealed

כָּל־תַּעֲלוּמוֹת

all hidden things

וַהֲמוֹן נִסְתָּרוֹת

and the multitude of secrets

שֶׁמִּבְּרֵאשִׁית.

from the beginning of creation;

כִּי אֵין שִׁכְחָה

for there is no forgetfulness

לִפְנֵי כִסֵּא כְבוֹדֶֽךָ.

before the throne of Your Glory,

וְאֵין נִסְתָּר מִנֶּֽגֶד עֵינֶֽיךָ:

and there is nothing hidden from Your eyes.

אַתָּה זוֹכֵר אֶת כָּל הַמִּפְעָל.

You remember all that has been done,39According to Rabbenu Shlomo of Germaza, כָּל הַמִּפְעָל refers to “all that has been done by man,” or it might also imply “all that has been done by Hashem” and thus indicates that Hashem remembers all His creatures. Whereas the first part of the prayer deals with man and his actions, כָּל הַמִּפְעָל refers to all the inanimate things such as the earth and its produce.—Avudraham

וְגַם כָּל־הַיְצוּר

and even all that which is formed40According to Avudraham these words refer to those who are yet unborn.

לֹא נִכְחַד מִמֶּֽךָּ.

is not concealed from You.

הַכֹּל גָּלוּי וְיָדֽוּעַ לְפָנֶֽיךָ

All is revealed and known before You

יְהֹוָה אֱלֹהֵֽינוּ.

Adonoy, our God

צוֹפֶה וּמַבִּיט

Who observes and looks

עַד סוֹף כָּל הַדּוֹרוֹת.

until the end of all generations.

כִּי תָבִיא

For You set

חֹק זִכָּרוֹן

an appointed time of remembrance,41The appointed time of remembrance in Rosh Hashana. On that day Adam was created, and on that same day Hashem judged Him for his transgression, after he ate from the tree of knowledge. According to Rabbenu Shlomo this is in accord with the Midrashim that hold the world was created on the twenty-fifth day of Elul.

לְהִפָּקֵד כָּל רֽוּחַ וָנָֽפֶשׁ.

to consider every soul and being;

לְהִזָּכֵר מַעֲשִׂים רַבִּים

to cause numerous deeds to be remembered

וַהֲמוֹן בְּרִיּוֹת לְאֵין תַּכְלִית.

and the multitude of creatures without end.

מֵרֵאשִׁית

From the beginning of creation,

כָּזֹאת הוֹדָֽעְתָּ.

You have made this known,

וּמִלְּפָנִים

and from before time

אוֹתָהּ גִּלִּֽיתָ.

You have revealed it.

זֶה הַיּוֹם

This day [Rosh Hashana]

תְּחִלַּת מַעֲשֶֽׂיךָ

is the beginning of Your work42According to Rabbenu Shlomo of Germaza, Rosh Hashana is the day on which Adam was created, (see above note 41) and according to Avudraham it is the first day of creation.

זִכָּרוֹן לְיוֹם רִאשׁוֹן.

a memorial of the first day.

כִּי חֹק לְיִשְׂרָאֵל הוּא

For it is a statute for Yisrael

מִשְׁפָּט לֵאלֹהֵי יַעֲקֹב:

a [day of] judgment of the God of Yaakov.43Tehillim 81:5.

וְעַל הַמְּדִינוֹת

And over countries

בּוֹ יֵאָמֵר

[judgment] is pronounced,

אֵי זוֹ לַחֶֽרֶב.

which of them is destined for the sword [war]

וְאֵי זוֹ לַשָּׁלוֹם.

and which for peace,

אֵי זוֹ לָרָעָב. וְאֵי זוֹ לַשּֽׂבַע.

which for famine and which for abundance.

וּבְרִיּוֹת בּוֹ יִפָּקֵֽדוּ.

And on it, creatures are brought to mind,

לְהַזְכִּירָם לַחַיִּים וְלַמָּֽוֶת:

to be remembered for life or for death.

מִי לֹא נִפְקָד כְּהַיּוֹם הַזֶּֽה.

Who is not considered on this day?

כִּי זֵֽכֶר כָּל הַיְּצוּר

For the remembrance of all that is formed

לְפָנֶֽיךָ בָּא.

comes before You:

מַעֲשֵׂה אִישׁ

the dealings of man,

וּפְקֻדָּתוֹ.

and the decree of his fate,44The word וּפְקוּדָתו‍ֹ has been translated according to Rabbenu Shlomo of Germaza and Avudraham.

וַעֲלִילוֹת מִצְעֲדֵי גָֽבֶר.

and the misdeeds of man’s actions,

מַחְשְׁבוֹת אָדָם וְתַחְבּוּלוֹתָיו

the thoughts of man and his schemes,

וְיִצְרֵי מַעַלְלֵי אִישׁ:

and the motives for the deeds of man.45The motives for man’s deeds are the יֵצֶר טו‍ֹב, the Good Inclination, and the יֵצֶר הָרָע, the Evil Inclination.—Rabbenu Shlomo of Germaza and Avudraham.

אַשְׁרֵי אִישׁ

Fortunate is the man

שֶׁלֹּא יִשְׁכָּחֶֽךָּ.

who does not forget You,

וּבֶן אָדָם

the son of man

יִתְאַמֶּץ בָּךְ.

who gains strength in You.

כִּי דוֹרְשֶֽׁיךָ

For those who seek You

לְעוֹלָם לֹא יִכָּשֵֽׁלוּ.

will never stumble,

וְלֹא יִכָּלְמוּ לָנֶֽצַח

and never will they be disgraced—

כָּל הַחוֹסִים בָּךְ:

all who trust in You.

כִּי זֵֽכֶר כָּל הַמַּעֲשִׂים

For the remembrance of all their deeds

לְפָנֶֽיךָ בָּא

come before You,

וְאַתָּה דוֹרֵשׁ מַעֲשֵׂה כֻלָּם:

and You examine the deeds of all of them.

וְגַם אֶת נֹֽחַ בְּאַהֲבָה זָכַֽרְתָּ.

And No’ach too, You remembered with love,

וַתִּפְקְדֵֽהוּ

and [therefore] decreed for him

בִּדְבַר יְשׁוּעָה וְרַחֲמִים

a promise of deliverance and compassion,

בַּהֲבִיאֲךָ אֶת מֵי הַמַּבּוּל

when You brought the flood-waters

לְשַׁחֵת כָּל בָּשָׂר

to destroy all flesh

מִפְּנֵי רֹֽעַ מַעַלְלֵיהֶם.

because of the wickedness of their deeds.

עַל כֵּן

Therefore,

זִכְרוֹנוֹ בָּא לְפָנֶֽיךָ

his remembrance came before You,

יְהֹוָה אֱלֹהֵֽינוּ

Adonoy, our God,

לְהַרְבּוֹת זַרְעוֹ

to multiply his seed

כְּעַפְרוֹת תֵּבֵל.

like the dust of the earth,

וְצֶאֱצָאָיו כְּחוֹל הַיָּם.

and his descendants as the sand of the sea;

כַּכָּתוּב בְּתוֹרָתֶֽךָ

as it is written in Your Torah;

וַיִּזְכֹּר אֱלֹהִים אֶת נֹחַ

“And God remembered No’ach46According to the Midrash, since there is no forgetfulness before Hashem, the words וַיִזְכֹּר אֱלֹקִים אֶת נֹחַ, imply that Hashem took cognizance of No’ach’s virtuous deeds. According to Rashi, He took special cognizance of the fact that No’ach provided for the animals in the ark for twelve months.

וְאֵת כָּל הַחַיָּה

and all the beasts

וְאֶת כָּל הַבְּהֵמָה

and all the cattle

אֲשֶׁר אִתּוֹ בַּתֵּבָה

that were with him in the Ark,

וַיַּעֲבֵר אֱלֹהִים רֽוּחַ

and God caused a wind to pass

עַל הָאָרֶץ

over the earth,

וַיָּשֹֽׁכּוּ הַמָּֽיִם:

and the waters were calmed.”47Bereishis 8:1.

וְנֶאֱמַר

And it is said:

וַיִּשְׁמַע אֱלֹהִים אֶת נַאֲקָתָם

“And God heard their groaning cry,

וַיִּזְכֹּר אֱלֹהִים אֶת בְּרִיתוֹ

and God remembered His covenant

אֶת אַבְרָהָם אֶת יִצְחָק

with Avraham, with Yitzchak,

וְאֶת יַעֲקֹב:

and with Yaakov.”48Shemos 2:24. The Biblical verse deals with Hashem’s promise to redeem the children of Yisrael when they were yet enslaved in Egypt.

אֱלֹהֵֽינוּ וֵאלֹהֵי אֲבוֹתֵֽינוּ

Our God and God of our fathers

זָכְרֵֽנוּ בְּזִכָּרוֹן טוֹב לְפָנֶֽיךָ

remember us favorably before You

וּפָקְדֵֽנוּ בִּפְקֻדַּת

and be mindful of us

יְשׁוּעָה וְרַחֲמִים

for deliverance and compassion

מִשְּׁמֵי שְׁמֵי קֶֽדֶם

from the eternal high heavens.

וּזְכָר לָֽנוּ יְהֹוָה אֱלֹהֵֽינוּ

Remember in our behalf, Adonoy, our God,

אֶת הַבְּרִית וְאֶת הַחֶֽסֶד

the covenant, the kindness

וְאֶת־הַשְּׁבוּעָה אֲשֶׁר נִשְׁבַּֽעְתָּ

and the oath which You swore

לְאַבְרָהָם אָבִֽינוּ בְּהַר הַמּוֹרִיָּה

to our father Avraham on Mount Moriah,

וְתֵרָאֶה לְפָנֶֽיךָ

and let there appear before You

עֲקֵדָה שֶׁעָקַד אַבְרָהָם אָבִֽינוּ

the binding with which our father Avraham

אֶת יִצְחָק בְּנוֹ עַל גַּבֵּי הַמִּזְבֵּֽחַ

bound his son Yitzchak upon the altar,

וְכָבַשׁ רַחֲמָיו

and how he suppressed his compassion

לַעֲשׂוֹת רְצוֹנְךָ בְּלֵבָב שָׁלֵם

to do Your will with a whole heart;

כֵּן יִכְבְּשׁוּ רַחֲמֶֽיךָ

so may Your compassion suppress

אֶת כַּעַסְךָ מֵעָלֵֽינוּ

Your anger against us,

וּבְטוּבְךָ הַגָּדוֹל

and in Your great goodness

יָשׁוּב חֲרוֹן אַפְּךָ

turn Your fierce anger away

מֵעַמְּךָ וּמֵעִירְךָ

from Your people, and from Your city,

וּמֵאַרְצְךָ

from Your land,

וּמִנַּחֲלָתֶֽךָ.

and from Your territorial heritage.

וְקַיֶּם לָֽנוּ יְהֹוָה אֱלֹהֵֽינוּ

And fulfill for us Adonoy, our God

אֶת הַדָּבָר שֶׁהִבְטַחְתָּֽנוּ בְּתוֹרָתֶֽךָ

the promise You made in Your Torah,

עַל יְדֵי משֶׁה עַבְדֶּךָ

through Your servant, Moshe,

מִפִּי כְבוֹדֶֽךָ

from the mouth of Your glory,

כָּאָמוּר:

as it is said:

וְזָכַרְתִּי לָהֶם

“I will remember for them

בְּרִית רִאשֹׁנִים

the covenant with their forefathers

אֲשֶׁר הוֹצֵֽאתִי אוֹתָם

whom I took out

מֵאֶֽרֶץ מִצְרַֽיִם

of the land of Mitzrayim,

לְעֵינֵי הַגּוֹיִם

before the eyes of the nations,

לִהְיוֹת לָהֶם לֵאלֹהִים

to be their God;

אֲנִי יְהֹוָה:

I am Adonoy.”61Vayikra 31:19.

כִּי זוֹכֵר כָּל הַנִּשְׁכָּחוֹת

For He Who remembers all forgotten things

אַתָּה הוּא מֵעוֹלָם

from eternity, are You,

וְאֵין שִׁכְחָה

and there is no forgetfulness

לִפְנֵי כִסֵּא כְבוֹדֶֽךָ.

before the Throne of Your Glory;

וַעֲקֵדַת יִצְחָק

and the binding of Yitzchak—

לְזַרְעוֹ (שֶׁל יַעֲקֹב)

in behalf of his descendants—

הַיּוֹם בְּרַחֲמִים תִּזְכּוֹר:

may You remember it today with compassion.

בָּרוּךְ אַתָּה יְהֹוָה

Blessed are You Adonoy,

זוֹכֵר הַבְּרִית:

Who remembers the covenant.

Texte 5

Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulées dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment ? Grave incertitude, toutes les fois que l'esprit se sent dépassé par lui-même ; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher ? pas seulement : créer. II est en face de quelque chose qui n'est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.

Maintenant je ne sens plus rien, il est arrêté, redescendu peut-être ; qui sait s'il remontera jamais de sa nuit ? Dix fois il me faut recommencer, me pencher vers lui. Et chaque fois la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute oeuvre importante, m'a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d'aujourd'hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine.

Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir.

Et, dès que j’eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s’appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu’on avait construit pour mes parents (…) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu’au soir et par tous les temps, j’allais faire des courses, les chemins qu’on prenait si le temps était beau. Et comme dans ce jeu où les Japonais s’amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d’eau, de petits morceaux de papiers jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s’étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celle du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l’église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé.

Berahot 61b

תניא רבי יוסי הגלילי אומר צדיקים יצר טוב שופטן שנאמר ולבי חלל בקרבי רשעים יצר רע שופטן שנאמר נאם פשע לרשע בקרב לבי אין פחד אלהים לנגד עיניו בינונים זה וזה שופטן שנאמר יעמד לימין אביון להושיע משפטי נפשו

With regard to one’s inclinations, it was taught in a baraita that Rabbi Yosei HaGelili says: The good inclination rules the righteous, as it is stated: “And my heart is dead within me” (Psalms 109:22); the evil inclination has been completely banished from his heart. The evil inclination rules the wicked, as it is stated: “Transgression speaks to the wicked, there is no fear of God before his eyes” (Psalms 36:2). Middling people are ruled by both the good and evil inclinations, as it is stated: “Because He stands at the right hand of the needy, to save him from them that rule his soul” (Psalms 109:31).

אמר רבה כגון אנו בינונים אמר ליה אביי לא שביק מר חיי לכל בריה

Rabba said: People like us are middling. Abaye, his student and nephew, said to him: If the Master claims that he is merely middling, he does not leave room for any creature to live. If a person like you is middling, what of the rest of us?

ואמר רבא לא איברי עלמא אלא לרשיעי גמורי או לצדיקי גמורי אמר רבא לידע אינש בנפשיה אם צדיק גמור הוא אם לאו אמר רב לא איברי עלמא אלא לאחאב בן עמרי ולרבי חנינא בן דוסא לאחאב בן עמרי העולם הזה ולרבי חנינא בן דוסא העולם הבא:

And Rava said: The world was created only for the sake of the full-fledged wicked or the full-fledged righteous; others do not live complete lives in either world. Rava said: One should know of himself whether or not he is completely righteous, as if he is not completely righteous, he knows that his life will be a life of suffering. Rav said: The world was only created for the wicked Ahab ben Omri and for Rabbi Ḥanina ben Dosa. The Gemara explains: For Ahab ben Omri, this world was created, as he has no place in the World-to-Come, and for Rabbi Ḥanina ben Dosa, the World-to-Come was created.


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